Trafic d'armes entre la RDC et la Centrafrique: le profil de la femme interpellée se précise
RFI 7 mai 2020 avec notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi
En RDC, l’enquête sur le trafic d’armes et de munitions entre Kinshasa, le Nord-Ubangi et certaines régions du sud de la Centrafrique est en cours. Des interpellations ont été menées à Kinshasa comme dans la ville de Gbadolite où, il y a une semaine, des armes de guerre et des munitions ont été saisies à l’aéroport en provenance de Kinshasa. Dans ce dossier, une femme d’affaires a été arrêtée à l’aéroport de Gbadolite. Après un bref séjour en détention, elle a été transférée à Kinshasa. Elle est considérée par les autorités provinciales comme le cerveau de ce trafic.
Elle est présentée comme la plaque tournante de ce trafic. Florence Yaba Mongo est connue dans sa province, le Nord-Ubangi, comme une commerçante qui exerce entre Yakoma et Gabdolite, deux agglomérations distantes d’environ 500 kilomètres. Ses voyages à Kinshasa ne sont pas très documentés, mais ses nombreux déplacements en Centrafrique sont connus à Gbadolite.
Florence Yaba Mongo a longtemps œuvré dans le commerce du café avant de se lancer dans l’achat et la vente des vaches entre Gbadolite et certaines agglomérations de la Centrafrique. C’est avec ce négoce qu’elle aurait étendu son réseau d’affaire dans les milieux des éleveurs nomades Mbororo. Des allégations confirmées par ses proches.
D’après des sources officielles, elle profitait de ce commerce des bovins pour dissimuler son activité de trafic d’armes et de munitions. Connue également pour son engagement dans une association locale à Yakoma, cette mère de famille n’a pas d’attache politique connue.
Si pour certains, elle ne serait que la face visible de l’iceberg, les autorités politiques du Nord-Ubangi attendent beaucoup de l’enquête qui est en cours. Certains membres de son entourage et même de sa famille ont été interpellés. Et le gouverneur espère que ces arrestations permettront de mettre fin au phénomène de coupeurs de routes dans la région.
RDC: Harish Jagtani, l’homme d’affaires indien «ami» des Kabila?
En RDC, il n’y a pas que le procès du directeur de cabinet du président Vital Kamerhe, deux autres affaires défraient la chronique en ce début du mois de mai: le marché de rénovation de la salle plénière du Sénat et la découverte d’un trafic d’armes à Gbadolite. Derrière les sociétés citées dans ces dossiers, Modern Construction et Serve Air Cargo, il y a un homme d’affaires indien Harish Jagtani qui a prospéré sous le régime de l’ancien président Joseph Kabila. Enquête.
« Selemani m’avait dit de bien traiter Harish Jagtani, car c’était un ami du président », explique Jean-Jacques Lumumba, ancien banquier, petit-neveu du héros de l’indépendance congolaise Patrice Lumumba et lanceur d’alerte. « Selemani », c’est son patron Francis Selemani Mtwale, à l’époque directeur général de la BGFI Bank et membre de la famille de Joseph Kabila. Au moment de cette conversation, en 2013, M. Lumumba est analyste de crédit dans cette banque, il voit cet entrepreneur indien « simple et effacé » obtenir des dizaines de millions de dollars de prêts pour construire des gratte-ciel dans la capitale congolaise. « Pour moi, c’était clair que ce n’était pas lui qui pilotait tout ça », ajoute l’ancien banquier. « Les ordres étaient passés avant même la tenue des réunions que l’on pouvait avoir avec lui. Jagtani agissait pour le compte de personnalités du régime. »
Depuis le 30 avril 2020, Harish Jagtani, « l’ami » de l’ancien chef de l’État congolais, fait les gros titres des journaux sans même que son nom ne soit mentionné. Selon les informations recueillies par Radio France Internationale, il est à la tête de Modern Construction, l’entreprise qui a réalisé les travaux de rénovation de la salle plénière du Sénat. Ce marché de 4 millions de dollars, contracté hors budget, fait un tollé, il a été passé de gré à gré, en pleines vacances parlementaires et dans un contexte de réduction des dépenses publiques. Le président du Sénat et proche de l’ancien chef de l’État, Alexis Thambwe Mwamba, mis en cause pour ses liens avec cette entreprise, a pris sa défense, jusqu’à bousculer en séance une sénatrice qui avait osé poser des questions sur la procédure de passation de marché.
