Depuis le 10 décembre 2012, la coalition des rébellions Séléka a conquis par les armes de nombreuses préfectures de la République Centrafricaine. Cette coalition est arrivée à 10 km de Damara où se trouve « la ligne rouge » ou la zone tampon entre les forces de MICOPAX et les rebelles. Les rebelles menacent de prendre Bangui la capitale qui se trouve à 75 km de Damara. Des voix autorisées ont convaincu les belligérants à la négociation. D'où le choix de Libreville et de Dénis Sassou Nguésso comme médiateur. Dans ce processus de médiation à Libreville, la semaine du 7 au 11 janvier 2013 est décisive.
Centrafricains, ceux qui aiment et respectent ce pays, nous voici réunis autour de la table pour débattre de la sortie de crise politique et militaire. Cette crise grave qui a pris en otage notre pays depuis plus d'une décennie. Les enjeux du dit dialogue sont de tailles, car ils engagent l'avenir de la République Centrafricaine.
Le peuple centrafricain ne vit plus. Le peuple centrafricain ne respire plus. Le peuple centrafricain est épuisé. Le peuple centrafricain ne croit plus. Le peuple centrafricain a faim. Il a faim parce qu'il n'a rien a mangé. Il a faim de liberté, d'unité, de dignité, de travail... Le rêve de Barthélémy BOGANDA et de ses compagnons de lutte qui voulaient faire de la République centrafricaine un havre de paix s'est évaporé. A l'extérieur de nos frontières, on a même honte de se dire centrafricain ! Non ! Ce n’est pas une malédiction d’être centrafricain !
Libreville nous donne une chance exceptionnelle de crever l'abcès. Nous pouvons maintenant diagnostiquer le mal et apporter une solution sans effusion de sang.
Nous pouvons faire la paix des braves. Nous pouvons nous tendre la main et décider d'ouvrir des perspectives pour le changement et la paix en Centrafrique. Le monde entier nous observe. Nous n'avons plus droit à l'erreur.
Et vous qui êtes autour de la table, sachez que vous avez maintenant entre vos mains les clés de la sortie de crise.
Vous êtes des responsables au sens propre du terme. Être responsable, c'est rendre compte. Vous rendrez compte au peuple si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain. Dans toutes les confessions religieuses dans nos provinces et à Bangui la capitale, les prières montent au ciel pour que Jéhovah, Allah, Dieu vous bénissent dans vos travaux, dans vos décisions.
Le devoir qui vous appelle dépasse le cadre partisan, ethnique, les considérations bassement matérielles. Vous êtes la voix des sans voix. Vous êtes en ce moment précis l'incarnation du peuple dans son angoisse, sa peur, ses doutes. Vous êtes les avocats du peuple. Le peuple centrafricain doit gagner ce procès. Le procès d'incompétence, de vol, de cupidité, d'incurie, de crimes, de banditisme organisé.
Pour nos autorités politiques centrafricaines, la paix n'a pas de prix. Votre responsabilité est énorme. C'est une partie de l'histoire de notre pays qui se joue.
Vous pouvez aujourd'hui mettre terme à cette crise en acceptant non seulement de dialoguer mais dire comme le Général De Gaulle « centrafricains » je vous ai compris.
Que veut le peuple centrafricain ?
D'abord, la fin des rébellions synonyme de la restauration de l'autorité de l’État sur l'ensemble du territoire. Ensuite, de nouvelles autorités issues du dialogue de Libreville pour conduire la transition politique. Vous avez l'obligation d'écouter le peuple. Souvenez-vous des mots qui ont accompagné l'ascension politique du régime actuel après les événements du 15 mars 2003 : libérateur, patriote ! Si entre temps, ces mots ont perdu leur sens, aujourd'hui le peuple le revendique.
Le peuple jugera si vous êtes un libérateur ou un affabulateur ou encore un tyran !
Les questions de fond sont sur la table. Votre décision est capitale et attendue.
Les va-t-en-guerre de tous bords sont pour la guerre. La guerre, c'est une fausse piste. Une mauvaise réponse à un problème de fond. Notre pays n'a ni les moyens, ni la volonté politique de faire la guerre. Nos militaires n'ont plus le courage et la force de se battre contre leurs frères d'arme qui ont pris le maquis.
Nos mères n'ont plus les larmes pour pleurer. Nos jeunes désoeuvrés qu'on recrute à tour de bras ne veulent plus prendre les armes pour tuer. Nos médecins ont d'autres patients à suivre que les blessés de guerre. Nos politiques ne veulent plus vivre dans la peur et la crainte d'un coup d’État. Donc, le peuple attend de vous une solution politique salutaire et pacifique.
Si le président Barthélémy BOGANDA avait échoué à Libreville dans son projet de la formation des États-Unis de l'Amérique latine, aujourd’hui, vous les autorités politiques actuelles de la CEEAC, vous disposez de la clé pour sortir la République Centrafricaine du chaos annoncé et entretenu.
Notre pays attend de vous, une parole d'homme, un message d'espoir et de délivrance, un message de la raison et du bon sens.
Tout le monde vous regarde, vous entend et attend vos décisions de sortie de crise !
Que Dieu préserve le Centrafrique !
Faustin ZAMETO MANDOKO
Coordonnateur du Collectif des Oubanguiens « CDO »
Paris, France.