
PARIS AFP / 25 décembre 2011 18h38 - Le mari de l'ex-patronne d'Areva, Olivier Fric, a démenti dimanche avoir
jamais travaillé pour Areva ni sur l'acquisition controversée par le groupe nucléaire en 2007 de la société d'extraction d'uranium UraMin, dans un communiqué transmis à l'AFP après un article du
JDD.
Olivier Fric n'a été associé, ni de près ni de loin, à l'acquisition d'UraMin et n'a jamais travaillé pour
Areva, selon ce communiqué de l'avocat d'Anne Lauvergeon et son époux, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.
L'ex-patronne d'Areva et son mari ont porté plainte il y a quelques jours, soupçonnant d'avoir été illégalement écoutés par des
enquêteurs privés, en arrière-plan d'un rachat en 2007 par le groupe nucléaire d'UraMin.
Dans son édition ce dimanche, le JDD assure que M. Fric proposait d'apporter à Areva des investisseurs dans le
secteur des mines et énergies renouvelables et qu'il serait à l'origine du recrutement par Areva en 2006 de Daniel Wouters, directeur du développement d'UraMin.
Daniel Wouters n'est pas à l'origine de l'intérêt d'Areva pour UraMin, société qu'Areva Mines suivait depuis de
nombreux mois avant son recrutement et Olivier Fric ne connaissait pas M. Wouters avant son recrutement par Areva, souligne Anne Lauvergeon et
Olivier Fric.
A partir des liens supposés entre MM. Wouters et Fric, le JDD affirme que des soupçons de
conflit d'intérêt planeraient sur M. Wouters.
L'acquisition d'UraMin s'est faite alors que le cours de l'uranium était très élevé, sur le marché de Toronto, dans des
conditions de gouvernance irréprochables, souligne Mme Lauvergeon dans le communiqué.
Suspicion malveillante et calomnie, la source anonyme de l’article du JDD, dans une tentative de contre-feu, est probablement le
commanditaire de l’enquête crapuleuse, dirigée contre Anne Lauvergeon et son mari, qui a provoqué le dépôt de leur plainte pénale, répliquent Mme Lauvergeon et
son mari.
Ils démentent en outre que M. Fric ait jamais travaillé ou vécu au Mexique ou aux Etats-Unis et n'a pas
travaillé pour Agave, ayant refusé de devenir partenaire de la société, contrairement à ce qu'affirme le JDD.
Selon le JDD, M. Fric s'était associé avec Agave Partners Holdings, une société immatriculée aux îles Caïmans,
pour monter en 2009 avec Areva une structure d'acquisition de sociétés dans le secteur des énergies renouvelables.
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Révélations sur l’affaire UraMin
Bruna Basini - Le Journal du Dimanche dimanche 25 décembre 2011
L’acquisition de la société minière d’uranium par Areva devient une affaire personnelle.
C’est une patate chaude. Une affaire qui déclenche les rumeurs les plus folles depuis que, le 13 décembre, Luc
Oursel, successeur d’Anne Lauvergeon à la tête d’Areva, a inscrit dans ses comptes une provision de 1,46 milliard pour éponger le rachat de la société UraMin. Cette
énorme dépréciation d’actifs va coûter à l’État actionnaire (86,5% du capital), et donc au contribuable, la bagatelle de 2 milliards d’euros. Depuis, la chasse aux responsables est ouverte. Chez
Areva, une commission spéciale épluche le dossier. L’audit financier du député (PS) Marc Goua sur Areva et EDF, démarré avant l’été, est reparti de plus belle. Et
Anne Lauvergeon et son époux, Olivier Fric, ont saisi la justice d’une plainte lundi dernier.
Tout commence en 2006 lorsque Areva jette son dévolu sur UraMin, une jeune société canadienne d’exploration cotée à la Bourse de
Toronto et de Londres. Immatriculée dans un paradis fiscal, les îles Vierges britanniques. l’entreprise possède des mines d’uranium en Afrique : à Trekkopje en Namibie, à Bakouma en
Centrafrique et à Ryst Kuil en Afrique du Sud. La période est euphorique. Les prix de l’uranium ont grimpé de 40 à 150 dollars la livre et les mines de la société devraient offrir des
perspectives de production supérieures à 8.000 tonnes à l’horizon 2012.
En juin 2007, Anne Lauvergeon parvient à convaincre l’Agence des participations de l’État : elle rachète UraMin
le 15 juin au prix fort, 1,8 milliard d’euros. Bientôt viendront s’y ajouter des investissements pour 700 millions d’euros (achats de permis, coûts de mise en exploitation, construction d’une
usine de dessalement en Namibie pour 250 millions d’euros…).
Les vendeurs, eux, se frottent les mains : le Canadien Stephen Dattels, vieux briscard du monde minier,
quelques acolytes et des fleurons de Wall Street, comme Goldman Sachs, Fidelity ou Bear Sterns. Pour eux, c’est le jackpot et le sujet d’un livre – aujourd’hui introuvable – intitulé U308,
UraMin, A Team Enriched. "Ils y racontent de A à Z comment ils ont monté l’affaire et mis leur bazar en vente pour décrocher le gros lot", résume un ancien d’Areva
qui l’a lu.
