LE CAP (AFP) - vendredi 24 juillet 2009 - 12h11 - Un vaccin préventif contre le sida, le premier conçu sur le continent africain, le plus touché par cette maladie, est actuellement testé sur l'homme en Afrique du Sud, alors que les scientifiques cherchent de nouvelles approches pour combattre ce virus.
Plusieurs volontaires ont déjà reçu une injection de ce vaccin. Au total, 48 patients participeront aux tests effectués dans le township de Soweto (nord), au Cap (sud) et à Boston aux Etats-Unis, a indiqué une des chercheuses sud-africaine impliquées dans le programme, Linda-Gail Bekker.
Pendant la première phase des essais, les chercheurs vont déterminer si le vaccin, développé à l'Université du Cap et fabriqué avec l'aide des Instituts nationaux américains de la santé, est adéquat pour la santé humaine.
C'est le premier vaccin testé depuis 2007 en Afrique du Sud, pays le plus infecté par le virus du sida avec près de six millions de malades. Un vaccin contre cette épidémie, même s'il est très loin d'être découvert, soulagerait le système de santé sud-africain, menacé d'implosion notamment à cause du sida.
"Si on ne trouve pas une stratégie pour prévenir la maladie en Afrique du Sud, on se retrouvera dans une situation vraiment complexe. Un traitement médical n'est pas la solution", estime Mme Bekker.
"Peut-on se permettre de fournir des médicaments" pendant des années à tous ces malades ?, se demande-t-elle. "Il n'y a aucun doute qu'un vaccin serait la meilleure solution" contre cette maladie, ajoute-t-elle en marge de la conférence de la société internationale du sida, organisée cette semaine au Cap.
Cependant, la bataille est loin d'être gagnée. En 2007, le test d'un vaccin élaboré par le géant pharmaceutique américain Merck avait été interrompu car des études avaient démontré que le vaccin augmentait le risque d'infection du sida.
A la suite de cette énorme déception, des voix se sont élevées pour dépenser plus d'argent dans la prévention, notamment en incitant à la circoncision. L'organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé d'inclure cette pratique parmi les stratégies de prévention, afin de limiter la transmission du VIH par une femme à un homme.
Selon un rapport publié lors de la conférence de la société internationale du sida, les fonds consacrés à la recherche d'un vaccin sur la maladie ont d'ailleurs diminué en 2008 pour la première fois en dix ans: ils ont chuté de 10% par rapport à 2007.
Si un vaccin préventif est considéré comme la panacée, un vaccin thérapeutique pourrait aussi soulager des millions de personnes qui doivent prendre au quotidien des anti-rétro-viraux et des patients qui ont développé des résistances aux médicaments.
"Il y a un besoin urgent pour un vaccin thérapeutique pour soigner les patients qui ont déjà le VIH", estime David Sheon, porte-parole du groupe pharmaceutique norvégien Bionor Immuno qui teste actuellement un vaccin du genre.
"Il y a l'espoir qu'un vaccin thérapeutique puisse ralentir ou stopper la transmission du sida", explique-t-il.
Une trentaine d'autres vaccins sont actuellement à l'essai dans le monde, notamment celui testé depuis 2003 en Thaïlande sur un total de 15.000 personnes. Des résultats devraient être communiqués cette année. Si ce test s'avère concluant, ce serait de bonne augure pour le vaccin sud-africain qui utilise une formule médicale similaire.