RÉSEAU DES JOURNALISTES POUR LES DROITS DE L’HOMME EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
(RJDH-RCA
DOSSIER SPECIAL : LE DDR RÉUSSIRAIT-IL SANS L’IMPLICATION DES
NATIONS-UNIES ?
Bangui, 25 sept (RJDH) –Frappée par des conflits fratricides depuis plus d’une décennie, la République centrafricaine ne
saurait retrouver la stabilité et la sécurité sans la réussite du programme de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des combattants
des ex-groupes rebelles. Dans ce processus, le Bureau intégré des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA) joue un rôle important.
« Le BINUCA a joué un rôle important pendant la crise et au moment des négociations. J’ose croire qu’il nous
accompagnera jusqu’à la réintégration de notre dernier élément dans sa communauté ».
Ainsi parlait Abdoulaye Issène, le 27 août, le chef de la rébellion de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), au sortir
de la signature de l’Accord global de paix de Libreville (2008) à
Bangui.
Ce document qui fédère les accords séparés liant le gouvernement aux différents groupes armés, marque l’adhésion de la CPJP au processus de paix et au programme DDR. C’est une étape importante du
processus de paix dans laquelle le BINUCA joue un rôle clé parce que c’est la Représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique, Margaret Vogt, qui
en préside le comité de pilotage.
Mais bien avant l’adhésion de ce dernier groupe armé, l’apport de l’ONU a permis de désarmer et de démobiliser environ 5 000 ex-combattants du principal groupe armé du pays, l’Armée
populaire pour la restauration de la démocratie (APRD) et de l’Union des forces de la résistance (UFR). Les 17 et 18 mai 2012, la dissolution de l’APRD et de l’UFR basées dans le Nord-ouest et le
Centre-ouest est proclamée par leur leader respectif, Jean Jacques Démafouth et Florian Ndjadder.
La population civile soulagée
« Avec la dissolution de l’APRD, nous sommes plus en sécurité, les gens ne se promènent plus avec des armes
dans la ville comme avant », affirment plusieurs habitants de Kaga-Bandoro (Nord-ouest), où régnaient en maître ce désormais ex-groupe armé.
Dans cette partie du pays, les exactions de cette rébellion avaient provoqué des dizaines de milliers de déplacés, compromettant l’éducation des enfants et créant l’insécurité alimentaire, entre
autres.
Toutefois, le processus semble être mal apprécié par certains éléments de l’APRD qui
estiment que la phase de réintégration devrait suivre immédiatement la démobilisation. George Samba Tami, ex-commissaire de ce groupe armé « la
somme de 119 300 FCFA (monnaie utilisée en Centrafrique soit environ 200 dollars) qui nous a été donnée pour nous installer ne nous permet pas de répondre à nos multiples besoins après sept
années de rébellion ». Pour lui, l’appui en formation en matériel promis par le comité de pilotage du DDR devrait intervenir le plus rapidement
possible pour parachever le programme.
Le rôle du BINUCA
« Le mérite du BINUCA est d’avoir réussi, avec le gouvernement, à organiser le 5 avril 2012, la rencontre
des ‘’amis de la République centrafricaine’’ à New York », estime
le lieutenant-colonel Junior de Fabribeckers, chef de l’unité des institutions de sécurité au BINUCA, expert Réforme du secteur de la sécurité, dans un entretien, le 10 septembre
à Bangui. Pour lui, ce rendez-vous a permis de ‘’débloquer’’ beaucoup de choses. Non seulement il a donné l’occasion aux autorités centrafricaines de réitérer leur engagement en faveur du DDR,
mais aussi de faire le point sur la situation politique du pays.
Au cours de cette rencontre, des partenaires ont annoncé un appui au DDR en Centrafrique. Il s’agit de l’Union européenne, de la Banque mondiale, de l’Australie, du Luxembourg, du BINUCA et du
Programme alimentaire mondiale (PAM). D’après le lieutenant-colonel Junior de Fabribeckers, certains de ces partenaires ont déjà versé leur contribution. Cela va servir au
démarrage du programme dans le Nord-est, en faveur des groupes rebelles tels que l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la
justice (MLCJ) qui attendent ce programme depuis quatre années, ainsi que la CPJP qui vient d’adhérer au processus ; soit plus de 5 000 combattants à démobiliser.
Pour ces opérations, le BINUCA apporte son expertise. En dehors de la présidence du groupe technique de travail du DDR, il s’occupe des contacts avec les parties prenantes et l’analyse du
contexte politique et sécuritaire. Le bureau encourage également les autres agences du système des Nations Unies à intervenir en faveur du DDR. C’est le cas du PAM qui s’est engagé à fournir de
la nourriture aux ex-combattants du Nord-ouest et du Centre-ouest pour une durée de six mois, en attendant la phase de réintégration. De même, l’Unicef a négocié et obtenu la libération d’une
quarantaine d’enfants soldats qui étaient dans les rangs de la CPJP. Mais l’Etat centrafricain doit aussi prendre ses responsabilités, afin de motiver les bailleurs de fonds à appuyer le
programme.
