L'appel des démocrates et des médias centrafricains à boycotter le bradage des festivités du 13 août, jour d'anniversaire de l'indépendance de la République centrafricaine à Paris n'as pas été suivi. Sans penser aux nombreux crève-la-faim du pays, quelques centaines de Centrafricains ont néanmoins répondu à l'invitation du chargé de mission de la diaspora qui disparaîtra aussi vite, les lampions de ce banquet éteints. Plus attirés par le banquet qui était au programme, ils ont oublié pendant quelques heures leurs compatriotes restés au pays totalement meurtris par les fâcheuses conséquences de la mauvaise gestion bozizéenne.
Comme annoncé par notre rédaction, l'artiste BB Matou a bel et bien accepté l'invitation du président centrafricain. Accompagnés de ses danseuses et de nombreux musiciens, ses artistes n'ont pas boudé cette reconnaissance tardive et circonstancielle.
Pour ce non-événement, M. Bozizé a traîné dans sa suite son ministre d'Etat, l'éternel Jean Willybiro Sacko, modérateur de la séance et homme de service tout terrain, la ministre du tourisme et patentée du KNK, Mme Sylvie Mazoungou, M. Emmanuel Bongopassi le nouvel ambassadeur retraité de longue date qui reprend du service, son griot David Gbanga Directeur général de Radio Centrafrique qu'il a ranimé des cendres du DVA (Départ Volontaire Assisté), son parent Laure Esaïe Nganamokoye de sa presse présidentielle, son fils le Député Socrate Bozizé et de quelques membres du gouvernement.
L'absence de la première dame, Mme Monique Bozizé pourtant présente en France depuis plusieurs mois, a été très remarquée.
Pour le président cette manifestation est la suite logique des fêtes qu'il a décidé de décentraliser, histoire d'être le plus près possible des Centrafricains. Mais a-t-il le droit de s’absenter du pays le jour d’une fête nationale ? Tout le problème est là. Là où le bât blesse c'est que dans l'histoire du monde, aucun président n'a fêté l'indépendance de son pays en dehors de son territoire.
Si le locataire du palais de la renaissance a profité d'une visite privée ou d'affaires mafieuses comme ce fut le cas à Düsseldorf en 2004 alors qu’il venait à peine de prendre les commandes du pays au début de son règne pour venir amadouer ses compatriotes, c'est peine perdue. Le meeting du Hilton apporte plus des problèmes avec les dépenses qu'il a occasionnées que des solutions de réconciliation entre tous les Centrafricains.
La présence de deux journalistes griots qui ne jurent que par Bozizé dans la délégation n'a pas suffi au ministre d'EtatJean Willybiro Sacko de se faire humilier en assurant l'animation de la rencontre. Les problèmes des Centrafricains de la diaspora ont été vaguement évoqués et demeurent toujours sans solutions concrètes. Aucune échéance n’a été donnée pour le passeport biométrique dont le gouvernement a annoncé récemment la délivrance imminente à l’ambassade de Paris.
Mis à part le compatriote Godefroy Gondjé représentant du collectif «Touche pas à ma constitution » qui a bousculé le président sur son inavouable projet de modification du nombre du mandat présidentiel, les autres orateurs se sont contentés de parler des projets dans divers domaines sans oublier ses farouches militants qui ont, soit demandé leur réhabilitation dans leur fonction perdue récemment ou bien des témoignages d'amour et de reconnaissance en vers ce chef qui n'aime pas les intellectuels.
D'ailleurs tout le long de son discours, il n'a pas manqué de fustiger ses adversaires les traitant de vampires et même des financiers des événements du 2 août. « La pauvreté est grande, la jeunesse veut s'occuper, c'est pour cette raison là qu'il y a eu beaucoup d'inscrits pour le recrutement dans l'armée » C’est un peu court comme explication des récentes émeutes du 2 août dernier. Quant aux résultats et aux méthodes de son ministre de la défense qui n’est autre que son propre fils Francis, il récuse toutes défaillances.
Amnésique, Bozizé lâche : « Il y a des gens qui veulent venir au pouvoir par des voies illégales » Quand on sait par quelle voie lui il a accédé au pouvoir, cela prête beaucoup à sourire.
Pour M. Yangouvonda l'opposition est responsable de tous les maux et fléaux qui frappent son pays : « Nous avons eu sans cesse des dialogues mais personne ne respecte les recommandations qu'ils accouchent, on va cesser ces grimaces, on va arrêter de chercher à empêcher ce que font les autres ». C’est le voleur qui crie au voleur ! C’est pourtant lui-même qui refuse systématiquement de mettre en œuvre les mesures consensuellement approuvées lors de ces dialogues.
Enfin pour répondre au couturier Oumarou qui avait demandé la reconstruction de l'usine UCATEX, il a cru bon dire « Nous avons détruit cette société nous-mêmes ». Pour rappel Bozizé est au pouvoir depuis presque 10 ans, il est donc responsable au même titre que ses prédécesseurs.
C'est vers 21 heures que les convives ont troqué la salle de conférence contre celle de la réception où ont été proposés aux convives, champagne, vin, petits fours, chenilles apportées de Bangui, cuisses de poulets et feuilles de manioc « goundja » avec chikwangue... l'ambiance était bon enfant, tout ceci pimenté par l'artiste BB Matou dont les jeunes danseuses bien taillées attiraient les regards de ces badauds dont la plupart étaient venus chercher une place au soleil à l'image de leurs prédécesseurs comme le député Zingas prêt à s'agenouiller devant le raïs pour s'en mettre plein la poche. Ce rendez-vous n'a sans doute pas apporté les éléments de réponse aux maux du pays de Boganda, père fondateur qui jadis, recevait les honneurs ce jour du 13 août.
A Paris, Wilfried Maurice Sébiro pour CAP