François Soudan avec François
Bozizé au palais de Bangui
En mars dernier, votre ministre de la Sécurité a annoncé la découverte d'un
projet de coup d'État fomenté, à l'en croire, par des partisans de l'ancien président Patassé. Depuis, plus rien. Où en est l'enquête?
J'ai eu à en parler avec le président Patassé. C'est une affaire classée. Une séquelle du
passé. No comment ...
C.A.P : Mais pourquoi classer si vite une affaire de coup d’Etat que
le général d’opérette Ouandé a prétendu avoir déjoué et imputé la responsabilité à un certain AFP et une dizaine d’officier dont il a refusé de donner les noms ? C’est donc bien la preuve
que ce n’était qu’une manipulation politicienne grotesque ne reposant sur rien de vraiment sérieux. Il vaut donc mieux classer cette ridicule affaire qui n’en est pas une et passer à autre chose
car c’est très très honteux… !
Plus récemment, en juin, le supermarché Rayan, la plus grande surface de
vente de Bangui, a été dévasté par un incendie que vous avez qualifié de « crime économique ». Plusieurs personnes ont été arrêtées, notamment des avocats, dans le cadre de cette affaire.
Pourquoi vous en êtes-vous mêlé?
50 milliards de F CFA sont partis en fumée dans le centre de la capitale et vous
voudriez que je reste les bras croisés? Cela dit, que l'on me comprenne bien: je n'ai jamais déclaré qu'il s'agissait là d'un attentat politique. C'est un crime de droit commun.
C.A.P : A qui appartiennent ces 50 milliards ? Si c’est bien un
crime de droit commun, pourquoi le président de la république a cru faire une descente au parquet du tribunal pour ordonner l’arrestation des personnes soupçonnées sans doute à tort d’être à
l’origine de l’incendie ? Pourquoi transférer à la prison spéciale de Bossembélé les personnes arbitrairement arrêtées dans le cadre de cette affaire ? Pourquoi refuser de prendre en
considération le mémorandum des avocats du barreau ?
La loi de programmation militaire prévoit une augmentation des effectifs de
l'armée centrafricaine de 6500 hommes aujourd'hui à 10500 en 2013. Comment espérer sécuriser un territoire plus vaste que celui de la France avec 10000 hommes?
C'est peu, effectivement. Mais nos moyens sont faibles. L'important est que cette
armée soit de mieux en mieux formée, de plus en plus professionnelle. C'est l'objectif de cette loi.
C.A.P : Bozizé a été chef d’état major de cette armée. S’il avait
réellement voulu en faire une armée digne de ce nom il y serait arrivé. Il a malheureusement passé son temps à la politiser, à la déstructurer, à piller ses maigres moyens matériels, à détourner
son armement pour les besoins de ses tentatives de coup d’état et propres projets de prise de pouvoir. C’est cela la vérité qu’il ne peut
avouer.
Vous avez conclu en avril avec la France un nouvel accord de coopération
militaire du type de ceux que Paris a signés avec le Gabon, le Sénégal et le Bénin. Désormais, en cas de crise intérieure, l'armée française n'interviendra pas ...
Tout à fait.
C.A.P : A noter que Bozizé a fait traîner et retarder la signature
de ce nouvel accord dans l’espoir d’y faire inclure une clause de sécurité dont la France ne veut plus à son grand dam.
Et en cas de réédition de l'offensive rebelle de 2007 sur Birao par exemple,
la France n'enverra plus ses paras et ses Rafale à votre secours.
C'est à discuter, dans la mesure où l'agression dont vous parlez est venue d'un pays
voisin. Mais je pense que même dans ce cas, la France n'interviendra pas.
C.A.P : Il n’y a rien à discuter. Le nouvel accord de coopération
militaire est clair et ne prévoit plus d’intervention militaire française pour maintenir un potentat au pouvoir. Quel est ce pays voisin ? N’est ce pas le Soudan d’Omar El Beshir à qui
Bozizé a entre temps demandé de l’argent pour financer les élections ?
Où en sont vos relations avec
la société française Areva, à laquelle vous avez concédé il y a trois ans l'exploitation de la mine d'uranium de Bakouma?
