Qui veut tuer
son chien l’accuse de rage. La Centrafrique, disait-on, était atteinte d’une maladie chronique dont les symptômes étaient : arriérés de salaire,
crises politico militaires à répétition et insécurité. Cette maladie, aux yeux des pays de la sous-région et de la France, nécessitait un traitement de cheval. « Quinine ti mbarata »
comme diraient les Centrafricains. Ces puissances extérieures ont alors décidé d’une solution radicale, sous la forme du coup d’Etat du 15 mars 2003 qui renversé le régime du président
Ange-Félix PATASSE et le « médecin » fut le général François BOZIZE.
Non seulement le médecin n’a pas réussi à guérir le malade
mais les symptômes se sont au contraire aggravés avec la partition du pays, la familiarisation du pouvoir et le pillage systématique des ressources de l’Etat. L’espérance de vie est réduite à 42
ans à peine. Enterrer, jusqu’à cinq membres d’une même famille par mois, devient chose courante aujourd’hui. Le Centrafricain est sonné, impuissant et résigné à pleurer ses morts. Pour peu que le
paludisme, l’hypertension, le diabète ou l’hépatite se déclare, c’est la mort assurée. Il n’y a aucune mesure de prévention. Les hôpitaux sont transformés en mouroir. Les écoles ne sont plus que
l’ombre d’elles-mêmes et les routes ont disparu. On ne peut plus sortir de Bangui, ni se déplacer d’une province à l’autre, pour simplement s’approvisionner en nourriture ; les rebelles
contrôlent le reste du pays à l’exception de Bangui. La famine a fait son apparition depuis longtemps et les ravages se comptent par milliers. Le « médecin » appelé depuis 9 ans au
chevet de la Centrafrique malade, a failli. Aujourd’hui, le pays est plongé dans un coma profond, sa survie est plus qu’incertaine. Le pronostic vital est désormais engagé et son sort est remis
entre les mains de Dieu. Cela explique la multiplication dans le pays des sectes et de nombreux groupes de prière qui tentent de miroiter aux citoyens naïfs, l’espoir de lendemains meilleurs. BOZIZE ne se sent aucunement responsable des graves crises que
traverse le pays. Bien au contraire, il excelle dans la séduction, les dérapages et les mises en scène de toutes sortes auprès de ces protecteurs pour perpétuer son régime.
Un pouvoir quasi familial et clanique
BOZIZE ne fait confiance qu’à sa propre famille et à sa tribu. Il a promis
d’asseoir l’hégémonie de l’ethnie gbaya sur le peuple centrafricain et il l’a fait. Tous les postes de rente, dits « juteux» et les postes
pour lesquels dépend la survie du régime sont réservés d’abord à son cercle familial restreint. Les autres postes, non stratégiques, sont ensuite
attribués aux membres de la tribu et enfin aux copains du pouvoir ou étiquetés « majorité présidentielle ».
Mais le dossier de la sécurité est géré en famille. Le père,
François BOZIZE est ministre de la Défense, le fils Francis est ministre délégué à la
défense, un autre rejeton, Aimé Vincent BOZIZE alias « Papy » est le
véritable responsable de la gendarmerie et patron de la SRI, la police politique du régime. Rodrigue BOZIZE officie aussi comme gendarme.
C’est encore Papy qui est chargé de la gestion par intérim de la SONATU. Un autre fils, Socrate BOZIZE, député de Gambo dans le Mbomou, vient de faire son entrée au bureau de l’assemblée nationale depuis début mars dernier. Franklin BOZIZE s’occupe lui, de la sécurité aéroportuaire et mène la vie dure aux opposants ou supposés qui
tentent de quitter le pays.
