BANGUI, 2 juin (Xinhua) - 7 morts et environ 50 blessés, c'est le bilan provisoire des violences déclenchées mardi
dernier entre musulmans et chrétiens, selon des sources hospitalières.
Jeudi matin, le directeur de l'hôpital communautaire de Bangui qui a communiqué ces chiffres a demandé aux familles qui
constateraient une absence prolongée d'un des leurs de passer vérifier soit à la morgue soit au service des urgences parce que certaines victimes semblent abandonnées à elles-mêmes.
Mercredi soir, le ministre délégué à la défense, Jean Francis
Bozizé, a condamné le actes de violence, de pillage à l'endroit des musulmans d'origine tchadienne détenteurs de petits commerces, qualifiant cette attitude de "réaction de haine" tout en promettant de traquer les bandits qui ont profité de ce moment de soulèvement
pour procéder à des règlements de compte.
Pour des raisons de sécurité, a-t-il dit, un effectif important de musulmans tchadiens habitant le quartier KM5, le plus
touché par les violences, a été déporté à la gendarmerie nationale, en attendant le retour au calme.
Par ailleurs, les habitants de la ville de Bangui, soumis à un couvre-feu de 19h00 à 05h00, heure locale, ont passé la
nuit dans la peur à cause du crépitement des armes légères surtout dans les villes où habitent les communautés musulmanes d'origine tchadienne.
Les activités reprennent timidement jeudi matin. Selon les informations, le ministre tchadien de la Sécurité et de
l'Ordre public devrait se rendre dans la journée à Bangui pour s'enquérir de la situation, car c'est la communauté tchadienne qui est a plus concernée par cet événement.
Les affrontements ont démarré mardi matin lorsque les corps de deux mineurs chrétiens ont été retrouvés dans le coffre
du véhicule d'un transporteur musulman au quartier KM5 qui a une forte communauté tchadienne. Cette situation a provoqué le soulèvement de la population chrétienne.
Quant aux rumeurs qui courent dans la ville selon lesquels les étudiants centrafricains au Tchad seraient agressés, la
radio nationale affirme avoir reçu jeudi matin le démenti de l'ambassadeur de Centrafrique au Tchad.
Calme précaire et timide reprise au KM5 Les chefs religieux invitent au
dépassement
Radio Ndéké Luka Jeudi, 02 Juin 2011
14:07
L’Avenue Koudoukou dans le 3ème arrondissement de Bangui
montre ce jeudi 2 juin 2011, des signes d’un retour à la normale. D la Place Abel Goumba dans le 5ième arrondissement, aux
alentours de la pharmacie Sambo, la plupart des commerces sont ouverts. Les boutiques de pièces détachées sont presque toutes ouvertes. Les étals du bord du trottoir ont
également retrouvé leurs espaces.
Ces constats faits par les journalistes de Radio Ndeke Luka interviennent à la 3ème journée
de la crise relative à la découverte des cadavres de 2 enfants au quartier Kina.
De la pharmacie Sambo au rond-point Koudoukou, beaucoup de monde également. Toutefois,
aucun commerce encore fonctionnel malgré la présence des commerçants. Ils semblent encore hésitants et préfèrent jouer à la prudence. Au niveau de la circulation, peu de véhicules personnels
circulent. Mais taxis et bus ont repris du service. Il faut dire que ces activités se déroulent sous la surveillance continue des patrouilles militaires.
Face à cette situation, les appels au calme se multiplient pour un dénouement de la crise en ce jour de fête de
l’Ascension. La hiérarchie catholique de Bangui a fait entendre sa voix à travers celle de Monseigneur Dieudonné Nzapa-Laïnga, administrateur apostolique de
l’archidiocèse de Bangui : « A tous les centrafricains et particulièrement les chrétiens, nous devons être des artisans de paix. Nous
sommes dans un pays de droit et faisons confiance aux autorités pour faire la lumière sur cette affaire ».
Mgr Zapalaïnga a par ailleurs démenti l’incendie de paroisses et il « supplie les fidèles d’arrêter les attaques contre les mosquées par respect à la foi ».
Le second appel venant de l’Eglise Catholique est celui de l’Abbé Saint Cyr konzélo curé de la paroisse
Saint Mathias. Des rumeurs circulant au cours de la journée de mercredi laissaient entendre que cette Eglise avait été saccagée, ce qui avait occasionné, en représailles,
l’incendie de la mosquée du quartier de Yapélé. L’abbé Konzélo a indiqué dans son sermon que « les
centrafricains devraient cultiver la tolérance et à bannir l’esprit de haine et de méchanceté, contraire à l’enseignement du Christ ». Pour lui, « il est souhaitable de réfléchir ensemble et de trouver une solution idéale ».
De son côté l’Association des Evangéliques en Centrafrique (AEC), dans un communiqué de presse rendu
public ce jeudi à Bangui, affirme « c’est avec peine et consternation qu’elle a appris l’assassinat de ces enfants. Un acte
crapuleux qui alimente l’esprit de vengeance. L’AEC, poursuit le communiqué, lance un appel à ses membres à jouer un rôle de lumière et de responsabilité pour procurer la paix
autour de nous. Le communiqué invite « à la non-violence, au respect de la loi pour éviter tout vengeance au profit de la paix ».
Du côté du gouvernement, on a enregistré sur les ondes de Radio Ndeke Luka, l’intervention du ministre
du développement Rural, porte-parole du gouvernement, Fidèle Gouandjika. Il parle de « manifestation de nationalisme
extrémiste dont on profite pour piller et détruire ».
Les rues de Bangui (République centrafricaine).
Par RFI
A part quelques détonations d’armes automatiques mercredi 1er juin et ce jeudi matin, la situation tend à la
normalisation dans le nord-ouest de Bangui. Cette partie de la capitale centrafricaine a basculé dans l’horreur mardi 31 mai et mercredi 1er juin. La disparition de deux enfants dont les corps
ont été retrouvés mardi 31 mai dans le coffre arrière d’un véhicule est à l'origine de ces troubles.
Dimanche 29 mai, deux enfants disparaissent à Bangui. Leurs corps sont découverts le mardi 31 mai dans le
coffre d'une voiture appartenant à un individu de confession musulmane.
Des représailles contre la communauté musulmane s'en sont suivies, notamment dans les 3e, 5e et 6e arrondissements de
Bangui où le gouvernement a instauré un couvre-feu de 19 heures à 6 heures.
« Un imam a été pris à parti et sérieusement blessé. Il est actuellement à l'hôpital ».
Omar Kobina Layama, imam de la grande Mosquée de Bangui
01/06/2011 par Christine
Muratet
Hier, ces violences se sont étendues à d’autres secteurs de la capitale où des crépitements d’armes automatiques ont été
entendus, ralentissant quelque peu l’activité dans la ville. Des groupes de jeunes se sont attaqués aux musulmans tentant de piller leur magasin, mais les forces de défense et de sécurité ont
quadrillé toute la zone les éloignant par des tirs de sommation.
Les autorités, les dignitaires religieux multiplient les appels au calme. Un bilan provisoire qui pourrait s’alourdir
fait état de sept morts, vingt-et-un blessés et quelques mosquées incendiées.
C’est dans ce contexte qu’une délégation gouvernementale tchadienne est arrivée hier soir à Bangui pour s’enquérir de la
situation auprès des autorités centrafricaines.