Bureau Politique
Secrétariat
Général
N°_ 008_MLPC/BP/SG/012
DECLARATION
du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain
(MLPC)
À l’occasion du 33ème Anniversaire de sa
création
Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), Parti social-démocrate et d’avant-garde, engagé
aux côtés des populations centrafricaines, célèbre ce jour 22 Février 2012 le 33èmeanniversaire de sa
création, en dépit de toutes les tentatives de liquidation, d’affaiblissement et de division, ourdies contre lui par toutes celles et tous ceux qu’il a naguère sortis de l’ombre et hissés à
divers niveaux de la superstructure de l’Etat, et qui à l’époque, l’ont servi sans hésitations ni murmures.
Fort heureusement, le MLPC est un roseau qui plie mais ne rompt pas.
Aujourd’hui, après trente trois (33)
ans de lutte sans relâche contre l’autocratie et pour la défense des valeurs démocratiques et républicaines, et neuf (09) ans après la prise de pouvoir suite à une rébellion armée par le
Général Bozizé « pour mettre un terme à la souffrance du peuple centrafricain » disait-t-il à l’époque, le MLPC, comme l’écrasante majorité
de centrafricains, est contraint par les faits d’établir aujourd’hui l’amer constat d’un véritable désastre aussi bien sur les plans politique, économique, social, financier et sécuritaire, que
dans les domaines de la gouvernance et des droits de l’Homme.
Parti
politique responsable, le MLPC assortit les constats effectués sur le véritable désastre et le naufrage insidieux de notre pays, de propositions
concrètes sur l’ensemble des questions brûlantes de l’heure.
1- De la situation politique
Après les élections présidentielle et
législatives du 23 Janvier 2011 dont le caractère frauduleux a été unanimement constaté, décrié et dénoncé aussi bien par les centrafricains que par la communauté internationale, et dont l’Opposition Démocratique, réunie au sein du FARE 2011 continue d’en demander l’annulation
et la reprise, le Président de la République, le Gouvernement et le Parti KNK ont totalement monopolisé les institutions de la République, violé le principe de la séparation des pouvoirs et
verrouillé toute l’Administration et le secteur parapublic au seul profit du clan, de l’ethnie et du parti du Président de la République, dont les ressortissants et membres sont presque seuls nommés aux postes de responsabilité.
L’Opposition Démocratique nationale
est ainsi exclue de toutes les sphères de la vie nationale et l’Ordonnance n° 005.007 du 02 juin 2005, qui régit les Partis politiques et le statut de l’Opposition est foulée aux pieds, rendant
tout dialogue impossible. Le dernier exemple en date est la volonté manifeste du pouvoir d’imposer la vision du Gouvernement sur le projet de révision du nouveau Code Electoral en cours de
discussion.
La situation politique est si
bloquée que tout observateur avisé de la vie politique nationale se demande si le peuple centrafricain
a encore des droits, et si ce pays en finira avec ses crises interminables.
L’interdiction de l’accès des
partis politiques de l’Opposition Démocratique aux médias d’Etat, ainsi que la promotion quotidienne de la haine et de la médiocrité par l’émission « Yé so é lingbi ti hinga » diffusée
sur Radio-Centrafrique en sango, avec la caution et le soutien avérés du Président de la République lui-même, sont autant d’éléments qui participent
d’une vision manichéenne, gratuitement et inutilement belliqueuse de la vie en commun dans une
République.
Face à ces divers
facteurs de crises instrumentalisés du seul du fait de la boulimie du pouvoir, le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) est
convaincu que les centrafricains qui, dans leur immense majorité, aspirent à une vie paisible dans un climat apaisé, ne verront leur vœux exaucés qu’à la seule condition que le pouvoir croie
réellement aux vertus du dialogue comme solution de sortie de crise. C’est pourquoi le MLPC interpelle le pouvoir en place et lui demande
solennellement :
- De procéder véritablement à la moralisation de la vie politique nationale par le
respect strict, d’abord par les dépositaires du pouvoir, des traités internationaux engageant notre pays, des lois et des règlements régissant et réglementant le fonctionnement de l’Etat, ainsi
que de la séparation des pouvoirs, de l’indépendance de la justice, et des libertés individuelles et collectives ;
- De mettre en place effectivement le Comité de Concertation et de Dialogue, regroupant toutes les entités politiques et la société
civile, en respect des recommandations du Dialogue Politique Inclusif ;
- D’instaurer un dialogue permanent avec toutes les forces politiques et sociales
afin de trouver ensemble des solutions idoines aux multiples crises qui continuent de secouer la R.C.A.
