Ange Félix Patassé - La communauté centrafricaine porte le deuil àDouala
Blaise Djouokep Le Quotidien
Mutations de Douala 7 Avril 2011
Ce
mercredi 6 avril, l'Hôpital général de Douala (Hgd) est plutôt calme. Des gens entrent et sortent. La sérénité règne. Rien à voir avec la soirée de mardi après l'annonce du décès d'Ange Félix
Patassé, l'ancien chef d'Etat de la République Centrafricaine (Rca).
La présence des autorités de la ville de Douala et l'important dispositif sécuritaire qui avait été mis en place
indiquait à suffisance sur la gravité de la situation qui prévoyait dans cet établissement hospitalier.
«Contrairement à hier soir (mardi
dernier, Ndlr) après l'annonce de la mort de Ange Félix Patassé, l'ambiance est plutôt calme ce matin (hier mercredi, Ndlr). L'hôpital fonctionne normalement et il revient actuellement à sa
famille ou à son pays de communiquer un programme de ses obsèques», informe sous anonymat un médecin.
A l'hôtel Sawa où sont logés les proches du défunt, l'ambiance est aussi calme. Comme à l'accoutumée, des gens entrent
et sortent à tout vent. Des organisateurs et participants aux différents séminaires qui y sont organisés, mais aussi des clients de l'hôtel.
Parmi ceux-ci, une forte présence de ressortissants de la Rca, apprend-on. C'est dans cet hôtel que logent, depuis leur
arrivée au Cameroun, la famille et les proches d'Ange Félix Patassé, décédé ce mardi 5 à l'Hgy à l'âge de 74 ans. «C'est ici qu'ils sont logés depuis quelques jours. Il y a beaucoup de Centrafricains, des proches du défunt
président», confie une source affecté à l'accueil de l'hôtel.
A l'arrière de l'établissement, certains ressortissants centrafricains prennent leur petit déjeuner. L'ambiance n'est
pas très détendue. Une fois le repas achevé, ces derniers empruntent l'ascenseur en direction de leur loge.
Pas question pour ces Centrafricains, des femmes pour la plupart, d'évoquer ce sujet. «Nous l'avons appris à travers les médias. Donc, je ne peux rien vous dire à ce sujet», indiquera sans plus,
l'une d'entre elles avant de monter dans l'ascenseur.
Un peu plus tard, une autre de ses compatriotes n'en dira pas plus. «C'était un président et un compatriote qui a oeuvré pour le développement de son pays. Il mérite des obsèques dignes.
Nous sommes très affectés par ce décès.
Mais, pour ce qui est du
programme, c'est ce soir (hier, Ndlr) que nous en saurons davantage», indiquera-t-elle. Approchées, d'autres compatriotes du défunt ex-président garderont le même
mutisme.
S'empressant même pour certains de hâter le pas à l'évocation de ce sujet. Au consulat de la Rca, le reporter de
Mutations n'en saura pas plus. Ce, du fait de l'absence du consul dans la ville, apprend-on. Ici, le drapeau est en berne.
Idem à Yaoundé, question de rendre hommage à celui qui a dirigé la Rca (1993 à 2003) jusqu'à son renversement par un
coup d'Etat de François Bozizé il y a 8 ans.
Candidat malheureux à la présidentielle du 23 janvier 2011, Ange Félix
Patassé était à la tête du Front pour l'annulation des résultats de l'élection présidentielle (Front), un parti qu'il a mis sur pied avec l'aide d'autres leaders de l'opposition
centrafricaine.
Congo-Kinshasa: Patassé tasse Bemba
Faustin Kuediasala Le Potentiel 7
Avril 2011
Il y a de ces adages populaires qui affirment qu' «à quelque chose, malheur est bon ».
Quant à l'application de cet adage, pas un mot. D'où, le choix, sans doute délibéré, de l'adjectif indéfini :
« Quelque chose ».
Car, dans la vie, il a été prouvé que tout malheur n'est pas forcément suivi d'une situation heureuse. Aussi, à quelque
chose, le pire peut-il survenir.
Vous vous en doutez, peut-être, chers apostrophiles. En voici une preuve.
De sa cellule de La Haye où il répond devant le Cour pénale internationale des actes commis par ses troupes sur le sol
centrafricain ; actes qualifiés selon le traité de Rome de crimes contre l'humanité, Jean-Pierre Bemba (JB) se remémore toujours un jour.
