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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 03:13

 

 

Sylvain-Ndoutingai

 

Radio Ndéké Luka Mardi, 13 Décembre 2011 13:32

 

Le budget de l’exercice 2012 de l’Etat centrafricain a été présenté à l’Assemblée nationale à Bangui. Un budget qui a connu une haute de plus de 6%, par rapport à celui de l’année dernière. Il se chiffre 124,39 milliards de FCFA, soit environ 193 million d’euros.

 

« Les ressources propres de l’état centrafricain passeraient de 116,46 Milliards en 2011, à 124,39 Milliards de FCFA en 2012 » a expliqué le Ministre d’Etat aux Finances Sylvain Ndoutingaï aux Elus de la Nation centrafricaine, lors de la présentation du projet de loi des finances pour le compte de l’exercice 2012 à l’Assemblée Nationale à Bangui.

Un exercice qui s’annonce comme un combat  gagné à l’avance pour le ministre des finances centrafricain, vu que le parlement  est constitué à une majorité écrasante des députés de son parti, le KNK.

 

Selon Sylvain Ndoutingaï, l’élaboration de ce projet de loi de finances s’est déroulée dans un contexte particulièrement difficile. « Ce contexte est caractérisé par le retrait des appuis budgétaires par les partenaires techniques et financiers de la République centrafricaine », a-t-il ajouté.

Le ministre des finances, consterné de la situation, a affirmé « qu’elle n’est pas confortable pour un Etat fragile comme la République centrafricaine ». Les ressources du pays sont estimées à 190,71 milliards de FCFA dans la loi de finances de 2012.

 

Les grandes difficultés de la République centrafricaine selon son ministre des finances, « réside dans le fait que nous ne produisons rien et nous exportons rien, malgré les énormes potentialités que dispose le pays ».

Ce projet de loi des finances va faire l’objet à partir du 13 décembre, des travaux de commission par les députés.  Lesdits travaux prendront fin le 28 du mois en cours par un débat général suivi de l’adoption du projet en question.

 

 

 

NDLR : « Nous ne produisons rien et nous exportons rien, malgré les énormes potentialités que dispose le pays …» dixit  NDOUTINGAÏ. Contrairement à cette allégation du ministre d’Etat, le régime bozizéen a produit beaucoup de milliardaires qui sont très fiers d’eux et qui narguent les pauvres et misérables citoyens centrafricains. La vacuité des caisses du trésor national après le véritable pillage en bande organisée de la bozizie ainsi que le retrait des partenaires au développement, ont incité le régime de Bangui à dépêcher le ministre des affaires étrangères le général Antoine GAMBI, avec le ministre de la justice Firmin FINDIRO et le PM Faustin TOUADERA, qui s’était préalablement rendu en Afrique du Sud, à New York selon nos informations. Ce trio compte également se rendre à Washington pour sans doute, plaider la cause perdue d’avance de ce régime désormais en perdition dont MSF vient de dresser un calamiteux bilan dans un rapport sans complaisance sur l’état du pays.

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Centrafrique-Presse.com - dans Politique
15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 03:08

 

 

 

rapport MSF RCA 

 

13 Décembre 2011

 

http://www.msf.fr/actualite/articles/interview-chef-mission-centrafrique-est-situation-urgence-sanitaire

 

Olivier Aubry est chef de mission pour MSF en République centrafricaine (RCA). Il fait le point sur la situation humanitaire et sanitaire dans ce pays.

 

Situation : Dossier spécial RCA

 

Où en est-on aujourd’hui en Centrafrique après la signature des Accords de paix et du processus de désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR) qui s’ensuit?

 

Depuis juillet 2011, la quasi totalité des groupes armés d’opposition ont signé les accords de paix. Mais certains demeurent actifs, en particulier un groupe armé tchadien installé dans le Nord du pays. Dirigé par Abdel-Kader Baba Ladé, les Forces Populaires Républicaines (FPR) ne génèrent pas d’insécurité pour le moment mais on peut se demander ce qui motive leur présence à la frontière entre les deux pays. L’Est du pays est très instable : le pays se trouve pratiquement coupé en deux sur un axe Est-Ouest. Un conflit oppose notamment deux groupes rebelles, la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) et l’Union des Forces pour la Démocratique et le Rassemblement (UFDR), pour le contrôle de zones diamantifères. Les derniers accrochages en date à Bria ont causé la mort d’une quarantaine de personnes et bien que des accords aient été signés en octobre dernier, le contexte dans cette zone reste très volatile. 

 

Dans l’Est du pays, en proie à l’insécurité, l’accès à certaines zones est complètement fermé aux acteurs humanitaires, donc on a du mal à avoir des informations sur la situation de ces populations. En revanche, dans le Nord, et plus particulièrement la région de Paoua où MSF travaille depuis 2006, le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) est effectif depuis août 2011 et l’on n’a observé aucun accrochage en 2010. Mais il reste un certain nombre d’interrogations, car même si la ville Paoua est sous contrôle des FACA (Forces Armées Centrafricaines) avec une administration en place, la disparition de l’APRD (groupe armé d’opposition) laisse un vide du point de vue de la sécurité. L’APRD était certes un groupe rebelle mais celui-ci assurait un certain contrôle dans la région. Aujourd’hui on peut s’inquiéter d’un retour de l’insécurité par des coupeurs de route sur certains axes, d’actes de banditisme de la part d’anciens combattants de l’APRD qui n’auraient pas obtenu satisfaction ou qui se trouvent sans source de revenu  après leur démobilisation.

 

Quelle est la situation sanitaire du pays ?

 

La situation sanitaire en Centrafrique est extrêmement dégradée et ce, depuis longtemps. Elle était déjà très fragile avant le dernier coup d’état en 2003 et n’a fait qu’empirer depuis. Le système semble complètement en panne. On constate d’énormes dysfonctionnements à tous les niveaux. Le ministère de la Santé est quasiment absent en dehors de Bangui, la capitale. Très peu de structures de santé fonctionnent. Les comités de gestion, responsables de ces structures, sont soit inexistants soit non fonctionnels. L’accès aux soins est de fait très limité voire inexistant dans certaines régions. Le cadre législatif est lui aussi défaillant. Les ressources humaines sont très limitées et les compétences rares – il faut noter que plus de la moitié de la population du pays est analphabète. Le pays ne dispose que de très peu de spécialistes et on estime à 300 environ le nombre de médecins pour tout le pays, pour une population d’environ 5 millions de personnes. Et la plupart d’entre eux sont à Bangui.


Un système de santé laminé par des années d’instabilité politico-militaire, des problèmes structurels gigantesques, une insécurité dans toute la moitié est du pays… Tout ça donne un état sanitaire catastrophique et un accès aux soins de base extrêmement limité pour la grande majorité de la population.

 

MSF a mené récemment plusieurs enquêtes de mortalité – quels en sont les résultats et quelles conclusions doit-on en tirer ?

 

L’étude menée par Epicentre à Carnot dans le Sud-Ouest du pays montre des taux de mortalité qui dépassent largement les seuils d’urgence – aussi bien les taux bruts que chez les enfants de moins de cinq ans. On note des taux 3 ou 4 fois supérieurs au seuil d’urgence. Il semble que les dysfonctionnements structurels soient tels qu’on en arrive à une situation de crise et d’urgence sanitaire. Ces études, mais aussi les statistiques relevées dans nos structures de santé, indiquent que les causes de cette mortalité très élevée sont les pathologies habituelles : paludisme, infections respiratoires, diarrhées, etc. Mais pour arriver à des taux comme ceux-là, on a un peu de mal à croire que ces simples facteurs soient la seule cause. On se demande aujourd’hui si la déstructuration du système de santé n’engendre pas une telle situation d’urgence ou encore s’il n’y a pas un facteur sous-jacent qu’on n’a pas encore mesuré.

 

La situation est très grave à Carnot et la grande question est de savoir si dans le reste du pays il y a d’autres régions où le taux de mortalité puisse atteindre ce niveau.

 

Que font les autres acteurs de l’aide présents dans le pays ?

 

C’est l’un de nos plus gros problèmes. La Centrafrique se trouve dans une phase qu’on pourrait qualifier de post-conflit. Or cette transition entre la phase d’urgence et le début du développement est toujours une période un peu compliquée pour les urgentistes comme MSF. Le problème en RCA, c’est qu’il n’y a précisément pas d’acteurs du développement qui ont investi dans le pays. Et donc les organisations comme MSF se trouvent en sortie de crise confrontées à des problèmes de développement pour lesquels nous n’avons ni l’expertise, ni les compétences. Donc on se retrouve un peu démunis, obligés d’intervenir seuls sur des terrains qu’on ne maîtrise pas. Et on ne parvient pas non plus à attirer ces acteurs du développement pour qu’ils prennent le relais. Par ailleurs, ce qui rend les choses encore plus compliquées pour les organisations humanitaires comme MSF, c’est que la situation demeure toujours volatile et que ces organisation ont toute leur place en Centrafrique, donc il ne s’agit pas non plus pour nous de quitter le pays.

 

Quelle place MSF occupe-t-elle dans la carte sanitaire ?

 

Si l’on considère les différents projets menés par les trois sections de MSF présentes dans le pays, notre budget est presque équivalent à celui du ministère de la Santé. Donc MSF est un acteur très important pour la population et le système de santé du pays.

 

Nous couvrons la partie Nord du pays avec trois hôpitaux d’une capacité d’une centaine de lits et gérons également une vingtaine de dispensaires à travers le pays. Nous intervenons également sur la prise en charge du VIH et de la tuberculose. En 2010, MSF a mené environ 250 000 consultations sur l’ensemble de ses projets.

Tout cela représente en effet un volume d’activités très important à l’échelle du pays.

 

Quelle prise en charge du VIH dans nos programmes et quels défis particuliers à la Centrafrique ?