2- Des Finances Publiques
La crise financière aigüe et
sans précédent qui frappe de plein fouet notre pays, obligeant les plus hauts dirigeants de l’Etat à
clamer à tout bout de champ que les caisses de l’Etat sont vides, est la conséquence la plus évidente de la mauvaise gouvernance de notre pays. Cette
mauvaise gouvernance est notamment caractérisée par une gestion non orthodoxe des finances publiques, des dépenses hors-budget aux montants astronomiques et pour des motifs fantaisistes et
fallacieux, des détournements de deniers publics impunis, la prévarication, la concussion, la corruption, et des dépenses de prestige hors budget, sans rapport avec les besoins et les moyens de
l’Etat. Les premières victimes de cette mauvaise gestion sont évidemment les populations centrafricaines déjà soumises par ailleurs à une misère noire jamais égalée dans le passé.
Le MLPC est convaincu que cette
situation est réversible, à condition que ceux qui nous gouvernent appliquent les actions suivantes que nous leur proposons :
- L’audit des chaines de recettes et des dépenses dans toutes les régies financières et
l’application immédiate et sans complaisance des recommandations salvatrices issues des missions de la
Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International (F.M.I) et d’autres institutions de financement du développement, ainsi que les conclusions des audits de l’Inspection Générale d’Etat, de
l’Inspection générale des Finances et de la Cour des Comptes ;
- Le respect scrupuleux, sous peine de sanctions effectives, des règles et procédures de fonctionnement des régies financières et des structures de l’Etat chargées de la collecte et de la
gestion des fonds publics ;
- La désignation des différents responsables des régies financières et des différents corps de contrôle de l’Etat sur la base de la compétence, de l’expérience et de l’intégrité , au lieu de la politique népotiste, clientéliste
et clanique actuelle qui tue toute motivation ;
- Le rétablissement de la justice fiscale et l’égalité des citoyens devant le fisc, en vue
d’élargir l’assiette fiscale, notamment par le biais d’un recensement fiscal général qui permettra de systématiser la fiscalité sur le revenu et le
patrimoine ;
- Le renforcement de la gouvernance en matière de finances publiques (capacités humaines,
matérielles et infrastructurelles) en élargissant les missions de la Cour des Comptes (CC), de l’Inspection Générale d’Etat (I.G.E) et de l’Inspection Générale des Finances (I.G.F) et la mise en
place d’un Observatoire National de la Bonne gouvernance ;L’audit systématique des secteurs financier, minier, pétrolier, forestier, des télécommunications ainsi que toutes les sociétés à
participation financière publique.
3 – De la mal
gouvernance
Au sortir du Dialogue Politique
Inclusif (DPI) qui a fait une analyse sans complaisance de la gestion des fonds publics, le gouvernement a pris l’engagement d’observer la transparence et la bonne gouvernance conformément à
l’une des recommandations fortes desdites assises.
Force est de constater aujourd’hui que les hauts dignitaires du régime siphonnent allègrement les maigres ressources de
l’Etat par des méthodes peu orthodoxes.
Profitant de leurs positions
dominantes, ces hauts dignitaires propriétaires et parfois même gérants des sociétés
« fournisseurs » de l’Etat, recourent à des pratiques mafieuses pour rafler la quasi-totalité des marchés publics, sans en avoir rempli les conditions légales, pour surfacturer leurs travaux de prestation
de services et enfin pour recouvrer prioritairement leurs créances sur l’Etat.
Il faut ajouter à cela, les
gros scandales politico-financiers impliquant les personnalités politiques de haut rang qui ont défrayé les chroniques et qui sont demeurés sans suite. Mieux leurs auteurs continuent d’exercer
leurs fonctions comme si de rien n’était.
Il importe aussi de rappeler
que le Président de la République, le gouvernement et le Parti KNK ont favorisé la promotion de l’incompétence par la nomination de certains cadres qui ne sont pas à la hauteur des fonctions qui
leur sont confiées.