L’ensemble de l’appareil de l’Etat, les sociétés d’Etat, les
agences et offices publics sont dirigés par les ressortissants gbayas ou assimilés. Le ministère des mines rattaché à la présidence en compte 90%, on
n’y parle que la langue gbaya. De même au ministère des finances, 80% des postes de responsabilité sont occupés par les gbayas. Le directeur des ressources humaines, Mr Danboy, en poste depuis 2005, est chargé de la purge administrative. Il vient d’être remplacé par Mr Bénam, un autre gbaya. Constatez vous-même l’hégémonie gbaya:
Mairie de Bangui ( Jean Barkès Ngombé-ketté puis Nazaire
Nguénéfé-Yalanga) ; Directeurs généraux : ICRA (Salomon Namkosséréna) ; ENERCA ( feu Samuel Tozoui, son intérimaire Mme Elisabeth
KOFIO), SODECA (Bénam), ANDE (Namkoissé), ACDA (Honoré Féïzouré) ; ORCCPA (Abel
Kpawilina) ; ENAM (Gbénézoui); Trésor (Serge Ouarassio) ; Douane (Bonézoui) ; Protocole d’Etat après avoir coulé la SODECA(Rangba) ; AGETIP (Marcel Nganassem) ; les directeurs de cabinet : Cabinet Présidence (Michel Gbézéra-Bria) ; Finances (Kongaï Moïdokana) en remplacement de Kolios nommé à l’urbanisme; Agriculture (Moïse
Dénissio) ; Santé (Coksis Wilibona) ; justice (Goyféïna) ;
Intérieur (Yves Gbéyoro) ; Tourisme (Cendri Mignot Mouté) ; Président du Conseil d’Etat (François Nanaré) ; Président du tribunal de commerce (Namkomokoina) ; Président du tribunal administratif (Dédé) ; Directeur national de la BEAC (Kéléfio) ITIE (Robert Moïdokana)….Il faut rappeler que les directeurs de cabinet ont été imposés aux ministres. Les
tentacules gbayas se sont étendues dans le domaine des sports : le président de la fédération centrafricaine de football (Patrice Edouard
Ngaissona) et celui de basket-ball (François Joseph Bozizé alias Djo
Djo).
Au quotidien, les plus proches collaborateurs de
BOZIZE sont NDOUTINGAÏ et FINDIRO avec lesquels il travaille la main dans la main. BOZIZE n’écoute plus ses conseillers et
certains n’ont même pas la chance de le croiser. Les réseaux familiaux court-circuitent l’organigramme de l’administration centrafricaine. Personne
ne peut s’approcher de la mangeoire de l’Etat sans la bénédiction de Sylvain NDOUTINGAÏ ou Firmin FINDIRO. Le demi-dieu
Firmin FINDIRO, Ministre de la justice, procureur de la République de fait, porte-parole du gouvernement et actuellement intérimaire du
ministre chargé du Secrétariat Général du gouvernement, est l’ « éminence
grise » de la bozizie.
Aucune promotion dans l’administration et aucune initiative
privée ne sont possibles sans leur consentement. Et leur compagnie est désormais très recherchée. Certains fonctionnaires et agents des forces de
l’ordre, ne reconnaissent plus la hiérarchie, ils ont des relations bien placées. Les initiatives mal venues que paye chères la Centrafrique aujourd’hui viennent de Firmin FINDIRO et de NDOUTINGAÏ.
BOZIZE et la
concentration des pouvoirs
BOZIZE a fini par dépouiller le pouvoir exécutif, le gouvernement, de toutes ses
prérogatives. Aujourd’hui, une décision qui aurait pu être prise par un directeur ou un ministre l’est par le Président de la République. Les mines, les finances, l’économie, la
sécurité sont gérés directement du palais de la renaissance. Il est Ministre de la défense, président du comité de trésorerie, président du
conseil d’administration de toutes les entités publiques. Il ne s’embarrasse d’aucun état d’âmes ni de conflits d’intérêts. N’est-ce pas lui qui a visé les demandes de ses fils Djo Djo, Teddy et Kévin et pour organiser le Kermesse au palais omnisport en fin 2011 ?
