Lors de la célébration des festivités du 13 août 2008 qui ont eu lieu cette année dans la ville de Nola, chef lieu de la préfecture de la Sangha-Mbaéré, plusieurs compatriotes ont reçu des médailles des mains de Bozizé. Là où on reste pantois c’est de savoir que parmi ces heureux récipiendaires, figure un certain lieutenant colonel Sylvain Ndoutingaï, ministre d'Etat aux mines, à l'énergie et à l'hydraulique qui lui, a été élevé à la dignité de Grand Croix dans l'ordre du mérite centrafricain, la plus haute distinction du pays. Ces distinctions honorifiques ont-t-elles encore un sens en Centrafrique aujourd'hui ? Qu'a-t-il fait d'extraordinaire ? Quels sont ses exploits patriotiques ?
Pourtant le bilan de ce Ndoutingaï à la tête de cet important ministère est véritablement désastreux pour le pays et ne pouvait pas décemment donner lieu à une telle distinction qui est une apparaît indiscutablement comme prime à la médiocrité et à l’échec. Sa gestion est plutôt florissante pour leurs portefeuilles, Bozizé et lui. On peut en juger pas la récente crise énergétique où Bangui a vécu plus d’un mois une grave pénurie de courant électrique avec d’inévitables conséquences sur la fourniture d’eau potable à la ville. A propos de l’eau potable, autre secteur dont Ndoutingaï a la charge, on ne peut aussi que faire le constat de la mauvaise qualité de l’eau que fournit la SODECA qui est à l’origine d’une épidémie chronique de fièvre typhoïde à Bangui. Au ministère qu’il dirige, le tribalisme Gbaya est porté à son paroxysme. Depuis les plantons jusqu’à lui, n’ont voix au chapitre que les Gbaya. C’est une affligeante réalité.
En dehors de ses liens familiaux avec Bozizé qui peuvent constituer à ses yeux un atout certain, on a tout de même quelque mal à se convaincre des compétences intrinsèques de ce que fait d’extraordinaire pour le pays ce Sylvain Ndoutingaï depuis leur coup d’Etat du 15 mars 2003. Bozizé qui paraît être seul à être subjugué par lui, tombe littéralement sous le charme de ses qualités et compétences dont le commun des Centrafricains a beaucoup de mal à s’en apercevoir. Non sans évidente arrière-pensée, il lui a confié dès la composition de son premier gouvernement au lendemain du putsch du 15 mars 2003, le département toujours très convoité des mines et de l’énergie. Il y demeure sans discontinuité jusqu’à présent.
Son niveau intellectuel ne lui a pas permis de franchir le cap de la première année de l’Institut universitaire de gestion des entreprises de Bangui. Sous-lieutenant au sortir de la longue rébellion de Bozizé où il a surtout excellé dans le juteux trafic avec les musulmans tchadiens des véhicules volés et arrachés aux tiers à Bangui, Ndoutingaï n’a pas tardé à prendre du galon, dans tous les sens du terme. Passé directement commandant, il ne tardera pas non plus à devenir lieutenant-colonel puis ministre d’Etat. A un moment donné, c’est aussi à lui que Bozizé a dû faire brièvement appel pour le portefeuille des finances. Devant les critiques qui n’ont pas tardé à fuser, il a battu en retraite et lui a retiré cette fonction or entre temps, Ndoutingaï s’est fait adjoindre un ministre délégué à l’énergie qui n’est autre que son beau-frère, Chrysostome Mékondongo.
L’activisme de Ndoutingaï porte surtout sur les mines et ce que peuvent lui générer les dessous de table, les bureaux d’achats de diamant et autres postulants aux permis miniers obligés de cracher au bassinet. Très rapidement, lui et Bozizé se sont considérablement enrichis avec leur business louche avec l’Afrique du Sud et URAMIN. L’acquisition de leurs cossues villas au Burkina Faso et en France, de leurs comptes bancaires bien garnis en Suisse et dans d’autres paradis fiscaux, sont là pour en témoigner. Voilà ce qu’ils sont venus chercher par la force en ayant levé des rébellions dévastatrices et voilà aussi ce qu’ils cherchent à faire perdurer au-delà de 2010, qu'on se le dise...!