La situation du VIH en RCA est aujourd’hui très alarmante. Les taux de prévalence sont à la fois très élevés et continuent d’augmenter. La situation est loin d’être sous contrôle. Le programme national a de très grosses difficultés pour se mettre en place. Le Fonds Mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, qui le soutient, a gelé ses fonds depuis la fin de l’année dernière pour cause de dysfonctionnements et de mauvaise gestion de ces fonds par le système national. Nous sommes très inquiets quant à la capacité du programme national à pouvoir assurer la prise en charge des différents volets du VIH. MSF se retrouve donc à développer des programmes verticaux dans un pays où le programme national de lutte contre le sida ne fonctionne pas.

 

Et on est dans une situation identique pour la prise en charge de la tuberculose et du paludisme. Il y a eu récemment des ruptures de traitement anti-tuberculeux dans le pays de plus de quatre mois – avec tous les problèmes que cela engendre en termes de résistance de la maladie. Depuis quatre mois, MSF est le seul acteur à disposer d’anti-tuberculeux dans le pays. Pour compléter le tableau, le Fonds Mondial finance aussi la lutte contre le paludisme et là aussi, on observe la même situation avec très peu d’acteurs investis dans un pays où la maladie fait des ravages.


Face à ces trois pathologies – VIH, tuberculose, et paludisme – très peu d’acteurs de l’aide sont mobilisés, les programmes nationaux fonctionnent complètement au ralenti et voient leurs perspectives de financement de plus en plus incertaines. MSF risque de se retrouver à la fin de l’année 2011 le seul fournisseur de traitement anti-VIH et anti-tuberculeux dans le pays.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 02:19

 

 

 

logo MSF

 

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msf-RCA-1.jpg

 

pub Action Contre la Faim

 

 

rapport-MSF-RCA.JPG

 

Novembre 2011 

 

http://www.msf.fr/actualite/publications/rapport-republique-centrafricaine-crise-silencieuse

 

Introduction


Ceci est un appel à l’aide pour la République centrafricaine.

La République centrafricaine (RCA) se trouve aujourd’hui dans un état d’urgence médicale chronique. Au cours des 18 derniers mois, cinq enquêtes distinctes de mortalité rétrospective ont été conduites en République centrafricaine (RCA) dans les préfectures hébergeant la majorité de la population. Conduites par Médecins Sans Frontières (MSF) et d’autres organismes de recherche, ces études révèlent un taux de mortalité supérieur au « seuil d’urgence1 ».

Le gouvernement et les bailleurs internationaux ont réduit leurs dépenses de santé tandis que les organismes humanitaires ne parviennent pas à répondre à l’ensemble des besoins.

L’aide et les ressources médicales existantes sont totalement insuffisantes.


Un plus grand nombre d’acteurs doit se mobiliser pour renforcer les activités médicales et couvrir l’ensemble de la population. A défaut, le pays risque fort de se retrouver dans l’impasse : une crise trop insidieuse pour mobiliser des secours d’urgence adaptés dans un contexte trop instable pour miser sur une aide efficace au développement.

Ce document vise à partager l’expérience et les inquiétudes de MSF après 14 années d’intervention en RCA. A partir des données collectées au cours des 18 derniers mois, il analyse les diverses causes de la mortalité avant de dresser un bilan de l’aide existante et de ses insuffisances. Nous concluons ce rapport en appelant à une plus forte mobilisation médicale en RCA, de la part du gouvernement centrafricain et de la communauté internationale dont MSF fait partie.

 

Programmes MSF en RCA


Médecins Sans Frontières travaille en République centrafricaine depuis 1997. Fin 2010, l’organisation comptait une équipe de 1 243 personnes dans le pays.


MSF travaille dans cinq des 17 préfectures du pays, principalement (mais pas uniquement) dans les zones frontalières, plus instables. Nous dirigeons des projets à Gadzi et Carnot dans la préfecture de Mambéré-Kadei, à Paoua dans la préfecture d’Ouham-Pendé, à Boguila, Maitikoulou, Kabo et Batangafo dans la préfecture d’Ouham, à Ndele dans la préfecture de Bamingui-Bangoran, et à Zémio dans la préfecture du Haut- Mbomou.

Nos programmes soutiennent 9 hôpitaux et 36 centres et postes de santé. Nous travaillons systématiquement avec les structures du ministère de la Santé en coopérant avec eux aussi étroitement que possible. En 2010, nous avons soigné 582 253 patients externes et 24 185 patients hospitalisés.

 

Première partie : des niveaux critiques de mortalité

 

Les Centrafricains sont confrontés à des taux extrêmement élevés de mortalité. La RCA détient la deuxième espérance de vie la plus faible du monde, soit 48 ans2. Le taux de mortalité du pays est globalement supérieur au « seuil d’urgence », preuve d’une situation nécessitant une intervention médicale immédiate.

Au cours des 18 derniers mois, Médecins Sans Frontières a conduit quatre enquêtes de mortalité rétrospective dans trois préfectures différentes :


• Une enquête de surveillance des sites sentinelles3 dans les sous-préfectures de Boda, Boganda, Boganangone et Gadzi entre février et novembre 2010 a révélé un taux brut de mortalité de 1/10 000/jour (intervalle de confiance [IC] à 95 % : 0,8-1,2), avec des pics pendant la saison humide de mai à septembre et un taux record en novembre. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans était de 2/10 000/jour (IC à 95 % : 1,5-2,6). Ce taux correspond exactement au seuil d’urgence.


• Une étude conduite dans les sous-préfectures de Carnot et Gadzi en juin 2011 montre que dans trois communes rurales de Carnot, Gadzi et Senkpa Mpaéré, le taux brut de mortalité était de 3,3/10 000/ jour (IC à 95 % : 2,3-4,8), tandis que celui des enfants de moins de cinq ans était de 3,7/10 000/jour (IC à 95 % : 2,4-5,6). Dans la commune urbaine de Carnot, le taux brut de mortalité était de 3,9/10 000/ jour (IC à 95 % : 3-5,2) et celui des enfants de moins de cinq ans de 4,9/10 000/jour (IC à 95 % : 2,6-8,8).

Les taux bruts de mortalité sont au moins trois fois plus élevés que le seuil d’urgence et indiquent une situation normalement considérée comme « incontrôlable», bien qu’aucune de ces sous-préfectures ne soit en proie à des conflits ou n’accueille un grand nombre de déplacés.

• Une enquête plus approfondie menée en août 2011 dans la commune urbaine de Carnot a révélé un taux brut de mortalité de 3,7/10 000/jour (IC à 95 % : 2,96-4,61) et de 7/10 000/jour (IC à 95 % : 5,26-9,34) chez les enfants de moins de cinq ans.


• En avril 2011, une enquête6 conduite dans la zone située autour de l’hôpital MSF de Maitikoulou, dans la sous-préfecture de Markounda, préfecture d’Ouham-Pendé, a révélé un taux brut de mortalité de 0,83/10 000/jour (IC à 95 % : 0,51-1,33) et de 1,81/10 000/jour chez les enfants de moins de cinq ans (IC à 95 % : 0,92-3,56). Ces taux de mortalité ne dépassent pas le seuil d’urgence, mais le chiffre le plus élevé de l’intervalle de confiance n’écarte pas pour autant l’éventualité d’une surmortalité.


La principale enquête menée par Epicentre dans les sites sentinelles des sous-préfectures de Boda, Boganda, Boganangone et Gadzi a révélé l’existence d’une crise sanitaire chronique avec des taux de mortalité très « supérieurs à la référence plausible et accompagnés de niveaux alarmants de malnutrition7 ». Cela constitue une preuve incontestable de surmortalité8, suggérant une crise sanitaire prolongée en 2010, au moins dans les régions couvertes par l’enquête. Le rapport d’Epicentre indique que les déficits économiques en sont en partie responsables, dans la mesure où la fermeture partielle ou complète des mines de diamants en 2009-2010 a supprimé la principale source de revenu de la plupart des foyers. En ce qui concerne le taux brut de mortalité et celui des enfants de moins de cinq ans, le pic (atteint en octobre/novembre 2010) a été attribué à une épidémie.


Par ailleurs, les chercheurs de l’université de Berkeley en Californie ont publié une enquête de mortalité en août 20109 qui montre un taux brut de mortalité de 4,93/1 000/mois (IC à 95 % : 4,65-5,13) dans cinq préfectures représentant 52 % de la population.10 Cela équivaut à 1,64 mort par jour pour 10 000 habitants, un taux une fois encore au-dessus du seuil d’urgence. Les taux les plus élevés ont été recensés dans les préfectures les plus récemment touchées par les conflits et les déplacements de population (Ouham et Ouham-Pendé, dont le taux brut de mortalité est de 2,21 et 2,07/10 000/jour respectivement).

Cependant, les préfectures plus calmes de Lobaye, Ombella M’Poko et Bangui ont également enregistré des taux supérieurs au seuil d’urgence.

 

Surmortalité

 

Il est difficile de déterminer les causes exactes de cette mortalité excessive en RCA : en l’absence d’un système de santé fonctionnel dans le pays, il n’existe aucune donnée fiable sur les causes de mortalité à l’échelle nationale et les enquêtes susmentionnées n’ont pas effectué de collecte ou d’analyse complète des causes de décès.11 A l’appui de son expérience dans le pays, MSF identifie toutefois trois principaux facteurs contribuant à cette mortalité :

• Les taux élevés de prévalence, d’incidence et de mortalité des maladies qu’il est possible de prévenir et de soigner.

• La crise, les conflits et les déplacements de population qui bouleversent la vie et les moyens de subsistance des habitants.

• Un système de santé fantôme qui n’a pas réussi à rendre disponibles et accessibles à la population des soins de qualité, même minimaux.

 

Facteur n°1 : forte prévalence de maladies qu’il est possible de prévenir et de soigner

 

La RCA détient le 5e taux de mortalité par maladies infectieuses et parasitaires le plus élevé au monde, soit 754,9 morts pour 100 000 habitants en 2008.12 Si MSF est un acteur médical important en RCA, l’organisation ne peut fournir un tableau complet de la situation sanitaire globale du pays. Nous pouvons toutefois décrire ce que nous y voyons tous les jours.

 

Paludisme

 

Le paludisme est holoendémique en RCA, ce qui signifie que chaque habitant du pays est infecté au moins une fois par an.