La phase d'exploitation en tant que telle devrait commencer à la fin de 2010. Pour
l'instant, hormis quelques subventions prévues dans notre accord et quelques centaines d'emplois locaux créés, il n'y a pas encore eu de retombées financières pour le Trésor.
C.A.P : En effet jusqu’ici, les dessous de table et autres bonus
pour l’uranium de Bakouma n’ont pris que la destination des comptes bancaires de Bozizé et Sylvain Ndoutingai dans les paradis fiscaux des Iles Vierges Britanniques aux Caraïbes. Le trésor
centrafricain n’en a pas vu la couleur.
Quels revenus espérez-vous en tirer?
Je l'ignore pour l'instant.
C.A.P : Faux ! Ndoutingai a bien écrit à AREVA une lettre pour
demander qu’elle acquitte la somme de 167 milliards de F CFA au titre des taxes qu’elle devrait verser à la conservation foncière des domaines. AREVA a répondu qu’elle verrait après les
élections.
Trois ans après, toujours rien. C'est un peu lent, non?
Oui. Et je le regrette. Mais je suppose qu'Areva sait ce qu'il fait. C'est une
société de réputation mondiale.
Quand avez-vous rencontré le président Sarkozy pour la dernière fois?
En juin, à Nice, lors du sommet Afrique-France.
Avez-vous parlé des élections?
Non. Discussion purement protocolaire et amicale.
Lorsque votre adversaire Martin
Ziguélé est reçu à la cellule africaine de l'Élysée, cela vous choque?
La cellule africaine de l'Élysée reçoit tout le monde, c'est son job. L'important,
c'est de faire la part des choses. Et notamment de savoir que notre opposition est une opposition manipulatrice, qui excelle dans l'intoxication et la désinformation.
C.A.P : Alors, pourquoi donc toutes ces tracasseries et confiscation
de passeport aux opposants ? Bozizé ne peut pas nier qu’une fiche mensongère de ses services de renseignement avait accusé Martin Ziguélé à l’issue d’un de ses séjours en France d’être venu
solliciter la neutralité des autorités françaises pour faire un coup d’Etat. La fiche a prétendu qu’on l’aurait aperçu en plein Paris flanqué d’un blanc.
La Centrafrique a 50 ans. Qu'y a-til à célébrer?
La démocratie, l'absence de prisonniers politiques, la liberté de la presse, le
retour progressif d'une diaspora désireuse d'investir au pays, des cadres de mieux en mieux formés : tout cela n'est pas rien.
C.A.P : De qui Bozizé se moque-t-il ? Comment appelle-t-on les
personnes arbitrairement arrêtées dans l’affaire de l’incendie du supermarché Rayan qui ont été transférées à la prison spéciale de Bossembélé et qui y croupissent toujours ? Ne parlons pas
de nombreuses autres personnes qui végètent dans les geôles de la Section Recherche et Investigation (SRI) à Bangui. Si toutes ces personnes ne sont pas des prisonniers politiques, c’est quoi un
prisonnier politique selon Bozizé ? Les nombreuses tracasseries répétées faites par la police des frontières avec les confiscations arbitraires de passeport de certains citoyens contribuent
elles a affermir la démocratie dont parle Bozizé ?
Et le négatif?
Nous en sommes tous responsables, civils et militaires, politiciens et officiers.
Nous n'avons pas su prendre en main notre destin; l'égoïsme et la méchanceté ont pris le pas sur le patriotisme. Tous, à un moment ou à un autre, nous avons failli.
C.A.P : Bozizé a le chic de toujours rejeter sur les autres ses propres turpitudes et ses
vices. S’il fait partie de ces militaires putschistes et non républicains, il n’a que se dénoncer tout seul et non accuser tout le monde. Sa soif d’argent et d’exercer le pouvoir qui
remontent à depuis longtemps et n’est un secret pour aucun Centrafricain.
La France a joué un rôle majeur en Centrafrique au cours de ce demisiècle.
N'est-elle pas elle aussi responsable de ce gâchis?
