APA-Lomé 2008-11-27 (Togo) L’ancien président centrafricain qui vit en exil au Togo depuis 2003 a annoncé jeudi dans un entretien à APA son retour à Bangui et se dit prêt à répondre à tout appel
de la Cour pénal international (CPI).
«Je dois regagner Bangui pour prendre part activement au dialogue national inclusif du 5 au 20 décembre 2008 », a déclaré Ange Félix Patassé.
Selon lui, ce dialogue national «voulu par le peuple centrafricain tout entier» est incontournable.
«Il est important que tous les fils du pays se retrouvent et pour le faire il faut le pardon », a souligné
Patassé avant d’ajouter : « Sans ce pardon il serait difficile que la confiance s’installe pour permettre à tous
les centrafricains de tourner la page du passé pour aller résolument vers l’avenir.. Le pardon est très important dans ce dialogue ».
Il a confirmé avoir pardonné le président François Bozizé et compte le
rencontrer dès son retour. Ange Felix Patassé a été renversé lors d’un coup d’Etat par François Bozizé.
La CPI a ouvert une enquête sur pendant des combats d’octobre et
novembre
A la demande de Patassé, les forces armées centrafricaines avaient bénéficié du
soutien des éléments du mouvement armé de l’opposant congolais Jean Pierre Bemba lors des combats avec les rebelles de Bozizé.
Jean Pierre Bemba qui comparait devant le CPI est soupçonné de meurtres,
de viols et de tortures commis entre 2002 et 2003 sur le territoire de la République centrafricaine lors de l’intervention de ses troupes venues soutenir l’ancien président Ange-Felix
Patasse.
«Le dossier est entre les mains de cette institution, je ne peux pas vous dire ce qu’il en est parce que pour le moment je ne suis pas saisi »,
a commenté Patassé.
«Je fais confiance à cette cours pénale internationale qui, a la lumière des tenant et aboutissant intéressant cette affaire, pourrait nous appeler pour nous attendre
», a–t-il précisé.
Il se dit disposé à répondre à toute invitation de la CPI.
RCA
Patassé annonce son retour à Bangui
BBC Afrique 27 Novembre, 2008 - De Lomé où il vit en exil depuis le coup d'état qui l'a renversé en mars 2003, l'ancien président. Ange-Félix Patassé, a
confirmé son retour à Bangui, où il devrait participer du 5 au 20 décembre au "dialogue politique inclusif."
Dans une interview à la BBC, l'ancien président centrafricain a déclaré
qu'il ne posait aucune condition à son retour en Centrafrique, ajoutant qu'il pardonne au président François Bozizé.
"Il est dit qu'il faut pardonner à ceux qui vous ont offensé. Ce n'est que comme cela que Dieu peut pardonner vos péchés", a déclaré l'ancien président.
Ange-Félix Patassé a en outre déclaré qu'il mettrait son expérience à
contribution pour aider au retour à la paix dans son pays.
"Je peux, avec mes autres compatriotes, apporter modestement ma contribution pour aider à trouver des solutions appropriées pour que tous nous allions vers cette
réconciliation nationale par le dialogue, au lieu de prendre les armes. Les armes ne peuvent pas résoudre définitivement les problèmes de la Centrafrique.
Il est vrai qu'en Afrique, on pense que le droit, ce sont les armes, la justice, c'est la puissance de feu, mais cela n'est pas toujours vrai, parce que on prend les
armes, mais après, on finit toujours par aller au dialogue", a poursuivi l'ancien président.
Interrogé sur un possible retour dans la vie politique centrafricaine,
Ange-Félix Patassé a déclaré que "faire la politique, c'est aussi apporter sa contribution, son expérience, ses
connaissances à la disposition de la nation."
L'ancien président a par ailleurs souligné qu'il était encore en pleine
forme, ajoutant qu'il n'est pas nécessaire de faire partie du gouvernement pour servir son pays.
