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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 13:58

 

 

drapeau françafricain

 

Paris, France (Pana) 11/02/2011 - La France souhaite que le souci d’apaisement et de dialogue qui a précédé la présidentielle continue de caractériser les relations entre les forces politiques pour régler le contentieux électoral en Centrafrique, a déclaré jeudi à Paris le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. «La France a pris note des demandes d’annulation des scrutins de trois candidats à l’élection présidentielle du 23 janvier. Il revient maintenant à la Cour constitutionnelle de se prononcer en toute indépendance sur les recours déposés», a-t-il déclaré au cours d’un point de presse.

Dans une déclaration commune, l’ancien président centrafricain, Ange-Félix Patassé, l’ancien Premier ministre, Martin Ziguelé et le député Emile Gros-Raymond Nakombo, tous trois candidats à la dernière présidentielle, ont accusé la Commission électorale indépendante (CEI) d’avoir écarté du dépouillement les résultats de 1.262 bureaux de vote, soit 25 pour cent du corps électoral.

«La France rappelle que le calendrier adopté à l’été 2010 par la majorité et l’opposition avait fixé la date du 14 février pour la vérification des résultats», a rappelé M. Valero.

Les résultats provisoires publiés par la CEI donnent le président sortant, François Bozizé, vainqueur de la présidentielle dès le premier tour avec près de 66 pour cent des voix.

Estimant que les scrutins ont été entachés de fraudes, l’opposition ne reconnaît ni la réélection du président Bozizé, ni le résultat des législatives.

 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 13:57

 

 

Bozizé KNK

 

legriot.info fév 11, 2011

Le processus électoral en Centrafrique est loin de toucher à sa fin. Pour cause, mardi et mercredi derniers, trois responsables de la Commission Electorale Indépendante (CEI) sont arrêtés par la gendarmerie à Bangui et à Boganda (Sud) dans le cadre d’une enquête sur le déroulement des élections législatives à Boganda, comme l’annonçait le rapporteur général et porte-parole de cette institution, Rigobert Vondo : « Le responsable de la commission dépouillement Rodrigue Maïté, le président de la CEI locale de Boganda, et le président du centre de dépouillement de Boganda, ont été placés en garde à vue à la suite de certains faits constatés après le non rapatriement de l’ensemble des résultats de cette circonscription ».

Cette affaire fragilise encore plus la CEI, dont le travail a été, à maintes reprises, acerbement critiqué par l’opposition. D’ailleurs, celle-ci  conteste les résultats des présidentielles ainsi que ceux des législatives, car, selon elle, les voix de 1262 bureaux de vote, représentant 25 % du corps électoral, ont disparu dans entre le scrutin et l’annonce des résultats provisoires. Face à ces zones d’ombre, la CEI a décidé de reprendre le vote dans la circonscription de Boganda. Elle a également sollicité le concours de « la gendarmerie pour faire la lumière de cette situation », selon des propos de M. Vondo.

Dans cet état des choses, le Conseil Constitutionnel, ayant déjà dépassé la quinzaine de jours qui lui était impartie, se retrouve hors-délais en ce qui concerne la validation des résultats définitifs. L’appareil étatique centrafricain reste donc bloqué en attendant les conclusions de l’enquête en cours.

 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 03:14

 

 

vote à Bangui 4ème

 

 

NDLR : Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations sur la parodie d'élections qui a eu lieu le 23 janvier 2011 en Centrafrique, notamment sur l'ampleur de la fraude du clan bozizéen. Par exemple, à Kabo où la CEI a cru annoncer la victoire au premier tour de Francis Bozizé, la réalité de ce qui s'est passé est tout autre. Kabo est une ville martyre qui a beaucoup souffert de la terreur de Francis Bozizé pendant la rébellion de son père. Tueries, incendies volontaire de maisons... On ne voit pas comment la population de cette ville peut spontanément élire ce monstre de rejeton. 

En effet, c’est une dame, Mme Edith Badingar candidate indépendante qui était en tête suivie par le candidat du MLPC, Clément Nobona. Informé, le clan Bozizé a aussitôt dépêché un convoi militaire de la GP kidnapper le sous-préfet de la ville qui est ramené manu militari à Bangui et dans la même nuit de leur arrivée, conduit à Sassara. Là, ils ont procédé à leur guise aux falsifications et modifications nécessaires pour faire gagner Francis Bozizé au premier tour. Comment peut-t-on appeler « élections » un tel carnaval.

