RCA : Sylvain Ndoutingaï, ministre
d’Etat aux Finances et au budget : Relancer l’économie nationale
Courrier
d'Afrique mardi 28 février 2012
Attirer les capitaux étrangers pour la relance de l’économie, tel est le credo de
Sylvain Ndoutingaï, ministre d’Etat centrafricain aux Finances et au Budget. Dans une interview exclusive, il parle de ses priorités et
stratégies de reconquête de la « dignité
financière perdue ».
Courrier d’Afrique : Depuis le sursaut patriotique de 2003, vous avez battu le record de longévité aux fonctions ministérielles, en passant d’un département à un
autre dans les différents gouvernements du président Bozizé. Hier, c’était les Mines, aujourd’hui, vous voici aux Finances et au Budget. Monsieur le Ministre d’Etat, quel est votre secret
?
Sylvain Ndoutingaï : Rires… Je
vous remercie. S’il y a un secret, je vous dirai simplement que je suis d’abord très attaché à l’église. Je ne fais rien sans mettre Dieu à l’avant-garde.
C’est ce qui galvanise mes actions. Ensuite, je sais aussi fédérer les compétences de mes frères et sœurs de façon à créer une dynamique de réflexion d’un haut
niveau autour des questions de développement. Enfin, c’est une question de loyauté envers les chefs que sont le président de la République et les différents chefs de gouvernement. Voilà en
résumé, mon secret.
Que retenez-vous de votre passage au ministère des Mines, de l’Energie et de
l’Hydraulique ?
Beaucoup de choses dans le cadre des réformes institutionnelles, juridiques et de
l’assainissement du secteur, jadis considérés comme le patrimoine d’un groupuscule d’individus, au détriment du peuple. Vous avez certainement entendu parler de ces réformes qui ont créé de
nouvelles recettes à l’Etat, en matière de la promotion de la jeunesse et de la lutte contre le chômage.
Monsieur le ministre, qu’est-ce qui vous a valu l’année dernière le prestigieux poste de directeur national de campagne du président Bozizé, alors que la liste des
prétendants est longue et bien fournie ?
Rires… rectificatif, je tiens à préciser que j’ai été le directeur national de
campagne des candidats Knk aux élections présidentielles et législatives ; donc ce n’était pas seulement pour le chef de l’Etat mais pour les candidats du parti
Knk.
Comment ai-je fait ? C’est le bureau politique, après avoir examiné l’ensemble des
dossiers à la candidature aux fonctions de directeur de campagne, qui a porté son choix sur ma modeste personne et, conformément aux textes statuaires du parti, m’a proposé au candidat investi
par lui, à l’élection présidentielle qui m’a nommé.
Quelle a été votre stratégie pour faire gagner votre candidat au premier tour ? Six mois avant les élections, vous annonciez déjà la victoire de Bozizé au premier
tour, dans la dernière interview que vous avez accordée à Courrier d’Afrique.
La stratégie consistait essentiellement à dire la vérité à l’ensemble de la population en
mettant nos électeurs devant les actes concrets du président de la république durant son premier mandat. Mentir au peuple pour nous n’est pas la bonne méthode. Nous nous sommes fondés sur les
différentes réalisations de notre régime et les projets concrets de développement à mettre en œuvre pour ce nouveau mandat. Et j’étais déjà sûr que le peuple allait nous comprendre. C’est pour
cela que par anticipation, je vous avais annoncé notre victoire à l’élection présidentielle dès le premier tour.
Vous avez remporté pour les législatives avec 30% des voix face à des dinosaures politiques et vous aviez été accusé d’avoir utilisé les moyens de l’Etat, qu’est ce
que vous en dites ?