Le même jour, en ce jeudi 30 avril, une cargaison d’armes est interceptée à plus d’un millier de kilomètres à Gbadolite, capitale de la province du Nord-Ubangi chère au cœur du maréchal Mobutu. Le gouverneur Zato Nzege Koloke annonce quelques jours plus tard que plus d’un millier de cartouches de kalachnikovs et des lanceurs de type Castor ont été découverts. Le colis, destiné à un groupe armé anti-balaka en Centrafrique selon des sources sécuritaires, a voyagé sur un avion-cargo de la compagnie Serve Air Cargo, la principale entreprise privée de fret aérien du pays. Son fondateur, c’est aussi Harish Jagtani, le même homme d’affaires indien, quasi inconnu du public en République démocratique du Congo. Deux des employés de cette société ont été brièvement interpellés avant d’être relâchés.
Ce n’est pas le premier incident de ce genre et pourtant, sa quinzaine d’avions parcourt le pays pour le compte de tous, institutions congolaises, agences onusiennes, humanitaires. L’un de ses appareils avait déjà été épinglé en juillet 2007 par le groupe d’experts de l’ONU chargé de contrôler l’embargo sur les armes imposé au Congo depuis la fin des deux guerres. Dans leur rapport final, ces experts onusiens notaient qu’un « Antonov 12 ER-AXI » qui assurait la liaison Kinshasa-Goma avait dérouté vers Entebbe en Ouganda. Le groupe d’experts évoquait « une violation présumée de l’embargo sur les armes » tout en précisant, fait inhabituel, ne pas être parvenu à boucler son investigation. « Tous les indices avaient disparu », s’étaient contenté d’expliquer les auteurs de ce rapport.
« Katumba Mwanke appelait... »
Dans les éléments de biographie fournis par son entreprise Modern Construction à la BGFI Bank pour obtenir les prêts, Harish Jagtani est présenté comme le fils de « grands commerçants indiens ». À tout juste 20 ans, il est arrivé en RDC en 1995 pour travailler pour Ganesha, une société d’importation dirigée par un commerçant indien. Moins de dix ans plus tard, « fort de ses succès commerciaux », il « crée » une première compagnie Services Air dont il est « actionnaire et président du conseil d’administration ». « En 2003, Harish n’était pas riche, il vivait dans un appartement de deux chambres dans l’un des immeubles occupés par les Indiens près du grand marché, c’est la poubelle de Kinshasa », raconte un familier. Un autre assure que « Harish a commencé comme un simple employé, sa mère avait un service traiteur pour nourrir les commerçants indiens de la capitale. »
Cette compagnie aérienne décroche un marché exceptionnel, celui des élections de 2011. Aux côtés des avions des armées angolaise et sud-africaine, deux régimes à l’époque alliés de Joseph Kabila, Services Air va assurer le déploiement du matériel pour ces scrutins déjà contestés. La présidentielle est passée à un tour à l’issue d’une réforme constitutionnelle aussi expéditive que critiquée. Cette année-là, M. Kabila s’impose pour un deuxième mandat, y compris par la répression, face à son rival Étienne Tshisekedi, opposant historique et père de l’actuel président.
Un ancien haut responsable de l’État se souvient du montant « astronomique » des factures présentées par la société Services Air. « C’était Augustin Katumba Mwanke lui-même qui appelait pour demander le paiement de ces arriérés », confie-t-il. Cet officiel sait que ces ordres ne peuvent qu’être exécutés. Augustin Katumba Mwanke était à la fois conseiller officieux du jeune chef de l’État congolais et architecte de son régime. Il est décédé peu après, le 12 février 2012, dans un de ces crashs d’avion qui font la mauvaise réputation de la RDC.