Le paludisme constitue certainement le principal problème de santé publique en RCA et la première cause de morbidité et de mortalité chez les enfants :

• Le paludisme est de loin la première cause de morbidité constatée dans les installations de soins externes MSF : sur un total de 582 253 patients traités en externe en 2010, 45,9 % (ou 267 471) ont été diagnostiqués et traités contre le paludisme.


• Les données de MSF indiquent un nombre de cas élevé pendant toute l’année, avec un pic important pendant les mois de juillet et août chaque année (le « pic palu »). À Paoua par exemple, le nombre moyen d’admissions pédiatriques est de 220 par mois.

Pendant le pic de paludisme, ce nombre atteint une moyenne de 55 %, soit 338 admissions par mois.


Le paludisme est à l’origine d’un grand nombre de décès : dans les hôpitaux, il est la première cause de mortalité des patients admis.13 À l’échelle du pays, sur les 1 997 décès enregistrés en 2009, 670 étaient dus à un paludisme sévère et 330 à une anémie (très probablement causée par le paludisme). Ces deux causes étaient donc à l’origine de la moitié des décès survenus en 2009. La proportion était encore plus élevée chez les moins de cinq ans : sur les 1 375 décès à l’hôpital parmi ce groupe d’âge, 544 étaient dus au paludisme, contre 270 à l’anémie (soit 59,2 % les deux combinés).14 Cela concorde avec l’expérience de MSF : à l’hôpital de Boguila par exemple, sur les 67 décès d’enfants de moins de cinq ans hospitalisés, 33 étaient dus au paludisme (soit 49 %). Cette maladie était donc de loin la première cause de mortalité infantile.


• Les cas de paludisme sont très insuffisamment déclarés et soignés : seuls environ 6,4 % des cas attendus sont détectés et soignés.15

Les défis à relever concernent principalement l’extension de l’accès au diagnostic et au traitement :

• via la décentralisation des soins vers les structures de santé primaire et les travailleurs médicaux communautaires,

• via la mise à disposition ininterrompue de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT, Artemisininbased Combination Therapy) et de tests de diagnostic rapide dans les centres et postes de santé.

Le pays a mis en place une politique de gratuité du traitement du paludisme pour les enfants de moins de cinq ans, mais le système ne fonctionne pas. Il est gangréné par les pénuries de médicaments essentiels, les contraintes logistiques et les mesures dissuasives. L’accès gratuit aux soins est donc loin d’être une réalité.

La portée et l’efficacité des programmes de distribution de moustiquaires à long terme doivent également être améliorées : même si un grand nombre de moustiquaires est censé avoir été distribué ces dernières années, cela ne semble pas avoir réduit la transmission de la maladie de manière significative. D’autres options de prévention et de traitement efficaces devraient également être envisagées : l’introduction d’un traitement de prévention épisodique pour les nourrissons et la mise sous traitement à base d’artésunate des cas sévères de paludisme en milieu hospitalier.

 

VIH / Tuberculose


La RCA possède le taux de prévalence du VIH le plus élevé d’Afrique centrale. L’épidémie de VIH est généralisée parmi la population adulte et se transmet principalement par voie sexuelle. Une enquête nationale de séroprévalence conduite dans le pays en 201016 a révélé un taux de prévalence du VIH de 5,9 % parmi le groupe d’âge 15-49 ans, soit une petite diminution par rapport à l’étude précédente, qui l’avait évalué à 6,2 %.17 Le taux au sein de ce groupe d’âge avait augmenté chez les hommes (4,3 % à 5,4 %), mais baissé chez les femmes (7,8 % à 6,3 %). L’épidémie est généralisée parmi la population, la capitale (10,7 %) et les régions touchées par les conflits (telles que le Haut-Mbomou, avec 14,8 %) constituant la concentration géographique la plus élevée.


L’ONUSIDA estime à 110 000 adultes et 17 000 enfants le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le pays, et à 11 000 le nombre de personnes mourant chaque année de complications liées au VIH.18 Le Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS) estime que 45 000 personnes, dont 14 000 enfants, doivent être mises dès maintenant sous traitement ARV.

Cependant, seuls 15 000 patients sont aujourd’hui sous traitement ARV, soit seulement 33,3 % du nombre recommandé.19

Au 31 décembre 2010, MSF soignait 573 patients atteints du VIH avec des ARV dans ses propres structures. En juillet 2011, ce nombre avait atteint 998 patients.

La tuberculose est également responsable d’un grand nombre de décès en RCA, chez les patients co-infectés par le VIH et les autres. Les taux estimés de prévalence, d’incidence et de mortalité de la tuberculose20 ont tous doublé entre 1990 et 2009. Moins de 20 % des 19 000 malades présumés à ce jour ont reçu un traitement en 2009. Ce chiffre est basé sur un taux de 424 pour 100 000, qui est très certainement inférieur aux taux réel vu l’insuffisance des structures de diagnostic dans la majeure partie du pays.

Les programmes nationaux de lutte contre le VIH et la tuberculose sont loin d’être efficaces, et les liens qui existent entre eux sont embryonnaires. Ils sont principalement confrontés à de catastrophiques pénuries de médicaments à l’échelle du pays, qui durent parfois plusieurs mois : par exemple, le Centre national de référence des infections antirétrovirales et de la thérapie antirétrovirale était en rupture de stock de certains médicaments de première ligne pendant 18 mois sur les 30 qui ont suivi juillet 2008.21 En juin 2011, le pays a également connu une rupture de stock désastreuse de tous les médicaments antituberculeux de première ligne. Cette situation a été résolue par le don unique d’une oeuvre caritative qui a permis un approvisionnement de neuf mois. Le manque de personnel qualifié présente également un défi, à la fois en matière d’extension et de qualité du traitement du VIH dans le pays. Une étude récente22 démontre des taux extrêmement élevés de résistance aux médicaments de première ligne : jusqu’à 30 % chez les adultes et 50 % chez les enfants.


Tandis qu’un traitement précoce du VIH est aujourd’hui favorisé pour prévenir la transmission du virus, les patients de RCA qui meurent du VIH n’ont toujours pas accès au traitement. Les nouveaux protocoles de traitement de l’OMS introduits en 2010 mettent l’accent sur le besoin d’un accès plus précoce au traitement (seuil de 350 CD423) et sur de meilleurs schémas thérapeutiques. En RCA, cela impliquerait de multiplier le nombre de personnes sous traitement ARV par plus de cinq, une situation pour le moment impossible en termes de planification et de capacité.


La République centrafricaine compte quatre des quelques foyers restants de maladie du sommeil (trypanosomiase humaine africaine)24 en Afrique sub-saharienne. Il s’agit d’une maladie tropicale parasitaire négligée transmise à l’homme par la mouche tsé-tsé. La trypanosomiase est mortelle si elle n’est pas soignée. La population du foyer d’Ouham, dans le nord-ouest du pays, présente un risque d’infection (ou de contraction de la maladie) plus élevé depuis l’abandon des opérations de contrôle pendant les conflits. La population aurait été plus exposée à la mouche tsé-tsé dans le « bush » et aurait en parallèle souffert d’un accès plus limité aux structures médicales capables de traiter cette maladie. En 2009, le pays comptait 1 054 cas signalés, soit le deuxième nombre de cas le plus élevé au monde.25 MSF participe au contrôle de la maladie du sommeil en RCA depuis la moitié des années 1990 et dirige actuellement deux programmes visant à éliminer la maladie dans le foyer d’Ouham. Le premier, à Maitikoulou, aura presque atteint cet objectif fin 2012 : en 2010, sur les 6 365 personnes activement dépistées, 56 ont été diagnostiquées positives (soit un taux d’infection de 0,9 %) et 49 ont été soignées.


À Batangafo, également dans la préfecture d’Ouham, sur les 147 265 personnes dépistées entre 2007 et 2010, 2 462 patients ont été soignés. Toutefois, le dépistage actif a été interrompu par l’insécurité, c’est pourquoi en 2010, seuls 340 patients ont été soignés sur les 45 388 personnes dépistées la même année. L’insuffisance des activités de dépistage actif signifie que la majorité des patients sur l’axe Kambakota ne sont ni diagnostiqués, ni soignés. Le taux de prévalence de la maladie sur cet axe demeure donc à 3,2 %.

Dans le même temps, les options de diagnostic et de traitement doivent être améliorées et adaptées à ce contexte.


L’intégration de la combinaison thérapeutique à base d’éflornithine et de nifurtimox (NECT) dans les protocoles et les pratiques en RCA est une priorité. MSF utilise cette combinaison dans ses programmes. Ce traitement amélioré représente un grand pas en avant. Il combine la prise de nifurtimox par voie orale pendant 10 jours à un nombre réduit de perfusions d’éflornithine, de 56 pendant 2 semaines à seulement 14 pendant 7 jours.


Vaccinations

 

La couverture vaccinale des maladies infantiles est faible et contribue à des niveaux élevés de mortalité par maladies infantiles évitables. En 2009, seuls 9 districts sur 24 ont atteint une couverture de 80 % du vaccin DTP3 (diphtérie, tétanos et coqueluche) et seuls 5 districts ont atteint une couverture vaccinale de 90 % de la rougeole.26 La couverture vaccinale de la rougeole, avec ou sans carte de vaccination, était estimée à 26,3 % (IC à 95 % : 16,4-36,2) dans les sous-préfectures rurales de Carnot et Gadzi, et à 55,5 % (IC à 95 % : 48,7- 62,2) dans la ville de Carnot.27 Une enquête plus étendue auprès des foyers conduite dans six préfectures a révélé que 37 % de la population était correctement vaccinée en fonction de l’âge.28

Plusieurs cas de maladies évitables par la vaccination se sont manifestés en 2011, dont la rougeole, la méningite, le tétanos néonatal, la coqueluche, la fièvre jaune et la poliomyélite.

Un cas de poliovirus sauvage a été signalé près de notre programme de Batangafo. Le père de l’enfant infecté a expliqué à MSF que son village n’avait pas été visité par les campagnes de vaccination contre la polio, ni en 2008, ni en avril et juin 2011, en raison de l’insécurité plus ou moins constante et des affrontements armés dans la région.


