AREVA suspend Bakouma
Après avoir succédé à Anne Lauvergeon, le nouveau patron d’AREVA
Luc Oursel, semble remettre de l’ordre dans les dossiers africains. Le groupe nucléaire a décidé de placer le projet d’exploitation du
gisement uranifère de Bakouma en stand-by pendant un voire deux ans.
La décision du groupe français résulte de la mauvaise conjoncture de la filière uranifère dont les cours mondiaux sont à
la baisse depuis la catastrophe en avril de Fukushima, au Japon. Initialement annoncée pour 2010, puis 2011, l’exploitation du site localisé dans la province du Mbomou (Est) est désormais jugée
non rentable.
Fin octobre à Bangui, le Senior Executive Vice-Président du groupe Mines d’AREVA, Sébastien de Montessus a personnellement informé le président François Bozizé de cette décision,
qui s’apparente plutôt à un désengagement. Depuis son lancement en 2006, ce projet se heurte aux conditions de faisabilité, notamment concernant l’évacuation du yellow cake.
Bien qu’AREVA avance son expertise dans le traitement du minerai, il n’est pas certain que les autorités centrafricaines
patientent jusqu’en 2013 ou 2014 pour voir ce chantier se concrétiser. La mission de Jean François Millau qui vient de succéder à
Henri de Dinechin à la tête de la filiale d’AREVA Centrafrique s’annonce des plus mouvementées.
Source : Lettre du Continent n° 622 du 3 novembre 2011
Areva repousse de 1 à 2 ans un projet de mine d’uranium en
Centrafrique
PARIS (AFP) - 02.11.2011 16:56
Areva a repoussé de un à deux ans les travaux d'un important projet de mine d'uranium en République centrafricaine, en
raison de la chute des cours du minerai après la catastrophe de Fukushima, a-t-on appris mercredi auprès du groupe nucléaire français.
Les travaux "de mise en
exploitation" de la mine de Bakouma, qui renferme, selon Areva, au moins 32.000 tonnes
d'uranium dans l'est de la Centrafrique, ont été repoussés en attendant une éventuelle remontée des cours, a déclaré à l'AFP un porte-parole du premier producteur mondial
d'uranium.
"Mais il ne s'agit pas d'un
abandon du projet" comme l'ont affirmé des sources centrafricaines, a-t-il insisté.
Depuis la catastrophe de Fukushima, qui a jeté une ombre sur l'espoir d'Areva de voir une "renaissance" du nucléaire dans le monde, le cours de l'uranium a chuté de près de 30%. Mercredi, la livre
d'uranium valait 52 dollars, contre plus de 68 dollars début mars avant l'accident japonais.
Obtenue par le groupe dans le cadre de l'acquisition, critiquée depuis, du groupe minier Uramin sous l'ère
Anne Lauvergeon en 2007, la mine de Bakouma se caractérise par la grande difficulté d'exploitation de son uranium, de l'aveu même
d'Areva.
Environ 170 personnes travaillent sur le site, mais "l'essentiel" de l'emploi sera préservé, selon Areva.
Dans un communiqué diffusé par ailleurs, le groupe, désormais dirigé depuis juin par Luc Oursel, explique qu'en dépit de l'interruption temporaire des travaux de mise en exploitation, d'autres travaux "sur le traitement du minerai" se poursuivront à Bakouma.
Le groupe nucléaire français ajoute que "ces opérations, impératives avant le démarrage du projet, permettront de préparer la reprise de l'exploitation une fois que les conditions de marché se seront
améliorées".
"Nous sommes convaincus que les
conditions de marché de l'uranium redeviendront propices dans les deux ans à venir, une fois l'impact de Fukushima surmonté", estime Sébastien de Montessus, directeur général adjoint en charge des activités minières d'Areva, cité dans le communiqué.
"Ce gisement est prometteur, les
ressources potentielles sont importantes. Il nous faut désormais améliorer le traitement de ce minerai", ajoute le responsable, qui s'est récemment rendu en République
centrafricaine où il a rencontré le Président François Bozizé.
Areva a lancé des études pour le développement de ce projet minier depuis son implantation en République centrafricaine
en 2007. Le groupe indique qu'il a consacré à ce jour plus de 70 milliards de francs CFA (106,7 millions d'euros) à "la mise en valeur" des ressources en uranium de la région de Bakouma.
Avec 32.000 tonnes estimées à l'heure actuelle (dont seule une partie pourra être récupérée), le gisement est considéré
comme important par Areva, même s'il n'égale pas par exemple les 180.000 tonnes de ressources de la mine géante d'Imouraren au Niger.
76.000 tonnes ont été extraites
en France lors de l'ère des mines d'uranium, et un peu plus de 100.000 tonnes depuis 1971 au Niger, un des principaux producteurs mondiaux, selon Areva.
Le groupe, qui doit présenter en décembre un plan de réorientation stratégique post-Fukushima, est présent sur toute la
chaîne du nucléaire, de l'exploitation du minerai au traitement des déchets en passant par la construction des réacteurs.
En milieu d'après-midi, l'action Areva, groupe détenu à 87% par l'Etat, était en hausse de 0,47% à 20,21 euros, mais
moins que le CAC 40 (+0,82%).
© 2011 AFP