S’agissant de Carnot, c’est par la terreur et l’intimidation que les soldats de la garde présidentielle ont fini par imposer comme députée de Carnot 1 la maîtresse favorite de Bozizé, Renée Madeleine Sambo Bafatoro qui a clairement fait chanter son président d’amant que si elle n’était pas élue dès le premier tour comme Monique sa rivale à Bimbo 2, elle allait rompre avec lui et retourner vivre en France avec ses enfants.

Jusqu’à présent, Carnot continue de vivre sous la terreur de la garde présidentielle qui n’arrête pas de persécuter et spolier les collecteurs et opérateurs économiques de la ville qui sont accusés de n’avoir pas voté le KNK et d’avoir soutenu financièrement le candidat Ibrahim Aoudou Paco. Ils sont régulièrement victimes d’extorsion d’argent (en général plusieurs millions de F CFA) par un certain lieutenant Abdoulaye de la garde présidentielle. La population est littéralement terrorisée sur les multiples barrières routières sur l’axe Carnot-Berbérati et Carnot–Baoro où les téléphones portables et sommes d’argent sont systématiquement arrachés aux voyageurs et confisquées.

C’est dans ce contexte que les concurrents de la maîtresse de Bozizé de Carnot dont Ibrahim Aoudou Paco viennent d’adresser une lettre de protestation (voir copie et fac simile ci-dessous) au faux pasteur et nullissime Joseph Binguimalé de la CEI pour dénoncer les nombreuses violations du code électoral pendant et après le scrutin du 23 janvier 2011. Ces « élections » doivent être annulées purement et simplement.

Rédaction C.A.P  

 

 

  *******************************************************************************************************

 

 

Carnot le 04 Février 2011

 

A

Monsieur le Président de la Coordination Nationale de la

Commission Electorale Indépendante(CEl) à Bangui.

 

Objet : Lettre de Protestation

 

Nous avons l'honneur de bien vouloir vous adresser cette lettre de protestation relative au dysfonctionnement constaté pendant et après le Scrutin du 23 Janvier 2011 dans la Circonscription de Carnot 1.

Au terme de l'article 87 du code électoral qui stipule que « Le Procès-verbal des opérations du dépouillement est rédigé en six (06) exemplaires augmentés d'autant d'exemplaires qu'il y a des Candidats par le bureau et signé par des Scrutateurs et le Président ainsi que par les Candidats ou leurs Représentants dûment mandatés ».

Force est de constater que cette disposition légale n'a pas été observée car aucun de nos représentants dans les 83 bureaux de vote n'a reçu la copie du procès-verbal comme il se devait, et surtout l'immixtion intempestive des Autorités Politico-Administratives dans la gestion du processus électoral, notamment des menaces et d'intimidations proférées à l'encontre des Chefs de villages et de quartiers, de nos Représentants dans les différents bureaux de vote dans la Circonscription de Carnot 1.

A cela, il faut signaler la présence dérangeante des éléments de la Garde Présidentielle qui sont censés assurer lâ protection de la Candidate N° 1 ce qui a malheureusement influencé le libre choix des électeurs dans les bureaux de vote 3, 4, 5 et 6 (Ecole Charpente).

En outre la transmission des résultats ou des procès-verbaux n'a pas été faite par la voie légale car le Président de la CEI locale d'une manière unilatérale et sans être accompagné par certains membres du bureau, s'est permis de suivre le Superviseur à Nandobo en vue de décharger à ce dernier les procès-verbaux alors que toutes les conditions légales étaient réunies pour le ramassage desdits procès-verbaux ce qui engendre des suspicions quant à la fiabilité des résultats tant attendus par la population de Carnot.

D'ores et déjà nous tenons à porter à votre haute attention qu’au nom du principe d'égalité de tous les Candidats devant la loi que nous nous réservons le droit d'adresser une requête auprès de la Cour Constitutionnelle seule juridiction compétente de rétablir les Candidats lésés dans leurs droits car il y va de l'intérêt du peuple Centrafricain.

