(BBC Afrique 30/06/2011)
Le président de la commission de l'Union africaine, Jean Ping. A n'en point douter, l'ombre du Colonel Kadhafi va planer
sur ce sommet, lui qui a été un des grands financiers de l'Ua.
Cependant, les pays membres de l'organisation panafricaine ne parviennent pas à adopter une position commune sur la
situation en Libye.
A Malabo, Certaines délégations au sommet appellent à un soutien indéfectible au leader libyen, alors que d'autres
demandent à ce qu'il quitte le pouvoir.
Le comité des chefs d'Etat, mis en place par l'UA pour s'occuper du conflit libyen, a tout de même appelé à un arrêt
immédiat des bombardements de l'Otan.
Le président de la commission de l'Union africaine a, par ailleurs, affirmé que la décision unilatérale prise par la
France de fournir des armes aux rebelles libyens est dangereuse et compromet la sécurité de toute la région.
Jean Ping a déclaré à la BBC que cette action risquait d'aboutir
à ce qu'il appelle la "somalisation" de la Libye.
La France a confirmé plus tôt avoir parachuté, dans les montagnes du sud-ouest de la capitale libyenne, Tripoli, une
quarantaine de tonnes d'armes aux rebelles qui combattent les forces loyales au colonel Kadhafi. Certains analystes estiment que cette opération pourrait être en violation de l'embargo du Conseil
de sécurité de l'Onu sur toutes les livraisons d'armes à la Libye.
Les autres dossiers chauds que devraient aborder les chefs d'Etat sont la situation au Soudan et en Somalie mais aussi le financement de l'UA.
Le thème choisi pour ce 17è sommet porte sur la jeunesse et le développement durable.
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Sommet de l'UA: Le Guide de la discorde
(Le Nouvel Observateur 30/06/2011) C'est en principe aujourd'hui 30 juin 2011 que s'ouvre à Malabo (Guinée Equatoriale), plus précisément sur le site de Sipopo, le 17e sommet de l'Union
africaine (UA) sur le thème : "Accélérer l'autonomisation des jeunes pour le développement durable".
Cela, c'est le côté pile de ce raout continental. Mais il y a le côté face : la Libye, ou plus précisément l'avenir de
son Guide, Mouammar Kadhafi, qui erre actuellement en bon bédouin, non pas dans le désert avec ses chameaux, mais de bunker en bunker pour
échapper aux désormais obsolètes "frappes chirurgicales" de l'OTAN.
L'efficacité d'un sommet, c'est d'être rattrapé par l'actualité brûlante, au propre comme au figuré, et pour brûlante,
la situation en Libye l'est assurément.
Concrètement que peuvent faire les têtes couronnées du continent pour éteindre ce brûlot qui n'a que trop duré ? Comment
résoudre l'équation Kadhafi avec une solution africaine ?
Les foyers de tension ou de crises ouvertes en Afrique ont toujours trouvé une UA lézardée et inapte à les gérer et à les maîtriser. La Côte d'Ivoire reste l'exemple récent où il a fallu la
France et l'ONU pour ramener les choses à la normale.
En Libye, l'UA a bien tenté de jouer son rôle : un comité de médiateurs avait bien été mandaté pour s'occuper de la
question, mais la montagne n'a même pas accouché à l'époque pour des raisons d'intérêts et d'ego hypertrophié.
Lorsque la résolution 1973 de l'ONU tomba, préconisant la sécurisation de l'espace aérien libyen pour protéger les
civils, l'unanimité fut totale au sein des chefs d'Etat africains, car cet oukase onusien froissait un tantinet l'UA, mais c'était pour la bonne cause, Kadhafi menaçant de rayer de la carte
certaines villes du pays. Au demeurant, l'UA n'avait pas non plus matériellement les moyens de sécuriser cet espace aérien.
Mais entre éviter un massacre à huis clos et se muer en libérateur, il y a peut-être un pas que l'OTAN a franchi et qui
a exacerbé la division au sein des présidents africains.
C'est vrai que le Guide ne fait plus rire personne, pas même ses obligés de la CEN-SAD ; un guide qui suscite à présent
reconnaissance et gêne, voire de la compassion. On salue l'amphitryon qui a déversé des milliards de petro-CFA dans de nombreux pays africains, pour mieux flétrir Ubu roi.
