Le calme revient après deux jours de violence dans un quartier populaire
de Bangui
BANGUI -03/06/2011- (Xinhuanet) Le calme revient peu à peu jeudi à Bangui, capitale centrafricaine, après deux jours
d'affrontements entre chrétiens et musulmans, qui avaient éclaté après la découverte du corps de deux mineurs chrétiens dans le coffre de la voiture d'un sujet musulman au KM5, un quartier
populaire de Bangui.
Durant toute la journée de jeudi, des messages d'apaisement, des déclarations et communiqués de presse des chefs
religieux ont fusé sur les ondes de la quasi-totalité des radios confessionnelles. Les imams interpellant les pratiquants de l'islam sur le principe de la tolérance, les pasteurs exhortant leurs
fidèles à ne pas "céder au démon de la division et de la violence".
Les leaders des organisations de la société civile ont également lancé des messages de paix à la population, surtout à l'endroit des jeunes qui se sont livrés aux actes de pillage et de
vandalisme.
Dans la foulée, le Haut-commissariat aux droits de l'homme a condamné le meurtre des deux mineurs, demandant à la justice de " faire diligence" pour que les auteurs soient punis selon la loi le
plus tôt possible.
La circulation a repris, mais les commerces ne sont pas totalement ouverts. Les forces de défense et de sécurité
poursuivent les patrouilles à travers la ville pour restaurer définitivement la paix à Bangui.
Le couvre -feu, décrété mercredi, n'est pas levé dans les trois arrondissements (3ème, 5ème et 6ème).
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Radio Ndéké Vendredi, 03 Juin 2011 14:28
C’est à travers le communiqué conjoint sanctionnant le séjour d’une délégation ministérielle venue de
Ndjaména qu’on connait le bilan officiel des événements qui ont secoué la capitale centrafricaine. Ce communiqué publié, dans la matinée de ce vendredi 3 juin et dont
Radio Ndeke Luka a obtenu copie fait état de « 8 morts et plusieurs blessés du côté tchadien, et 3 morts et plusieurs
blessés du côté centrafricain.
Cette crise, faut-il le rappeler, est liée à l’assassinat de 2 garçons âgés de 4 et 5 ans et dont la découverte des
corps au matin du mardi 31 mai dernier a embrasé 3 arrondissements de Bangui. Le quartier du KM 5 où vit la communauté tchadienne ayant été le plus secoué, le
gouvernement tchadien a jugé utile de dépêcher une délégation arrivée mercredi soir à Bangui et conduite par le ministre de la défense « venue aider les autorités
centrafricaines à résoudre la crise »
La délégation a été reçue jeudi dans l’après-midi par le président François Bozizé, peu avant le départ
de ce dernier pour Brazzaville pour participer à la rencontre sur la gestion des forêts.
C’est Moussa Dago, Secrétaire général du ministère tchadien des Affaires Etrangères qui a donné lecture
du communiqué conjoint : « suite aux troubles consécutifs à l’assassinat odieux des 2 garçons centrafricains survenus dans le
3ème arrondissement de Bangui le 31 mai 2011. Les 2 délégations ont déploré des cas de morts, des blessés, et d’importants dégâts matériels dans les 2 communautés, dont 8 morts et
plusieurs blessés du côté tchadien, et 3 morts et plusieurs blessés du côté centrafricain.
En vue de favoriser un climat d’apaisement et de consolider une
coexistence pacifique entre les 2 communautés, les 2 délégations ont décidé des mesures suivantes.
I)
a - dans l’immédiat, accélérer l’enquête judiciaire en vue d’identifier formellement le ou les auteurs de
l’odieux assassinat des enfants et des autres cas criminels ou délictuels,
b - libérer les personnes innocentes emprisonnées à la suite des
troubles du 31 mai 2011, indemniser les victimes avérées par le gouvernement centrafricain.