Tout en espérant à une solution apaisée; Veuillez Monsieur le Président, croire à l'expression de notre profond respect.

 

lettre-de-protestation-candidats-de-Carnot-page-1.jpglettre-de-protestation-candidats-de-Carnot--signatures-.jpg

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 02:55

 

 

 

 

cour constitutionnelle RCA

avis-d-audience-CC.jpg

 

Le candidat Martin Ziguélé a à peine déposé sa requête en annulation des élections présidentielles et législatives auprès du greffe de la Cour Constitutionnelle le mercredi 9 février à 15h 10 qu’il reçoit déjà dès le lendemain même 10 février, un avis d'audience (ci-dessus) de cette même Cour qui siègera en audience publique à Bangui le samedi 12 février à 10 heures.

Il est évident qu’une telle célérité est plus que suspecte. La Cour constitutionnelle a-t-elle vraiment déjà eu le temps de remettre copie aux défendeurs et reçu leurs mémoires en défense? Pourquoi cette précipitation alors que le chronogramme consensuel arrêté dans l'Accord du 10 août fixe au 14 février 2011 la date de la décision de la Cour Constitutionnelle ? Que cache cette réactivité de l'institution vers laquelle toute l'attention des Centrafricains et de la communauté internationale est actuellement tournée ?

 

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 18:26

 

 

centrafrique

 

 

Radio Ndéké Luka Jeudi, 10 Février 2011 12:50

 

7 personnes tuées dans les rangs des rebelles de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), plusieurs autres blessées et des armes de guerre récupérées. C’est le bilan du double affrontement ayant opposé lundi 7 février 2011, les Forces armées centrafricaines (FACA) et cette faction rebelle. Ce sont les villages de Bagawa et de Gbégbé situés à 47 et 50 kilomètres de Bria (est de Centrafrique) qui ont été le théâtre des combats.

Selon le correspondant de Radio Ndeke Luka à Bria, ces deux accrochages se sont déroulés dans un intervalle de 3 jours. Ils interviennent dans le cadre d’une opération de sécurisation entreprise par les Forces armées centrafricaines à la ceinture de cette ville ainsi que les zones excentrées, pour contrer toute agression rebelle.

Dans sa dépêche, le correspondant a affirmé que la population de Bria attend de pied ferme « les promesses de campagne sur la sécurité tenues par le président sortant François Bozizé, réélu selon la CEI, au 1er tour des scrutins du 23 janvier ».

La ville de Bria et sa périphérie a toujours fait l’objet d’incursions rebelles dont celles des hommes Joseph Koni, chef de la LRA ougandaise (armée de résistance du Seigneur) de l’Ouganda. Cette insécurité a entraîné une migration massive des habitants en quête de la paix. Il y a un peu plus d’un mois, une autre attaque avait couté la vie à 3 personnes membres d’une même famille dont un enfant.

 

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 18:07

 

 

QUAI_D_ORSAY.JPG

 

                 MAE Quai d'Orsay

 

PARIS, France, 10 février 2011/African Press Organization (APO)/ — Point de presse du 10 février 2011.

(…)Question : Quelle est votre appréciation de la crise post-électorale en Centrafrique où l’opposition ne reconnaît ni la victoire du président sortant François Bozizé ni le résultat des dernières législatives alors que la Cour constitutionnelle vient de dépasser le délai légal de 15 jours pour valider les résultats ?

Réponse : La France a pris note des demandes d’annulation des scrutins de trois des candidats à l’élection présidentielle du 23 janvier dernier.

Il revient maintenant à la Cour constitutionnelle d’examiner et de se prononcer en toute indépendance sur les recours déposés puis de proclamer les résultats officiels.

La France rappelle que le calendrier adopté à l’été 2010 par la majorité et l’opposition avait fixé la date du 14 février pour la vérification des résultats.

 La France souhaite que le souci d’apaisement et de dialogue qui a précédé l’élection continue de caractériser les relations entre les forces politiques centrafricaines.

 

SOURCE : France – Ministry of Foreign Affairs

 

NDLR : Comment peut-il avoir de l'apaisement dans le pays lorsque pour des élections financées par la France et la communauté internationale, Bozizé et son KNK fraudent massivement et humilient les opposants en les gratifiant de scores fantaisistes et leur barrent la route de l'Assemblée nationale qui pour eux, ne doit être composée que par la famille Bozizé et son clan.  