Maudit jour, marmonne le chairman du Mouvement de libération du Congo.
C'est le jour où il reçut depuis son fief de Gbadolite l'appel pressant de son père ou grand frère - c'est selon -
Ange Félix Patassé (AFP) pour lui venir en aide face à l'avancée de la rébellion menée depuis le Nord de la République centrafricaine par un
certain François Bozizé, aujourd'hui chef de l'Etat.
En docile enfant africain - car, il n'est toujours pas bon en Afrique de désobéir à la demande d'un papa - JB a répondu
au SOS, et ce, après avoir consulté les autres papas de la sous-région.
Ce fil des événements, la CPI l'a - et on ne saura jamais pourquoi - ignoré, n'inculpant que JB pour des crimes commis
en RCA. Alors que JB n'était pas là - ses hommes ayant été placés dès la traversée de la frontière sous commandement d’AFP.
De sa cellule de La Haye, JB a toujours, par ses avocats interposés, exigé la présence de son hôte, AFP, pour rétablir
la vérité. Un désir que la CPI n'a pas exaucé. L'on redoutait le pire. Il est finalement arrivé le mardi 5 avril 2011. A Douala où il était en soin, AFP est passé de l'autre côté de la frontière
des humains. Il nous a quittés, emportant avec lui le secret de ce qui s'est réellement passé en RCA.
La CPI n'en tiendra pas compte. J'en suis sûr. Il ne faut donc pas espérer des circonstances atténuantes pour JB. La
maxime juridique selon laquelle le doute profite, en l'absence du principal témoin, à l'accusé n'agira donc pas à son compte. Là aussi, j'en suis convaincu, chers apostrophiles.
JB doit aujourd'hui se débattre seul, sans l'assistance, même pour personne en détresse, de celui qui l'a
invité.
La RCA pleure AFP, certes. Mais, JB a de quoi verser de grosses larmes. Car, désormais, son sort dépend de la seule
volonté des juges de la CPI. A l'absence d’AFP, JB n'a qu'espérer que le ciel ne lui tombe pas sur la tête.
Centrafrique: Ange Félix Patassé, un homme, un
parcours
Kabongo, Ai Bangui Africa
Info (Douala) 6 Avril 2011
Ai-Rca — Président de la République de 1993 au 15 mars 2003, l'ancien président Ange Félix Patassé (AFP) est décédé le 5 avril 2011 à l'Hôpital Général de Douala, à l'âge de 74 ans.
Candidat malheureux au dernier scrutin présidentiel de janvier 2011 avec 20,10% de suffrages universels, Ange Félix Patassé a, par deux fois, été empêché de sortir de Bangui pour aller se faire soigner à Malabo en Guinée Equatoriale.
L'ancien président Patassé a été plus de 30 fois nommé ministre
dans les différents gouvernements qui se sont succédé après l'indépendance de la République Centrafricaine avant d'être finalement nommé premier ministre, chef du gouvernement en 1976 sous le
régime Bokassa.
AFP a été candidat dans presque toutes les élections en Centrafrique sauf celle de 2005 où il était encore en
exil.
Il a été battu en 1981 par le défunt Président David Dacko,
38,11% contre 50,29%. N'acceptant pas les résultats de ces élections, AFP avait orchestré la rébellion dans l'Ouham et l'Ouham Pendé, puis organisé et armé les coupeurs de route. La situation
étant devenue intenable, David Dacko avait donné le pouvoir aux militaires et AFP était contraint de partir en exil pendant 11 ans, pour
sauver sa peau.
En 1993 il a été élu président de la république en battant le général d'Armée André Kolingba, un chef d'Etat en exercice qui avait accepté le verdict des urnes et se retirer du pouvoir.
Son régime a connu non seulement des mutineries à répétitions des mois d'avril, mai et novembre 1996, trois ans après sa
prestation de serment mais aussi des coups d'état ou des tentatives de 2001 à 2003. C'est l'un d'entre eux qui le reconduira en exil et pendant celui-ci, il sera démis de ses fonctions de
président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain, un parti politique qu'il avait créé.
De son retour au pays après la grâce à lui accordée par son tombeur, l'actuel Président François Bozizé, il avait été candidat au dernier scrutin de janvier 2011 et avait été déclaré deuxième avec 20,10%. Résultat qu'il a toujours contesté
jusqu'à son dernier souffle.
L'ancien chef de l'Etat Ange Félix Patassé était ingénieur
agronome de formation.