Mais à quoi servirait de changer un chef de gouvernement qui a
un rôle de second plan ? Changer de premier ministre, aurait, aujourd’hui, plus de sens. Le premier ministre Faustin Archange TOUADERA, en poste depuis 2008, est à sa 3ème reconduction. Il mérite
sa place car il ne dérange personne. BOZIZE se sert de lui à volonté comme
« émissaire de la République » : il a été d’abord envoyé à Washington pour solliciter une lettre de confort du FMI, ensuite en Inde pour renégocier le prêt indien, et enfin à
New York pour « quémander » une rallonge du financement de DDR. Il a échoué, lamentablement, sur toute la ligne. Des missions de ce genre, de basse classe, devraient être confiées à un
ministre ou un conseiller mais avec un exécutif rabaissé, BOZIZE se sert de son Premier ministre comme « paillasson ». Il a même trouvé inutile de faire un remaniement technique pour pourvoir le poste de Sylvain MALIKO resté
vacant depuis près de 6 mois ou celui de Michel KOYT au secrétariat général du
gouvernement. Par souci d’éthique, il devrait changer Fidèle GOUANDJIKA, le Chef du département de l’agriculture mis en examen pour trafic
d’influence et détournement de fonds publics. Mais il n’a rien fait car il le protège. GOUANDJIKA garde son poste de ministre de
l’agriculture.
S’inspirant de feu Lansana CONTE qui avait déclaré qu’en Guinée, la justice c’est lui, après s’être rendu personnellement en prison pour libérer son ami et homme d’affaires
Mamadou SYLLA, le 10 juin 2010, BOZIZE, en personne, était descendu au parquet du
Tribunal de grande instance de Bangui pour ordonner l’arrestation du bâtonner de l’ordre des Avocats et Jean Daniel DENGOU, gérant de
ADMN et vice président du Conseil Economique et Social. Il avait dit que le super marché RAYAN appartiendrait à un de ses proches amis, libanais de son état. Jusqu’à ce jour, Mme Albertine BALEMBY est toujours en prison à Bangui malgré l’ordonnance de mise en
liberté de la chambre d’accusation de la cour d’Appel. BOZIZE et FINDIRO ne veulent
rien savoir.
Les ministres Fidèle GOUANDJIKA et Thierry MALEYOMBO qui se sont sucrés sur le dos de l’Etat, ne sont pas inquiétés. Tous les deux sont toujours libres de leur mouvement par la seule volonté de
BOZIZE. Un troisième larron, Simplice ZINGAS, est aussi protégé par BOZIZE qui n’a pas daigné ordonner à l’assemblée nationale de lever
son immunité parlementaire pour qu’il soit traduit devant la justice. Eh oui ! Les voleurs se connaissent et se protègent. Le député de Birao
II, l’honorable Gontran DJONO-AHABA a été détenu de longs mois dans les geôles de la prison de
Bossembélé. Il a été arrêté sans la levée de son immunité parlementaire et sur instruction expresse de BOZIZE pour dit-on « tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat ». Il vient d’être libéré sous la pression de la communauté internationale.
Il a renforcé les pouvoirs de sa famille sur l’assemblée
nationale monocolore et réussit à mettre aux ordres le parlement. On trouve dans l’hémicycle : son frère Roger OUEFIO, sa sœur cadette Joséphine KELEFIO, sa
femme Monique BOZIZE, sa maîtresse favorite Reine Madeleine BAFATORO, son fils ainé
Francis BOZIZE, son fils cadet Socrate BOZIZE, son neveu Sylvain NDOUTINGAÏ et un cousin éloigné l’homme d’affaires véreux, Patrice Edouard NGAISSONA. BOZIZE fait et peut défaire le bureau de l’assemblée nationale. L’honorable Timoléon MBAIKOUA a été
débarqué du poste de 2ème vice-président sur instruction de BOZIZE qui s’est dit trahi par ce dernier. En cause, une lettre
signée en compagnie de dix autres députés indépendants pour protester contre l’arrestation du député de Birao II, pendant plusieurs mois sans aucune procédure.
BOZIZE et les diplomates
BOZIZE a entretient des relations de terreur avec les représentants des
organisations internationales et des pays étrangers. Il veut les avoir tous à sa botte. Ils sont tenus de transmettre à leur hiérarchie des rapports édulcorés sans objectivité sur la réalité de la situation en Centrafrique sinon ils s’exposent à ses états d’âme et à son courroux.