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 17:16

 

 

ben-ali-et-sa-femme

 

 

10 Février 2011 Par  Fabrice Arfi  Lénaïg Bredoux  Mathieu Magnaudeix

De nos envoyés spéciaux à Tunis

 

Après la révolution, les révélations. Des fuites de documents confidentiels récupérés dans des commissariats ou des préfectures au plus fort de la révolution tunisienne, auxquels Mediapart a eu accès, ainsi que des témoignages recueillis sur place, décrivent des pratiques généralisées d'espionnage de la population sous le régime du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali.

Il s'agit, pour l'essentiel, de notes et rapports officiels rédigés en arabe qui ont été volés par des manifestants, des policiers ou même des militaires, tous sympathisants de la révolution, de peur qu'ils ne soient détruits par un pouvoir sur le point de s'écrouler.

Certains des documents montrent également à quel point le contrôle des activités religieuses, sous couvert de lutte antiterroriste, a pu être utilisé pendant des années par les services sécuritaires tunisiens, avec le soutien de la France et d'autres Etats européens, pour justifier la mise en place d'un vaste maillage de surveillance de la population, dans les cyber-cafés ou les transports collectifs.

De tous les pays du Maghreb, la Tunisie est réputée pour être celui qui exerçait l'espionnage d'Etat le plus systématique de ses propres citoyens par le biais de son gigantesque appareil policier, fort de plus de 100.000 agents – environ quatre fois plus que l'armée. Précision utile: en vingt-trois ans de régime Ben Ali, les rangs de la police ont quadruplé.

Dans un Etat policier comme la Tunisie, l'espionnage obsessionnel de la population est la première étape avant la répression (arrestation arbitraire, emprisonnement, torture...) des voix discordantes.

Le plus ancien des documents à la disposition de Mediapart (voir ci-dessous) date du 2 mars 1994. C'est une lettre classée «top secret», rédigée par le sous-préfet (ou maire) de M'Saken, à 140 kilomètres au sud de Tunis, et adressée au gouverneur de la région de Sousse.

Son contenu se passe de commentaire: «J'ai l'honneur de vous informer que nous avons chargé X – nous avons effacé son identité, NDLR – pour s'infiltrer au sein du Mouvement des démocrates communistes et assurer le suivi de leur activité pendant tout le temps de la campagne électorale.»

«La toile d'araignée est intacte»

Un autre document émanant d'un officiel de la commune de Boum'hel (à 15 km de Tunis), photographié à la hâte par des manifestants, permet de réaliser l'étendue de la surveillance de la population tunisienne. Il s'agit d'un tableau qui, dans une première colonne, segmente la ville en quartiers ; dans une deuxième colonne, les quartiers sont divisés en quatre rues principales ; et, dans une dernière colonne, est mentionné le nom d'un «indic» de la police par rue principale.

D'après de nombreux témoignages recueillis par Mediapart à Tunis, le sentiment d'être surveillé par les agents policiers du parti-Etat de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), est d'évidence le dénominateur le plus commun de la population tunisienne. Administrations, universités, entreprises, vie quotidienne: les espions du RCD sont partout.

 «Dans notre département, on avait un agent du pouvoir. Ils lui donnent une voiture, il devient un œil, il surveille tout le personnel, il savait où j'habite, ce que je mange. On ne peut pas être chef de service ou directeur si on n'est pas RCD. Les responsables de la municipalité, les conseillers communaux, les délégués, tous les hauts fonctionnaires appartiennent au RCD», raconte Djamila, une universitaire de Tunis, qui affirme que «la toile d'araignée est intacte» malgré la révolution.

Alya, étudiante à Tunis, espère des jours meilleurs et relate qu'«avant c'était partout “bonjour/bonsoir”. On ne parlait qu'en famille, et encore. Les voisins, on se méfiait. On savait qu'il y avait des indicateurs. Les concierges, les voisins... Même avec mon mari, dans la voiture, on osait pas parler. Il y a comme un stress permanent, un poids, qu'on sent beaucoup moins aujourd'hui.»