Les responsabilités du gouvernement centrafricain
D’après le lieutenant-colonel De Fabribeckers, au-delà de l’implication du
BINUCA, il est nécessaire « qu’il
y ait une vision nationale claire sur le DDR ». Cela
signifie selon lui que les autorités politiques devraient être pragmatiques dans leurs engagements, en mettant les moyens qu’il faut, aussi petits soient-ils, dans la mise en œuvre du
DDR. « Le
gouvernement doit mettre des moyens financiers réels dans le DDR et non des moyens fantômes », souligne-t-il,
évoquant certaines promesses financières de l’Etat centrafricain qui n’ont jamais été réalisées. Du côté du gouvernement l’on affirme tout de même avoir décaissé 404 000 dollars
américains pour la reprise du désarmement et de la démobilisation dans le centre-nord, en mai 2011.
Le défi du gouvernement centrafricain est d’arriver à convaincre les bailleurs de fonds à financer le programme, car, comme l’on a coutume de le dire, la République centrafricaine ne fait pas
partie des priorités de la communauté internationale. Pour attirer le regard des bailleurs sur la RCA, le lieutenant-colonel De Fabribeckers estime que l’Etat centrafricain
devrait faire preuve de bonne gouvernance, de lutte franche contre la corruption, de respect des droits de l’homme et de la liberté de la presse.
Si le programme était totalement financé (20 millions de dollars américains), le DDR profiterait à environ 10 000 personnes, faciliterait le retour à une paix durable, à la stabilité et à la
sécurité, et permettrait de mettre fin au calvaire de la population civile qui est souvent la première victime des conflits.
Jérémie Soupou
OBO : DEUX ÉLÉMENTS DE LA LRA APPRÉHENDÉS PAR
DES MILITAIRES
Obo, 25 septembre 2012 (RJDH) – Deux éléments de la rébellion de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) de
Joseph Kony, ont été attrapés, les 13 et 14 septembre, par une patrouille de l’armée ougandaise dans la région d’Obo (sud-est). L’information a été livrée par le colonel
ougandais Milton Katarinyébwa au cours de la réunion hebdomadaire de la sécurité, ce lundi.
« Il s’agit d’un sergent nommé Odokonyro, appréhendé alors qu’il voulait se
rendre dans le village de Kamango, à 55 kilomètres de la ville d’Obo sur l’axe de Mboki. L’autre est le caporal Olanya, surpris aux environs du village
karmadar », a expliqué l’officier ougandais.
Il est ressorti au cours de la réunion de sécurité que des éléments de la LRA continuent à commettre des exactions sur la population civile dans le sud-est de la République centrafricaine. Il a
été signalé à cet effet que deux hommes qui voyageaient à moto, en provenance de la ville de Bangassou ont été attaqués et pillés, le 23 septembre, à sept kilomètres de village de
Démbia.
Le colonel Milton a fait savoir que deux panneaux de contact seront installés dans les prochains jours par des conseillers militaires américains, afin de faciliter la rapidité
dans les échanges d’informations sur les mouvements et les positions des éléments de la LRA. Ces panneaux seront installés à Obo et à Mboki.
KABO : UN HOMME BLESSÉ PAR BALLE PAR DES HOMMES ARMÉS
NON IDENTIFIÉS
Kabo, 25 septembre 2012 (RJDH) – Un homme âgé d’une cinquantaine, a été blessé par balle, dans la nuit de lundi à mardi
25 septembre, par des hommes non identifiés, au village de Békondjo, à 125 kilomètres de la ville de Kabo (nord), axe Tchad-Centrafrique.
«J’avais quitté le village de Békondjo pour me rendre à Kabo. Quand ils
m’ont aperçu, ils ont commencé à me tirer dessus. J’ai
reçu une balle dans la jambe gauche, mais j’ai réussi à m’enfuir dans la brousse. Ces hommes possèdent des armes de guerre et s’expriment en arabe », a témoigné la victime.
Jean-Michel Dimanche, chef du
village le plus proche de là où l’incident s’est produit, a fait savoir que les parents de la victime l’ont transféré au Tchad pour des soins.
Par ailleurs, le maire de la ville de Kabo, Abdel Latif, qui a été mis au courant de l’incident, a alerté le détachement des forces armées centrafricaines. Des militaires
se sont rendus sur les lieux pour constater les faits.
Toutefois le trafic sur le tronçon Tchad-Centrafrique est perturbé à cause de la présence de ces des hommes armés non identifiés.