Certains diplomates, soucieux de préserver le bon déroulement de leur carrière se sont conformés à ses instructions et n’ont jamais eu le courage de lui dire la vérité. C’est l’exemple de Mme
Sahle Work ZEWDE, directrice du bureau intégré des Nations Unies (BINUCA) qui n’avait daigné ni dénoncer ni s’indigner des graves et
intolérables disparitions de Charles MASSI et de Hassan OUSMAN de MNPS non élucidés à
ce jour. On ne l’avait pas entendue non plus s’émouvoir de l’inadmissible expulsion d’une réunion où était présent l’ensemble du corps diplomatique au palais présidentiel suivi de son passage à
tabac de Joseph BENDOUNGA, président du MDREC au sein même du palais de la Renaissance par des éléments la garde présidentielle sur ordre de
BOZIZE.
Non plus de ce que BOZIZE avait tranquillement et gratuitement demandé à ses services de sécurité le « dépeçage » du Bâtonnier Symphorien BALEMBY et Jean Daniel DENGOU désignés d’office et accusés sans la moindre preuve d’être
les auteurs d’un incendie pourtant volontaire par le propriétaire même du supermarché RAYAN, un commerçant libanais « ami » très intéressé de BOZIZE.
Elle n’avait non plus protesté pour le triste sort des
personnes de leur entourage qui croupissent toujours en prison. Faisant partie du Comité de pilotage des élections, elle n’avait jamais ni réellement
accepté ni soutenu le principe et l’exigence formulée par l’opposition avec beaucoup d’insistance de l’informatisation des listes et des cartes électorales. Celle qui lui a succédé, Mme
Margaret Aderinsola VOGT, l’actuelle représentante du BINUCA semble aussi suivre les traces de Mme ZEWDE. Elle avait exhorté la communauté internationale devant le Conseil de Sécurité à New York à
soutenir selon elle « les efforts en cours » pour rétablir la stabilité en Centrafrique alors qu’elle sait très bien que
BOZIZE et sa bande font tout pour torpiller le DDR. Quel optimisme ? De quels efforts parle t- elle ? Pourquoi elle n’a pas
dénoncé avec suffisamment de fermeté l’arrestation arbitraire de M. Jean Jacques DEMAFOUTH ? Pourquoi ne dénonce -t-elle pas les
violations quotidiennes des droits de l’homme en Centrafrique ? Pourquoi n’a-t-elle pas dénoncé la mauvaise gestion des 8 milliards de
F CFA de la CEMAC ?
Par contre, devant le refus de certains représentants des
organisations internationales de s’accommoder avec complaisance de la mauvaise gouvernance du régime BOZIZE. Ils ont été déclarés persona
non grata et ont été sommés de quitter le pays avant la fin officielle de leur mandat. M. Jean Claude
ESMIEU, délégué de l’Union Européenne, a été sommé de quitter plutôt le pays après quatre ans de mandat, suite à un discours prononcé lors de la cérémonie de la journée de l’Europe le
08/05/05 qui n’était pas du goût de certains ministre de la bozizie. En assénant quelques vérités suite à un constat objectif de la situation catastrophique du pays et des conséquences de la
mauvaise gouvernance du régime BOZIZE, il a soulevé un véritable tollé et failli créer un incident diplomatique en public. De même, M.
Barry GAOUSSOU, citoyen malien, Directeur général de la Banque Sahélo- Saharienne (BSIC) a été mal traité et expulsé manu militari suite à
son refus de consentir une avance à l’Etat pour lui permettre de verser les salaires des fonctionnaires.
C’est également le cas du Représentant résident du FMI qui a
quitté le pays à l’anglaise à la fin de son mandat sans être reçu par les autorités centrafricaines pour leur faires ses adieux. Son tort est de ne
pas permettre à la RCA de décrocher un programme économique et financier depuis 2009. Aux dernières nouvelles, l’affaire Antoine
NTSIMI, président de la commission de la CEMAC, toute passion mise à part, s’agissait d’un refus de financement du sommet des Chefs d’Etat
de la CEMAC à Bangui. Il s’agirait d’une enveloppe de 600 millions de F CFA.
KOYT, KETTE et KADRE, boucs
émissaires ou trop gourmands
BOZIZE est devenu maître dans l’art de rouler dans la farine la communauté
financière internationale.