Dans un grand journal de Tunis, une rédactrice étiquetée anti-Ben Ali raconte avoir fait une grave dépression nerveuse à cause de la surveillance permanente de certains confrères dont tout le monde savait qu'ils étaient rémunérés par la police pour espionner leurs collègues.

Un autre se rappelle de coups de fils mystérieux de demoiselles à son bureau offrant leurs charmes. Il en a ri, sentant bien qu'il s'agissait sans doute d'espionnes. Mais tous ses confrères n'ont pas eu son flair: «Le régime espérait tenir tout le monde, soit par de l'argent, soit par des affaires de mœurs.»

Encore aujourd'hui, les conversations téléphoniques font peur. Impossible de parler de sujets jugés sensibles (la corruption, les malversations...). Pour discuter, il faut se rencontrer, et si possible dans un endroit discret. «Quand j'avais des opposants en ligne, on se parlait par mots-clés et on ne se donnait jamais rendez-vous par téléphone», explique un diplomate européen en poste à Tunis, qui avait pris l'habitude de mettre les sbires du régime sur de fausses pistes en évoquant au téléphone de faux lieux de rendez-vous.

Pour lui, pas de doute, ses interlocuteurs étaient écoutés.

«Parmi eux, il y avait une avocate défendant des islamistes: c'était leur ligne rouge», dit-il. Un jour, ce diplomate s'est même fait taxer d'«activiste» par un ministre de Ben Ali, parce qu'il continuait à recevoir des opposants. Il espère désormais que ce genre d'«intimidations» appartient au passé. Sinon, dit-il, la parole s'est tellement libérée depuis le départ de Ben Ali que ce serait «un carnage». 

«Il s'est vérifié qu'elle fait la prière régulièrement»

En Tunisie, la lutte contre l'islamisme a été utilisée pendant des années par le président Ben Ali comme un moyen commode pour obtenir le soutien sans réserve des démocraties occidentales, au premier rang desquelles la France, qui, en échange, ont fermé les yeux sur le caractère despotique de son régime. 

Sauf qu'à la lecture des documents adressés à Mediapart, dont une partie circule aujourd'hui sur les réseaux sociaux, il apparaît que la surveillance – pour ne pas dire dans certains cas le harcèlement – de sympathisants islamistes a aussi été un prétexte pour mettre la population en coupe réglée.

Outre la surveillance systématique de l'activité des mosquées, des thèmes développés pendant les prêches ou le recensement du nombre de fidèles à chaque prière, la lutte anti-terroriste a de fait permis de quadriller l'espace public, où une parole contestataire pouvait prendre corps. 

Ainsi, un rapport «de travail» du 27 mars 2008 (ci-dessous), signé par le directeur de la préfecture de Bizerte (au nord du pays) et consacré «aux efforts contre le danger terroriste», préconise de «se concentrer sur l'observation des espaces dédiés à Internet (les cyber-cafés, NDLR) et la collaboration avec les propriétaires». Il leur est par exemple imposé de tenir «un cahier spécial» des allées et venues dans leur commerce, avec le nom de chaque visiteur. Islamiste ou non.  

Dans le même rapport, qui a notamment été adressé au ministère de l'intérieur et à l'administration générale de la sécurité d'Etat, un paragraphe est consacré au recrutement «des sources spéciales dans le secteur des vendeurs ambulants et les propriétaires de transports en commun», qu'il s'agisse des taxis collectifs ou individuels. Le tout sous le contrôle permanent du parti hégémonique, le RCD.

Dans ce contexte de guerre au terrorisme, les cibles déclarées du régime sont les salafistes, partisans d'un islam rigoriste, dont certaines franges peuvent épouser les thèses djihadistes mais dont d'autres branches s'affichent au contraire comme non-violentes, tout en développant une conception politique de leur foi.

Deux rapports policiers d'interpellation en possession de Mediapart montrent qu'il n'en fallait pas beaucoup, sous Ben Ali, pour subir le harcèlement du régime. Dans le premier d'entre eux, il est fait état de l'arrestation le 17 novembre 2007, à Nabeul (nord-est du pays), d'un «groupe de barbus» simplement parce qu'ils étaient... barbus.

