Ce qui se passe en CENTRAFRIQUE se passe de commentaires pour ne pas être inimaginable. En effet, sous une menace exprimée sans la moindre complaisance à l'opposition politique centrafricaine, l'homme actuellement fort à BANGUI s'exprime dans des termes des plus ahurissants, pour ouvrir un dialogue avec ceux qu'il n'a jamais voulu écouter, et qui se trouvent être ses opposants politiques.
Ainsi, sans porter de gants, il déclare : « L'occasion viendra où je vais vous convoquer individuellement ou en groupe pour discuter. Que ça vous plaise ou non, c'est ce ce que j'ai trouvé à vous dire ! C'est aussi cela la démocratie...... Je ne peux pas discuter avec quelqu'un de l'opposition qui ne veut pas dialoguer avec moi. »
A travers cette courte intervention, l'on comprend clairement pourquoi le CENTRAFRIQUE reste empêtré dans ses difficultés, pourquoi rien ne peut avancer dans ce pays. L'on voit clairement que non seulement les propos que l'on tient çà et là, les décisions que l'on prend pour résoudre tel ou tel problème, ne rentrent pas dans leur phase d'application, tout simplement parce que les mots n'ont pas le sens qu'on leur donne. Ils ne sont donc pas compris tel qu'on devrait les comprendre.
Les propos de l'homme fort de Bangui portent en eux toute l'expression de violence et d'arbitraire tout ce qu'il y a de plus antidémocratique et de dictatorial. Ainsi, lorsqu'on veut tendre la main à quelqu'un, pour l'aider ou pour solliciter son concours, on ne le convoque pas, on l'invite ou on le convie. Lui dire que cette convocation doit être reçue et acceptée coûte que coûte « que cela vous plaise ou non » est comme embarquer quelqu'un manu-militari dans une entreprise dans laquelle on décide de l'associer.
Engager un dialogue suppose être disposé à écouter celui avec qui l'on veut converser, être prêt à entendre et à prendre en considération ses propos, qu'ils aillent dans le même sens que les vôtres ou qu'ils soient contradictoires aux vôtres.
Contrairement à ce que pense l'homme fort de Bangui, la démocratie, ce n'est pas imposer ses vues aux autres, pour la simple raison qu'on est plus fort qu'eux.
L'homme fort de Bangui a organisé à sa manière l'élection présidentielle de 2011, suivie d'une mascarade d'élections législatives que ses opposants ont contestées, au point de mettre en place un Front pour l'Annulation et la Reprise de ces Élections.
En dépit de cette organisation qui existe encore aujourd'hui, et qui n'aurait pas dû voir le jour si les adversaires politiques de l'homme fort de Bangui avaient été écoutés à temps opportun, l'on n'a pas manqué de mettre en place une assemblée qui n'a de qualificatif que familiale ou clanique, là où elle devait être nationale.
En plus de ces extravagances, on a l'outrecuidance de parler de démocratie quand on se montre autiste et autocrate.
Le mal dans toute cette tragédie, puisque c'est de tragédie qu'il s'agit, c'est que l'opposition centrafricaine a du mal à se hisser à la hauteur d'une opposition capable d'ébranler le pouvoir excessif de la poignée d'hommes qui entraînent le CENTRAFRIQUE dans la galère.
Le seul fait de voir certains hommes de l'opposition se rendre à une réunion convoquée quelques heures seulement avant sa tenue, sans au préalable disposer de l'ordre du jour de cette rencontre, pour se voir monter les bretelles dans des termes tels que ceux employés par l'homme fort de BANGUUI, montre le degré de maturité politique que l'opposition centrafricaine doit atteindre pour voir murir un jour les fruits de sa lutte.
L'opposition politique centrafricaine existe bien sûr, mais elle doit faire preuve d'une réflexion plus approfondie des problèmes auxquels elle fait face, afin de trouver les attitudes, les parades et les solutions appropriées pour un aboutissement véritable de sa lutte.
Les excès, les exactions et les provocations orchestrées par le pouvoir en place sont des atouts sans pareils que l'opposition doit exploiter pour ébranler la muraille tyranique de BANGUI.
L'heure n'est plus aux convocations de réunions dont les résolutions, bien que souvent empreintes de bon sens et d'espoir, finissent toujours dans les poubelles de l'oubli et de l'histoire.
L'opposition centrafricaine doit savoir où elle va, elle doit savoir ce qu'elle veut vraiment. Le pouvoir de BANGUI ne doit pas lui indiquer son chemin, ni lui imposer ce qu'elle doit accepter.
Le CENTRAFRIQUE a trop souffert et continue de souffrir. C'est pour cela que l'opposition centrafricaine doit renvoyer à son auteur, la réplique de ses propres propos :
« La démocratie et l'alternance politique doivent être inscrites dans l'évolution contemporaine du CENTRAFRIQUE, qu'on le veuille ou non. Le respect de la constitution reste le seul garant de la réalisation de cette démocratie et de cette alternance politique. »
Passi ni a lingbi awe