Les programmes élargis de vaccination sont généralement fonctionnels dans les hôpitaux, mais sont plus ou moins inexistants dans les centres de santé communautaires. Il n’existe en outre aucune stratégie avancée ou mobile en place. Les années 2010 et 2011 ont vu des ruptures de stock récurrentes des vaccins BCG, de la polio et du tétanos, et la majorité des centres de santé ne disposaient pas d’équipement frigorifique.

Un certain nombre d’activités supplémentaires d’immunisation ont eu lieu, dont la couverture et la qualité restent discutables.

Une étude menée à Batangafo29 en 2011 a révélé une couverture vaccinale de la rougeole de 46,2 % chez les enfants de 9 à 11 mois. Les raisons de cette faible couverture invoquées par la communauté sont les suivantes : la distance jusqu’aux sessions de vaccination (53 % des sondés), les problèmes de disponibilité du service (20 % des sondés) et les problèmes d’éducation à la santé publique (4 %).

Bien que MSF ait donné presque 582 253 consultations dans ses locaux en 2010 (environ 60 % d’enfants de moins de cinq ans), l’organisation humanitaire n’a pu vacciner que 5 690 enfants contre la rougeole. Le récent changement de stratégie de vaccination, qui consiste à vacciner uniquement les enfants âgés entre 9 et 12 mois, prive des milliers de personnes de vaccination au cours des consultations médicales.

Nutrition

Médecins Sans Frontières et Epicentre ont conduit une étude de surveillance communautaire dans les sous-préfectures de Boda, Boganda, Boganangone et Gadzi entre février et décembre 2010. Cette étude a montré un taux de prévalence de la malnutrition aiguë globale de 11,9 % (IC à 95 % : 9,1-15,5).30

Le taux de prévalence de la malnutrition aiguë sévère était de 3 % (IC à 95 % : 2,3-4), et la moitié des cas présentaient des signes de kwashiorkor. La prévalence de la malnutrition aiguë sévère semble avoir atteint deux pics en 2010 : un en avril-mai et un autre encore plus marqué en juin-octobre.

Alors que la malnutrition semble être une importante cause sous-jacente de la mortalité infantile, la stabilité relative des indicateurs nutritionnels dans le temps indique que la crise est subaiguë et de longue durée. Cela prouve que certaines interventions d’urgence nutritionnelle ne sont pas totalement adaptées à cet environnement, en particulier si elles ne s’accompagnent pas d’un contrôle des principales maladies infantiles.

 

Facteur n°2 : crises, conflits et déplacements de population

Depuis la fin des années 1990, la République centrafricaine est prise au piège d’une succession de conflits. Si le président Bozizé a été réélu pour un nouveau mandat en janvier 2011, l’État n’est pas en capacité de garantir la sécurité de ses citoyens ni de ses frontières, et les différents groupes armés circulent et agissent librement dans le pays.

Bien que le nombre de décès liés aux combats soit peu élevé¾, la violence est prépondérante, y compris contre les civils31 et les travailleurs humanitaires, et les conséquences sanitaires sont considérables.32 En effet, la proportion des personnes affectées et déplacées par le conflit dans certaines régions peut être très élevée et concerner parfois jusqu’à la moitié de la population d’une zone. Les conflits ont un impact considérable sur la situation sanitaire, mais également sur d’autres aspects essentiels de la vie des Centrafricains, tels que l’éducation des enfants, la production agricole, l’accès au commerce et la dégradation des infrastructures de base, telles que les routes. Il est estimé que le pays compte actuellement 103 153 personnes déplacées, dont 22 180 ont été déplacées en 2011.33

Malgré des progrès dans les négociations entre le gouvernement et les différents groupes rebelles et le processus de désarmement, démobilisation et réintégration dans le nord-ouest, 7 des 17 préfectures du pays sont en proie aux conflits et 10 factions armées distinctes restent actives.34

Il est également important de noter que le conflit n’est pas la seule cause des crises localisées qui affectent la santé et les moyens de subsistance de la population. Dans l’ouest du pays, la surmortalité est plus étroitement liée à l’effondrement du secteur de l’extraction des diamants.

Est : Haut-Mbomou et Mbomou

L’Armée de résistance du Seigneur (LRA, Lord’s Resistance Army) est présente en RCA depuis mars 2008. Après une longue série d’attaques de villages, entraînant tueries, viols, enlèvements et incendies de maisons, quelque 19 000 personnes, soit un tiers de la population du Haut-Mbomou, se sont réfugiées vers les principales villes, telles que Zémio, Mboki et Obo. Ces personnes ont subi les conséquences physiques et psychologiques directes de ces violences. De plus, les conséquences sur la situation sanitaire ont été dramatiques

: le système de santé s’est effondré dans les villages après la fuite des personnels médicaux et l’interruption de l’acheminement des fournitures médicales. La situation nutritionnelle s’est également dégradée en raison d’une sécurité alimentaire fragile. Par ailleurs, l’insécurité et les violences sur les routes entravent les déplacements, y compris ceux des personnels humanitaires.

Triangle : Ouham et Nana Grebizi

L’insécurité qui sévit dans cette région, entre Kabo, Kago Bandoro et Batangafo, s’intensifie. Groupe rebelle venu du Tchad, le FPR,35 gagne du terrain tandis que l’autre principale force armée, le FDPC36, est divisée. Les affrontements armés ont également augmenté avec la présence de l’APRD37, dans la partie ouest de la zone. Des attaques à l’encontre de travailleurs humanitaires ont entraîné la suspension d’activités et ont eu des répercussions sur l’aide aux populations civiles. La moitié de la population de la préfecture a fui pour se réfugier ailleurs dans le pays ou au Tchad. Ceux qui sont restés sont piégés dans leur village par la violence et l’insécurité, et dépendent de l’aide humanitaire pour leurs besoins médicaux entre autres.

 

Nord : Bamingui-Bangoran, Vakaga et Haut-Kotto


Le conflit entre les FACA,38 la CPJP39 et l’UFDR40 a provoqué des attaques sur les principales villes, la destruction de villages et le blocage des routes, ainsi que des violences inter-ethniques entre les milices Runga et Gula. En juin et juillet 2011, les deux branches de la CPJP ont signé l’accord de Libreville avec le gouvernement, mais en septembre, de graves violences entre la CPJP et l’UFDR se sont soldées par des massacres, incendies de maisons et déplacements généralisés dans les zones autour de Sikkikede, Bria et Sam Ouandja. Quelque 12 000 réfugiés ont fui vers le Tchad voisin et 6 000 autres ont rejoint la ville de Bria en septembre 2011. Le reste des habitants sont dans l’impasse, isolés de toute aide extérieure et dans l’impossibilité de fuir.

La fourniture de services médicaux par l’État a cessé dans de nombreuses régions, et l’accès humanitaire est extrêmement limité dans tout le nord et le nord-est du pays. Les axes sont non seulement difficiles et peu sûrs, mais les FACA ont fermé l’accès humanitaire à deux d’entre eux à la sortie de Ndélé. Des travailleurs humanitaires ont également été kidnappés dans cette zone. Cela a laissé certains villages dans l’isolement médical total. En parallèle, les systèmes de subsistance, scolaire, d’eau et d’assainissement ont été gravement dégradés.

 

Nord-ouest : Ouham et Ouham-Pendé

 

La signature de l’accord de paix de Libreville en 2008 par l’APRD a mis un terme à cinq années de conflit dans les préfectures du nord-ouest d’Ouham et d’Ouham-Pendé. Depuis les élections de février 2011, le processus de désarmement semble progresser et de nombreuses armes ont été rendues. En outre, bien que le nombre officiel de personnes déplacées (44 000) ou réfugiées au Tchad et au Cameroun (164 000) restent élevés, il semblerait qu’une grande partie (36 000) soient rentrées chez elles ou se soient installées sur place41. Il existe néanmoins des particularités selon les régions: la zone Ouest autour de Paoua est bien plus stable que la zone Est, entre Maitikoulou et Batangafo. L’État n’a en outre toujours pas rétabli son autorité. Si la population a accès aux terres pour les cultiver, les habitants ont dû tout recommencer à zéro, au niveau personnel comme professionnel.

 

Sud-ouest : Mambéré-Kadei

 

La crise y est principalement liée aux conflits, mais pas uniquement : les tentatives du gouvernement de contrôler le commerce de diamants et la baisse du prix des diamants industriels sont également à l’origine d’une crise économique.42 Dans le sud-ouest du pays, autour de Carnot, les taux de mortalité sont parmi les plus élevés du pays. Cette mortalité semble être causée par des facteurs plus économiques que militaires : la région correspond au site d’une mine dont l’exploitation a cessé en 2009 suite au renforcement des restrictions sur les petits opérateurs. Cela a provoqué un appauvrissement d’une grande partie de la population et une montée en flèche des problèmes sanitaires, dont la malnutrition.

 

Facteur n°3 : un système de santé fantôme

 

Le système de santé de la République centrafricaine a toujours été très faible. Dans de nombreuses régions du pays, il est à tous égards, inexistant. Les six piliers fondamentaux d’un système de santé, tels que définis par l’OMS, font défaut.43


• Services de santé: dans les zones rurales, la distance jusqu’au centre de santé le plus proche est souvent considérable. Elle est estimée à 9,1 km en moyenne dans les cinq préfectures évaluées dans le cadre d’une étude de référence, la distance la plus grande étant de 14,8 km à Ouaka et la plus courte de 3,8 km à Mbomou.44

• Personnel médical: pour 43 % des foyers, le centre de santé le plus proche ne compte aucun travailleur médical qualifié.45 Les employés qualifiés, et surtout les médecins, sont principalement concentrés dans la capitale.46 Depuis le meurtre du médecin en chef de la région en juin 2011, les préfectures de Mbomou et du Haut-Mbomou ne comptent aucun médecin.


• Information sanitaire: les systèmes de surveillance sont très peu efficaces, ce qui ne permet pas d’évaluer correctement l’étendue des besoins médicaux en RCA. Par exemple : l’OMS a signalé 175 210 cas de paludisme probables et confirmés dans tout le pays en 2009.47 C’est moins que le nombre total de cas traités confirmés (187 736) par MSF dans le pays.48

Cela explique pourquoi les besoins de santé de RCA semblent faibles, ce qui est loin d’être le cas.


