

Bozizé on le sait, ne cesse d’accuser la communauté internationale de poser beaucoup de conditionnalités et de trop traîner les pieds dans notamment le décaissement des fonds nécessaires au financement des élections centrafricaines. Pour cela, il s’est mis dans la tête de rechercher d’autres sources éventuelles de financement afin de contourner ladite communauté internationale et se passer de ses financements tout en surprenant également l’opposition qui ne cesse selon lui de créer des difficultés à son complice et homme lige qu’il a imposé à la tête de la commission électorale indépendante, par un calendrier rapproché de tenue des élections.
Pour ce faire, Bozizé lorgne en effet vers son homologue soudanais, pourtant grandement en difficulté du fait de l’épée de Damoclès du mandat d’arrêt de la CPI qui plane sur lui, pour lui trouver l’argent nécessaire à l’organisation des élections en Centrafrique. Cette question a dû sans doute faire l’objet de l’entretien qu’a eu Bozizé avec le soudanais Omar El Bachir en marge de la 14ème session ordinaire de l'UA qui s'est tenue du 31 janvier au 2 février dernier à Addis-Abeba.
Aussitôt de retour à Bangui, Bozizé a immédiatement dépêché début février dans le plus grand secret son homme de main, le vrai faux pasteur Joseph Binguimalé, non moins président de la coordination nationale de la Commission Electorale Indépendante à Khartoum pour remettre une copie du budget prévisionnel des élections aux autorités soudanaises afin que celles-ci puissent mettre la main au portefeuille en conséquence. Binguimalé a tenu éloignés tous les autres membres de la coordination nationale de la CEI de ses manœuvres et gesticulations avec Bozizé.
Alors que rien n’est prêt au niveau de la commission électorale, Bozizé se dépêche de signer un décret convoquant le corps électoral pour un premier tour de la présidentielle le 25 avril prochain. On ne peut que s’interroger sur cet empressement. En réalité, plusieurs dignitaires du KNK et de son clan ont attiré son attention sur une perte de légitimité et les dangers auxquels il s’expose d’un vide juridique constitutionnel au cas où son mandat actuel expirerait le 10 juin prochain à minuit sans que son successeur, dont ils espèrent que ce sera toujours lui-même, ne soit désigné par les urnes.
Convaincu que c’est dans l’intention inavouée de parvenir à ce but que l’opposition multiplie les raisons de blocage à la CEI, Bozizé a donc voulu prendre de vitesse l’opposition en rendant public ce calendrier électoral prévoyant le premier tour du scrutin présidentiel pour le 25 avril 2010 dans l’objectif inavouable d’empêcher les nouveaux représentants de l’opposition démocratique qui doivent faire leur entrée à la CEI de faire encore traîner les choses en longueur. D’où le coup de son décret qui est un véritable coup de force et une fuite en avant que rien ne peut justifier.
En rejetant en bloc son décret convoquant le corps électoral, l’opposition démocratique et l’APRD qui annoncent pour mercredi prochain une conférence de presse et une déclaration politique sur la forme et le fond de son fameux décret posent incontestablement un problème de taille à Bozizé et sa clique et fait preuve de détermination à faire échec dans leur stratégie de hold-up électoral visant à torpiller la réalisation du DDR et à créer un flou artistique la commission électorale pour que les élections soient bâclées et non transparentes. L’insistance de Bozizé à vouloir maintenir à tout prix à la tête de la commission électorale un homme aussi malhonnête qu’incompétent et cupide tel que le vrai faux pasteur soi-disant révérend Joseph Binguimalé n’a pas d’autre explication que leur volonté commune de continuation des basses besognes et des messes de minuit. L’opposition doit en tirer les conséquences en faisant dorénavant de la question du départ de cet individu de la présidence de la coordination nationale de la CEI, un préalable à sa participation au processus électoral.
Après Binguimalé, c’est le ministre de la sécurité le général Jules Bernard Ouandé qui a pris lui aussi le chemin de Khartoum. Que trame encore tout ce beau monde ? Si Bozizé qui s’est déjà vassalisé au président tchadien Idriss Déby en introduisant en Centrafrique les guerriers zakawas avec les conséquences que les Centrafricains savent désormais cherche encore à transposer dans le pays l’un des responsables et protagonistes de l’inextricable et empoisonnante situation du Darfour à savoir le pestiféré président soudanais Omar El Bechir, les Centrafricains doivent en prendre conscience et faire en sorte cela ne soit pas sans conséquence pour lui.
Que voulait-t-il aller chercher au Koweit du 25 au 27 février avant d’être contraint in extremis de renoncer à son déplacement ?
