BANGUI (AFP) - 01.06.2011 19:01 - Un couvre-feu a été instauré mercredi dans 3 arrondissements du nord-ouest de Bangui où des tirs ont été entendus alors que des violences visant des musulmans ont débuté mardi, selon un arrêté du ministre de la Sécurité publique diffusé à la radio nationale.
Le bilan provisoire des violences visant des musulmans à Bangui pour la seule journée de mardi fait état de 7 morts et 21 blessés mais celui-ci pourrait s'alourdir alors que les violences se sont poursuivies mercredi, a annoncé le parquet.
"On a dénombré pour la journée d'hier (mardi), 7 morts et 21 blessés. Ils sont pour la plupart musulmans d'origine centrafricaine comme le présumé auteur du meurtre des deux enfants qui est arrêté pour nécessité d'enquête", a déclaré Arnaud Djoubaye Abazène, procureur du tribunal de Bangui.
Une source diplomatique a estimé que la découverte des deux corps avait "servi de détonateur pour mettre le feu aux poudres et permis à certains de régler des comptes avec les musulmans (en particulier) tchadiens" qui tiennent de nombreux commerces.
Selon cette source, "la ville n'est pas à feu et à sang" mais les violences de mardi ont gagné mercredi de nouveaux quartiers. Toutefois, "les forces de l'ordre, très peu nombreuses, ont pour l'instant réussi à travailler sans débordements", a-t-il dit.
"Il y a des armes partout dans la ville et des hommes en tenue militaire", a déclaré de son côté un étudiant de 27 ans joint par l'AFP, Nicaise-Daniel Kabissou, qui réside dans le 5e arrondissement, affirmant avoir vu "vers 11H00 (mercredi), un mort, c'était un musulman".
"Ils attaquent les boutiques, si tu es un musulman, les chrétiens te trouvent et ils te tuent", a-t-il ajouté alors que les commerçants de la zone avaient déserté le grand marché du KM5 et que les écoles ont fermé dans la zone.
"Les actes de violence qui ont visé essentiellement des sujets musulmans détenteurs de petits commerces sont révélateurs d'un sentiment de haine envers cette communauté à laquelle appartient le présumé auteur de ce crime et il est à craindre que des actes de vandalisme et des pillages soient perpétrés contre les propriétés des sujets musulmans et Tchadiens", a déclaré mercredi soir dans une allocution à la radio nationale le ministre délégué à la Défense Jean-Francis Bozizé.
"A l'heure qu'il est, le ministère de la Défense et le ministère de la Sécurité publique ont pris toutes les mesures nécessaires afin de rétablir définitivement l'ordre public", a-t-il ajouté.
La Centrafrique compte environ 80% de chrétiens en majorité protestants et autour de 10% de musulmans, selon des chiffres officiels.
Un précédent bilan mardi de source hospitalière faisait état de 2 morts et 21 blessés.
"Ce bilan est susceptible de s'alourdir à l'issue de cette seconde journée émaillée de violences dont le pays n'a vraiment pas besoin après tout ce qu'il a vécu", a-t-il dit appelant "la population au calme".
Deux enfants portés disparus dimanche ont été retrouvés mardi morts et leurs corps abandonnés dans le coffre arrière d'un véhicule appartenant à un musulman, de sources concordantes.
Cette découverte a entraîné une vague de violences dirigée contre les musulmans, dont beaucoup sont commerçants, et qui se sont étendues mercredi aux quartiers sud et est de Bangui, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Que ce soit pour le meurtre des deux enfants, ou bien des violences qui ont suivi, les auteurs seront punis conformément à la loi, parce que la République centrafricaine est un Etat de droit", a ajouté le procureur.
Un couvre-feu a été instauré mercredi par le ministère de la Sécurité publique de 19h à 6h du matin dans trois arrondissements du nord-ouest de la ville (3e, 5e, 6e).
© 2011 AFP
NDLR : On parle désormais d’une vingtaine de morts pour la journée du mercredi et de plusieurs mosquées incendiées dans la ville de Bangui où les échauffourrées s'étendnt de plus en plus à d'autres quartiers et arrondissements comme Bimbo, Fouh, Gobongo, Boy-Rabe, PK 12 etc...non impliqués au départ des événements du Km 5. On ne comprend pas pourquoi la nécessité du maintien de l'ordre s'effectue à balles réelles puisqu'il y a soi-disant des balles perdues qui tuent de pauvres innocents. Ce décor ressemble à s'y méprendre au climat des relations Tchad - Centrafrique et Déby-Patassé de 2002 à 2003 qui a préfiguré au renversement le 15 mars 2003 du régime du président Patassé qu'on vient juste d'enterrer par un certain François Bozizé instrumentalisé et manipulé naguère par un certain nombre de parrains qui s'en mordent les doigts aujourd'hui.