• Produits médicaux, vaccins et technologie: les médicaments sont souvent en rupture de stock dans les centres de santé : selon une étude, les centres de santé possédaient 55 % des médicaments essentiels, les postes de santé 38 % et les hôpitaux 47 %.49 La suspension des subventions accordées par le Fonds mondial en raison d’une suspicion de corruption a provoqué en 2010 et 2011 des pénuries de plusieurs mois de médicaments contre le paludisme (ACT), le au nord-est, et supprimé la priorité accordée à la supposée zone de « post-conflit » au nord-ouest, bien que les services médicaux dans cette région soient loin d’être reconstruits et que les besoins médicaux restent très élevés.

Aide des bailleurs internationaux

 

L’aide médicale des bailleurs de fonds internationaux montre également le peu d’intérêt de la communauté internationale pour la République centrafricaine. Alors que l’aide officielle au développement provenant des principaux bailleurs bilatéraux et multilatéraux est passée de 139,5 millions $ en 2005 à 369,5 millions $ en 2009, les dépenses de santé brutes sont passées de 39,9 millions $ en 2005 à 9,9 millions $ au cours de la même période.64

Encore plus inquiétant, la volonté même de maintenir les niveaux actuels d’aide semble s’amenuiser. Certains bailleurs importants parlent de supprimer progressivement l’aide au pays, tant en matière de santé qu’au niveau global.

La RCA offre un environnement peu propice pour l’aide, la réussite des programmes étant basée sur un partenariat avec un gouvernement qui a du mal à tenir ses engagements.

Néanmoins, il est absolument nécessaire de créer un système de santé fonctionnel et pérenne en RCA, un processus dont la réussite nécessitera persévérance et créativité.


L’action du Fonds mondial

 

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est le principal bailleur de fonds pour les programmes de santé dans le pays. Huit accords de subvention distinctes ont été signés : quatre pour le VIH, deux pour la tuberculose et deux autres encore pour le paludisme. Deux d’entre eux sont toujours en vigueur (paludisme et VIH).65 Entre le premier versement de subventions en 2003 et l’année 2011, le Fonds a déboursé 61,9 millions $ sur les 84 millions $ stipulés dans l’accord, ce qui signifie que 22,1 millions $ restent encore à verser.


Depuis 2009, le pays a subi d’importantes interruptions et suspensions, parfois de plusieurs mois, du versement de ces subventions, qui s’expliquent principalement par les inquiétudes des donateurs quant à l’obligation de la RCA à rendre des comptes. Les conséquences les plus notables concernent les subventions pour la lutte contre le paludisme, qui stagnent depuis 2009. Certaines années, la RCA n’a reçu aucune subvention. Les répercussions sont importantes sur la disponibilité des médicaments, et donc sur l’accès pour les patients. Il est nécessaire de trouver un juste équilibre entre l’obligation de rendre des comptes aux donateurs et la santé des patients. Néanmoins, la situation nous oblige à trouver des solutions créatives pour garantir le financement de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

 

L’action de MSF

 

En dépit de nos difficultés à développer des opérations d’une plus grande envergure dans le pays, Médecins Sans Frontières a dépensé 18,1 millions $ pour la RCA en 2009,66 et 22,8 millions $ en 2010. Bien que nous ayons de grandes difficultés à atteindre l’envergure des opérations souhaitée dans le pays, nous aspirons à étendre la couverture de nos programmes et à mieux répondre aux besoins médicaux.

À l’origine, notre intervention en RCA avait pour objectif de porter secours à la population touchée par les conflits. Nous réévaluons aujourd’hui notre rôle dans le pays et réorientons quelques-unes de nos activités pour mettre en place des programmes à plus long terme, tout en sachant qu’il faudra plusieurs années pour que la situation s’améliore. Par exemple, MSF évalue actuellement la possibilité de mettre en place un programme hospitalier à long terme à Bangui.

D’autres programmes, tels que ceux de Kabo, Batangafo et Ndele, s’inscrivent également dans une plus longue durée et prévoient des investissements conséquents. De nouveaux projets hospitaliers à plus long terme sont également à l’étude.

Aucune stratégie de sortie n’est aujourd’hui envisageable pour MSF en RCA. Si cela suscite une vive inquiétude, la nature de la crise dans le pays ne nous permet pas d’autre option. MSF est très certainement incapable de résoudre seule cette crise médicale.

 

Conclusion

 

La République centrafricaine se trouve aujourd’hui dans un état d’urgence médicale chronique. La population centrafricaine paie un trop lourd tribut au désintérêt de la communauté internationale et des autorités du pays lui-même.

En théorie, l’aide humanitaire intervient uniquement en période de crise, après quoi l’aide au développement peut prendre le relais. Mais en République centrafricaine, cette théorie ne correspond tout simplement pas à la réalité. La distinction entre l’aide « humanitaire » et l’aide « au développement» peut s’avérer pertinente pour les organismes et donateurs impliqués, mais elle ne doit pas être utilisée pour masquer ou ignorer les besoins médicaux critiques non satisfaits sur le terrain. Les acteurs impliqués dans l’aide au pays devraient au contraire réévaluer leurs analyses.

Indépendamment de la théorie, la réalité médicale à laquelle fait face la RCA est alarmante et nécessite une action immédiate.

A terme, la situation pourrait par ailleurs s’aggraver. Si le gouvernement maîtrise la situation à Bangui et dans les préfectures voisines, il n’exerce aucun contrôle sur une grande partie du pays, où règne l’impunité. Sans aide extérieure, le système de santé ne fonctionnerait tout simplement pas.

En outre, de nombreuses tentatives d’aide au pays ont été durement entravées, sinon empêchées par la corruption et le manque de capacité.

Observés à différents niveaux, des dysfonctionnements empêchent toute forme de service médical, y compris la distribution de médicaments, la qualité des soins et l’obligation de rendre des comptes pour le système, et rendent difficile toute aide internationale. Cependant, face à des taux de mortalité aussi élevés, ces difficultés doivent être surmontées pour enclencher une action immédiate.

Cette situation ne doit pas perdurer. Les niveaux d’aide médicale existants sont totalement insuffisants pour répondre à l’ampleur des besoins. Le pays nécessite davantage d’acteurs pour conduire des activités médicales de plus grande envergure, afin de couvrir une plus grande partie de la population.

Si les modèles d’aide classiques n’ont pas fonctionné, de nouveaux doivent être envisagés.

Nous exhortons les décideurs, tant à l’intérieur du pays qu’en dehors, à se mobiliser face à l’urgence médicale en République centrafricaine.

 

 

 

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Médecins Sans Frontières

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NDLR : Ce rapport de MSF qu'on ne peut nullement accuser ni soupçonner de parti pris politique quelconque est le vrai et catastrophique bilan du régime bozizéen et de l'état du pays après neuf ans de gestion calamiteuse.

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 01:52

 

 

 

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Personne n’a oublié qu’en plus des milliers de morts que le président sultan du Tchad a sur la conscience, et qui lui seront immanquablement opposés devant le tribunal céleste, il y a deux assassinats particulièrement épouvantables pour lesquels la communauté internationale a le devoir de l’interpeller toutes affaires cessantes : ceux de l’opposant Tchadien Ibni Oumar Saleh, et du centrafricain Charles Massi : Deux personnalités politiques de premier plan qui ont subi le même sort :  tués et enterrés sous les ordres du tyran.


Le 02 février 2008,  les troupes de la résistance  armée tchadienne,  coalisées  au sein d’un commandement unique  fondent sur la capitale et  acculent  Idriss DEBY dans le dernier retranchement qu’est son palais présidentiel. L’armée du tyran est  en déroute, et les rebelles, face au portail du palais présidentiel,  sonnent la charge. La victoire n’aura jamais autant été à la portée des insurgés.   Les thuriféraires et autres apparatchiks du régime fuient en débandade  - qui à pied, qui en pirogue – en direction de Kousseri (Cameroun).  N’Djamena est traversé par un vent de liesse  folle.


Pendant que les canons tonnent devant le palais, dans les quartiers, les populations ne se retiennent pas. Elles sont dans la rue, riant, sautant de joie comme des cabris, exultant et  attendant de voir DEBY et les satrapes de son régime honni s’enfuir ou mourir au combat. Malheureusement  c’est le moment que choisit Nicolas Sarkozy pour entrer dans la danse en expédiant à la quatrième vitesse au Tchad – par vol spécial - une escouade du terrible COS. Le fameux commando des opérations spéciales champion toutes catégories des opérations de commando nocturnes. Sous les ordres  de l’Elysée, ces super commandos ont attendu la nuit noire  pour écraser les insurgés avec des armes de destruction massive imparables dans l’obscurité.


Il est néanmoins important de préciser qu’en plus de l’intervention intempestive des gaulois, cause de leur défaite, les rebelles avaient passé une bonne partie de leur temps – alors que la victoire était là – à se chamailler et à se crêper le chignon à propos de problèmes de partage du pouvoir alors qu’ils ne l’avaient même pas encore complètement conquis ! 

Pendant ce temps, et en l’espace de quelques heures de combat dans un noir d’encre, les assaillants avaient été mis en pièces et proprement massacrés. Dès le lendemain à l’aube,  bonjour les représailles.


Dès les premières heures, les soudards de DEBY déferlent dans les quartiers et tombent à bras raccourcis sur les populations, et plus spécialement sur les hommes politiques.  Ceux-ci  sont rudoyés, tabassés, pour certains abattus sommairement d’une balle dans la tête,  et bon nombre sont emmenés menottés vers des destinations inconnues.  L’opposant historique Yorongar Ngarlejy subira le sort d’être sauvagement rossé, menotté,  et jeté dans un trou de basse fosse ; mais il réussira à s’enfuir et à se retrouver au Cameroun, puis en France d’où il ne reviendra que plusieurs mois plus tard.


Moins chanceux, Ibni OUMAR Saleh est molesté à son domicile devant toute sa famille par des éléments en furie de la garde présidentielle qui le rouent de coups de crosses et de pieds, le jettent dans un command car et l’emmènent vers une destination qui, jusqu’à ce jour, est demeurée inconnue. 

