Inacceptable pour les uns, incroyable pour d’autres, lois scélérates par ci, auto amnistie du régime par là ou encore texte flou et provocateur …Les qualificatifs et autres dérivatifs ne manquent pas pour qualifier le dernier projet de loi portant pour le premier ; une amnistie sur des infractions liées aux évènements ayant provoqué le changement du 15 mars 2003. Pour le deuxième ; portant amnistie des infractions d’atteintes à la sûreté de l’état et à la défense nationale. Enfin pour le troisième ; portant amnistie des infractions commises par les éléments des forces armées centrafricaines à l’occasion des opérations de maintien de l’ordre et de la défense du territoire.
Jamais un texte de loi n’aura été autant critiqué, rejeté et provoqué l’unanimité contre lui avant même que les parlementaires n’aient eu le temps de se pencher dessus. Si, ce fameux projet de loi tant décrier a non seulement eu le mérite de redonner l’occasion à une opposition dite armée déjà méfiante de se camper à juste raison d’ailleurs sur ces positions en se retirant du processus entamé, il a en même temps permis à une opposition démocratique jusque là diverse et disparate de se retrouver unanimement dans le rejet de cette loi, rejointe en cela par d’autres associations des droits de l’homme et de patriotes.
Désormais le processus menant au dialogue politique inclusif semble gripper et reporter aux calendes grecques à la grande satisfaction d’un régime qui ne souhaite nullement aller au dialogue de peur d’y laisser quelques plumes. Mais l’homme du 15 mars 2OO5 n’inspire plus confiance depuis belles lurettes. Ceux qui en doutaient encore sont à présent convaincus. Par le passé, il avait montré aux uns et autres qu’il ne savait pas tenir ses promesses, même auprès de ceux qui hier encore l’ont aidé, couvert, soutenu et défendu becs et ongles de ses nombreux manquements et autres dérives.
Pour la première fois, bien que séparément, les partis politiques de l’opposition démocratiques, les groupes de l’opposition dite armée, les associations humanitaires se sont retrouvés par la force des choses pour revendiquer la même chose, à savoir une véritable et sincère amnistie générale pour tous les acteurs des crises militaro politiques qui ont mis à nue la république centrafricaine depuis quelques années. En dénonçant ce projet de loi et en réclamant une amnistie générale, les différents partis et mouvement ont dénoncé en même temps le caractère discriminatoire et exclusive de cette loi, dont les centrafricains ne veulent plus en entendre parler. A se demander si toutes ces mobilisations ne risquent t’elles pas de laisser un goût amer pour le régime à l’élection présidentielle de 2010 ? Si toutefois, élection présidentielle il y a.
En même temps, ce rejet unanime ne constitue t-il pas également un signal fort adressé à l’endroit des parlementaires qui sont réunis en assemblée extraordinaire et qui disposent de dix-sept jours pour se prononcer sur cette loi ? Il appartient à chaque représentant de la nation, à son âme et conscience lorsque celle-ci est en danger et en péril de prendre seul sa responsabilité devant l’histoire et devant le peuple au delà de toute directive partisane. La discipline de vote que le régime en place leur impose à tort et à travers pour cautionner une stratégie qui recèle des germes de division ne saurait justifier leur choix et ainsi renforcer les ambitions d’un homme, car ils sont d’abord et avant tout les représentants du peuple par lequel ils ont reçu mandat pour parler en son nom et le défendre.
Ne doutons pas un instant que les parlementaires surtout ceux de la coalition majoritaire ont compris ce vers quoi, l’homme du 15 mars 2003 voudrait les entrainer. Ils sauront se mettre pour une fois à l’écoute de la majorité vraie pour apaiser les tensions déjà existantes et accentués malheureusement par ce projet de loi inopportun qui risque d’entrainer tout le pays dans le chaos. A eux d’en tirer les conséquences pour que la population centrafricaine se réconcilie avec elle-même par le rejet pur et simple de ce projet rédigé d’une manière unilatérale qui sème déjà la discorde et la division. Ne devraient-ils pas plutôt proposés la rédaction d’un autre projet de loi plus consensuel qui verrait la participation des différentes entités concernées en n’oubliant jamais qu’il s’agit d’une amnistie qui est une mesure politique dont la finalité est d’arriver à une société apaisée et pacifiée.
Franck SARAGBA