L’affaire de la SONATU n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Le ministre KOYT et l’honorable Judes Alex KETTE sont des boucs émissaires. Ce
dernier vient d’ailleurs d’être libéré. L’article 19 de la loi qui régit les entreprises et offices publics, dit : « l’exercice direct des fonctions politiques et/ou de contrôle est incompatible avec celles d’administrateur des sociétés d’Etat, sociétés d’économie mixte et des
offices publics ». Cette loi a été signée par BOZIZE en 2008. Comment
expliquer qu’il nomme Michel KOYT président du conseil d’administration alors qu’il occupe encore le poste politique de ministre chargé du
secrétariat général du gouvernement ? Comment expliquer que KETTE puisse être le
commissaire aux comptes de la SONATU alors qu’il était élu de la nation ?
Une des raisons possibles de cette violation serait de
récompenser KOYT pour avoir fait partie de la délégation qui s’est rendue en Inde pour négocier ce prêt. L’autre raison serait de trouver un
fusible en cas de fiasco. Car le fiasco est inévitable. Au fond, on comprend mal que ce soit l’état centrafricain qui devrait rembourser le prêt pour acheter des bus de la SONATU alors que c’est
BOZIZE qui en est le principal actionnaire. En réalité la SONATU est une propriété privée. C’est insensé.
La cimenterie
est un éléphant blanc. Tous les autres pays de la sous-région disposent de leur cimenterie à l’exception de la Guinée Equatoriale. Le prix d’un sac
sur leur marché local respectif est de l’ordre de 6500 F CFA alors que celui d’un sac en Centrafrique hors énergie et sans marge commerciale coûterait déjà 6 000 F CFA. La cimenterie si elle
est vraiment construite et si elle est alimentée avec un groupe électrogène reviendrait à près de 14 000 F CFA le sac (toute taxe comprise + le coût de l’énergie). On ne peut pas faire tourner une cimenterie vorace en énergie
avec un groupe électrogène. Le fiasco est inévitable.
S’agit-il vraiment d’un prêt ou d’un blanchissement
d’argent ? L’ambassadeur de l’Inde au Congo démocratique a déjà affirmé que son gouvernement n’est pas en mesure de retracer les origines de ce prêt. N’est-ce pas douteux que les prêteurs
n’ont pas exigé de garantie ? Pourquoi se sont-ils contentés uniquement de la signature du Gouvernement ? Ca sent une odeur de blanchiment d’argent. Toute cette affaire ressemble à une
véritable escroquerie dont les centrafricains doivent payer l’ardoise.
Avec ces révélations, le centrafricain peut légitimement
s’interroger sur le rôle du FMI en RCA. En l’absence de tout contre pouvoir où : l’assemblée
nationale est monocolore et partisane, la justice est aux ordres, l’opposition est neutralisée, la société civile est démissionnaire, la presse
privée est muselée et le syndicat est corrompu, le seul rempart du peuple centrafricain aurait pu être le FMI dont le rôle est entre autres d’assurer un contrôle rigoureux et
une surveillance des opérations financières des Etats.
Sous d’autres cieux et dans cette même Centrafrique d’avant le
régime de BOZIZE, la dissimulation et les termes de ce prêt qui sont contraires aux
engagements pris par l’Etat (de ne contracter que des prêts concessionnels et non commerciaux) auraient été un motif suffisant d’interruption de tout pourparler avec le gouvernement. N’est-ce pas
ce même FMI qui avait exigé en 2002 à la Centrafrique de renégocier les conditions pourtant concessionnelles du prêt de 6,5 milliards de F CFA que la Lybie avait consenti en 2000 à notre pays pour le paiement de salaires des fonctionnaires ?
Pourquoi aujourd’hui les responsables de la mission du FMI
vont- ils fermer les yeux sur le prêt Indien qui crée un fardeau de dette insupportable pour la génération actuelle et future de notre pays ? Savent-ils que les fonds n’ont jamais atterri dans les caisses du Trésor ? Par ce prêt, la RCA replonge dans le cycle de surendettement. Pourquoi le FMI ne demande t-il pas fermement de comptes à BOZIZE ? Pourquoi le FMI n’exige t-il pas la traçabilité de ce prêt ?