Tout ceci participe de la mal
gouvernance et le MLPC estime que la bonne gouvernance est possible si la lutte contre la corruption, le clientélisme et l’impunité sortent du champ
des slogans creux (la récréation est terminée) et deviennent réalité. C’est pourquoi nous demandons avec insistance au gouvernement
- De situer le peuple centrafricain sur les suites judicaires des audits déjà effectués par
le gouvernement, et dont un précédent communiqué du parquet annonçait les développements futurs depuis plusieurs mois déjà ;
- De publier les audits de la Commission Electorale Indépendante, et des autres secteurs-clés
de l’économie déjà réalisés, et de saisir le parquet pour la poursuite des responsables qui se seraient rendus coupables de malversations financières constatées ;
- La création d’un Observatoire de la Bonne Gouvernance avec des hommes et des femmes
intègres.
4 De la Situation Economique
Classée au
179ème rang des Etats du monde sur 187 selon le rapport 2011 du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) sur le Développement Humain, la R.C.A connait une crise économique sans précédent, en dépit de la richesse de son sous-sol, de ses ressources naturelles et de son potentiel
humain considérable. Le pays souffre de l’incapacité du gouvernement à proposer des politiques économiques correspondant à une lisibilité des objectifs d’un développement clairement défini. Le
pilotage à vue est devenu un mode de gestion de l’économie nationale.
A contrario, la corruption,
l’intéressement par des bonus versés directement aux dignitaires du régime-devenus tous et de fait des commerçants - pour l’obtention de divers permis et licences, les conflits d’intérêt, le
racket des investisseurs, des sociétés et commerçants de la place ainsi qu’un harcèlement fiscal sélectif ont fini de délabrer ce qui reste du tissu économique.
Même l’atteinte du point d’achèvement du
programme des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) qui, partout ailleurs, a constitué un ballon d’oxygène inestimable pour l’économie de leurs bénéficiaires et le point de départ d’un équilibre
durable des finances publiques, s’est révélée un fiasco pour la République Centrafricaine. Cet échec est totalement dû au constat effectué par la
mission du FMI de juillet 2011, selon lequel d’importantes dérives budgétaires et fiscales avaient abouti à l’accumulation d’arriérés de paiements intérieurs et extérieurs.
Nous en sommes aujourd’hui à attendre,
comme le messie, la venue d’une mission du FMI pour espérer avoir son feu vert afin d’entamer des
discussions pouvant déboucher sur un dispositif relevant de la Facilité Elargie de Crédit.
Devant ces errements de la gestion
budgétaire et les pratiques douteuses en matière de gestion macroéconomique, il n’est pas surprenant que notre pays occupe, là aussi, une des
dernières places dans le classement de Doing Business de la Banque Mondiale
Le MLPC sait et affirme qu’il est possible de relever les défis économiques de manière efficace. Pour ce faire, il convient de faire porter les efforts de l’Etat sur des
axes précis:
- la relance d’une croissance économique inductive d’un développement humain véritable
par la réhabilitation effective et rationnelle de l’agriculture et de l’élevage (filières café, coton, vivriers, gros bétail, etc.), et la réhabilitation des infrastructures de
base ;
- La levée des barrières illégales sur toute l’étendue du pays et des pratiques
« économicides » comme le racket des usagers, des opérateurs économiques et des simples citoyens sur ces barrières;
- La restructuration des secteurs de l’énergie et de l’eau pour rendre disponibles et
accessibles au plus grand nombre et à prix compétitifs les facteurs de production que sont l’eau, l’énergie, etc.
- La fin de l’opacité dans les procédures d’attribution des permis miniers et
forestiers ;
- La sécurisation de l’arrière-pays ;
- La poursuite effective des Objectifs du Millénaire pour le Développement et la mobilisation
des moyens de financement des stratégies de réduction de la pauvreté adaptées aux préoccupations majeures et ciblées des populations centrafricaines ;
- la promotion de l’initiative privée.
Le Mouvement de Libération du Peuple
Centrafricain (MLPC) demeure convaincu qu’en opérant ces réformes hardies en matière économique, la RCA peut sortir de la situation où elle se trouve, du fait d’un manque de vision claire sur son
avenir et de lisibilité de son développement.