Services Air connaît quelques déboires et prend le nom de Serve Air Cargo, mais garde ses entrées à la commission nationale électorale indépendante pour les élections de 2018. « Serve Air, c’est aujourd’hui la meilleure compagnie de fret du pays avec plus d’une dizaine d’avions et 200 millions de dollars de chiffre d’affaires », assure l’un des familiers de Harish Jagtani. Cela n’empêche pas ses avions d’être contraints d’opérer presque tous les ans des atterrissages d’urgence. Cette société, comme tant d’autres en RDC, est bannie du sol européen.
Du « portage financier pour tous les excédents de liquidité » ?
Jusqu’au deuxième mandat de Joseph Kabila, l’homme d’affaires indien passe encore inaperçu, même pour la plupart des hauts dignitaires de son régime. Mais une affaire, un litige autour de la construction de la tour Icon rebaptisée depuis Kiyo Ya Sita, va leur révéler l’étendue de ses réseaux. Selon un protocole d’accord consulté, le 11 avril 2011, Harish Jagtani devient l’associé du vétéran du système bancaire congolais, Pascal Kinduelo, pour créer une éphémère société appelée Industries Financières et Immobilières (IFI SPRL). Pascal Kinduelo avait déjà acquis un terrain idéalement situé dans le centre ville, au 22 B du prestigieux boulevard du 30-Juin, sur le site de l’ancien cinéma Palladium cher au cœur des Kinois. Il avait même commencé les travaux de fondation pour un hôtel 5 étoiles, Holiday Pak. Le tout pour un montant minimal de 2,5 millions de dollars. Le vieux banquier décide de prendre Harish Jagtani comme associé et de lui octroyer 60% des bénéfices, s’il parvenait à construire en 30 mois une tour ultramoderne de 17 étages et 18 000 mètres carrés.
À cette époque, Pascal Kinduelo est déjà président du conseil d’administration de la BGFI Bank. Lui et son neveu font aussi partie des patrons de Jean-Jacques Lumumba. « J’avais entendu parler par leur intermédiaire de la construction de cette tour, mais je n’avais pas traité des prêts relatifs à IFI SPRL. » En revanche, le lanceur d’alerte montre, documents à l’appui, comment Harish Jagtani a bénéficié dans le même temps, auprès de la banque de son associé d’au moins deux prêts de court ou moyen termes pour sa société Modern Construction. Le premier de 2,6 millions de dollars concerne « Modern Paradise », un « immeuble futuriste et pyramidal de cinq étages » avec bureaux et restaurants VIP. Le second de 25 millions sur cinq ans devait permettre à l’homme d’affaires indien de terminer le Congo Trade Center destiné à accueillir un hôtel 5 étoiles et une galerie commerciale.
« Harish Jagtani a toujours tout remboursé, je me demandais pourquoi il empruntait autant, car ses prêts étaient toujours garantis par d’autres fonds », explique encore l’ancien banquier Jean-Jacques Lumumba. Un autre cadre qui travaillait à la même époque dans une autre banque de Kinshasa confirme sous couvert d’anonymat avoir observé ce phénomène. Pour lui, « Harish » faisait du « portage financier pour tous les excédents de liquidité ». L’un comme l’autre disent ne pas exclure des « opérations de blanchiment d’argent ». En 2016, Jean-Jacques Lumumba claque la porte de la BGFI Bank, quitte le pays en emportant avec lui une partie des archives et dénonce depuis ces pratiques.
Des personnalités à tous les étages
Avant même la fin des travaux de la tour Kiyo Ya Sita, les relations d’affaires entre le jeune homme d’affaires indien et le vétéran du système bancaire congolais tournent au vinaigre. « Ils se sont définitivement brouillés en 2015. Pascal Kinduelo a même fait un procès à Harish », raconte une source dans l’entourage de l’homme d’affaires congolais. « Harish Jagtani lui réclamait trois millions de dollars de plus alors qu’il avait pris du retard dans les travaux et qu’il n’arrivait pas à justifier l’origine de ses apports et l’utilisation des fonds reçus. »
Pourtant, selon les dires de ce proche du banquier congolais, l’argent affluait de tout côté. « Il y a beaucoup de personnalités qui ont investi pour avoir des bureaux et des appartements dans l’immeuble comme Matata Ponyo [ancien premier ministre congolais, ndlr] ou un général de Brazzaville. Kinduelo et Harish avaient dit qu’ils réservaient le penthouse pour Joseph Kabila et sa femme, mais le reste était en pré-vente. » Le plateau coûte trois millions de dollars. Il y a des bureaux sur huit étages et des appartements au dessus. Beaucoup de sociétés y ont élu domicile comme Svelte Pharma, Ascoma RDC ou encore VFS Global employé par certaines chancelleries comme leur service de visas au Congo.