Pourquoi le FMI n’a-t-il pas fermement demandé des comptes sur
un autre scandale financier qu’est celui du prêt en nature de dizaines de milliards contracté en 2010 auprès du Koweit ou Arabie Saoudite pour le
financement de la campagne de BOZIZE ? Les 200 tonnes de riz, objet de ce prêt ont bel et
bien été livrées au port de Douala et écoulées sur place par une commission mise place par Albert BESSE dont le président fut le député
Ibrahim PACCO et ensuite Mme Bernadette SAYO Ministre des affaires sociales. Seule une infime partie est arrivée à Bangui et a fait l’objet de distribution aux sinistres en faisant croire qu’il
s’agissait de dons du gouvernement et des pays amis. Certains responsables du ministère des finances qui y étaient membres ont en mis plein les poches et acquis des appartements en France.
Depuis 2003, les chefs de missions du FMI qui ont géré le
dossier de la RCA ont affiché une certaine complaisance synonyme de complicité évidente à l’égard de BOZIZE et son régime. Ils l’ont
encouragé à dilapider les maigres ressources de l’Etat et à mettre à terre l’économie nationale. Pour preuve (A titre d’exemple), en position de pays fragile et post conflit, BOZIZE a pu tranquillement acquérir une épave d’Hercule C130 à coup de milliards de FCFA qui auraient pu être investi dans les secteurs sociaux en
détresse.
Des sommes colossales en guise des bonus du secteur minier
versées par les sociétés Uramin, Aurafrique et autres, sans qu’il y ait la moindre trace dans le budget
ou les comptes des opérations financières de l’Etat. Il en est de même des recettes
provenant des attributions des permis de recherches et d’exploration pétrolières dont personne n’est au
courant. Les Chinois peuvent- ils engager des prospections pétrolières à Boromata dans le nord du pays sans verser quoi que ce soit à l’Etat? Pourtant sous le régime précédent, l’argent payé par la société
GRYNBERG au titre des redevances des permis et recherches pétrolifères a fait l’objet d’inscription au budget de l’Etat et débat à l’assemblée nationale. A l’époque, les recettes exceptionnelles comme la location de la base Mpoko à la MONUC, ont été enregistrées dans les comptes publics et le ministère des
finances donnait des explications au FMI quant à leur utilisation.
Comment expliquer aujourd’hui qu’étant sous
« programme », l’Etat multiplie au vu et au su de cette fameuse communauté internationale tant d’opérations « douteuses » et « mafieuses » et continue de bénéficier du laxisme du FMI et de la banque mondiale? Les investigations qui ont été faites suite aux dilapidations des 25 milliards de
F CFA des allocations de DTS sont restées sans suite. Les 25 milliards ont pris des destinations diverses. Les 49 milliards de dépenses non justifiées décelées lors de la dernière mission du Fonds sont oubliés. Ils n’ont même pas tiré les oreilles aux
autorités.
Les concessions minières sont la propriété exclusive de
BOZIZE et NDOUTINGAÏ. Combien la sud-africaine a-t-elle versé à BOZIZE et NDOUTINGAÏ ? Ce que les Centrafricains ne comprennent pas, pourquoi le FMI se fait
complice de la boulimie financière de la bozizie ?
Et pour couronner le tout, dans ses communiqués de fin de
chaque mission le FMI se contente des satisfécits falacieux laissant croire à des progrès enregistrés sur le plan économique, dans la gestion des
finances, par rapport à la cherté de niveau de vie, dans la réduction de la pauvreté, dans le renforcement de la sécurité et la consolidation de la paix, dans le respect des droits de l’homme et
la liberté de la presse, la lutte contre la corruption, bref que sais-je encore. En d’autre termes, et à en croire ces messieurs du FMI, la RCA de BOZIZE serait un bon élève comme le Burkina Faso, l’Ethiopie, la Namibie …. Alors que la réalité dans le pays et ce que la population et les entreprises centrafricaines endurent n’ont rien à voir avec ces déclarations. Qu’ils sortent un peu
des bureaux et salles de conférence climatisées pour rencontrer la population et se rendre compte de l’évidence.
Quand le vase est sous la gouttière, on ne peut pas savoir
quand l’ultime goutte le fera déborder. Mais, un jour, elle arrive.
Jean-Claude
GBAGUENE