Car depuis ce 2 février 2009 où Kadhafi fut intronisé
"roi des rois", lors du 12e sommet de l'UA à Addis-Abéba, la preuve était administrée que la
structure continentale ne s'était pas dépêtrée totalement des tares congénitales de sa mère l'OUA. En assumant à l'époque ce vaudeville, les chefs d'Etat et de gouvernement montraient d'ailleurs
que l'UA était tout sauf un bloc monolithique. N'oublions pas que l'UA a vu le jour grâce surtout à ce même Kadhafi qui y a mis les moyens, afin que le gouvernement supranational voie le jour,
avec lui bien sûr à la tête. Un péché originel, puisque face à un empressement du bédouin de Syrte, certains de ses pairs avaient prôné l'évolution par cercles concentriques, mettant en son temps
Kadhafi dans une colère noire.
C'est dire si le n°1 libyen suscite des sentiments ambivalents. Il est avant tout un Africain et fait partie du syndicat
des chefs d'Etat. Mais le côté bourru du personnage dérange.
Cependant, pour difficilement défendable qu'il soit, la première salve française en terre libyenne avec le blanc-seing
de la Grande-Bretagne et des USA constitue pour des chefs d'Etat africains pratiquement un casus belli, à tout le moins une ingérence inacceptable dans les affaires africaines.
Excepté en effet un Abdoulaye Wade qui a osé dire au Guide de
s'en aller, et qui a fait le déplacement de Benghazi, fief du Conseil national de transition (CNT), ou du Gambien Yaya Jahmet qui se pique
de donner des leçons de démocratie, ou encore d'un Jacob Zuma ou d'un Idriss Déby qui
donnent de la voix contre l'OTAN, c'est la prudence partout :
- Blaise Compaoré du Burkina Faso qui a rompu les amarres avec le Guide depuis 2008 est dans ce cas, même si des contacts sont pris avec le
CNT ;
- on sent chez son homologue ATT du Mali, après qu'il a déploré
"ce qu'on fait à Kadhafi", un fléchissement langagier ;
- le Béninois Yayi Boni reste coi, de même que François Bozizé de Centrafrique.
Gardons-nous pourtant de penser que tous ces chefs d'Etat se soucient du tombeur du roi Idriss. Que nenni. Ils
n'ignorent pas que le Libyen est redevenu infréquentable au sein de l'UA, mais surtout il y a des présidents qui peuvent lire leur propre avenir dans celui du Guide. Un Guide qui n'a jamais
prétendu que l'Etat de droit était sa tasse de lait de chamelle. Or nombre de chefs d'Etat qui sont présents à Malabo ont des décennies au compteur de la magistrature suprême, mais continuent par
des subterfuges, charcutage constitutionnel et élections truquées ou tronquées de se maintenir au pouvoir.
Que peut bien reprocher au Guide l'hôte du sommet, le président équato-guinéen, Obiang N'Guema, qui a 32 ans au pouvoir ?
A ce 17e jamboree de l'Union africaine, les dirigeants africains vont encore étaler en mondio vision leurs divergences,
et derechef peu de problèmes trouveront solution.
Les plus sincères reprendront peut-être leur avion seulement après l'ouverture des travaux effectuée, les autres
pourront toujours profiter du site paradisiaque de Sipopo. Ce ne sera pas là-bas en tout cas que le sort de Kadhafi se décidera mais bien à
Bruxelles, au siège de l'OTAN.
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NDLR : A rappeler que
Bozizé, son épouse Monique et sa maîtresse favorite Renée Madeleine Bafatoro étaient des habitués de la tente du colonel libyen et de Mme Kadhafi pour mendier. Peu avant l’entrée en vigueur de la
« no fly zone » zone d’exclusion aérienne, une des femmes de Bozizé était même coincée à Tripoli et qu’il a fallu aux autorités libyennes beaucoup d’initiative pour lui faire regagner
Bangui par les moyens du bord. Depuis lors, Bozizé reste totalement muet sur ce qui se passe en Libye comme s’il avait perdu la langue alors qu’il figure bien parmi les chefs d’Etat africains
financièrement arrosés par Mouammar Kadhafi.
UA: le 17e sommet à Malabo dans un climat apaisé en dépit de la crise
persistante en Libye
Malabo (Xinhuanet 29/06/2011) - Contrairement au dernier fin janvier à Addis-Abeba en Ethiopie, dominé surtout par la
crise postélectorale ivoirienne, le 17e sommet de l'Union africaine (UA) organisé cette semaine à Malabo en Guinée équatoriale, avec l' emploi des jeunes comme thème central, se déroule dans un
climat apaisé, malgré l'escalade de violences persistante en Libye.
En dehors des échanges informels de couloirs, aucun dossier chaud ne perturbe la sérénité des discussions ministérielles
ouvertes lundi à Sipopo, banlieue coquette avec des édifices au design époustouflant spécialement construite par les autorités équato-guinéennes sur les berges de l'Atlantique, à une vingtaine de
kilomètres du centre-ville de Malabo.