La société Modern Construction se trouve au sixième étage qu’elle partage notamment avec le cabinet d’Alexis Thambwe Mwamba, aujourd’hui président du Sénat. « Il était à l’époque ministre de la Justice, il a bloqué le jugement du tribunal de commerce de la Gombe qui était en faveur de Kinduelo, il a toujours été l’avocat de Harish », accuse ce proche de l’homme d’affaires congolais. Selon plusieurs sources, Pascal Kinduelo s’est tourné vers de hauts responsables de l’État et membres éminents du régime du Joseph Kabila pour tenter d’obtenir l’exécution du jugement, en vain. Interrogé par RFI sur son rôle éventuel auprès de Harish Jagtani, Alexis Thambwe Mwamba s’est refusé à tout commentaire. Le vieux banquier a fini par renoncer, se plaignant dans tout Kinshasa d’avoir perdu non seulement son projet, mais aussi entre 4 et 5 millions de dollars dans la vente de ses parts à son jeune associé.
« Harish disait que Kinduelo mentait et qu’il avait corrompu les juges », rétorque un familier de l’homme d’affaires indien. « Jagtani s’était allié à l’ancienne première dame [Olive Lembe di Sita] pour lui tordre le bras. » Mais cela n’enlève rien, selon lui, au talent de M. Jagtani. « Kabila a son homme dans chaque communauté étrangère au Congo. L’israélien Dan Gertler, c’est pour les mines. l’indien Harish, c’est pour l’aviation et l’immobilier », assure encore ce familier, avant d’ajouter : « Il y a des dizaines d’entrepreneurs qui, comme lui, ont eu ce type d’accès, mais qui n’ont pas aussi bien réussi. »
La tour Icon est rebaptisée Kiyo Ya Sita et les Kinois en attribuent volontiers la propriété à Olive Lembe di Sita, l’ancienne première dame dont elle reprend le patronyme. Le revers de fortune du tout puissant Pascal Kinduelo étonne en tout cas le chercheur John Dell’Osso de l’ONG américaine The Sentry. L’organisation créée par l’acteur et activiste américain Georges Clooney a enquêté et produit un rapport qui mettait en lumière le rôle-clef joué par M. Kinduelo dans la tentative de contrôle du système bancaire congolais par l’ancien chef de l’État Joseph Kabila et ses proches. « C’est surprenant que Pascal Kinduelo ait été contraint de se retirer de ce projet au profit de Harish Jagtani au vu de son statut d’homme d’affaires éminent du régime », pointe John Dell'Osso. « Pascal Kinduelo a bénéficié d’un appui important de la famille Kabila et à plusieurs reprises, il a aussi beaucoup fait pour l’ancienne famille présidentielle. »
Il n’y a pas que l’aviation et l’immobilier. Depuis cinq ans, Harish Jagtani a multiplié les acquisitions de terrain et diversifié ses activités. Il est le promoteur de HJ Hospitals, le complexe hospitalier parmi les plus performants de la capitale qui cherche aujourd’hui à travailler avec la coordination de la riposte contre la pandémie de coronavirus. « C’est normal, Harish a une vingtaine de respirateurs, c’est plus que l’ensemble des hôpitaux publics de Kinshasa », confie encore le familier de l’homme d’affaires indien. Selon plusieurs sources, il a aussi récemment acquis un terrain de quelques 20 000 mètres carrés à la Gombe, achetés à bon prix, au Grand Hôtel de Kinshasa. Sur le site internet de Modern Construction, d’autres projets d’infrastructures sont annoncés : route, pont et même un bien mystérieux complexe appelé « Villa Kamerhe ».