Des soupçons de conflit d’intérêts
Trois ans plus tard, à la faveur de deux provisions – 426 millions en 2010 et 1,4 milliard en 2011 –, la valeur comptable de cet
actif ne vaut quasiment plus rien. Un rossignol, diront les mauvais esprits. Une opération douteuse, si l’on en croit certains experts qui se sont penchés sur l’opération. "Plus
j’enquête et plus je trouve tout cela bizarre", résume Marc Goua.
Le député du Maine-et-Loire n’est pas le seul à avoir tenté de débroussailler l’affaire. Le gendarme de la Bourse canadienne a
enquêté sur le cours du titre UraMin, qui a quadruplé pendant les six mois précédant l’acquisition de la société minière par Areva. Du coup, le prix de celle-ci est passé de 300millions un an
plus tôt à 1,8 milliard en 2007. Y a-t-il eu délit d’initiés?
Selon nos informations, Areva a, de son côté, commandité deux enquêtes. En mars 2010, une première recherche a été confiée par
Gérald Arbola, ancien directeur délégué du groupe, et par la direction de la sécurité, à Apic, une société d’intelligence économique basée à Sciez (Haute-Savoie). Anne
Lauvergeon n’en aurait pas été informée. Apic est chargée d’enquêter sur Daniel Wouters, un banquier franco-belge recruté en 2006 par la patronne d’Areva pour trouver
une mine d’uranium au moment où le groupe cherchait à sécuriser ses sources d’approvisionnement. Des soupçons de conflit d’intérêts planeraient sur Wouters.
"Areva a été victime d’une escroquerie"
Partie de là, l’enquête aboutit à un supplément d’information sur UraMin consigné dans une note de deux pages en mai 2010.
Conclusion? Pour évaluer les réserves des mines convoitées, "Areva n’a utilisé que les documents et données proposés par la société SRK, qui était rémunérée par le
vendeur". Autre passage important de la note : "Il y a un faisceau d’indices sérieux et concordants qui démontrent qu’Areva a été victime d’une
escroquerie." Anne Lauvergon a-t-elle eu connaissance de ce document? Oui, selon des sources internes à Areva, qui disent avoir essuyé de sa part
une fin de non-recevoir.
La seconde enquête mandatée par Areva et révélée mercredi par Le Canard enchaîné ciblait les personnes – dont
Olivier Fric – et sociétés actives dans le secteur minier. Elle a abouti à la plainte déposée par Anne Lauvergeon lundi dernier. Contacté par le JDD
samedi, Daniel Wouters ne sait pas s’il va porter plainte. "Je n’ai lu que ce qui était dans Le Canard enchaîné." L’avocat d’Anne
Lauvergeon et d’Olivier Fric, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, nous indiquait samedi soir n’avoir pu joindre ses clients, en vacances à l’étranger,
pour répondre à nos questions. L’affaire ne fait que commencer.
Les interrogations du député Marc Goua
Le recommandé est parti vendredi, signé Marc Goua, le député (PS) du Maine-et-Loire qui mène l’enquête sur
l’acquisition de la société UraMin par Areva. Il est adressé à l’ancien patron de l’Agence des participations de l’État (APE) Bruno Bézard, en poste lors du rachat en 2007 de
cette junior canadienne. "Je lui ai demandé une entrevue et des réponses aux nombreuses questions que soulève cette opération", précise-t-il. L’élu s’interroge aussi sur le décret du 15 décembre
qui filialise le pôle mines du géant de l’atome. "Le 12, on provisionne les comptes d’Areva de près de 2 milliards d’euros au titre UraMin. Celle-ci ne vaudra plus que des queues de cerises dans
la future filiale mines d’Areva, à laquelle le décret du 15 donne son feu vert sans tambour ni trompette. À qui profite la manoeuvre?" Et de rappeler que l’entrée au capital d’Areva pour avoir
accès à ses mines d’uranium avait déjà appâté EDF et le fonds souverain du Qatar en 2010. B.B.
Quand Olivier Fric travaillait avec Areva
Bruna Basini - Le Journal du Dimanche dimanche 25 décembre 2011
Espionné durant plusieurs mois par une officine privée, le mari d’Anne Lauvergeon était en relation avec le groupe
nucléaire.
Son nom est au coeur d’un rapport du 26 septembre 2011 commandité par Areva auprès d’Alp Services, une officine basée à Genève.
Il révèle qu’Olivier Fric, 53 ans, époux d’Anne Lauvergeon, ex-présidente d’Areva (de 2001 à juin 2011), a été minutieusement pisté de février à juin 2011.
Voyages, écoutes téléphoniques, comptes bancaires, casier judiciaire… Un travail de barbouzes. Anne Lauvergeon et Olivier Fric ont déposé plainte le 19 décembre
pour "complicité et recel de violation de secret professionnel » et « atteinte à l’intimité de la vie privée".