Jusqu’à  ce jour en effet, personne n’a plus jamais revu cet homme politique charismatique, mais assez modéré.  En tout cas il faudrait être naïf pour oser croire que l’opposant politique serait encore vivant. 

Il a certainement été tué puis enterré quelque part. Mais qui l’a tué, pourquoi, comment,  et où est son corps ?


Malgré toutes les démarches entreprises par sa famille, le black out demeure total. Comme si IBNI OUMAR Saleh s’était désintégré d’un claquement de doigts. Plusieurs associations de Droits de l’homme ont multiplié les démarches jusqu’au plus haut niveau de l’Etat Tchadien pour en savoir plus sur le sort de l’homme politique. Rien n’y a fait. Pire : DEBY est resté de marbre.


Il aura fallu attendre le mercredi 03 février 2010,  pour voir deux parlementaires socialistes français : le député Gaëtan Gorce et le sénateur Jean Pierre, ainsi que le député - UMP Françoise Hostalier (présidente du groupe d'amitié France-Tchad) , appuyés par des dizaines de militants des sections françaises de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) et d'Amnesty International  donner,  dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale française, une conférence de presse d’un genre inédit.


Dans cette auguste Chambre, ils ont hurlé  leur désarroi face au silence méprisant  que continuaient d’afficher jusque-là les autorités tchadiennes depuis que l’opinion internationale et tous les démocrates du monde entier exigeaient  la vérité sur la disparition de l’opposant tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh.


Ibni Oumar Saleh  qui - selon la version officielle – avait été arrêté le 03 février 2008,  mais avait sans l’ombre d’un seul doute été  torturé et tué  dans l’une des prisons qu’abrite le palais présidentiel tchadien. A moins qu’il n’ait été  sommairement abattu quelque part et  enterré sans états d’âmes sous les ordres venus de très haut.


Il faut dire qu’à cette conférence de presse,   en présence du fils du disparu, les parlementaires français n’avaient pas fait dans la langue de bois pour pester  contre le régime Deby,  et tout autant contre les autorités françaises qui avaient ordonné et dirigé sur le terrain la contre offensive à N’Djamena.  

La preuve la plus accablante étant que, le  jour même de la disparition de cet opposant, c’est  un officier français qui dirigeait  la garde présidentielle tchadienne après que Paris eût  apporté un soutien militaire total au dictateur tchadien pour  repousser les rebelles à deux doigts de la défaite du tyran. 

 

En fait, et cela s’est su par la suite,  après avoir vaincu les opposants militaires  avec l’aide de la France,  le régime Deby avait décidé de se venger sur les opposants civils en faisant arrêter et torturer -  par des militaires de l’ethnie du chef de l’Etat - leurs figures de proue dont Ibni Oumar, contre qui aura été appliquée la solution finale. 

 

Sous la pression des ONG de défense des droits de l’homme, de la France et de l’opposition tchadienne,  une commission d'enquête aura – presque de mauvaise grâce – été mise sur pied par la suite par les autorités tchadiennes. Celle-ci avait conclu du bout des lèvres qu’Ibni Oumar avait été enlevé à son domicile par des soldats de DEBY, mais que cela avait  certainement été une initiative personnelle d'un quelconque militaire subalterne. 

 

Il est vrai que ledit rapport a  mentionné, presque sur un ton sibyllin,  que ces militaires de la garde prétorienne de DEBY  avaient agi sur «ordre de sa hiérarchie ou des instances supérieures de l'État». 

A part cela,  aucune accusation formelle contre un individu identifié n’a soutenu les conclusions du rapport de  cette commission. 

 

Le plus désolant ayant été que  ce rapport n'a jamais provoqué le déclenchement d’une quelconque action  judiciaire, fut-ce contre inconnu. 

 

Et depuis, c’est le silence radio. Ou presque ! 

 

Mais comble du cynisme, Nicolas  Sarkozy qui s'était pourtant personnellement engagé le 27 février 2008 à N’Djamena à ce que toute la lumière soit faite sur le sujet - en déclarant avec des trémolos dans la voix que : «La France veut la vérité et je ne cèderai pas sur ce point», n’est jamais allé au-delà de cette déclaration cousue d’une grossière duplicité.


Nous sommes aujourd’hui en Décembre 2011, à presque quatre ans de la disparition d’IBNI Oumar Saleh, et rien n’est toujours dit à propos de son destin tragique.  Rien non plus n’est fait pour punir le responsable de sa mort.


C’est ainsi qu’il  est absolument insupportable que DEBY continue à imposer une véritable loi du silence  à la famille d’IBNI OUMAR, au Tchad, à l’Afrique, et au monde. Un silence de mort à propos de la suppression de la vie d’un homme unanimement reconnu comme un opposant modéré au régime de Deby. 

 

Il est insupportable que Paris -  qui sait que IBNI OUMAR a été éliminé par le régime sauvage de DEBY,

- continue de se boucher les yeux et les oreilles,  donnant au bout du compte  l’impression de ne plus vouloir cette vérité qu’elle a donné l’impression de réclamer au lendemain de cette exécution inqualifiable.


En ce moment où la communauté internationale est si pointilleuse  vis-à-vis des crimes contre l’humanité,  elle aurait intérêt pour sa propre crédibilité  d’interpeller vigoureusement  Idriss Deby qui sait bien qu’il aura du mal à échapper à une comparution un jour devant un tribunal pour les atrocités qu’il a infligées à ses compatriotes, ainsi que pour les milliers d’assassinats qu’il a perpétrés au Tchad en moins d’une vingtaine d’années de règne barbare.

 

Cette même communauté internationale qui nous a donné ces derniers temps tant de gages de sa détermination à sévir avec une détermination inflexible contre les crimes perpétrés par les régimes et les potentats, ne devrait pas non plus oublier de demander des comptes au même Idriss DEBY à propos du colonel médecin et homme politique centrafricain Charles Massi que le Sultan  président avait incarcéré à N’Djamena pendant plusieurs mois en 2009,  puis cruellement livré au président centrafricain François BOZIZE – comme un cadeau de Noël quelques mois plus tard.


Depuis lors, cet ancien ministre a disparu. François Bozizé – à qui l’on a demandé où il se trouverait a déclaré avec un regard froid comme celui d’un serpent : « allez le chercher là où il est censé être : avec les rebelles. » 

DEBY, quant à lui, avec sa mauvaise foi habituelle a dit, une main sur le cœur et l’autre sur la Coran qu’il ne sait rien de ce qui serait arrivé à cet homme politique qui a – comme par magie  - disparu entre les frontières du Tchad et de la Centrafrique. 

Mais en fait, l‘affaire de Charles MASSI, C’est l’histoire d’un opposant politique de premier plan qui a été arrêté en plein jour par des soldats tchadiens, à la lisière des frontières du Tchad et de la Centrafrique, qui a été  remis – indubitablement sur hautes instructions du chef de l’Etat tchadien – aux soldats centrafricains, et qui, depuis lors a disparu. Personne ne l’a plus jamais revu.


En effet, selon des informations incontestables, le colonel Massi a été enlevé le 19 décembre 2009 à la lisière de la frontière de la Centrafrique, dans la zone de Ngaoundaye (plus de 500 km au nord-ouest de Bangui), proche de la frontière avec le Tchad, par des éléments de l’armée tchadienne qui avaient pris l’opposant centrafricain en chasse sur ordre de Deby.


Il est important de rappeler qu’en mai 2009 déjà, il avait été arrêté dans le sud tchadien, emprisonné au Tchad pour "tentative de déstabilisation d'un pays voisin" avant d’être libéré deux mois plus tard le 8 juillet à la suite de fortes pressions des organisations de défense des droits de l’homme. 

Cinq mois plus tard, il a été pris en chasse par des soudards tchadiens qui l’ont traqué puis capturé pour le livrer au dictateur centrafricain.


Voilà donc la communauté internationale et la justice internationale qui gagneraient à se rappeler que Mr Idriss DEBY ITNO a des comptes à rendre. 

Il est passible de multiples chefs d’accusations de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, et autres crimes économiques. 

Il ne faudrait pas attendre qu’il tombe pour que la justice internationale commence à lui poser des questions. Les sangs d’Ibni Oumar Saleh et de Charles Massi n’en finissent pas de hurler. Et il est certain qu’un jour ou l’autre, le Président sultan rendra compte. Inch’ALLAH !

 

 

 

Par A.K | Ndjamena-matin 

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 01:45

 

 

Boz ballon

 

 

QUAND LES « FOUS » AURONT HONTE

 

 

« Le fou est celui qui a tout perdu, sauf la raison », avait avisé un prestigieux sage. Un autre sage, non moins célèbre, avait prédit, lui, qu'une « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Et la ruine de l'âme, si ce n'est pas la mort, n'est rien d'autre que la folie. Ainsi, nos deux sages se rejoignent sur le thème de la folie, en empruntant des voies différentes.

 

Si dans le cas du premier, le fou a tout perdu sauf la raison dont il continue de jouir, il est un pays, pardon pour le terme, il est un « empire » où cette prescription s'entendrait mieux si dictée sous les termes suivants : «  Le fou est celui qui a tout gagné, sauf la honte. »

 

Dans cet empire, berceau de tous les paradoxes, un empire situé au cœur du continent africain, il ne faut pas être sain(t) pour tout gagner. Et tout gagner, c'est être le dernier de la classe et, par un de ces hasards qui bouleversent  à la surprise générale l'ordre établi, se voir propulser dans les hautes sphères de l'autorité.

 

Tout gagner, c'est partir de rien, sortir de la hutte de torchis parentale et se retrouver très vite propriétaire de la plus luxueuse villa du village.

 

Tout gagner c'est avoir une arme à la ceinture et ne pas être capable  de défendre sa maison, suite à la charge d'une bête sauvage, une bête qui n'est rien d'autre qu'un groupuscule de bandits étrangers et armés, venus semer la terreur dans votre propre demeure.

