Paix sans liberté, l’histoire de la RCA n’est faite que de cela: Des phases de paix imposée par les plus forts du moment entrecoupées de courtes périodes de délire exutoire dont la dernière qui a eu lieu en Mars 2003 fut qualifiée par un politicien aujourd’hui disparu de Révolution. Or, les fondements de la paix sont les libertés individuelles, comme cela se passe dans les plus crédibles des démocraties de ce Monde. La paix n’est que la conséquence de libertés individuelles bien assumées et non pas l’inverse. Il n’existe pas d’alternative à cette logique qui ne s’accommode guère de ces demi-mesures dont on sait qu’elles ne font qu’entretenir des événements couteux en vies humaines, comme ceux qui sont en cours en ce moment en Centrafrique. Ça, les ténors de la communauté internationale le savent, eux qui n’accepteront pas que dans leur pays, la quête de la paix se fasse au détriment de la protection des libertés individuelles. Ce qui est inacceptable ailleurs ne devrait être salutaire en Centrafrique.
En passant au second plan tout ce que le régime de François Bozizé a entrepris jusqu’ici pour abêtir le Centrafricain consistant notamment à priver la grande majorité des citoyens centrafricains du minimum de dignité qu’un être humain est en droit de se voir garantir, la communauté internationale a semé les graines de la crise actuelle. Au fil des années elle a donné l’impression que ce qui compte c’est l’illusion d’une stabilité politique, une paix sans le respect des libertés individuelles. Peu importe donc, si la République Centrafricaine est gouvernée dans la négation et la diabolisation de ceux qui ne pensent pas comme ceux du pouvoir en place.
La communauté internationale a eu tort de n’avoir pas jugé opportun au moment où il le fallait, de dénoncer les innombrables exactions que les habitants de ce pays n’ont cessé d’endurer de la part des enfants, des femmes, des parents, de la garde rapprochée de François Bozizé. Ce n’était pas en petit comité que François Bozizé s’était vanté d’avoir dépecé un ses adversaires et qu’il n’hésitera pas à faire subir ce triste sort à tous ceux qui auraient le culot de s’opposer à ses désirs. On aurait aussi pu épargner à la Centrafrique cette nouvelle crise si des moyens de pression beaucoup plus conséquents que de simples rapports de missions avaient été activés afin d’empêcher que les résultats des dernières élections présidentielles et législatives ne soient imposés à tout le monde?
Cela dit, au-delà des Centrafricains et de la dictature implacable de François Bozizé qui tire à sa fin, les combats qui se déroulent actuellement auront forcément d’autres conséquences dont il est difficile pour l’heure d’apprécier l’ampleur. En effet, s’il n’y’a aucun doute quant au sort du régime KNK qui lui, est déjà scellé, celui qui pourrait aussi laisser quelques plumes dans cette affaire risque d’être Idriss Déby lui-même. Car, en intervenant en Centrafrique, le président Déby a réduit à sa plus simple expression le rôle, beaucoup plus valorisant que lui et son armée auraient dû jouer au Mali. Quant à François Bozizé qui avait promis de suivre l’exemple de son protecteur Idriss Déby dans la prochaine guerre contre les islamistes maliens, nous savons depuis quelques jours qu’il n’en a pas les moyens.
Enfin, je ne peux pas demander aux Centrafricains de Centrafrique d’initier et conduire seul la lutte pour leur liberté et en même temps leur reprocher la méthode lutte qu’ils ont choisie. Cependant, je reste opposé à la prise de pouvoir par la force car pour moi les libertés individuelles passent avant tout et que le choix émis par chaque Centrafricain quant à l’identité de celui ou celle qui doit présider à la destinée de son pays, doit compter. Pauvre ou pas, intellectuel ou pas, c’est ce choix-là qui est susceptible de conduite à la paix. Bonne chance aux rebelles de Séléka.
Jean Kalimsi