5 De la Situation Sociale
Dans son ensemble, la
situation sociale est caractérisée par une crise aggravée et par une extrême précarité de près de la moitié de la population centrafricaine (1,9 million personnes), selon les organisations
humanitaires intervenant dans le secteur et dont les appels pour la mobilisation de 17 milliards de FCFA pour une aide d’urgence pour les douze
prochains mois, sont restés sans suite à ce jour.
La persistance des besoins et donc de
la crise donne une nette indication sur la volonté des dirigeants à en venir à bout. C’est ce qui explique, pour une très large part, que la crise centrafricaine est considérée comme une « urgence oubliée ».
Aujourd’hui, tous les indicateurs de
la vie sociale sont au rouge. Le chômage, la délinquance, la consommation d’alcools frelatés et des stupéfiants, la prostitution, les braquages, la mendicité, le vol, l’infanticide etc. ont
atteint leurs paroxysmes.
Le pouvoir d’achat des ménages déjà très
bas, contrebalancé par les effets pervers de la hausse des prix des hydrocarbures, ne permet plus aux parents d’assurer à leur famille ne serait-ce qu’un repas par jour et de faire face à leurs
charges de responsables de foyer.
La mise en œuvre de mesures mal pensées en
matière de mines, d’élevage et d’agriculture a occasionné la rareté des denrées alimentaires de base (viande de bœuf et manioc notamment) et engendré la flambée de leurs prix ainsi que de
certains produits de consommation courante d’une part, la famine et la malnutrition des couches vulnérables d’autre part.
Et comme si cela ne suffisait pas, le
décret n° 12.008 du 7 Janvier 2012, portant dissolution des Conseils d’Administration des Entreprises et Offices Publics, est venu porter un coup fatal aux ressources de ces structures sur
lesquelles le pouvoir a fait main basse comme il l’avait fait naguère avec la Douane. La conséquence de cet acte est dramatique pour les pensionnaires de la Caisse Nationale de la Sécurité
Sociale (CNSS), les employés de ces structures qui attendent toujours le versement de leurs salaires et les usagers qui, fortement contrariés par les services de ces entreprises et offices, ne
savent plus à quel saint se vouer tout en s’interrogeant sur la pertinence de cette dissolution.
Sur le plan sanitaire, les difficultés
d’accès aux soins, l’indisponibilité des médicaments, et le racket des malades et de leurs parents apparait comme une situation sans solution.
L’espérance de vie se réduit
dangereusement tous les six mois pour se situer à 46 ans, pendant que le taux de mortalité de la population en général, et celui des enfants de 0 à 5 ans en particulier a dangereusement
augmenté.
Cette situation place notre pays dans une
position d’éternel assisté et donc de dépendance totale vis-à-vis de l’extérieur.
La situation de l’Education nationale
à l’abandon mais caporalisée par le clan pour la satisfaction des besoins familiaux est quasi insurrectionnelle. Les dernières manifestations dans les établissements de Gbaloko, du lycée
d’Application de l’ENS et de Bimbo en disent long sur la profondeur de la crise qui traverse ce secteur.
Le MLPC estime qu’il est possible de
trouver des solutions idoines à cette crise sociale afin de relever le niveau de vie des populations centrafricaines et leur garantir un avenir meilleur. Pour ce faire, il
faut :
- rapporter la série des décrets dissolvant les conseils d’administration des entreprises et
offices publics ;
- engager des réformes hardies en matière économique à l’effet d’engranger des ressources
financières nécessaires pour le bien-être social des populations ;
- négocier un contrat social avec tous les partenaires sociaux impliqués dans le processus de
normalisation de la vie sociale.
6 – De la
Sécurité
La question sécuritaire en RCA
sous le régime du Général Bozizé a atteint un niveau de préoccupation jamais atteint sous les régimes précédents.
Pourtant à la tête de l’Armée
centrafricaine depuis plusieurs années avant de devenir Président, le Général Bozizé a, plus que tous, montré les limites de ses capacités à restructurer l’armée et à la rendre opérationnelle. C’est donc que les maux qui gangrènent aujourd’hui notre armée, à savoir le tribalisme, le clanisme, la politique, l’affairisme,
la corruption et la distribution complaisante des galons sont de sa responsabilité sinon de son fait.
