LEMONDE.FR avec AFP | 22.09.11 | 08h53
Les éditorialistes estiment, jeudi 22 septembre, que la mise en cause de deux proches de Nicolas Sarkozy dans l'affaire de Karachi pourrait annoncer des difficultés durables et profondes pour le chef de l'Etat, à quelques mois de la présidentielle.
"Les affaires de gros sous, qui pleuvent comme à Gravelotte et risquent d'éclabousser l'Elysée, ressemblent bel et bien, après la crise économique, à la deuxième mâchoire d'un étau dont il sera difficile pour Sarkozy de se défaire", écrit Paul Quinio dans Libération, dont la "une" titre que la "Sarkozye [est] en garde à vue".
"On entre dans une affaire d'Etat politique et financière qui pourrait avoir de lourdes conséquences", renchérit Daniel Ruiz dans La Montagne. "L'étau se resserre malgré les blocages au plus haut niveau de l'Etat", poursuit l'éditorialiste, estimant que "pour avoir voulu ouvrir la boîte de Pandore avec Clearstream et les valises de la Françafrique, Nicolas Sarkozy reçoit de plein fouet un premier boomerang".
"PAS DE CHANCE"
"Pas de chance pour Nicolas Sarkozy", ironise Bruno Dive dans Sud-Ouest. "Une semaine après avoir savouré son succès en Libye, il pensait continuer de refaire le monde à New York : le voici rattrapé par le Pakistan." Or, selon l'éditorialiste, c'est "pour Nicolas Sarkozy le signe que le danger se rapproche", et "que cette affaire Karachi risque d'empoisonner sa campagne, comme les diamants de Bokassa avaient empoisonné celle de Valéry Giscard d'Estaing en 1981".
"Le puzzle commence lentement à s'ordonner. Et pas nécessairement au meilleur moment pour celui qui se trouve au centre de la mire : le chef de l'Etat", relève également Philippe Waucampt dans Le Républicain lorrain. "Nicolas Sarkozy se trouve lesté d'un soupçon qui, en fournissant un angle d'attaque sur la République irréprochable, ne va pas lui faciliter une campagne qui, en tout état de cause, s'annonçait déjà difficile."
"DÉFLAGRATION"
Devant cette "déflagration" qui "menace le cœur de l'Etat", l'exécutif a pourtant les moyens de "faire progresser la vérité", souligne Rémi Godeau dans L'Est républicain, appelant à la déclassification des documents de la défense et à l'ouverture des archives du Conseil constitutionnel "au plus vite". En attendant, Yann Marec dans le Midi libre conseille surtout aux citoyens français de "rendre hommage à ces juges qui s'attaquent au pouvoir".
L'enquête du juge Renaud Van Ruymbeke sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 s'est accélérée mercredi avec la mise en examen d'un ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, et la garde à vue d'un autre proche du chef de l'Etat, Nicolas Bazire.