Les policiers notent: «Ils nous ont dit qu'ils étaient en train de discuter de questions religieuses, notamment sur la vie d'un disciple du Prophète.» D'après le rapport, qui ne dit pas ce qu'il est advenu par la suite des personnes interpellées, l'un des «barbus» serait fiché comme «salafiste» par la police.

Frappé du sceau «secret», le second rapport évoque l'arrestation, le 18 mars 2009, d'une jeune femme de 24 ans, habitant à Beni Khiar (région de Nabeul), parce qu'elle était «voilée». «Après vérification avec elle, observent les policiers, il s'est vérifié qu'elle fait la prière régulièrement. Il lui a été notifié l'obligation d'arrêter de porter l'habit religieux et de montrer des dispositions à le faire.»

De Tunis à La Mecque, l'hypocrisie d'une régime

Interrogée par Mediapart, l'avocate tunisienne et militante des droits de l'homme Radhia Nasraoui explique que «la répression des islamistes est la même que pour les syndicalistes ou les militants de gauche. Ce sont les mêmes pratiques, les mêmes méthodes de torture, le même harcèlement. A part que les gens de gauche en prison se sont davantage défendus depuis le début de l'ère de Ben Ali, parce qu'ils avaient des traditions de lutte».

Elle ajoute: «Le fait d'avoir défendu les épouses des islamistes à l'étrangers puis les détenus m'a causé beaucoup de problèmes au sein du mouvement démocratique. J'ai perdu des amis, qui ne comprenaient pas facilement que je défende les droits des islamistes. Je suis pourtant connue pour être de gauche, laïque et profondément anti-intégriste. Je ne partage pas du tout leurs idées mais c'est inadmissible de les torturer sauvagement parce qu'ils font la prière ou même se basent sur la charia.»

Par ailleurs, la sincérité de la “chasse aux salafistes” sous la dictature Ben Ali prend une tournure toute particulière lorsque l'on découvre, toujours grâce au vol de documents pendant la révolution, certains investissements du clan Ben Ali en Arabie saoudite, monarchie islamiste dont le père fondateur, Mohamed ibn Abdelwahab, est l'un des deux principaux disciples du dogme salafiste au XVIIIe siècle.

Non seulement c'est en Arabie saoudite que le dictateur lui-même est parti se réfugier après sa fuite de Carthage le 14 janvier, mais un document récupéré lors de la mise à sac de la maison de Hayet Ben Ali, à Hammam Sousse, décrit de dispendieux projets immobiliers à La Mecque.

Des manifestants, puis des militaires, ont ainsi mis la main sur une «offre de prix définitive», datée du 20 avril 2006 (voir ci-dessous), concernant l'achat par la sœur du dictateur et son mari d'un appartement au seizième étage d'une tour du futur complexe de gratte-ciel Abraj al-Bait. Avec vue sur les lieux saints de l'islam.  

La lettre est adressée à «Madame-Sœur Hayet Ben Ali». Elle commence par «Que Dieu la garde» et se termine par des considérations beaucoup moins spirituelles, le prix: 1.322.030 dollars.

 

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 16:37

 

 

Sarko et Boz

 

Par Sandra Titi-Fontaine | Infosud | 10/02/2011 | 12H53 repris par Rue89.com

Dans l'indifférence générale, le président sortant, François Bozizé, vient de se faire réélire à la tête de la Centrafrique. Et n'exclut pas de modifier la Constitution pour briguer d'autres mandats. Pour l'opposition, « c'est un hold-up électoral, avec des fausses listes, des bureaux de vote factices, des bourrages d'urnes, et une intimidation des autorités locales par le parti au pouvoir. »

Plus d'une semaine après la proclamation des résultats de l'élection présidentielle du 23 janvier, qui a marqué la victoire du président sortant François Bozizé dès le premier tour, avec 66% des voix, l'un de ses plus virulents opposants, Martin Ziguélé, n'en démord pas : ni lui ni les trois autres candidats - dont l'ancien président Ange-Félix Patassé renversé par le même Bozizé en 2003 - ne reconnaissent les résultats de ce scrutin, déjà reporté à deux reprises.