La déliquescence de l’Etat ainsi que
l’absence de son autorité, à l’exception de la capitale Bangui, a engendré un climat généralisé d’insécurité sur les trois-quarts des régions du pays.
Les forces de défense et de sécurité,
principaux garants de la sécurité des personnes et des biens et de l’intégrité du territoire, manquent cruellement de ressources humaines et matérielles et sont ainsi placées dans
l’incapacité d’assumer la plénitude de leurs missions.
C’est ainsi que le Général Bozizé, présenté
pourtant comme « l’homme de la situation » a fait désormais des militaires centrafricains, des supplétifs des armées étrangères, humiliant nos valeureux soldats, sous-officiers,
officiers et officiers supérieurs, tout en exposant le Centrafrique aux risques de sa partition et de son invasion, non seulement par les groupes rebelles mais également par de vulgaires bandits
de grand chemin.
C’est donc par procuration aux
armées américaine, ougandaise, soudanaise et tchadienne qu’il espère venir à bout des problèmes sécuritaires qu’il a inaugurés en Centrafrique et qu’il entretient depuis son coup de force du 15
mars 2003.
La conséquence de ce choix est l’abandon
par le gouvernement des populations des régions sous occupation des forces rebelles avec les conséquences que sont les vols, les viols, les pillages et les tueries.
La dernière opération militaire conjointe
(RCA/TCHAD) contre les bases du FPR de Baba Laddé et de ses éléments dans les localités de Ouandago et Gondava (Kaga Bandoro) s’est plutôt soldée par le massacre de plusieurs paisibles citoyens
de ces contrées. On peut affirmer, sans risque de se tromper, que cette opération conjointe a été contre productive parce qu’ayant essaimé les éléments du FPR sur une large zone partant du centre
vers l’Ouest, l’Est, le Nord et le Sud, y compris aux portes mêmes de Bangui. Un mois jour pour jour après le déclenchement de cette opération, aucun bilan officiel n’est communiqué….et Baba
Laddé et ses hommes courent toujours, semant la désolation sur leur passage ! A ce propos, le témoignage du Sous Préfet de Ndjoukou, victime lui aussi de ces hommes, est
éloquent.
La situation sécuritaire est devenue si
préoccupante que la Communauté Internationale est obligée de s’y impliquer en mobilisant des ressources pour le DDR, mais celles-ci seront encore et
malheureusement, pour partie détournées et pour partie gérées de façon fantaisiste comme la subvention de 8 milliards de francs CFA de la CEMAC, hypothéquant le succès de ce programme salutaire
pour les populations civiles.
Le MLPC pense qu’il est possible de régler
durablement la crise sécuritaire qui n’a que trop duré et propose :
- la réhabilitation et l’implantation de nouvelles casernes militaires dans toutes les
Préfectures en proie aux rebellions nationales et étrangères opérant en Centrafrique ;
- le recrutement dans l’armée, des jeunes centrafricains et centrafricaines volontaires sur
une base d’équité, d’aptitude et de mérite ;
- la formation rapide et la promotion des sous-officiers, officiers et officiers supérieures
sans distinction d’ethnie, de région ou d’appartenance politique ; ce qui éviterait la frustration, la démoralisation, la désertion et le désengagement pour la cause
nationale ;
- la remobilisation de certains militaires valides, expérimentés et mis à la retraite pour
des raisons inavouées et inavouables;
- le rétablissement du service militaire obligatoire aux fins d’inculquer la conscience
patriotique et de disposer en permanence des réservistes ;
- les audits du DDR, de la Réforme du Système de Sécurité (RSS) et du Fonds de Consolidation
de la Paix.
7 – Des droits de
l’Homme
La situation des droits de l’homme
s’est considérablement dégradée. En effet, des actes de violence crapuleux perpétrés sur les civils, des arrestations arbitraires, des exécutions extra judiciaires, des viols, des harcèlements et
l’extorsion de fonds infligée aux populations aux postes de contrôle, sont autant d’actes qui restent souvent impunis et qui placent les populations centrafricaines dans un état d’esclavage
avancé.
