BANGUI : COMPTE RENDU DE LA SOCIÉTÉ CIVILE SUR LES NÉGOCIATIONS DE LIBREVILLE
Bangui, 16 janv. 13 (RJDH) – La société civile de Centrafrique, partie prenante des Accords de Libreville,
vient de faire son retour à Bangui. Elle a tenu une conférence de presse, ce mardi 16 Janvier pour faire le point sur la mission qu’elle a effectué auprès des différents protagonistes de la crise
Centrafricaine.
« Deux éléments de la société civile avaient été désignés pour participer aux assises de Libreville comme
observateurs. Notre mission consistait à faire un plaidoyer auprès des principaux protagonistes. C’est pourquoi nous y sommes allés pour influencer un peu la prise des décisions afin que nous
pouvions obtenir un cessez-le feu définitif, obtenir l’ouverture d’un couloir humanitaire, de demander aux parties prenantes de privilégier l’intérêt général et national et enfin de penser déjà à
la tenue d’un dialogue national, inter centrafricain », a déclaré Brice Kévin Kakpayene, coordonnateur de l’ONG enfant sans frontière qui a fait partie de la
délégation de Libreville.
Il se félicite des Accords conclus entre les protagonistes à Libreville, et affirme que la société civile de Bangui se voit
prête d’entrer dans le futur gouvernement d’union nationale qui se profile à l’horizon.
« D’après nos informations, deux places sont réservées à la société civile dans le gouvernement, mais nous
allons nous concerter pour voir ce qu’il y a lieu de faire », a-t-il ajouté.
Mais bien avant de rentrer sur Bangui, ils ont fait un tour à Kampala, en Ouganda pour s’imprégner de l’expérience de la
société civile ougandaise afin de préparer le prochain dialogue inter centrafricain de Bangui.
« Nous avons une grande mission à accomplir après les assises de Libreville, celle d’abord de vulgariser les
accords de Libreville, puisque nous nous sommes rendus compte que les premiers accords n’ont pas été vulgarisés. Ce qui a occasionné la rechute des hostilités en Centrafrique. Enfin, la poursuite
à la justice de tous les auteurs présumés des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Centrafrique depuis les mutineries jusqu’à nos jours », a-t-il conclu.
Pour Me Bruno Hyacinthe Gbiébga qui a aussi participé aux travaux de Libreville, il y a aucune disposition
qui prévoit l’amnistie des auteurs des crimes perpétrés pendant cette période de conflit. « Ils doivent répondre de leurs actes devant la justice, car un pays se construit
également par un procès juste et équitable. Il n’y a pas de paix sans une justice véritable », a souligné Me Bruno Hyacinthe Gbiégba.
La société civile demande enfin l’indemnisation des toutes les victimes des conflits en Centrafrique.
KAGA-BANDORO : DES DÉPLACÉES TÉMOIGNENT
Bangui, 16 janv. 13 (RJDH) – En dépit de l’accord de cessation d’hostilité signé entre le gouvernement et la
rébellion de la Séléka, certains habitants de la ville de Kaga-Bandoro (centre) continuent d’évacuer la ville. Plusieurs centaines de personnes sont arrivées samedi à Bangui à bord des véhicules
militaires des éléments de la Force multinationale en Afrique centrale (Fomac).
La majorité de ces personnes est constituée des religieux de la mission Catholique des fonctionnaires et agents des secteurs
publics et privés. Les déplacés ont témoigné avoir traversé des moments difficiles depuis la prise de la ville de Bandoro, par les rebelles de la Séléka. Ils ont également affirmé que la ville de
Kaga-Bandoro, n’a plus son image d’il y a quelques mois.
Un religieux a confié ce matin au RJDH sous l’anonymat que « nous avons profité de la mission des éléments
des Forces Multinationales en Afrique Centrale pour sortir de cette terreur. C’était une occasion rare et inespérée que nous avons reçue. A cet effet, nous n’avons pas hésité une seconde pour
revenir à Bangui ».
Il précise que la Fomac a accepté de les transporter, parce qu’ils sont des religieux. Pour les fonctionnaires, c’est parce
qu’ils ont des enfants et ne sont pas en sécurité dans la ville à cause des éléments de la Séléka.
