LA HAYE (AFP) - 27.04.2010 14:33 - Des avocats de la République centrafricaine ont demandé jeudi aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) de ne pas renoncer au procès de l'ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) Jean-Pierre Bemba, comme l'a requis la défense de l'accusé.
Des avocats de la République centrafricaine ont demandé jeudi aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) de ne pas renoncer au procès de l'ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) Jean-Pierre Bemba, comme l'a requis la défense de l'accusé.
"Je pense que c'est parce que notre humanité aujourd'hui n'est pas en mesure de supporter l'impunité de tels actes que la CPI a été instituée", a déclaré l'avocat de la République centrafricaine Emile Bizon.
Emile Bizon a rappelé que la République centrafricaine, qui avait soumis en 2005 l'affaire à la CPI, n'avait pas la capacité matérielle de juger elle-même M. Bemba, 47 ans, accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Centrafrique.
Jean-Pierre Bemba est selon l'accusation responsable de meurtres, viols et pillages commis entre octobre 2002 et mars 2003 par les hommes de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), envoyés en Centrafrique pour appuyer le régime du président Ange-Félix Patassé.
"On ne peut plus nous poursuivre", a affirmé Nkwebe Liriss, l'avocat de Jean-Pierre Bemba, soutenant que son client avait bénéficié d'un non-lieu en Centrafrique et qu'il ne peut donc pas être à nouveau poursuivi pour les mêmes faits.
Emile Bizon a accusé la défense d'utiliser une stratégie "dilatoire", affirmant que les enquêtes menées en Centrafrique à l'encontre de M. Bemba n'avaient pas abouti à un procès.
"Les victimes souhaitent que le procès se déroule devant la CPI", a expliqué l'avocate des victimes, Paolina Massidda.
Elle a avancé "une crainte de sécurité (...) due à la proximité du territoire centrafricain avec la RDC, où des milices du MLC se trouvent encore et agissent encore", si le procès de M. Bemba avait lieu en Centrafrique.
M. Bemba, qui avait fui la RDC en avril 2007 après avoir perdu les élections présidentielles de 2006 face à Joseph Kabila, avait été arrêté en mai 2008 à Bruxelles.
© 2010 AFP
Bemba : pétition à la Belgique (La Libre 27/04/2010)
Des parlementaires congolais prient Bruxelles d’accueillir le sénateur. Ils espèrent ainsi faciliter sa libération sous conditions par la Cour pénale.
Selon l’agence de presse privée congolaise APA, des parlementaires congolais ont déposé samedi dernier une pétition à l’ambassade de Belgique à Kinshasa.
Le texte, émanant de l’opposition et qui serait signé par plus de 120 parlementaires "toutes tendances confondues", demande à la Belgique d’accepter de recevoir sur son territoire le sénateur Jean-Pierre Bemba au cas où ce dernier bénéficierait d’une mise en liberté provisoire par la Cour pénale internationale.
Interrogé par Radio Okapi, émetteur patronné par l’Onu, le député d’opposition Clément
Kanku a déclaré qu’il n’était "pas normal que la Belgique puisse jouer le jeu des politiciens qui
tend toujours à éloigner Jean-Pierre Bemba de Kinshasa ou de le garder en prison".
Il a ajouté que les parlementaires congolais seraient reçus en Belgique pour plaider en faveur de l’accueil de M. Bemba. Aux Affaires
étrangères belges, on confirme qu’une délégation de parlementaires congolais sera bien à Bruxelles jeudi et vendredi. "Elle sera reçue par des députés et sénateurs du Groupe Afrique, ainsi que, aux Affaires étrangères, par l’envoyé spécial pour les Grands lacs, l’ambassadeur De
Koninck", a indiqué à "La Libre Belgique" le porte-parole du ministère, Patrick Deboeck.
Sur le fond, les Affaires étrangères belges soulignent que ce n’est qu’en juillet que la CPI réexaminera le dossier Bemba. "La question (d’un accueil éventuel en Belgique) est donc prématurée. On ne veut pas préjuger de ce que serait notre réponse à une éventuelle demande en ce sens de la CPI à ce moment-là", indique M. Deboeck. C’est en effet au 5 juillet 2010 qu’a été fixée l’ouverture officielle du procès.
Jean-Pierre Bemba n’a jamais siégé au Sénat congolais depuis son élection en raison de son départ en exil, en avril 2007, après la défaite de ses troupes dans des combats avec l’armée du président Kabila, puis de son incarcération dans la prison de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.
Cette dernière date de juillet 2008. La Belgique l’avait arrêté le 24 mai sur son territoire, à la suite d’un mandat d’arrêt de la CPI, qui l’accuse de crimes de guerre et contre l’humanité en Centrafrique, en 2003. Il avait alors prêté des troupes au président centrafricain de l’époque, Ange Patasse, à la demande de ce dernier; la zone rebelle que dirigeait Jean-Pierre Bemba, l’Equateur, est en effet voisine de la capitale centrafricaine, Bangui. Les troupes de M. Bemba avaient commis des crimes en Centrafrique et c’est à ce titre que M. Bemba est poursuivi - sans, curieusement, que l’homme sous l’autorité desquelles les troupes bembistes étaient placées, Ange Patasse, fasse l’objet de poursuites.
S’appuyant sur l’abandon de certains motifs d’inculpation pour insuffisance de preuves, les avocats du détenu ont demandé à plusieurs reprises sa libération; elle avait été accordée en août 2009, avant que cette décision soit renversée en appel. Dans l’éventualité d’une telle libération, la CPI avait alors sondé la Belgique et trois autres pays pour savoir s’ils accepteraient d’accueillir Jean-Pierre Bemba en cas de mise en liberté sous conditions. La Belgique avait fait valoir qu’un tel accueil serait susceptible de causer des désordres, en raison de la présence, sur son territoire, de nombreux partisans de Jean-Pierre Bemba. Et de citer en exemple la manifestation en faveur de "Bemba président!" qui s’était organisée dans et devant la cathédrale Sts-Michel-et-Gudule, à Bruxelles, durant la messe de funérailles du père du détenu, Jeannot Bemba Saolona, à laquelle Jean-Pierre Bemba avait pu assister sous escorte policière en juillet 2009.
Marie-France Cros 27/04/2010
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