Droits de réponse
M. Harish Jagtani n’a pas souhaité pour l’instant répondre à l’ensemble des informations contenues dans cette enquête. Bloqué en Inde suite à la fermeture des frontières, il a promis d’accorder un long entretien à son retour à Kinshasa. Il se dit aujourd’hui concentré sur la réponse à la pandémie de Covid-19 qui frappe la RDC. L’homme d’affaires indien annonce par ailleurs son intention d’ériger sur le terrain qu’il vient d’acquérir, près du Grand Hôtel de Kinshasa, des camps d’accueil gratuits pour les patients atteints par le virus.
Sollicités pour répondre aux informations contenues dans cette enquête, MM. Alexis Thambwe Mwamba et Augustin Matata Ponyo se sont refusés à tout commentaire.
M. Pascal Kinduelo est resté injoignable et n’a pas donné suite aux questions posées
Par: Sonia Rolley
REPORTAGE AFRIQUE
Coronavirus: diaspora de Centrafrique, le difficile deuil à Bangui
07/05/2020 - 00:29 Charlotte Cosset RFI
La Centrafrique est encore relativement épargnée par le Covid-19 avec 94 cas confirmés. Et si le pays ne décompte encore aucun décès sur son territoire, la diaspora centrafricaine, elle, n’est pas épargnée. Des décès à des milliers de kilomètres, dans des conditions sanitaires compliquées.
Sur l’écran du téléphone d’Hervé se trouvent moins de dix membres de la famille proche, masque blanc sur leurs visages. Une enceinte fait l’écho de la dernière prière de l’imam avant la mise en terre dans la banlieue parisienne.
La connexion coupe régulièrement. Vivre le décès de son père ainsi, à distance, est un vrai défi pour Hervé Serefio. « C’est très dur, parce qu’il fallait d’abord gérer au téléphone, tout ce qui est organisation au niveau de l’hôpital avec la famille », explique Hervé. « Vous savez quand un être cher décède dans la famille, surtout un baobab, un père... Quand on te dit que tu ne peux pas assister à la mise en bière de ton père, venir le voir une dernière fois ; c’est ça qui était très dur pour la famille. Pour moi, c’est encore plus dur, parce que j’aurais aimé être là. Moi qui suis très très proche de mon père, j’aurais aimé être là pour lui rendre cet hommage pour une dernière fois », regrette-t-il.
« J’ai essayé de gérer ça comme j’ai pu »
La famille Mageot est elle aussi très touchée. Deux membres sont décédés des suites du Covid-19. « Je l’ai appris sur les réseaux sociaux. Je me suis quand même permis d’envoyer un message dans sa messagerie privée. Il n’y avait pas de réponse et ça a été confirmé qu’il venait de décéder du Covid-19 », raconte Brice, l’un des neveux.
Pour lui, la perte est difficile à réaliser. « J’ai essayé de gérer ça comme j’ai pu. Il y a eu une petite cérémonie funéraire le rassemblement familial, j’ai choisi de ne pas y aller parce que je savais que j’allais mal le vivre. Et ce que j’ai fait, j’ai relu quelques-uns des échanges que j’ai eus avec lui. Pour moi, la perte n’était pas tant physique (j’ai vu, je n’ai pas vu). Peu importe ce que je vais lui écrire, il n’y aura plus ses réponses », soupire Brice.
« On ne peut pas faire notre deuil »
Serge Bruno Mageot est l’un des frères des deux défunts. En plus de la douleur, il ne peut s’empêcher de se questionner. « Cela s’est passé vraiment très vite. Je ne sais pas si mes deux frères et sœurs ont reçu les soins nécessaires pour éviter cette mort-là. C’est une grande perte pour notre famille. Ils étaient les piliers, nous nous retrouvons orphelins », explique Serge Bruno Mageot.
Pour lui, il est difficile de trouver les mots pour décrire ses sentiments. Mais l’émotion est palpable. « Ça a été vraiment très dur. Après le décès on n’a pas pu les enterrer dignement que ce soit en France ou ici à Bangui. Imaginez un peu la suite. On ne peut pas faire notre deuil. C’est impossible », dit-il, la gorge serrée.
La famille a déjà prévu de mener des démarches légales pour pouvoir rapatrier les dépouilles. Mais la première des choses sera, à la reprise des vols, d’aller se recueillir sur leurs tombes.