Ils ont dit cela sans donner la moindre preuve jusqu’à ce jour. Vous savez en Afrique malheureusement, c’est très rare que la victoire d’un parti au pouvoir si
transparente soit elle, soit saluée à sa juste valeur. Ce qui est certain, tous les candidats ont battu équitablement campagne sur l’ensemble du territoire national, seulement tous n’ont pas eu
la même adhésion populaire. Il y en avait qui étaient même chassés, désavoués publiquement par la population de certaines localités et de certains quartiers de Bangui. Comment voulez-vous, dans
ces conditions que le candidat favori du peuple ne passe pas haut la main ? C’était évident et prévisible. Devant de tels adversaires, le combat devient facile. Point n’est besoin de tricher mais
plutôt mettre les gardes fous pour annihiler leur système de fraudes afin de protéger l’expression réelle du peuple. C’est ce qu’on a fait.
Selon vos
détracteurs, vous vous considérez comme le vice-président de la République.
C’est malheureusement ce qu’ils disent par méchanceté. Pour quelle raison ? Je ne sais
pas.
Mais quand vous leur demandez de justifier leurs allégations, par des actes que j’ai posés et qui leur font penser que je me considère comme un vice-président de la
République, ils ne pourront jamais vous convaincre. Mais moi, je pense que le débat ne se situe pas à ce niveau. Nous avons un défi commun de développement à relever ensemble ; allons y au lieu
de faire le malin. Le chef n’a pas besoin de discours et il le dit toujours. Ceux qui ont des oreilles dures ne veulent pas écouter. Moi je passe à l’action et j’avoue que je le ferai toujours
tant que le président de la République, chef de l’Etat me témoignera sa confiance, car je comprends sa propension pour le développement de notre pays.
Vous êtes ministre d’Etat aux Finances et ai Budget, quelle est votre thérapie pour sortir la RCA du marasme économique dans lequel elle végète depuis longtemps et
l’amener sur le chemin des nations véritablement émergentes ?
Il nous faut d’abord et avant tout, faire le diagnostic complet du secteur pour relever
ce qui ne va pas. Une fois les maux connus, on pourra y rechercher les solutions idoines. C’est le sens que je peux donner à la tenue prochaine des états généraux des finances
publiques.
Développer la Rca est un passage obligé pour le régime du président Bozizé et son gouvernement.
Comment prévoyez-vous d’éradiquer la corruption, ce phénomène qui prend
malheureusement de l’ampleur et gangrène les économies africaines ?
C’est dommage. Mais il s’agit pour moi d’une question cruciale à laquelle je vais
m’atteler avec force. Aujourd’hui, dans le secteur minier, il y a eu une nette amélioration de cette situation malgré la lourde résistance. Avec le prochain déploiement des éléments de l’USAF, je
pense que la situation deviendra sûrement meilleure. Nous allons déployer les mêmes efforts pour réduire sensiblement ce fléau.
D’une part les dettes anciennement contractées par les différents régimes et qui,
malheureusement n’ont servi qu’à une poignée d’hommes au détriment de la population de notre pays sont annulées. Ainsi notre pays peut à nouveau contracter des dettes extérieures pour son
développement socio économique et soyez-en rassuré pour une fois les fonds seront utilisés à bonne fin ; le président Bozizé y tient et nous sommes décidés à traquer les fossoyeurs, les corrompus
et leurs corrupteurs. D’autre part, avec le retour de la paix induisant un climat politique apaisé ; l’environnement fiscal allégé et l’assainissement du milieu judicaire, nous pouvons de nouveau
attirer des capitaux étrangers pour la relance de notre économie.
Votre dernier mot
C’est une satisfaction pour nous d’avoir répondu à vos questions. Cela nous a permis de
lever pas mal d’équivoque et je vous en remercie sincèrement.
Propos recueillis à Bangui par notre envoyé spécial Edgard Kaho
NDLR : A propos de corruption, que pense Ndoutingaï du truand Libanais Ali Fawaz dont Ecobank a fait saisir les biens par
la justice et qui prétend le représenter et fait des dons de pots de peinture et autre en son nom dans les tribunaux ?