Sans doute encore des pétrodollars pour acheter les électeurs ou continuer à acheter des armes, toujours des armes. Bozizé est à présent un homme désemparé et aux abois. Bangui grouille de mille et une rumeurs faisant état d’un éventuel complot pouvant provenir de son propre
clan visant à l’évincer du pouvoir par la force. Le cas nigérien peut inspirer certains à Bangui. C’est la véritable raison de la récente annulation de son voyage au Koweit et non le calendrier
des obsèques du général Kolingba que sa veuve a imposé.
Lu pour vous dans l'Indépendant du 26 février 2010 : De l’argent soudanais pour financer l’ensemble
des opérations électorales
BANGUI – (L’Indépendant) – 26 février 10 – En convoquant jeudi le corps électoral pour le 25 avril prochain en vue d’élire le président et les députés, François Bozizé comptait sur l’altruisme de son voisin soudanais.
Selon nos informations, le président soudanais Omar el Béchir a promis à son homologue centrafricain, une enveloppe couvrant tous les frais liés aux processus électoral en cours.
D’après la source, qui parle sous le couvert de l’anonymat, « le budget prévisionnel des opérations de vote, gonflé pour l’occasion parce que tenant compte des marges bénéficiaires du pouvoir, a
été transmis au Soudan qui a donné son accord pour décaisser dans les tous prochains jours les fonds nécessaires ».
« Ce n’est pas la première fois que le président centrafricain tente de conduire
notre pays les pieds et mains joints dans le giron des sulfureux islamistes », analyse un responsable politique.
La mystérieuse et curieuse mission au Soudan en début de semaine du ministre centrafricain en charge de la sécurité publique, Jules Bernard Ouandé,
tend à confirmer cette information. Celui-ci devrait rentrer aujourd’hui à Bangui.
Contacté par L’Indépendant, l’Ambassade du Soudan à Bangui n’a pas souhaité
réagir.
Comme le rappelait hier le Coordonnateur de l’Union des Forces Vives de la Nation, Maître Henri Pouzère, « le président de la République ne peut pas ex abstracto convoquer les élections, alors que la CEI [Commission électorale
indépendante] n’est même pas encore en place ».
La vitesse et la précipitation de François Bozizé ont désormais une explication : Omar el Béchir. La peur d’un vide constitutionnel à l’issue de son mandat qui s’achève le 10 juin prochain à minuit pousse le président centrafricain et son clan à rechercher des alliances même avec le diable. Pourvu que les élections se déroulent dans le délai prévu par la constitution. « Il ne faudrait pas que l’opposition s’imagine qu’elle aura un gouvernement d’union nationale en cas de vide constitutionnel. Les élections se dérouleront dans les délais », avance un membre du cabinet présidentiel.
Point n’est besoin en effet de rappeler que le président soudanais est recherché
par la justice internationale. La cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre Omar el Béchir pour crimes de guerre et crimes contre
l'humanité au Darfour le 4 mars 2009.
Que dira la communauté internationale, les États Unis et la France en tête, si c’est cet homme accusé de crime contre l’humanité qui finance les opérations électorales en République
centrafricaine ? El Béchir cherche-t-il à se racheter par le biais de la Centrafrique ?
Quoi qu’il arrive, on ne va pas aller aux urnes pour faire la volonté d’un seul homme si les conditions de déroulement d’une bonne élection ne sont pas réunies. Les pétrodollars du Soudan peuvent
attendre.
Par ailleurs, nous apprenons d’une source crédible que François Bozizé aurait marchandé à la Guinée Équatoriale, les conclusions du dixième sommet des chefs d’États de la CÉMAC qui se tenait chez lui les 16 et 17 décembre dernier. À en croire la source, le président centrafricain aurait reçu de son homologue équato-guinéen, la coquette somme de 2 milliards de francs CFA afin d’orienter les débats à huis clos en sa faveur. Résultat de la course : la Guinée Équatoriale a raflé au Gabon le poste de gouverneur de la BEAC et son président, intronisé nouveau doyen de la sous région.
Cette recherche effrénée des espèces sonnantes et trébuchantes, traduit la volonté de François Bozizé d’aller vite aux élections et de se proclamer vainqueur contre les aspirations légitimes du peuple centrafricain.
L’opposition démocratique le laissera-t-il faire ? Et la communauté
internationale ? La CEI, qui est en pleine effervescence, n’a pas encore procédé aux opérations de base, notamment le recensement du corps électoral qu’on ne connaît point mais qui a pourtant été
convoqué.
Chacun doit désormais prendre ses responsabilités.
Source : http://www.lindependant-cf.com