KABO : PRÈS DE 4000 PERSONNES DÉPLACÉES TRANSFÉRÉES SUR UN
NOUVEAU SITE
Kabo, 25 septembre 2012 (RJDH) – Près de 4000 personnes déplacées, habitant le site B, aux villages de Bengué 1
et Békondjo à 300 mètres de la ville Kabo (nord), ont été transférés sur un nouveau site, le samedi 23 septembre dernier,
parce que le lieu où elles habitaient était menacé par l’inondation. C’est une initiative de la municipalité de Kabo.
« Par mesure de sécurité, nous avons transféré ces sinistrés
sur un autre site », a expliqué le maire de la ville de Kabo Abdel Latif, qui s’est rendu sur le lieu. Toutefois,
il se dit aussi inquiet de l’intensité de la pluie qui continue à s’abattre sur la ville et qui risquerait d’atteindre encore le nouveau site.
Dans ses explications, le maire a fait savoir que des latrines ont été dégradées et des points d’eau souillées par les eaux de pluie, ce qui n’était pas bien pour la santé des
déplacés.
Par ailleurs, Abdel Latif a déploré la non-assistance aux victimes d’inondation dans sa commune. « Depuis qu’il y a eu inondation dans la ville de Kabo,
les sinistrés du site A qui sont au nombre de 389 et ceux du site B au nombre de 3969, n’ont reçu aucune aide de la part du gouvernement, ni des partenaires au
développement », a-t-il regretté.
Du vendredi 23 au samedi 24 septembre, une pluie diluvienne s’est abattue sur la ville de Kabo et les villages environnants. Ces précipitations ont occasionné l’inondation du site B des déplacés.
Il s’agit des personnes qui avaient fui leurs villages à cause de l’insécurité créée par des hommes du groupe armé du Front démocratique du peuple centrafricain et des éléments du chef
rebelle tchadien Baba-Laddé.
MBAÏKI : UN JEUNE AGRESSÉ PAR DEUX GENDARMES
Mbaïki, 25 septembre 2012 (RJDH) – Un jeune homme âgé de 26 ans vit dans un état d’inconscience depuis le 23 septembre,
à l’hôpital de Mbaïki, après avoir été battu par deux agents de la gendarmerie en poste auprès de la Société centrafricaine du déroulage (SCAD), à 25 kilomètres de la ville de Mbaïki
(sud).
« Le jeune homme a eu une discussion avec l’épouse d’un des deux
gendarmes. C’est pourquoi les deux hommes l’ont battu jusqu’à ce qu’il perde la conscient »,a témoigné Gérardine
Abakar, habitant à la SCAD.
La prise en charge de la victime est assurée par le sous-bureau du Conseil danois pour les réfugiés (DRC) à Mbaïki. Les parents du jeune homme envisagent de porter plainte contre les deux
gendarmes.
BOALI/BERBERATI : REPRISE DIFFICILE DES
ACTIVITÉS SCOLAIRES
Bangui, 25 septembre 2012 (RJDH) – Après dix jours de la rentrée officielle des classes, les enseignements tardent à
reprendre dans plusieurs circonscriptions scolaires du pays, dont Boali et Berberati. Les salles de classe sont vides et les concessions des établissements demeurent envahies par des
herbes.
D’après un reportage de Radio ICDI de Boali, (sud-ouest), les portes des écoles primaires ont été ouvertes, mais il n’y a encore ni élèves ni enseignants. Les parents
viennent rarement inscrire de nouveaux élèves. C’est le même constat pour le collège de Boali.
La plupart des élèves sont encore retenus par leurs parents dans des colonies de pêche ou de
chasse. Les parents ont eux-mêmes fixés la date de la rentrée scolaire au 1er octobre
prochain, soit deux semaines après la rentrée officielle.
« Des annonces ont été faites pour que les parents viennent nettoyer la
cour des écoles, mais le lundi, aucun parent ne s’est présenté », a déploré André Goutain, président de l’Association
des parents d’élèves (APE) de Boali.
C’est la même situation dans la ville de Berberati où depuis la rentrée scolaire, le 17 septembre, aucune activité pédagogique n’a commencé. L’on note l’absence des enseignants et des élèves. Les
concessions scolaires ne sont aussi pas nettoyées.
Elie Nalimon, vice-président de
l’APE de Berberati, a condamné la non-mobilisation des parents d’élèves et de certains enseignants pour la rentrée scolaire 2012-2013.
Certains parents interrogés par Radio Zoukpana disent ne pas s’intéresser au nettoyage des
concessions, à cause des malentendus qui existent, chaque année, entre les chefs d’établissement et le bureau de l’APE, dans la gestion des ressources financières générées par l’inscription de
nouveaux élèves ou les redevances scolaires.