Jamais jusqu’ici Olivier Fric n’était sorti de l’ombre. Tout juste sait-on, au gré des rares confidences
d’Anne Lauvergeon à la presse, qu’il a travaillé pour Elf Aquitaine et "passé sa vie au Mexique et aux États-Unis"*, au moment où l’ancienne sherpa de
François Mitterrand entrait à la Banque Lazard, en 1995.
"Il proposait des investisseurs dans le secteur des
mines"
Diplômé de l’Essec, Olivier Fric a fait du conseil et des montages financiers dans le secteur de l’énergie sa
spécialité. En mai dernier, il crée Matric, une société anonyme immatriculée à Lausanne. Comment se retrouve- t-il dans l’affaire UraMin? Il serait à l’origine du recrutement en 2006 par Areva du
Franco-Belge Daniel Wouters. Ce dernier est à l’origine du rachat de la junior canadienne UraMin, qui fait aujourd’hui polémique. Et du fait des liens d’amitié supposés entre
Fric et Wouters, on s’interroge chez Areva : Olivier Fric a-t-il été associé de près ou de loin à cette acquisition? "C’est
quelqu’un que je connais depuis quelques années, déclare Daniel Wouters au JDD. Nous avons regardé plusieurs dossiers, mais rien ne s’est jamais présenté et nous n’avons jamais travaillé ensemble
sur UraMin."
Seule certitude, le mari d’Anne Lauvergeon n’est pas un inconnu chez Areva. "Il proposait
d’apporter au groupe des investisseurs dans le secteur des mines et des énergies renouvelables. Il a notamment agi en consultant auprès de United Africa, le partenaire d’UraMin dans l’usine de
dessalement construite en Namibie pour exploiter la mine de Trekkopje", précise-t-on dans le groupe nucléaire.
Selon des documents que nous avons pu consulter, en 2009, il était en relation avec Areva pour monter une structure
d’acquisition de sociétés dans le secteur des énergies renouvelables. Il s’y présentait en associé d’Agave Partners Holdings, une société immatriculée aux îles Caïman, avec des bureaux à Londres,
San Francisco et dans le Golfe. Selon plusieurs sources anonymes, l’implication du mari de la patronne n’était pas du goût de tout le monde. La question du conflit d’intérêts aurait été soulevée
à propos d’une opération impliquant un investissement dans le solaire. Sollicitée sur ce point, la direction d’Areva n’a pas donné suite.
* Paris Match du 27 avril 1995.
La réponse de l'avocat d'Anne Lauvergeon et d'Olivier Fric :
l- Acquisition d'Uramin
Elle s'est faite alors que le cours de l'uranium était très élevé, sur le marché de Toronto, dans des conditions de gouvernance
irréprochables. Le Directoire, unanime a proposé cette opération au Conseil de Surveillance, composé d'une large majorité de représentants de l'Etat, et présidé par Frederic
Lemoine, qui a donné son autorisation à l'unanimité. Nul ne pouvait prévoir la crise de 2008, et ses conséquences sur les matières premières, puis l'accident de Fukushima. Les compagnies
comparables à Uramin ont perdu 80% à 90% de leur valeur boursière pendant la même période.
II- René Ricol diligenté par le Président de la République à la suite de diverses insinuations propagées sur le
sujet a conclu que l'acquisition d'Uramin était nécessaire sur le plan stratégique et a déclaré à l'Assemblée générale des actionnaires du 27 avril 2011 : "j'étais venu pour faire la
clarté sur les comptes d'Areva. La clarté existait avant mon arrivée, j'ai perdu mon temps avec bonheur." Volontairement, Anne Lauvergeon n'a participé à aucune des
très nombreuses réunions tenues par René Ricol avec les collaborateurs d'Areva.
lII- Sur l'article du JDD (page 15) mes clients expriment les démentis suivants :
1 Olivier Fric n'a jamais travaillé ou vécu aux Etats Unis ou au Mexique
2 Daniel Wouters n'est pas à l'origine de l'intérêt d'Areva pour Uramin, société qu'Areva Mines suivait depuis
de nombreux mois avant son recrutement.
3 Olivier Fric ne connaissait pas M. Wouters avant son recrutement par Areva.
4 Olivier Fric n'a été associé, ni de près ni de loin, à l'acquisition d'Uramin
5 Olivier Fric n'a jamais travaillé pour Areva.
6 Olivier Fric n'a pas été consultant de UAG. Il a rempli une mission auprès d'un des conseils financiers
d'UAG.
7 Agave, société américaine de développement de projets dans les renouvelables a proposé à Olivier Fric de
devenir partenaire. Celui-ci n'a pas donné suite.
8 Contacté, Gérald Arbola ne connais pas la société Apic ni le rapport dont il aurait selon l'article du
JDD, été le commanditaire.
Suspicion malveillante et calomnie, la source anonyme de l’article du JDD, dans une tentative de contre-feu, est
probablement le commanditaire de l’enquête crapuleuse, dirigée contre Anne Lauvergeon et son mari, qui a provoqué le dépôt de leur plainte pénale.
Paru dans leJDD
Le mari d'Anne Lauvergeon, Olivier Fric, était en relation avec Areva. (Reuters)