La France est un pays étranger qui, au pire, n'a fait qu'exploiter nos propres
faiblesses. Il ne dépendait que de nous qu'elle ne se mêle pas de nos affaires.
C.A.P : C’est l’hommage du vice à la vertu. Bozizé a bien utilisé et
profité des services spéciaux français pour faire son coup d’Etat et prendre le pouvoir le 15 mars 2003. Il avoue ici s’être donc laissé utiliser et
manipuler.
Ange-Félix Patassé estime que c'est lui qui a installé la démocratie.
Êtes-vous d'accord?
C'était une démocratie de bagarres permanentes, ponctuée de mutineries et de
tentatives de coups d'État. Rien à voir avec ce que nous constatons aujourd'hui.
C.A.P : Bozizé en parle comme s’il n’y était pas pour rien. N’a-t-il
joué aucun rôle dans les crises politico-militaires récurrentes en RCA ? Parmi les auteurs de ces nombreuses tentatives de coup d’Etat, n’y avait-il pas un assoiffé de pouvoir dénommé
François Bozizé qui a énormément contribué à déstabiliser le pays en y introduisant des mercenaires tchadiens zakawa qui n’ont fait que piller, détruire et semé la mort et la désolation
?
La mort d'Omar Bongo Ondimba a laissé un vide en Centrafrique, où il occupait
une place déterminante de médiateur et de modérateur entre le pouvoir et l'opposition. A-t-il été remplacé dans ce rôle?
Son fils, le président Ali Bongo Ondimba, lui a en principe succédé en tant que
médiateur. Nous pourrons toujours le solliciter s'il y a problème. Mais il faut reconnaître que tout cela en est encore au stade des balbutiements. Tout le peuple centrafricain regrette le doyen
Bongo.
C.A.P : Qu’est ce Bozizé appelle balbutiements ? En réalité Ali
Bongo n’a pas tardé à prendre la mesure du manque de fiabilité de Bozizé qui n’a pas respecté la promesse qu’il lui a pourtant faite de soutenir le candidat gabonais pour le poste de Gouverneur
de la BEAC lors du sommet de la CEMAC de janvier 2010 à Bangui. Dès lors, comment s’étonner que ses relations avec certains chefs d’Etat soient froides ou n’en restent quà des
balbutiements !
Le président tchadien, Idriss Déby Itno, vous apporte-t-il toujours un appui
militaire?
Une quarantaine d'éléments de sécurité tchadiens sont présents ici à la présidence.
Pas seulement.
C.A.P. Pas seulement. Récemment encore après l’attaque de Ndélé, le
capitaine Vianney Semndiro était allé à N’djaména prendre livraison d’un important lot d’armes de guerre et même de chars.
Dans le cadre de l'affaire Bemba, la Cour pénale internationale [CPI] peut
être amenée à s'intéresser au cas Patassé. Quelle est votre position?
Cela regarde Patassé et la CPI. Pour l'instant, Ange-Félix Patassé est un citoyen
centrafricain comme un autre, libre de ses mouvements.
C.A.P : Patassé n’est pas si libre de ses mouvements que cela Bozizé
ne veut plus que la FOMAC assure sa sécurité ce qui est un sujet de grande préoccupation pour Patassé.
Et si la CPI vous demande de coopérer avec elle, voire de lui livrer
l'ex-président?
Lui-même a déclaré qu'il était prêt à répondre de ses actes au cas où. Il n'y a donc
pas, a priori, de problème.
Quand la Banque des États de l'Afrique centrale (Beac) va-t-elle enfin sortir
de la tourmente?
Lors du sommet de Brazzaville, en juin, nous avons accordé au nouveau gouverneur
équato-guinéen ce qu'il demandait. Son entourage a été expurgé des éléments qui, semble-t-il, ne respectaient pas son autorité. Laissons-le travailler.
C.A.P : Bozizé n’ose pas avouer ici les manœuvres d’extorsion de
fonds auxquelles lui-même et son ministre des finances Albert Besse ne cessent de se livrer auprès du nouveau Gouverneur.(cf affaire des DTS du Congo et du marché de construction de la clôture du
siège national de la BEAC à Bangui, plus d’1 milliard de F CFA)
En attendant, le FMI a suspendu tout décaissement via la Beac. Notamment ceux qui vous étaient destinés
...
