Capitaine Abakar SABONE
Centrafrique-Presse – M. le Président du MLCJ, vous venez d’annoncer
brutalement le retrait de votre mouvement de la plate-forme avec l’UFDR. Peut-on en connaître les raisons ?
Abakar Sabone -Tout d’abord, il faudrait que vs sachiez toute union n’est pas définitive et dépend surtout de la cohésion entre les objectifs de créations et les circonstances actuelles. En ce qui me concerne, j’ai jugé opportun que le M.L.C.J se retire de cette union qu’il a librement consentie d’ailleurs. C’est vrai, vu les circonstances, notamment les préparatifs du Dialogue Politique National Inclusif, beaucoup jugerait inopportun le moment de ce retrait qui pourtant me semble justifier surtout par certaines incompréhensions et confusions en ce qui concerne les objectifs de l’union.
Ainsi, tous ces malentendus ont crée une crise de confiance au sein de l’U.F.D.R et des velléités de personnalisations de l’union. En un mot, le MLCJ s’est retiré de l’UFDR pour préserver les intérêts du peuple centrafricain et stimuler la jeunesse centrafricaine et plus précisément la génération montante afin qu’elle prenne ses responsabilités.
CAP – Il n’y a pas si longtemps, on vous voyait aux côtés du Président du FODEM M. Charles Massi que le Président de l’UFDR avait récemment nommé comme Coordonnateur de l’UFDR. Votre retrait de l’UFDR vous éloigne t-il aussi de M. Charles Massi ou pensez-vous que ce dernier peut-il encore jouer un certain rôle dans votre lutte pour la démocratie en RCA ?
A.S -La lutte pour la
démocratie en RCA n’est pas seulement une question d’hommes, mais aussi d’idéal et de dévotion. Mr Charles MASSI est un citoyen centrafricain et je le respecte comme un aîné. Nous pouvant
également, au-delà de ce respect mutuel avoir des points de vue différents quant à la méthode de reconstruction de la RCA. Chaque centrafricain à sa partition à jouer pour que ce dialogue
politique national inclusif réussisse, et si les circonstances n’ont pas voulu que Mr MASSI et le MLCJ soient ensemble pour réussir cette mission, chacun de son coté pourra apporter sa part de
contribution de sa manière logique concrète.
CAP – Vous avez été un compagnon de lutte et de prison de M. Michel Amnon Droko Djotodia, Président de l’UFDR. Celui-ci, depuis la nomination de Charles Massi comme Coordonnateur de l’UFDR, est à désavoué par le comchef le général Zakaria Damane qui dit contrôler le Nord est de la RCA et qui prétend que le Président Djotodia n’aurait personne sur le terrain. Ne craignez-vous pas que votre retrait aujourd’hui ne puisse compliquer davantage les choses à votre ancien compagnon de prison ?
A.S -Je ne pense pas
que le retrait du MLCJ puisse compliquer quoique ce soit à Mr-Michel DJOTODJIA, d’autant plus que sur les questions de formes relative à l’avenir de la RCA nous nous comprenons, ce n’est que sur
les questions de fonds qu’il y’a des divergences. Ce n’est ni DAMANE ni DJOTODJIA ni SABONE ni
BOZIZE ni un quelconque individu qui contrôle le nord-est ou tout le territoire centrafricain, mais plutôt le peuple centrafricain qui est seul souverain et peut décider à tout moment d’en
chasser les tyrans. Les querelles de leadership n’ont rien apporté à l’UFDR ; et il est temps de repenser avec patriotisme la reconstruction de la RCA.
CAP – Pourquoi n’avez-vous pas pris part aux discussions de Libreville qui ont débouché sur la signature de l’accord global de cessez le feu et de paix en présence du Président El Hadj Omar Bongo Ondimba ? Etes-vous prêt à signer cet accord si on vous le proposait ?
A.S -Ecoutez, l’UFDR à
toujours fait preuve de bonne volonté quant au processus de paix en RCA. Nous n’avons pas effectué le voyage de Libreville pour la simple raison qu’avant la signature de l’accord global de paix,
il y’avait la signature prévue à Cotonou de l’accord de cessation des hostilités entre l’UFDR et le gouvernement centrafricain. Ce qui n’a pas été fait faute de consensus sur le parrainage……Je
vous rappelle que nous avons rencontré à deux reprises le général BOZIZE à Cotonou en marge du 10eme sommet de la Cen-Sad.