II) à court terme, promouvoir une sensibilisation en direction des 2 communautés en
vue de préserver leurs liens de fraternité séculaire, appliquer le principe de libre circulation des personnes et biens dans la zone CEMAC
».
Sur le terrain, la situation semble se normaliser ce vendredi. Les activités commerciales ont timidement repris au
marché KM5. « La reprise est encore timide. Nous accueillons moins de clients que d’habitude », a confié un commerçant à un reporter de Radio Ndeke
Luka.
Si les vendeurs à la sauvette reprennent leurs activités, certains magasins, kiosques et boutiques ne sont toujours pas
rouverts. Quelques commerçants préfèrent se terrer chez eux pour observer la suite des évènements.
Signalons qu’un couvre-feu a été instauré par le gouvernement centrafricain en réponse à la crise dans les
3e, 5e et 6e arrondissements de Bangui.
NDLR : C’est clair, le Tchad met les dépens à la charge de l’Etat
centrafricain.
Sur les troubles dont Bangui vient d’être le théâtre
Du Communiqué conjoint sanctionnant la visite du ministre tchadien de la défense on peut retenir les conclusions suivantes :
1. Accélérer l’enquête sur les assassinats des deux mineurs ;
2. Libérer les innocents détenus (on suppose qu’il s’agit des Tchadiens)
3. Indemniser les victimes des débordements (entendre les commerçants tchadiens) ;
4. A court terme sensibiliser les deux communautés (centrafricaine et tchadienne) sur la nécessité de
cohabiter sans heurts ;
5. Appliquer le principe de la libre circulation dans la zone CEMAC pour les ressortissants de cette
zone ;
6. Réactiver la commission mixte centrafricano-tchadienne ;
7. Réactiver l’unité de surveillance commune des frontières
En outre, le Tchad déplore la mort de huit de ses ressortissants et le sort de la vingtaine de blessés.
Centrafrique : Accalmie précaire à Bangui après l’extension des foyers de tension
Par Fleury Koursany - 03/06/2011
La découverte de deux corps a suscité la
colère des populations du 3ème Arrondissement de Bangui qui ont incendié et pillé quelques magasins
Bangui, Capitale de la République Centrafricaine s’est réveillée dans une certaine accalmie après l’extension des foyers de
tension, suite à la découverte le 31 mai 2011, de deux corps de garçonnets dans le véhicule d’un sujet tchadien. Une découverte qui a suscité la colère des populations du 3ème Arrondissement de
Bangui qui ont incendié et pillé quelques magasins et mis à sac le domicile de Mahamat Ali alias Ibrahim, présumé auteur du meurtre des deux
enfants âgés respectivement de 4 et 5 ans habitant le 3ème Arrondissement de Bangui. Malgré le couvre feu décrété dans les 3ème, 5ème et 6ème arrondissements de Bangui le jour de cette découverte
macabre par les autorités compétentes de 19 heures à 6 heures du matin, la tension est restée vive toute la journée du 1er juin 2011 avec des tirs sporadiques qui ont rythmé toute la soirée du
mercredi à jeudi 2 juin 2011.
Le mercredi de l’extension des foyers de tension
Du 3ème Arrondissement de Bangui, les foyers de tension ont gagné les quartiers Boyrabe et Fouh dans le 4èmeArrondissement puis
Gobongo dans le 8ème. Des jeunes surexcités, armés de gourdins, machettes, couteaux, sagaies et autres morceaux de fer ont pris le contrôle de l’Avenue de l’Indépendance au niveau des quartiers
Fouh et Gobongo. Contrôlant méticuleusement toutes les voitures qui empruntaient l’Avenue de l’Indépendance vers la sortie Nord, cette frange juvénile entendait protester contre le meurtre, la
veille de deux garçonnets au quartier Kina dans le 3èmearrondissement de Bangui. Sur l’Avenue Koudoukou dans le 5ème Arrondissement de Bangui, une ceinture de sécurité a été instituée au niveau
du Commissariat dudit arrondissement et seuls les piétons et autres curieux pouvaient franchir cette barrière avant d’atteindre une autre ceinture sécuritaire assez renforcée au niveau de la
Station Bea Rex au niveau du KM5.
