UNION DES FORCES VIVES DE LA NATION (UFVN)
LA COORDINATION
DECLARATION RELATIVE A L’IMMIXTION DU
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DANS LE POUVOIR JUDICIAIRE
Suite à l’incendie du supermarché RAYAN survenu dans la nuit du mercredi 9 au 10 juin
2010 à Bangui, l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) tient à déclarer ce qui suit :
L’incendie du supermarché RAYAN est
arrivé comme un autre épisode supplémentaire dans le feuilleton juridico-administratif de l’acquisition de l’immeuble BANGUI 2000 qui abritait, entre autres locataires, le cabinet du Bâtonnier de
Centrafrique, Maître Symphorien BALEMBI, et l’entreprise ADMN SYSTEM de M. Jean Daniel DENGOU par ailleurs Vice Président du Conseil Economique et Social.
Prenant prétexte de ce sinistre que l’UFVN déplore, le Président de la République,
Président du Conseil Supérieur de la Magistrature et garant de l’unité nationale, de la sécurité de ses compatriotes, des lois, et règlements, après une visite sur les lieux pour constater les
dégâts, s’est rendu personnellement au Parquet où, en l’absence du procureur de la République, a ordonné au 2ème Substitut de ce dernier, de procéder à l’arrestation de tous ceux qui
seraient impliqués dans cet acte. Plus tard, sur les ondes de la radio et de la télévision nationale, il ordonne aux forces de l’ordre de procéder à leur charcutage (« doroko
ala »).
L’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) condamne énergiquement cette grossière
immixtion du Président de la République dans le fonctionnement de la Justice, attitude qui foule aux pieds le principe de la séparation des pouvoirs, consacré par la Constitution sur laquelle il
a pourtant prêté serment. L’Union des Forces Vives de la Nation s’étonne surtout pour son intervention si spontanée et si énergique, s’agissant d’un incendie, alors que dans des cas beaucoup plus
graves, telle que l’occupation de notre pays par une rébellion étrangère qui massacre et terrorise des populations et des régions entières, il reste totalement indifférent. Cette réaction
sélective et discriminatoire du Chef de l’Etat rappelle tristement celle qui a précédé le cas de M. Charles MASSI dont on est sans nouvelles depuis des mois et sur lequel le Président BOZIZE qui
se confond en contradiction, ainsi que le cas du Diacre de l’église de KINA, dont il a ordonné personnellement l’incendie de la maison et des biens en 2008, à cause du pasteur TOUANGAYE.
Se rappelant certainement ces deux sinistres exemples, mais surtout celui du défunt
Sergent SANZE qui, après sa « reddition » aux autorités constitutionnellement obligées de le protéger, a été sauvagement torturé, puis assassiné par les hommes de mains du Président de
la République et restés impunis. A ce jour, le bâtonnier de l’Ordre des Avocats et Vice Président du Conseil Economique et Social, dans un instinct de survie et craignant pour leur sécurité, sont
passés dans la clandestinité. Instruite du douloureux cas du Sergent SANZE, L’Union des Forces Vives de la Nation exige des garanties sérieuses et suffisantes pour ceux ces deux compatriotes qui,
sont entrés dans la clandestinité, se mettent, le cœur en paix, à la disposition de la justice de leur pays.
Ce mépris de la Loi et de la Justice a débouché sur un excès de zèle avec
l’arrestation, pêle-mêle, des collaborateurs et/ou parents des prévenus et leur déportation à la tristement célèbre prison personnelle de BOZIZE de
BOSSEBELE.
Ici encore, on ne peut s’empêcher de penser aux militants du Mouvement de Libération
du peuple centrafricain (MLPC) et à certains compatriotes dont l’arrestation, le procès et la déportation à BOSSEMBELE avait suscité une vague de réprobation générale en 2007.
Toutes ces pratiques anticonstitutionnelles et inhumaines ont ceci de préoccupant
qu’elles émanent du Président de la République qui, aux termes de la Constitution, a la principale responsabilité – outre le respect de la date constitutionnelle des élections - de garantir
l’intégrité de son pays, la sécurité et le bien-être de ses concitoyens.
Eu égard à tout ce qui précède, l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN)
exige :
- La libération immédiate et sans conditions de tous les compatriotes arrêtés et déportés à
BOSSEMBELE et leur retour à Bangui ;
- L’ouverture d’une enquête régulière et sereine en vue de faire toute la lumière sur cette
affaire.
En tout état de cause, l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) soutient
sans réserve la juste lutte des Avocats centrafricains contre l’arbitraire, les multiples violations du droit, l’anarchie et en appelle à tous les compatriotes, démocrates sincères, épris de
justice et de paix, à faire bloc autour de ces valeurs pour barrer la route à la dictature et à la haine tribale, dérives vers lesquelles le Président BOZIZE conduit notre pays.
Fait à Bangui le 18 juin 2010
Le Coordonnateur
Me Henri POUZERE