 

Tout gagner, c'est se contenter de voir une pauvre sœur, pour ne pas dire une pauvre mère, se faire assassiner gratuitement, pour avoir voulu prendre la route et chercher à donner à manger à sa famille, la voir perdre sa vie parce que rien n'a été fait pour anéantir les bandits qui l'ont tuée et qui rôdaient depuis quelque temps déjà dans les parages.

 

Tout gagner c'est  voir l'avenir de « l'empire », cet avenir qu'est la jeunesse, mourir inexorablement de faim et offrir au monde, les images de cadavres ambulants, sans le moindre cas de conscience.

 

Tout gagner, c'est aussi la nature qui vous surprend et vous réveille de votre sommeil,  en déversant  sur votre village, une pluie diluvienne qui emporte tous vos ponts et vous isole.

 

Tout gagner, c'est aussi se contenter du paiement d'un maigre salaire, et ne plus oser regarder le moribond qui gémit au bord de la route ou tout juste dans la maison voisine, pour la simple raison que le calvaire qu'il vit n'est pas le vôtre,  et qu'il n'y a lieu ni de compatir, ni de s'alarmer.

 

Tout gagner, c'est enfin, même si la liste est interminable, se voir pousser des ailes parce qu'un cortège de gueux et d'oiseaux intéressés vous applaudissent, et s'enthousiasment de vous voir devenir fou.

 

Et dans ce « royaume » où l'on a tout gagné, l'on a gagné l'autisme car l'on n'entend plus rien et, ne pouvant rien entendre, les reproches et les insultes dirigés contre vous ne peuvent faire naître en vous, la plus petite parcelle de honte qu'éprouverait une âme sensible.

 

L'on a gagné la cécité car,  la misère autour étant devenue invisible à tout regard,  l'on ne peut avoir honte de cette misère.

 

L'on a gagné la déraison du fait qu'on se voit investi de tous les pouvoirs, en l'occurrence celui de tout savoir, ce qui fait qu'on n'a pas honte des hallucinations qu'on peut avoir et des âneries qu'on peut pondre et étaler çà et là.

 

Et dans cet « empire » où le fou a tout gagné sauf la honte, il lui reste véritablement à tout gagner, y compris la honte. Alors, il aura effectivement tout gagné et pourra se flatter d'être un homme « normal ».

 

Car la honte, aussi péjorative qu'elle puisse paraître,  n'est pas moins un élément positif dans le comportement de l'être humain. Avoir honte, c'est prendre conscience d'un état de fait. C'est aussi juger. Et juger est un exercice de l'esprit, une preuve que cet esprit est sain et capable d'analyses et de réactions appropriées.

 

Et tout ce qu'on peut souhaiter, c'est que les princes de « l'empire » éprouvent la honte devant les images et la dure réalité de ce que vivent les enfants, les femmes, les malades et les personnes âgées, bref, les fragiles parmi les plus fragiles de ce pays qu'ils prétendent administrer.

 

La coupe de la honte étant pleine, il est temps de la vider et d'ouvrir un nouvel horizon, un horizon prometteur pour ce pays, qu'on n'aurait jamais osé qualifier de « pauvre » et qui ne mérite nullement le sort qu'on lui impose.

 

C'est dire donc que quand les fous auront honte, ils gagneront la raison qu'ils n'auraient pas dû perdre.

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Centrafrique-Presse.com - dans Opinion
15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 01:28

 

 

 

 

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YAOUNDE 14/12/2011--(Xinhuanet)  Douze ans sans progrès, la longue attente dans la mise en circulation d'un passeport commun de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) composée du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Tchad irrite les patronats qui dénoncent une entrave au business.

Un vieux projet inspiré de la Convention adoptée par les pères fondateurs de l'Organisation de l'unité africaine (OUA, ancêtre de l'Union africaine) à Antananarivo (Tananarive) à Madagascar en 1961, au lendemain des indépendances, pour promouvoir le libre circulation des personnes et des biens sur le continent, l'Union des patronats d'Afrique centrale (UNIPACE) a voulu en faire un moteur de croissance économique dans cette région en essayant de le faire porter par les chefs d'Etat.


"L'initiative que nous avons prise il y a maintenant plus d' une dizaine d'années de mettre en place un titre de circulation commun n'a toujours pas abouti, puisque nous espérions que dans le cadre de l'intégration sous-régionale un titre de circulation commun permettrait de garantir la liberté de circulation des personnes et des biens", a déploré le président de cette organisation patronale, Olivier Behle, au terme de son Assemblée générale lors du Salon international de l'entreprise de Yaoundé, du 3 au 11 décembre.


Jugeant la situation d'impasse "fort regrettable", l'UNIPACE a, fait savoir son président, "interpellé les pouvoirs publics de tous nos pays pour qu'enfin on concrétise cette idée qui est très importante pour le développement économique sous-régionale". L'organisation s'offusque du retard que l'Afrique centrale accuse dans son intégration économique, comparativement à l'Afrique de l' Ouest qui affiche plutôt des progrès dans son processus notables.

"On a essayé de reproduire ce modèle sur le plan sous-régional et notre organisation homologue en Afrique de l'Ouest a réussi, puisqu'il y a une liberté de circulation en Afrique de l'Ouest, ce qui facilite beaucoup de choses, alors que nous en Afrique centrale on est toujours en retrait là-dessus. Il faut encore des passeports et des visas pour aller d'un pays à l'autre dans notre sous-région", s'éructe Oliver Behle, par ailleurs président du Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM).


Pourtant, guide le responsable patronal, "cette liberté de circulation est nécessaire si on veut développer l'économie régionale. Le marché économique sous-régional, c'est l'occasion pour nos entreprises de produire plus, parce que le marché est plus important, donc d'améliorer leur productivité, la qualité de leurs produits et de grandir en taille de manière à pouvoir amortir leurs investissements".


D'une croissance estimée à 5,2% cette année contre 4,3% en 2010, la zone CEMAC est réputée avoir le taux le plus faible des échanges intra-communautaires : 0,5% à 1% du commerce total, contre 11% pour l'ensemble de l'Afrique qui, elle-même, passe pour un nain à côté des 72% d'Europe et des 52% d'Asie, d'après les statistiques de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA).


Déjà pratiquée par le Cameroun, la Centrafrique, le Congo et le Tchad qui délivrent à leurs citoyens un passeport communautaire leur permettant de se déplacer d'un pays à l'autre sans besoin de visa, la libre circulation des personnes et des biens se heurte aux réticences du Gabon et de la Guinée équatoriale qui rechignent à ouvrir leurs frontières de peur, arguent-ils, d'être envahis par les autres.


Un temps, les deux pays, qui continuent de soumettre les quatre autres à l'obtention du visa d'entrée à leurs territoires respectifs, avaient conditionné la mise en circulation d'un passeport communautaire CEMAC pourtant prévue par le Traité de N' Djamena ayant institué en 1994 l'organisation régionale, par l'introduction d'éléments biométriques.


Le principe du consensus en vigueur au sein du club des dirigeants politiques aidant, la prise en compte de cette exigence, dont la concrétisation devait par ailleurs associer des recommandations de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), avait fixé le délai du 1er janvier 2010 pour l'avènement de ce titre de transport.


Les patronats d'Afrique centrale s'accordent à dire avec les observateurs que le blocage observé est révélateur des tares structurelles de la région. Olivier Behle observe aussi bien, tout en estimant la situation incongrue, l'absence d'une décision politique pour fusionner les bourses de valeurs mobilières mises en place à Douala au Cameroun et à Libreville au Gabon.

Selon lui, "cette localisation des deux bourses pose des problèmes stratégiques aux différents Etats (..) Nous dépensons deux fois les budgets en termes de financement sur deux sites différents qui sont distants de 300 km, avec un marché qui est le même. Toutes ces contradictions-là seront résolues au fur et à mesure que les organisations patronales vont augmenter en poids par rapport à leurs vis-à-vis publics".


Composée des patronats tchadien, centrafricain, congolais, gabonais et camerounais, hormis le patronat équato-guinéen considéré comme ne répondant aux critères d'une organisation patronale indépendante vis-à-vis des pouvoirs publics, l'UNIPACE n' y va pas non plus avec le dos de la cuillère pour s'interroger sur la pertinence du projet de création d'une compagnie aérienne régionale, Air CEMAC, qui tarde aussi d'ailleurs à décoller.


"Ce dossier n'est pas bouclé. On n'est pas encore près d'avoir cette compagnie qui démarre demain, d'autant plus que chacun des pays continue de faire des efforts pour développer sa propre stratégie de transport aérien. Est-ce que nous Africains du Centre, nous avons les moyens de développer à la fois nos compagnies nationales et d'investir financièrement dans une compagnie sous- régionale ? Voici les contradictions que nous devons résoudre et nous ne les avons pas encore résolues", assène une fois de plus Behle.


Suite à une décision des chefs d'Etat en 2008, Air CEMAC, dont le siège a été fixé à Brazzaville au Congo, devait elle aussi démarrer ses activités début 2010. Les négociations avec le transporteur sud-africain South Africa Airways (SAA) comme partenaire stratégique après le désistement du marocain Royal Air Maroc (RAM) puis du belge Sn Brussels, se disaient même en bonne voie pour la répartition du capital.


Par Raphaël MVOGO


© Copyright Xinhuanet 

 

 

 

NDLR : En RCA, Bozizé avait confié la gestion des services de délivrance à son fils fils Socrate avant de la lui retirer pour confier cela actuellement à son conseiller juridique Jacques MBOSSO. Ce sont également à des amis hommes d'affaires étrangers arabes qu'il a confié les services techniques de délivrance du fameux passeport. Le vrai problème qui se pose est que si les consulats et ambassades de Centrafrique à l'étranger ne sont pas autorisés à délivrer ce passeport biométriques les Centrafricains de la diaspora qui ne peuvent se rendre au pays pour les relevés biométriques, seront privés de ce passeport. 