Il poursuit son témoignage en disant que « la ville de Kaga-Bandoro est à l’heure actuelle très déserte.
Toute la population se retrouve soit au champ ou dans la forêt. Les rebelles de Séléka ont tout détruit. Les bâtiments administratifs et les maisons des particuliers qui travaillent dans le
secteur public ou privé sont systématiquement pillées et saccagées dès leur entrée dans la ville. Seul l’hôpital préfectoral de la ville et la mission catholique, la bâtisse de l’évêché qui sont
encore en état de fonctionner, puisque beaucoup de démunis en ont fait leur refuge ».
L’un des déplacés a fait savoir que « non seulement les rebelles ont commis des exactions sur la population, mais il y a
eu aussi des cas d’exécutions sommaires de certains fonctionnaires et commerçants de la ville doigtés par les jeunes désœuvrés ». Il précise que même jusqu’à son départ de la ville, les
cadavres jonchent encore les ruent et les artères. Certains cadavres sont dévorés par les porcs et les chiens, puisqu’aucune personne ou ONG, ne s’en est occupé.
« La population ne peut circuler que uniquement le jour. Et les déplacements sont réduits à leur strict
minimum et effectué pour des besoins nécessaires. La nuit, tout le monde est sur le qui-vive. Nous portons tous nos pantalons Jeans, nos blousons et nos paires de palladium pour nous permettre de
détaler facilement si l’alerte est donnée », a-t-il ajouté.
« Je ne suis pas surpris de voir toutes les villes que nous avons traversées soient désertes, même le jour.
Je parle de la ville de Dékoa et Sibut. Quant aux villages, les gens détalent dans la brousse en écoutant le bruit du moteur de véhicule », a-t-il tancé.
Il a conclu que « c’est avec un grand ‘’ouf’’ de soulagement que j’ai mis pied à Bangui. Je plains le sort
de tous ceux qui sont encore restés sur place dans ces villes sans assistance humanitaire de tout genre, avec le lot quotidien de la famine, des maladies et épidémies ».
L’accord signé le 11 janvier à Libreville exige un cessez-le-feu immédiat et prévoit la formation d’un gouvernement d’Union
nationale, des élections législatives anticipées d’ici à 12 mois et aussi le retrait de toutes les forces militaires étrangères de Centrafrique, à l’exception de la Fomac et la poursuite du
désarmement des rebelles.
NOLA : L’INSÉCURITÉ RESSURGIE DANS LA RÉGION
Nola, 16 janv. 13 (RJDH) – Des cas d’agression à main armée ont été enregistrés dans la nuit du dimanche à
lundi 14 janvier dans certains quartiers de la ville de Nola (Sud-ouest). Une situation qui inquiète la population qui affirme que ces cas deviennent de plus en plus récurrents dans la
localité.
D’après des témoignages recueillis, trois gardiens de nuit qui assurent la sécurité d’une société d’exploitation forestière
appelé FBACA, ont été agressés par une bande armée non identifiée.
Les victimes ont réussi à mettre la main sur un des voleurs. Celui-ci a été conduit à la gendarmerie pour être libéré
quelques heures après sous la pression de ses parents. Mécontents de cette libération les jeunes du quartier Mambéré3 ont décidé de prêter main forte aux gardiens de nuit, en assurant eux aussi
la sécurité pendant la nuit.
Par ailleurs, un jeune homme âgé de 27 ans, qui vendait du pétrole, a été poignardé le dimanche 13 janvier par un inconnu.
D’après les informations la victime a reçu trois coups de couteau dont un au niveau de la nuque, l’autre à la poitrine et à la jambe.
« J’étais en train de vendre du pétrole lorsque j’ai écouté quelqu’un m’appelé, c’est quand je me retournais
que quelqu’un m’a frappé au niveau de la nuque puis au niveau de la poitrine et la jambe », a relaté la victime.
Le présumé agresseur a été arrêté et conduit à la gendarmerie par des jeunes qui font la ronde dans le quartier. Il a réussi
à s’échapper après quelques heures de détention.