Le comité de suivi de l'accord global de paix signé en juin à Libreville par les
autorités de Bangui et deux rébellions avait "recommandé" en novembre des "mesures exceptionnelles de sécurité et de protection pour le retour et le séjour des leaders des parties prenantes à cet
accord".
Le Dialogue politique inclusif, forum prévu du 5 au 20 décembre à Bangui,
doit rassembler pouvoir, opposition, rébellions et société civile pour sortir la Centrafrique de la crise politique et ramener la paix en République centrafricaine.
L'ancien président centrafricain se dit prêt à répondre
aux questions de la CPI
YAOUNDE, 27 novembre (Xinhua) -- L'ancien président centrafricain Ange Félix Patassé qui a annoncé sa participation
au dialogue national inclusif prévu du 5 au 20 décembre prochain à Bangui, se dit prêt à répondre à toutes les questions de la Cour pénale international (CPI) d'autant plus que
lui-même accuse, a rapporté jeudi la radio nationale camerounaise.
"Ma
disponibilité pour la CPI est totale premièrement et deuxièmement, je suis moi aussi accusateur", a déclaré M. Patassé qui souhaite cependant que cette cour siège à Bangui et
non au Pays-Bas.
"Nous voulons la
manifestation de la vérité...C'est la justice qui va mettre les choses en évidence pour que la vérité soit connue. J'attends fermement calmement et sereinement ce que la CPI va
me poser comme question", a-t-il ajouté.
"Lorsqu'on parle de viol,
il faut aussi se poser la question pourquoi il a été provoqué, pour quoi il est arrivé, quelle est la source, que de se pencher uniquement sur les faits", a réagi M.
Patassé.
L'ancien président centrafricain dit avoir pardonné à l'actuel président François Bozizé qui l'a chassé
du pouvoir en 2002 et ajoute qu'il va s'impliquer dès son retour à Bangui au retour de la paix dans son pays.
La CPI a ouvert une enquête sur des viols commis sur plusieurs centaines de femmes pendant des combats
d'octobre et novembre entre les rebelles de M. Bozizé et les forces armées centrafricaines appuyées par le mouvement armé de l'opposant congolais Jean Pierre Bemba.
Dans sa défense, l'opposant congolais se défend à la CPI au Pays-Bas, qu'il ne fût pas sur place et que
le seul qui donnait les ordres à son armé soit M. Patassé.
Centrafrique : Le retour annoncé de l'Ange
Le faso.net vendredi 28 novembre 2008.
République Centrafricaine (RCA). Ce pays de l’Afrique centrale fait partie des
Etats africains dirigés par des régimes répressifs et qui connaissent permanemment des troubles socio-politiques. En effet, depuis son indépendance en août 1960, cette ancienne colonie française,
qui abrite d’ailleurs une des cinq bases militaires de l’Hexagone en Afrique, a vu passer au Palais de Bangui, la capitale, des présidents qui ont géré le pouvoir d’une main de fer puis ont été
écartés du fauteuil suite à un coup d’Etat ou à une rébellion armée.
Rappel historique :
mars 1959, le premier chef de l’Etat,
Barthélémy Boganda, considéré comme le père de la Nation, est victime d’un crash d’avion dont les circonstances n’ont pas été élucidées. Son successeur, David Dacko, est lui aussi chassé par un
certain Jean-Bedel Bokassa, qui se proclame empereur à vie en 1977 avant d’être renversé par l’Armée française à travers l’opération « Baracuda », qui réinstalla David Dacko au Palais
présidentiel ;
1982 : David Dacko est de nouveau
contraint d’abandonner son fauteuil à l’issue d’un coup d’Etat mené cette fois par le général André Kolingba, qui instaura un régime militaire. Avec le sommet de la Baule, le courant de la
démocratie, qui souffle sur le continent, traverse le fleuve Oubangui-Chari amenant la RCA à s’ouvrir au multipartisme, qui a permis à Ange Félix Patassé d’être élu à l’issue d’une élection
présidentielle.