Effectivement. Nous sommes une victime collatérale d'un problème qui ne nous concerne
pas, puisque nous avons rempli toutes nos obligations à l'égard du Fonds. Le FMI reproche à la Beac, par laquelle transite l'argent, de ne
pas être claire. Une mission a été dépêchée à Washington pour résoudre cet imbroglio.
Est-il vrai que les Centrafricains sont nostalgiques de l'époque Bokassa?
Je n'irai pas jusque-là. Mais il faut reconnaître que Bokassa est celui qui a le plus
bâti dans ce pays.
C.A.P : Bozizé avoue ainsi honteusement que lui aussi n’a rien foutu
pour le pays. Dans certains domaines en effet, les Centrafricains regrettent Bokassa.
Vous vous représentez pour un mandat de cinq ans qui, en principe, sera le
dernier. Souhaitez-vous que la Constitution soit modifiée pour vous permettre d'aller au-delà?
Comme vous y allez! Je ne suis pas encore réélu et vous me parlez de jouer les
prolongations. Votre question est sans objet.
C.A.P : Bozizé ne peut pas avouer que son projet le plus cher est de
gagner l’élection présidentielle dès le premier tour ; d’arracher les 2/3 de sièges pour son parti KNK dans la future Assemblée nationale pour rendre possible la modification de l’article
108 de la Constitution sur le nombre de mandat du président de la République afin de demeurer ad vitam aeternam au pouvoir.
Comment imaginez-vous la Centrafrique dans vingt ans?
Je rêve d'un pays désenclavé avec des aéroports, des voies ferrées, des routes, des
hôpitaux, des écoles, enfin engagé sur la voie du développement accéléré.
Il vous faut un plan Marshall...
Sans doute. Mais avec notre uranium, notre or et peut-être demain notre pétrole, si
notre bataille juridique contre la compagnie américaine Grynberg Petroleum est enfin gagnée, ce n'est pas impossible.
C.A.P : C’est curieux que pour Bozizé, le développement de la RCA
doit passer par l’heureux dénouement du contentieux avec le pétrolier américain Grynberg. Or tout semble indiquer que Grynberg gagnera l’arbitrage qui doit être rendu dans l’affaire qui l’oppose
à Bozizé, Elie Doté, Ndoutingai et Emmanuel Touaboy.
Ou alors un mégaprêt chinois à la congolaise?
Nous n'avons pas encore eu cette chance.
Vous arrive-t-il de prendre des vacances?
Non. Deux ou trois jours de repos parfois, sans plus. Pas le temps.
C.A.P : Dès vendredi Bozizé n’est plus à Bangui et ne reviendra que Mardi voir mercredi. N’est ce
pas des vacances sauvages qu’il prend ainsi en se rendant presque systématiquement à Bézambé ?
Vous êtes-vous enrichi depuis votre accession au pouvoir?
Le pays est si pauvre. Avec quoi pourrais-je m'enrichir?
C.A.P : La RCA n’est pas si pauvre qu’il le dit. Ses forêts, ses
mines de diamant et d’uranium sont autant de richesses qui ont bien permis à Bozizé et Ndoutingai de s’en mettre plein les poches. Bozizé qui faisait jadis du taxi brousse est assis aujourd’hui
sur une colossale fortune, dispose de nombreux comptes bancaires bien garnis et de somptueuses villas au Burkina, en France et autres, tandis que les Centrafricains croupissent eux dans la misère
et s’appauvrissent de plus en plus il est vrai. La police allemande n'a-t-elle pas arrêté en Juin 2004 Bozizé flanqué de son ministre des mines Sylvain Ndoutingai et de son mentor Charles
Wénézoui à l'aéroport de Dusseldorf avec une mallette de diamants ?
Dieu est-il à vos côtés?
Sûrement.
Ange-Félix Patassé pense la même chose en ce qui le concerne. Il ajoute que
c'est Dieu qui, une nuit, lui a ordonné de revenir à Bangui pour sauver la Centrafrique.