Sur l’Avenue Barthélémy Boganda, une autre ceinture de sécurité contraignait les jeunes surexcités au niveau de la Boulangerie
Romex bien avant la station Total près l’ancien Punch Coco. Cette crise qui tarde à être circonscrite par les forces de défense et de sécurité a provoqué une sorte de confusion et une certaine
haine envers des compatriotes de confession musulmane. De cette confusion, ces jeunes incontrôlés s’en sont pris aux mosquées de Fouh dans le quatrième arrondissement et Yapélé dans le
troisième.
Ballet diplomatique des autorités
Cette crise larvée aux relents revanchards sème non seulement la panique au sein des populations centrafricaines mais aussi au
sein de toutes les communautés étrangères qui ont choisi vivre en Centrafrique. La paix est sérieusement menacée et les autorités centrafricaines sont sur la sellette. Le ministre de
l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Josué Binoua, a convié les Imams de quelques mosquées de la Capitale
centrafricaine et s’est entretenu avec eux de la situation. A tous, le membre du gouvernement a délivré un message de paix, de pardon afin d’éviter à notre pays, une crise inutile aux
conséquences déjà incalculables.
Le ministre délégué à la Défense, Francis Bozizé, de son côté, s’est
rendu dans la zone, théâtre du conflit pour s’entretenir avec les responsables des différentes communautés en leur réitérant la même demande. Tout comme les autorités centrafricaines, le député
du troisième arrondissement, Anatole Koué a appelé solennellement les populations de sa localité à la retenue afin de préserver la paix en
Centrafrique. Pourvu que ces appels incessants puisent être entendus par les uns et les autres d’autant plus que le suspect principal, selon le Procureur de la République, se trouve déjà entre
les mains de la justice centrafricaine.
Centrafrique: Appel à la paix du Ministre Josué
Binoua
Par Sebastien Lamba - 03/06/2011
Son message de paix allait à l’endroit des imams de Bangui
Le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Josué Binoua, assisté de sa collègue des Affaires Sociales, Marguerite Zarambaud Pétro Koni Zézé,
et du député du 3ème Arrondissement de Bangui, Anatole N’Kouet, ont rencontré les imams de la capitale Bangui à la Primature à la suite des
affrontements de rues intervenus le mardi 31 mai. L’enjeu de cette séance de travail était d’impliquer les imams dans la recherche de l’apaisement des échauffourées criminelles que connait la
partie ouest de Bangui, suite à la mort de deux enfants dans les parages du Km 5. «Il ne s’agit pas de
démêlés entre musulmans et chrétiens», a précisé Josué Binoua qui a renchéri comme quoi, «l’affaire est actuellement à la Justice. Force reste à la loi».
Les imams sont des leaders religieux. Ils peuvent calmer la situation, par leur appel vis-à-vis de leurs
coreligionnaires, a indiqué le député du 3ème Arrondissement. Mme la ministre des Affaires Sociales, Marguerite Zarambaud, a au nom du
gouvernement demandé le pardon aux parents des victimes, avant de signaler que la République Centrafricaine est un pays de paix, qui a toujours accueilli les ressortissants de toutes les
nationalités. Les altercations qui ont dégénéré dans le 3ème Arrondissement de Bangui sont nées de ce que deux enfants ont été retrouvés morts étouffés dans un véhicule appartenant à un jeune
commerçant nommé Ibrahim. L’un de ces enfants s’appellerait Anderson Touzoubé et est âgé de quatre ans. Après la rencontre avec les imams
des mosquées de Bangui, certain membres du gouvernement se sont immédiatement rendus dans le 3ème Arrondissement pour s’enquérir de la réalité des faits.