Mais il est lui aussi confronté au quotidien à des troubles socio-politiques, et
malgré l’intervention de la Communauté internationale avec l’envoi d’une mission des Nations unies (MINURCA), l’ancien chef d’état-major de Patassé, François Bozizé, soutenu par le Tchad d’Idriss
Deby, profite d’un voyage du Président de la République au Niger pour s’emparer de la capitale. Depuis donc le 15 mars 2003, Bozizé est l’homme fort de Bangui.
Toutefois, son ère, à l’instar de ses prédécesseurs, n’est pas de tout repos,
obligé qu’il est de combattre les rébellions emmenées par le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d’Abdoulaye Miskine, l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD),
présidée par l’ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth et par l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) de Damane Zakaria ; trois groupes armés redoutables
qui troublent constamment le sommeil de François Bozizé, lequel sollicite l’Eufor (Force européenne) pour renforcer les effectifs militaires français et africains de la Force multinationale de la
CEMAC lors de son récent séjour en France, où il a été reçu par Nicolas Sarkozy.
Dans la foulée, Bozizé, qui avait signé un accord de paix en juin 2008 avec
l’APRD et l’UFDR à Libreville au Gabon, prévoit l’ouverture d’un « dialogue politique inclusif » du 5 au 22 décembre prochain, qui va réunir les acteurs politiques de toutes obédiences
(pouvoir, opposition, société civile et rébellions) pour qu’enfin ils fument le calumet de la paix et reconstruisent le pays, dont les fils ont souffert et souffrent toujours de ces conflits à
répétition alors qu’ils n’ont pas fini de gérer leur pauvreté et de lutter contre la pandémie du Sida, qui y a l’un des taux les plus élevés de l’Afrique.
Une loi d’amnistie a été adoptée par le Parlement à cet effet qui prévoit que
« toutes les infractions commises par les éléments des forces de défense et de sécurité, les autorités civiles et militaires, les responsables des groupes politico-militaires se trouvant sur
le territoire national ou en exil » ne feront pas l’objet de poursuite judiciaire.
Et la loi de citer comme personnalités amnistiées l’ex-président Ange Félix
Fatassé, son ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth et Abdoulaye Miskine. L’annonce de la tenue de cette rencontre et les garanties du régime ont fait sortir Patassé de son silence.
En effet, après sa destitution par Bozizé, l’ancien chef de l’Etat centrafricain avait trouvé refuge au Togo, où il nourrit l’espoir de retrouver un jour son fauteuil.
Le dialogue politique inclusif est une aubaine pour lui de rentrer au pays afin
de négocier des accords qui lui permettront sans doute de se présenter à l’élection présidentielle de 2010, lui qui avait été exclu du scrutin précédent. On se rappelle, en effet, qu’en 2005, sa
candidature, en plus de celles de l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé et de Jean-Jacques Demafouth, avait été rejetée par la Commission électorale, ce qui avait permis à l’actuel président
de se faire élire sans une opposition digne de ce nom.
A coup sûr donc, cette question des candidatures sera l’une des attractions de
ce forum si Bozizé parvient à l’organiser avec le consentement des principaux acteurs, surtout que les hommes d’Abdoulaye Miskine continuent de faire crépiter les armes, de tendre des embuscades
et de piller les populations. Qu’à cela ne tienne, la volonté de promouvoir le dialogue est déjà quelque chose de gagné.
Et s’il a lieu, ce sera un pas vers le retour de la paix. Espérons que les
différents belligérants parviennent à un accord politique acceptable, réaliste et réalisable qui fasse sortir les Centrafricains du purgatoire. Dans tous les cas, son initiateur François Bozizé
sait mieux que quiconque que l’exclusion et le clanisme font le nid des putschs et des mouvements armés.
Adama Ouédraogo Damiss