Dans la matinée de mardi, après l'examen du rapport d'activités de la Commission de l'UA la veille, les travaux à huis
clos ont été consacrés à deux sujets de l'agenda classique relatifs l'un et l'autre à la désignation de nouveaux membres dans deux institutions de l'UA : la Commission du droit international de
l'Union et la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples.
Avec une envie de faire entendre leur voix face aux leaders du continent à qui, comme de tradition en pareille
circonstance, le tapis rouge est déroulé au travers des effigies déployées le long des principales artères de la capitale équato-guinéenne, des jeunes africains se distinguent par une présence
visible au sein de l'imposant Centre de conférences de marbre et de pierre de Sipopo.
Mais pour quelques-uns, c'est une présence décrite comme une figuration, avec des récriminations sur des difficultés
d'accès aux réunions officielles. "Alors que le thème central du sommet a été consacré à la jeunesse, je me demande comment on discute des problèmes des jeunes sans que les jeunes mêmes soient
impliqués", a soupiré un représentant d'organisation de jeunesse à Xinhua.
Pour celui-ci, "on pourrait certes dire que tout a été fait à Addis-Abeba fin avril, lors d'un forum qui a failli
tourner au fiasco. Mais maintenant, il est question pour nous de faire entendre notre voix face aux dirigeants de notre continent. On a peur que le travail fait à Addis-Abeba ne soit pas pris en
considération et soit éclipsé par l'actualité brûlante".
Interrogé, le commissaire de l'UA aux ressources humaines, à la science et à la technologie, Jean-Pierre O. Ezin, rassure en affirmant que "les jeunes ont un espace d'expression qui leur est
totalement réservé au sommet, puisque c'est eux qui ont donné le coup d'envoi de l'ouverture du sommet depuis le 13 juin. Nous avons rassemblé ici environ 130 jeunes, venus de tous nos pays
pratiquement et qui sont en formation dans le cadre du corps des volontaires de l'Union africaine".
Soutenant que le sommet proprement dit, c'est-à-dire la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, s'ouvre le 30
juin, il appelle à la patience. A l'ouverture des assises, annonce-t-il, deux jeunes issus des régions d'Afrique du Nord et du Centre prendront la parole à la suite des interventions de trois
chefs d' Etat.
"C'est leur rapport justement qui est parvenu à l'appréciation des chefs d'Etat. Comment ça a été organisé ? Il y a eu
un forum des jeunes, suivi par un panel de haut niveau sur les problèmes de financement des activités de jeunesse sur le continent. Puis, le bureau de la conférence des ministres s'est réuni pour
entériner tout ce qui a été dit", indique encore M. Ezin.
Pour mieux convaincre, le commissaire situe la prise en compte des préoccupations liées à la jeunesse depuis le sommet de 2005 à Banjul en Gambie. "Il y a eu une déclaration des chefs d'Etat qui
montrait déjà que l'autonomisation de la jeunesse constitue désormais un enjeu majeur. Et c'est à ce sommet qu'il a été adopté la Charte africaine de la jeunesse. C'est unique sur le plan
international".
Sur un autre plan, en conformité avec une pratique ancienne, le sommet de Malabo grouille de d'observateurs étrangers
pour qui l' occasion set plutôt offerte pour conforter les liens avec ce continent qui suscite des convoitises en raison de ses immenses ressources du sous-sol. Ainsi des représentants du
ministère iranien des Affaires étrangères.
"Nous avons toujours été invités. On participe aux réunions, on discute avec les différentes délégations des pays
africains et avec les membres de la Commission de l'Union africaine pour renforcer les liens avec l'Iran. C'est une bonne occasion parce que tous les pays sont là", a relevé Zadeh Mashalchi,
membre de cette délégation de trois diplomates.
"Nous constatons que l'Etat équato-guinéen a bien organisé le sommet et nous espérons que les Etats africains
parviendront à surmonter leurs problèmes et à gérer leur destin eux-mêmes", a-t- il poursuivi. Sur l'intervention militaire de l'OTAN en Libye, il réaffirme la condamnation exprimée par les
autorités de son pays.
"De toute façon, la crise libyenne ne doit pas être un prétexte pour certains pays de s'ingérer dans les affaires
libyennes et renouveler leur colonisation. Notre position est proche de celle de l'Union africaine. Le peuple libyen a la capacité de régler pacifiquement ses problèmes par la négociation, ans
ingérence surtout militaire d'autres pays", conclut-il.
Pour accueillir ses hôtes pour ce sommet qui marque le positionnement de son pays sur la scène internationale, le
président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, porté à la présidence tournante de l'UA pour le compte de l'Afrique centrale en janvier à Addis-Abeba, n'a pas fait dans le détail. Sur de
nombreux sites, Malabo est parée de charmes extravagants.
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