La liberté d’aller et de venir du
citoyen est confisquée par les princes qui gouvernent la RCA. La presse est menacée de musèlement et les journalistes font l’objet d’incessants procès, au mépris de l’Ordonnance n°05.002 du 22
février 2005, relative à la liberté de la communication en RCA.
Au jour d’aujourd’hui, la plupart des
directeurs de publication des journaux de la place font aussi l’objet de menaces d’emprisonnement ou de mort. L’exemple le plus pathétique et récent est l’emprisonnement de Ferdinand SAMBA,
Directeur de publication du journal « Le Démocrate » et qui est décrié par la communauté nationale et internationale.
De même, les leaders des partis politiques de
l’Opposition démocratique sont placés sous haute surveillance et le gouvernement interdit systématiquement les meetings, les rentrées politiques, les marches pacifiques et toute manifestation à
caractère politique garantis pourtant par l’Ordonnance n°005.007 du 02 juin 2005.
A cela s’ajoutent les désormais
rituels monologues injurieux, calomnieux et indécents du ministre porte- parole du gouvernement qui, refusant
courageusement le débat contradictoire, se lance dans une logorrhée verbale digne des Commissaires à l’Information du temps des partis uniques de sinistre mémoire.
Face à cette dérive totalitaire qui
rappelle aux centrafricains une autre époque, qu’ils croyaient à jamais révolue, le MLPC exige, dans le cadre de l’Etat dit de
droit :
- le respect scrupuleux de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et des
instruments juridiques internationaux similaires ratifiés par la RCA ;
- le respect scrupuleux des lois et règlements de la République qui confèrent des droits et
devoirs aux citoyens ;
- la répression des éléments incontrôlés des forces de défense et de sécurité qui se livrent
à des actes portant atteinte à l’intégrité physique et morale des populations civiles ;
- le renforcement des capacités de représentation et de législation en matière des droits de
l’homme pour une société plus juste, humaine et valorisée.
8 – De la situation
humanitaire
La situation humanitaire est marquée par de
vagues de déplacements de civils fuyant les violences dans plusieurs régions de la RCA. En septembre 2011, les affrontements entre l’UFDR et la CPJP dans les préfectures de la Vakaga et de la
Haute Kotto ont déplacé 15 000 personnes.
Début Août 2011, des heurts entre villageois et éleveurs dans la préfecture de l’Ouham, ont fait fuir 2 500 personnes.
D’après les résultats d’une enquête menée par le
système des Nations Unies, la RCA compte aujourd’hui plus de 200 000 personnes déplacées.
Le gouvernement fait preuve d’une incapacité
notoire dans la prise en charge de ces compatriotes en difficulté.
Le MLPC pense qu’il est possible d’améliorer la
situation humanitaire et d’enrayer les déplacements massifs des populations et propose :
- la mise en place d’un fonds d’assistance et de solidarité pour l’aide aux
déplacés ;
- le règlement durable des conflits internes et le déguerpissement du territoire national des
groupes armés étrangers ;
- l’application effective et sans détours des programmes DDR en vue de la pacification des
régions en proie aux rébellions ;
- l’adoption d’un Pacte National pour la Paix et la Sécurité en
RCA.
Conclusion
Fort de ces constats amers suivis des
propositions de solutions, le MLPC qui est un Parti responsable et une force de propositions, demeure convaincu qu’avec la volonté politique, les réformes hardies et le sens élevé de l’intérêt
supérieur de la nation, la RCA peut retrouver le chemin de la croissance économique, de la paix sociale, du développement et de la prospérité.
Le Bureau Politique du MLPC profite
de cette occasion pour souhaiter un joyeux anniversaire à tous les militantes et militants. Il les exhorte à plus de courage, et de détermination pour la défense des idéaux du
Parti.
Il invite les centrafricaines et les
centrafricains, au pays et à l’étranger, à adhérer massivement au MLPC afin de renforcer et de rendre irréversible la lutte pour l’alternance et la libération véritable du peuple
centrafricain.
Le Bureau Politique du Mouvement de Libération du
Peuple Centrafricain (MLPC) exprime également sa solidarité avec toutes les populations centrafricaines et les exhorte à poursuivre la lutte pour l’avènement d’un Centrafrique que nous voulons
tous uni, paisible et prospère.
Fait à Bangui, le 21 Février 2012
Le Président
Martin ZIGUELE