D'après RFI, près d'un quart des bureaux de vote, soit presque 500 000 des 1,8 million de votants officiellement recensés, n'ont pas été pris en compte par la commission électorale indépendante (CEI). Et cela sans que la communauté internationale ne réagisse. A commencer par le comité de pilotage des élections placé sous la houlette du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Pourtant, la mission d'observation de l'Organisation internationale de la francophonie, déployée dans les bureaux de vote, avait aussi relevé « toutes sortes de difficultés et de dysfonctionnements », selon son responsable, l'ancien président du Burundi Pierre Buyoya.

Réunie sous la bannière du Collectif des forces du changement, l'opposition veut rapidement porter plainte contre Joseph Binguimalé, président de la CEI, devant le tribunal correctionnel pour fraude électorale. « Nous ne sommes pas naïfs au point de croire que le pouvoir va le condamner, concède Ziguélé. Mais nous voulons tirer la sonnette d'alarme. »

« Dictature familiale »

Et l'annonce, lundi, des résultats des législatives qui se déroulaient en même temps, n'a fait qu'ajouter de l'huile sur le feu : le KNK (Kwa Na Kwa, soit « le travail rien que le travail » en langue sangö, ndlr), parti présidentiel, voit une partie de ses candidats dès à présent élus, et semble en bonne position pour remporter la majorité absolue à l'Assemblée nationale le 20 mars, lors du second tour. Ziguélé s'insurge :

« Nous sommes aujourd'hui confrontés à une dictature familiale. Au moins la moitié de ces députés déjà confirmés sont des proches du président. Ils ne visent que le maintien de Bozizé au-delà des deux mandats autorisés par la Constitution. »

Des intentions que ne nie pas le porte-parole du gouvernement Fidel Gouandjika :

« Le président ne compte pas s'éterniser au pouvoir. Mais si jamais il fait un programme bien [sic], que le pétrole jaillit et que le train vient, alors le peuple aura le droit de demander à changer de Constitution pour garder Bozizé à sa tête. Cela passera par un référendum. Nous sommes dans un Etat de droit, pas sur une autre planète. »

Reste que les espoirs de paix et de stabilité suscités par cette double élection, semblent s'éloigner de jour en jour. Si les ambitions législatives du KNK se confirment dans les urnes et sur les sièges de l'Assemblée, « alors l'opposition n'aura pas d'autre choix que de reprendre les armes », craint une source onusienne à Bangui.

Personne, dans la capitale centrafricaine, n'a jamais ignoré que le désarmement si laborieusement mis en place depuis quelques années est un échec, que les populations craignent tout autant leurs propres militaires que les milices rebelles, et que les zones de non-droit, surtout dans le Nord et l'Est, sont de véritables poudrières.

 

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 16:33

 

 

 

sarko-saluant-un-mili-de-rca-14-juillet-2010.jpg 

 

Bozizé KNK

 

 

Le Canard enchaîné du mercredi 9 février 2011

 

Seize millions d’euros, dont 500.000 à la charge de la France. C’est la somme dépensée par la Communauté internationale pour financer un festival de fraudes en Centrafrique. Bourrage d’urnes, bureaux de vote non comptabilisés (27% d’ »oublis »), violences et intimidations d’opposants, rien n’a été négligé, comme le rapportent l’association Survie et de nombreux observateurs européens. Résultat : la « réélection »  au premier tour, obtenue avec 67 % des voix, du président sortant, le général Bozizé.

« Mon fils a été menacé, tout comme mon gendre, français, qui a été contraint de fuir », confie au « Canard » Martin Ziguélé, ex-Premier ministre, finaliste de la présidentielle de 2005, cette fois gratifié de 6 % des voix. Et de préciser : « A Bangui, c’est la garde présidentielle qui fait la loi..» Une garde accusée par plusieurs témoins d’avoir, entre autres exactions, fait périr l’opposant Charles Massi sous la torture en 2009.

Et la France ? Pas plus que lors des élections truquées, naguère au Congo, au Togo, au Gabon ou en Tunisie, elle n’a fait entendre sa voix. A se demander même pourquoi Paris fait tant d’histoires à propos des magouilles électorales en Côte d’Ivoire ? Il est vrai qu’en Centrafrique les Français travaillent « à l’ancienne ». Soutien militaire du régime – ils ont aidé l’armée régulière à mâter des rébellions armées au Nord en 2006 -, ils sont aussi fortement impliqués, via Areva, dans l’exploitation de l’uranium.