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Centrafrique-Presse.com - dans Annonces et divers
14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 00:41

 

 

 

logo MSF

 

 

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LEMONDE.FR avec AFP | 13.12.11 | 19h07

 

Quatre enquêtes réalisées en Centrafrique par Médecins sans frontières (MSF) révèlent des taux de mortalité "trois fois plus élevés que le seuil d'urgence qui définit une crise humanitaire", annonce, mardi 13 décembre, un communiqué de l'ONG. Le texte, rédigé après une série d'enquêtes réalisées "au cours des dix-huit derniers mois", dénonce une "crise silencieuse" dans un pays qui "détient la deuxième espérance de vie la plus faible du monde, soit 48 ans" et où "l'aide médicale actuelle ne suffit pas à répondre à l'ampleur des besoins sanitaires des populations".

 

Ces taux de mortalité, selon MSF, "reflètent une situation hors de contrôle, et ce alors que les taux les plus élevés ont été observés dans des zones épargnées par le conflit ou les déplacements de populations". Ils sont "dans plusieurs régions de la RCA [République centrafricaine] la conséquence d'épidémies saisonnières, d'une économie en panne, ainsi que des conflits, déplacements de populations et d'un système de santé très faible" ajoute le document.

 

La Centrafrique, pays de 4 millions d'habitants environ, est traversée depuis de nombreuses années par des crises politico-militaires, avec au moins quatorze groupes armés sévissant sur son territoire, selon un récent rapport d'Amnesty international. Selon MSF, cette situation engendre "un état sanitaire catastrophique et un accès aux soins de base extrêmement limité pour la grande majorité de la population [qui] expliquent en grande partie des taux de mortalité aussi élevés".

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Centrafrique-Presse.com - dans Nation
14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 00:35

 

 

 

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KINSHASA AFP / 13 décembre 2011 22h10 - La Mission d'observation de l'Union européenne pour la présidentielle en RD Congo a déploré mardi le manque de transparence et les irrégularités, de la collecte à la publication des résultats donnant la victoire à Joseph Kabila et rejetés par l'opposition.


L'absence d'observateurs lors de la consolidation des résultats au Centre national de traitement de la Commission électorale à Kinshasa ne peut qu'affecter la confiance dans les résultats annoncés et leur crédibilité, note la Mission d'observation électorale de l'UE (MOE-UE), ajoutant que la publication des résultats provisoires reste caractérisée par un manque de transparence.

Les résultats par bureau de vote (BV) publiés par la Céni, ne comprennent pas les procès-verbaux de chaque BV établis à la fin du dépouillement. Ces résultats ne reprennent que la saisie informatisée des PV, réalisés au sein des Centres locaux de compilation (CLCR dans 169 circonscriptions), parfois sans témoins, explique dans un communiqué la MOE-UE, qui a déployé 147 observateurs.


Selon la Céni, Joseph Kabila a obtenu 48,95% des suffrages contre 32,33% à à l'opposant Etienne Tshisekedi, qui a rejeté en bloc ce résultat et s'est autoproclamé président élu de la RDC. D'autres candidats ont demandé l'annulation du scrutin.


L'annonce de ces résultats vendredi avait déclenché des violences à Kinshasa qui ont fait moins quatre morts.

Plusieurs résultats de BV rendus publics le soir du dépouillement (...), notamment à Lubumbashi, ne correspondent pas avec ceux publiés par la Céni, ajoute le MOE-UE.


Selon la mission, les résultats de 4.875 bureaux de vote, dont 2.020 à Kinshasa, n'ont pas été comptabilisés, soit 7,63% des 64.000 bureaux répartis sur le territoire. Ces bureaux non comptés représentent 1,6 million d'électeurs.


L'affichage des résultats au niveau des territoires a connu plusieurs entorses qui obligent à poser la question de la crédibilité des résultats de plusieurs CLCR, relève la MOE-UE.


Les procédures de compilation des résultats, selon la même source, ont été jugées peu transparentes au Katanga, dans le Sud-Kivu, à Kinshasa et dans la Province orientale, où des observateurs et témoins de partis politiques ont été empêchés d'observer l'ensemble des étapes de la compilation.


En contradiction avec la loi électorale, le bureau de la Céni a demandé à plusieurs CLCR de ne pas afficher immédiatement les résultats de la compilation mais de les envoyer d'abord au siège de la Céni afin de réaliser un contrôle de cohérence, souligne la mission de l'UE, qui cite notamment les cas de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani ou Goma.


La MOE-UE constate aussi que 3,2 millions d'électeurs ont voté sur des listes de dérogations ou d'omis (car leur nom manquait sur les listes des bureaux), soit plus de 17% du total des votants, alors que ce taux était de 8% environ en 2006 lors du précédent scrutin présidentiel.

Il est de la responsabilité des acteurs politiques et des institutions congolaises de mener leur propre examen des résultats des élections et d'identifier les solutions à la situation actuelle, a déclaré le chef de la MOE-UE, la députée bulgare Mariya Nedelcheva, citée dans le communiqué.

Samedi, la mission d'observation du Centre Carter a jugé que le processus électoral manquait de crédibilité en relevant des irrégularités graves. L'archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, a de son côté déclaré lundi que les résultats de la présidentielle n'étaient pas conformes à la vérité ni à la justice.


Le président de la Céni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a qualifié la déclaration du Centre Carter de nulle et sans effet.

La Cour suprême doit proclamer samedi les résultats officiels de la présidentielle du 28 novembre.


(©)

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Centrafrique-Presse.com - dans AFRIQUE
14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 00:21

 

 

 

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13 Décembre 2011 - 11:38


Le président centrafricain François Bozizé, prendra part du 15 au 18 décembre au sommet des chefs d'Etat des pays de la région des grands lacs à Kampala sur les questions de sécurité et les violences faites aux femmes, a appris mardi l'AFP de source de la presse présidentielle.

 

Selon Lord-Esaïe N'ganamokoï, directeur de la presse présidentielle, le président de la République (...) s'est dit disposé à participer au prochain sommet des chefs d'Etat de la région des grands lacs" après avoir reçu lundi au palais présidentiel James Kinobé ambassadeur de la République d'Ouganda en République Centrafricaine.

 

Le sommet comprends douze pays membres: l'Angola, le Burundi, le Congo, le Kenya, l'Ouganda, la République centrafricaine, le Rwanda, le Soudan, la République démocratique du Congo, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie.


La région souffre de nombreux problèmes de sécurité liés notamment à la présence de rébellions telles que l'Armée de résistance du seigneur (LRA), considérée comme l'une des plus brutales au monde.


La Centrafrique a autorisé en 2009 le déploiement sur son sol, d'éléments de l'armée ougandaise pour poursuivre les rebelles de la LRA et son chef Joseph Koni.


La LRA a constitué le principal dossier de la 33è session ministérielle du Comité des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale (Unoca) tenue dans la capitale centrafricaine du 5 au 9 décembre.

"Elle a déjà occasionné plus de 3400 morts et 440.000 personnes déplacées, dont plus de 21.000 centrafricains et, pour les six derniers mois, 49.000 congolais", selon l'Unoca.


© AFP


 

NDLR : Cela ne sera qu’une réunion de plus. Qu’est-ce que la participation de Bozizé à ces multiples et innombrables réunions au sommet a changé dans la vie des Centrafricains ? Rien !Ce ne sont pas les ronronnements et les incantations qui feront mettre la main sur Joseph Kony et Baba Laddé.

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Centrafrique-Presse.com - dans Relations Internationales
13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 17:25

 

 

assemblee nationale

 

Radio Ndéké Luka Mardi, 13 Décembre 2011 13:32

 

Le budget de l’exercice 2012 de l’Etat centrafricain a été présenté à l’Assemblée nationale à Bangui. Un budget qui a connu une hausse de plus de 6%, par rapport à celui de l’année dernière. Il se chiffre 124,39 milliards de FCFA, soit environ 193 million d’euros.


« Les ressources propres de l’état centrafricain passeraient de 116,46 Milliards en 2011, à 124,39 Milliards de FCFA en 2012 » a expliqué le Ministre d’Etat aux Finances Sylvain Ndoutingaï aux Elus de la Nation centrafricaine, lors de la présentation du projet de loi des finances pour le compte de l’exercice 2012 à l’Assemblée Nationale à Bangui.

 

Un exercice qui s’annonce comme un combat  gagné à l’avance pour le ministre des finances centrafricain, vu que le parlement  est constitué à une majorité écrasante des députés de son parti, le KNK.

 

Selon Sylvain Ndoutingaï, l’élaboration de ce projet de loi de finances s’est déroulée dans un contexte particulièrement difficile. « Ce contexte est caractérisé par le retrait des appuis budgétaires par les partenaires techniques et financiers de la République centrafricaine », a-t-il ajouté.

 

Le ministre des finances, consterné de la situation, a affirmé « qu’elle n’est pas confortable pour un Etat fragile comme la République centrafricaine ». Les ressources du pays sont estimées à 190,71 milliards de FCFA dans la loi de finances de 2012.

 

Les grandes difficultés de la République centrafricaine selon son ministre des finances, « réside dans le fait que nous ne produisons rien et nous exportons rien, malgré les énormes potentialités que dispose le pays ».

 

Ce projet de loi des finances va faire l’objet à partir du 13 décembre, des travaux de commission par les députés.  Lesdits travaux prendront fin le 28 du mois en cours par un débat général suivi de l’adoption du projet en question.

 

 

 

NDLR : « Ce contexte est caractérisé par le retrait des appuis budgétaires par les partenaires techniques et financiers de la République centrafricaine ». Le système est arrivé au bout du rouleau. Lorsqu’on se croit plus malin que les autres en prétendant gagner des élections grâce à des fraudes massives et que l’on prend les bailleurs de fonds de ces mêmes élections pour des imbéciles, il ne peut en aller autrement par la suite. Ceux-ci n’ont pas d’autre choix que de fermer les robinets financiers.

 

Dans le contexte de crise financière internationale en cours, les partenaires au développement ont des comptes à rendre et ne peuvent indéfiniment financer la mauvaise gouvernance  chronique des autorités centrafricaines qui passent le plus clair de leur temps à faire de la prédation et à jeter l’argent du pays par la fenêtre. Plus loin, on note encore un terrible aveu d'échec de ce régime : " Nous ne produisons rien et nous n'exportons rien malgré les énormes potentialités que dispose le pays". Qu'est ce qui les en a empêchés ? 

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