[Sourire] S'il le dit ...
Il semble parfois que Dieu ait oublié la Centrafrique.
Ce n'est pas sa faute, mais celle des hommes. Le premier devoir que Dieu a donné à
l'homme, c'est de travailler. Or, tout pousse ici, il suffit de se baisser. Si notre production de coton a chuté de 100000 tonnes par an à 3 000 t en un quart de siècle, c'est de notre
responsabilité. L'aide de Dieu se mérite. Aucun peuple n'a réussi sans travail. Kwa na kwa: « Le travail, rien que le travail»
L'AUTRE BOZIZÉ
IL EST L'HOMME DONT ON PARLE À BANGUI, mais ne venez surtout pas lui dire qu'il est
un dauphin en puissance: « Ceux qui racontent cela ne connaissent pas mon père, répond Jean Francis Bozizé, 40 ans, ministre délégué à la Défense depuis 2008, il est plus exigeant avec moi
qu'avec n'importe qui d'autre, et cette éventualité n'a jamais été envisagée entre nous. » Vraiment? Le fils aîné du président n'en dira pas plus: peu loquace, volontiers taciturne, « JFB
»cultive la discrétion dans son bureau ministériel du Camp Béal. Il est vrai que le dossier dont il est chargé - la réorganisation et la professionnalisation des Forces armées centrafricaines
(Faca, longtemps gangrenées par les mutineries et les recrutements ethniques - n'est pas des plus faciles. Aujourd'hui colonel, Jean Francis Bozizé a effectué en France, où il a vécu pendant
quinze ans, l'essentiel de sa formation militaire. Engagé chez les parachutistes du 6e RPIMA après des études de gestion, il a notamment servi à Sarajevo, où il a obtenu ses galons de
caporal-chef. De retour en Centrafrique en 1996, il suit son général de père dans sa rébellion contre le régime de Patassé et coordonne pour son compte les groupes de « Patriotes» du Nord. En
mars 2003, il entre dans Bangui à ses côtés, siège au sein du Conseil national de transition puis s'en va compléter ses études à l'Académie militaire de Pékin et à l'IHEDN de Paris.
Réputé sérieux et travailleur, le ministre des Faca, qui a également en charge la
gendarmerie, est candidat à la députation en Moyenne-Sido aux prochaines législatives. Un pas de plus? « Je vous vois venir, sourit-il, mais vous vous trompez.» Dont acte. Pour l'instant...
F.S
C.A.P : Comment un individu peut-il quitter le 6ème RPIMA
au grade de caporal-chef, faire un tour dans la rébellion aux côtés de son père et devienne colonel d’une armée dans laquelle il n’a pas de numéro matricule !
UN PASTEUR SOUS SURVEILLANCE
C'EST À ELLE QUE REVIENT la lourde charge d'organiser les élections générales et
d'en proclamer les résultats provisoires. Forte de 31 membres permanents (représentants des partis politiques et de la société civile), la Commission électorale indépendante (CEI) centrafricaine
a pour président élu une personnalité atypique: Joseph Binguimale, 60 ans.
Ce fils d'imam né dans le sud du Tchad a été mécanicien chez Renault à
Boulogne-Billancourt, responsable du parc auto de l'empereur Bokassa, représentant du groupe Bolloré sur le Beach de Brazzaville, avant de devenir l'un des pasteurs évangéliques les plus
influents au sein de la communauté africaine de France. Entre-temps, Binguimale a vécu un moment aux États-Unis, où il s'est lié avec les baptistes de la Fondation Carter. Rentré au pays il y a à
peine un an, il a été quelque temps accusé par l'opposition de manquer de neutralité - en clair: de « rouler» pour François Bozizé. Mais si l'on en croit le premier viceprésident de la CEI,
Jean-Édouard Koyambounou, proche de l'opposant Martin Ziguélé, il ne s'agissait là que d'un simple « malentendu ». Il n'empêche: le pasteur est désormais sous observation. Pour ne pas dire
sous surveillance ... F.S.