Cet enjeu stratégique a motivé plusieurs voyages à Bangui de Patrick Balkany, au nom du président Sarkozy. Sur place, le maire de Levallois a utilisé à diverses reprises l’avion d’un ami du régime, le milliardaire belge Georges Forrest. A titre purement privé, comme dirait MAM…  

Jean François Julliard

 

  

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 15:37

 

 

armes de guerre de Bozizé 1

 

Par Sandra Titi-Fontaine | Infosud | 10/02/2011 | 12H53 repris par Rue89.com

Dans l'indifférence générale, le président sortant, François Bozizé, vient de se faire réélire à la tête de la Centrafrique. Et n'exclut pas de modifier la Constitution pour briguer d'autres mandats. Pour l'opposition, « c'est un hold-up électoral, avec des fausses listes, des bureaux de vote factices, des bourrages d'urnes, et une intimidation des autorités locales par le parti au pouvoir. »

Plus d'une semaine après la proclamation des résultats de l'élection présidentielle du 23 janvier, qui a marqué la victoire du président sortant François Bozizé dès le premier tour, avec 66% des voix, l'un de ses plus virulents opposants, Martin Ziguélé, n'en démord pas : ni lui ni les trois autres candidats - dont l'ancien président Ange-Félix Patassé renversé par le même Bozizé en 2003 - ne reconnaissent les résultats de ce scrutin, déjà reporté à deux reprises.

D'après RFI, près d'un quart des bureaux de vote, soit presque 500 000 des 1,8 million de votants officiellement recensés, n'ont pas été pris en compte par la commission électorale indépendante (CEI). Et cela sans que la communauté internationale ne réagisse. A commencer par le comité de pilotage des élections placé sous la houlette du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Pourtant, la mission d'observation de l'Organisation internationale de la francophonie, déployée dans les bureaux de vote, avait aussi relevé « toutes sortes de difficultés et de dysfonctionnements », selon son responsable, l'ancien président du Burundi Pierre Buyoya.

Réunie sous la bannière du Collectif des forces du changement, l'opposition veut rapidement porter plainte contre Joseph Binguimalé, président de la CEI, devant le tribunal correctionnel pour fraude électorale. « Nous ne sommes pas naïfs au point de croire que le pouvoir va le condamner, concède Ziguélé. Mais nous voulons tirer la sonnette d'alarme. »

« Dictature familiale »

Et l'annonce, lundi, des résultats des législatives qui se déroulaient en même temps, n'a fait qu'ajouter de l'huile sur le feu : le KNK (Kwa Na Kwa, soit « le travail rien que le travail » en langue sangö, ndlr), parti présidentiel, voit une partie de ses candidats dès à présent élus, et semble en bonne position pour remporter la majorité absolue à l'Assemblée nationale le 20 mars, lors du second tour. Ziguélé s'insurge :

« Nous sommes aujourd'hui confrontés à une dictature familiale. Au moins la moitié de ces députés déjà confirmés sont des proches du président. Ils ne visent que le maintien de Bozizé au-delà des deux mandats autorisés par la Constitution. »

Des intentions que ne nie pas le porte-parole du gouvernement Fidel Gouandjika :

« Le président ne compte pas s'éterniser au pouvoir. Mais si jamais il fait un programme bien [sic], que le pétrole jaillit et que le train vient, alors le peuple aura le droit de demander à changer de Constitution pour garder Bozizé à sa tête. Cela passera par un référendum. Nous sommes dans un Etat de droit, pas sur une autre planète. »

Reste que les espoirs de paix et de stabilité suscités par cette double élection, semblent s'éloigner de jour en jour. Si les ambitions législatives du KNK se confirment dans les urnes et sur les sièges de l'Assemblée, « alors l'opposition n'aura pas d'autre choix que de reprendre les armes », craint une source onusienne à Bangui.

Personne, dans la capitale centrafricaine, n'a jamais ignoré que le désarmement si laborieusement mis en place depuis quelques années est un échec, que les populations craignent tout autant leurs propres militaires que les milices rebelles, et que les zones de non-droit, surtout dans le Nord et l'Est, sont de véritables poudrières.

 

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