En tout état de cause, nous (MLCJ) réaffirmons notre volonté de signer l’accord global de paix sous certaines conditions : Signature à Cotonou d’un accord de cessation des hostilités d’abord et Libreville après pour le global..
CAP – Dans une de vos précédentes interviews à un magazine africain paraissant à Paris, vous plaidiez fortement pour la participation au pouvoir des musulmans centrafricains, ce qui vous a attirer beaucoup de critiques de la part de vos compatriotes. Que dites vous aujourd’hui à ce sujet pour dissiper d’éventuels malentendus ou ambiguïtés ?
A.S -Le fait de
constater un déséquilibre social et d’en parler est-il un délit ? La constitution de notre pays la RCA mentionne clairement que la République est laïque ; quoi de plus normal d’attirer
l’attention des pouvoirs publics pour faire appel aux frères musulmans afin d’éviter une exclusion ? Donc, le fait que des mouvements se battent pour les droits de la femme, et leur
participation dans la prise des décisions est une mauvaise chose ? Bref ! Le Droit est plus précieux que la Paix. Voyez-vous, il faut éviter tout amalgame et se concentrer sur les
véritables problèmes de notre RCA. Je dis tout simplement que c’est une incompréhension de la part de certains compatriotes qui ont voulu seulement dramatisés les choses. CHRETIENS où
MUSULMANS nous sommes tous des CENTRAFRICAINS.
CAP – Le président Bozizé ne semble pas très pressé que le dialogue national inclusif se tienne. A ce jour, le projet de loi portant amnistie générale préalable à ce dialogue n’est toujours pas déposé à la représentation nationale. Quel est votre sentiment sur les préparatifs du dialogue inclusif ? Y prendrez-vous part ?
A.S -Tout d’abord,
l’élément précurseur à ce Diologue Polique a été bâclé. Je veux parler du comité préparatoire. En effet nous aurions pu, avec patriotisme mettre sur pieds un véritable comité préparatoire capable
de rassembler tous les éléments clés de ce dialogue. Il est clair qu’au vu des nombreuses divergences qui existent aujourd’hui autour du comité préparatoire, le général BOZIZE est entrain de
revoir sa stratégie. Evidement, il prendra soin de verrouiller certains dossiers et de maîtriser les contours de ce dialogue politique, c’est vraiment dommage, car le peuple centrafricain est
fatigué, fatigué de l’éternel recommencement. Le MLCJ, bien sur, prendra part au dialogue national, si effectivement un consensus préalable est dégagé. C’est la dernière chance pour notre RCA,
car si nous échouons à ce dialogue le Pays rentrera dans une spirale autodestructrice. Grâce à ce dialogue national, la RCA connaîtra un large consensus incontournable pour sa crédibilité
et la reprise de son développement. Nous sommes tous interpellés, et notamment le gouvernement qui devra consentir à certaines sacrifices pour la bonne tenue et la bonne réussite de ce
processus salutaire, car nous tous gouvernants et gouvernés avions besoin.
En ce qui concerne l’amnistie générale, je pense à mon avis qu’il ne faudrait pas précipiter les choses. Chaque responsable centrafricain sans exception doit d’abord reconnaître ses forfaits devant le peuple et lui demander pardon pendant le dialogue national, ensuite réparation sera faite aux victimes pour au moins apaiser les cœurs et enfin, le dialogue national saisira le parlement pour l’amnistie générale. Donc, voyez-vous, c’est une question de responsabilité et de patriotisme.
CAP – Le général Bozizé ne paraît pas être un homme de parole puisqu’il n’a pu tenir presqu’aucun de ses engagements majeurs à votre égard après que vous l’ayiez conduit au pouvoir. Doit-on lui faire encore confiance pour le dialogue national inclusif ?
A.S - Je pense pour ma
part que les donnés ont changé aujourd’hui. Vous n’ignorez pas que la pression est énorme et non seulement tout le peuple centrafricain est attentif et très impatient quant à la tenue de ce
dialogue, mais aussi la communauté internationale qui doit être sûrement fatigué de cet éternel recommencement. Le général BOZIZE n’a pas intérêt à torpiller ce dialogue politique national car il
joue son pouvoir. Il le sait et nous les savons tous.
Le temps des discours est révolu ; il est maintenant impératif d’agir, d’agir bien et d’agir vite..