BANGUI (AFP) - 17.01.2013 17:59 - Par Patrick FORT
L'opposant et avocat centrafricain Nicolas Tiangaye a été nommé jeudi, après plusieurs jours de
tergiversations, Premier ministre du gouvernement d'union nationale après l'offensive de l'alliance rebelle Séléka suivi de l'accord de paix de Libreville signé le 11 janvier.
"Le plus dur commence", a confié le nouveau Premier ministre à l'AFP.
"Le problème que le gouvernement doit résoudre en urgence, c'est la pacification du pays et la restructuration de
l'armée. Car sans la paix, on ne peut rien. Ensuite, il faudra conduire le pays vers les législatives dans un proche avenir et prendre des mesures économiques et sociales pour relancer le
pays".
Selon l'accord de Libreville, M. Bozizé ne peut révoquer le Premier ministre qui est en place pour une
période de 12 mois renouvelable. M. Tiangaye ne pourra pas se présenter à la présidentielle de 2016, de même que le président François Bozizé, arrivé au pouvoir par les armes en
2003.
Juriste réputé et défenseur des Droits de l'homme, Me Tiangaye a été nommé après une cérémonie de plusieurs
heures au palais présidentiel de Bangui en présence de membres de la majorité présidentielle, de l'opposition démocratique, de l'alliance rebelle Séléka, des rebelles ayant adhéré aux anciens
accords de paix et de la société civile.
Au terme de la réunion, le président Bozizé a signé le décret de nomination d'un de ses adversaires qu'il
apprécie le moins.
"Nous allons nommer Me Nicolas Tiangaye. Tiangaye est fils du pays. Il a travaillé. Il veut de ce poste. Pas de
palabres. Nous lui souhaitons bonne chance" a affirmé M. Bozizé soulignant, dans une apparente allusion à la franc-maçonnerie dont tous deux sont membres:
"il sera au pied du mur, et où voit-on le maçon?".
"Si le gouvernement ne travaille pas pour le peuple, s'il travaille pour ses poches, ou n'exerce pas dans le sens
de l'intérêt national, cela ne servira à rien", a-t-il prévenu.
Auparavant, le chef du Séléka, Michel Djotodia avait confirmé le choix de Tiangaye et
demandé la "libération de tous les prisonniers politiques".
Un autre chef rebelle, le général Mahamat Moussa Dhaffane, en uniforme, avait assuré: "Le vrai
mal de notre pays c'est l'exclusion. On n'est pas rebelle par conviction (...) Nous sommes d'accord pour que les choses changent. M. le président, changez! Nous aussi nous changerons. Le pays a
besoin de paix et de développement économique. Je veux qu'on lègue à nos enfants un pays paisible et prospère".
Prochain test: la formation du gouvernement
Le Séléka demandait le départ du président Bozizé qui dirige un des pays les plus pauvres du monde miné par
les rébellions et putsch qui l'ont empêché d'exploiter un sous-sol pourtant riche en diamants, pétrole, or et uranium.
Une fois le suspense de la nomination du Premier ministre terminé, un nouveau test commence: celui de la composition du
gouvernement. Il devra comprendre des membres de toutes les composantes du dialogue à Libreville.
"Je ne peux pas vous dire quand la liste du gouvernement sera rendue publique, il faut entamer les
négociations", a précisé M. Tiangaye.
Le président Bozizé a proposé un gouvernement de 30 ministres avec 5 membres pour l'opposition, 5 pour le
Séléka, 4 pour les anciens rebelles, 4 pour la société civile et 12 pour la majorité présidentielle, revendiquant les postes de "souveraineté" pour son camp.
Il n'est pas sûr d'obtenir satisfaction. Seule certitude, la Défense ira au Séléka.
Le Premier ministre a tenu un discours apaisant; "Nous sortons d'un conflit. Il faut éviter de nouvelles crises,
privilégier la concertation et aplanir les divergences" tout en "assurant la cohérence de l'action gouvernementale".
Il a balayé sa relation personnelle conflictuelle avec le président Bozizé: "Même dans une famille, les gens
n'ont pas les mêmes appréciations des problèmes, a fortiori quand on dirige un pays. Cela ne constitue pas un élément de blocage au plan politique. Je n'ai pas de problème personnel avec le
président".
RCA: l'opposant Nicolas Tiangaye nommé Premier ministre
RFI jeudi 17 janvier 2013
Ce jeudi 17 janvier, l'opposant Nicolas Tiangaye a été nommé Premier ministre centrafricain du gouvernement d'union
nationale issu de l'accord de paix de Libreville. L’homme est un célèbre avocat, juriste réputé, fervent défenseur des droits de l'homme. Son parcours est respecté de tous. C’est même
« quelqu'un de bien », affirme Eric Massi, coordonnateur de la Seleka.
Avec notre envoyé spécial,
Le décret vient d’être signé ce jeudi 17 janvier à la mi-journée par le président Bozizé :
Nicolas Tiangaye, c’est officiel, désormais, est le nouveau Premier ministre de transition. Les représentants du pouvoir, de l’opposition, de la rébellion, des corps
diplomatiques ont assisté à la cérémonie -très théâtrale- au palais de la Renaissance à Bangui.
François Bozizé a lancé tout d’abord dès le début de la réunion au chef de la Seleka, le chef de la
rébellion Michel Djotodia : « Venez, je veux vous entendre de vive voix pour me dire quel est le choix pour le poste de Premier
ministre ». Le chef rebelle s’est alors levé, a pris le micro pour prononcer le nom de Nicolas Tiangaye avant de demander la libération de tous les prisonniers
politiques.
Réponse rapide de François Bozizé : « Je
libère tout le monde à la minute, mais vous aussi, faites ce que vous avez à faire ». Puis, pour montrer qu’il entend bien rester au centre du jeu, le chef de l’Etat
centrafricain a proposé son schéma pour le futur gouvernement : trente ministres, selon lui, douze pour la majorité dont les principaux ministères de la souveraineté, cinq pour l’opposition, cinq
pour la Seleka dont le portefeuille de la Défense, quatre pour les mouvements politico-militaires non combattants et enfin quatre pour la société civile.
Puis plusieurs interventions se sont succédées ; la plupart pour critiquer l’accord de Libreville et dire qu’il n’était
pas assez inclusif. Mais au final, une intervention est sortie du lot, celle du général Mohamed-Moussa Dhaffane, l’un des chefs de la Seleka. Il s’est levé sans y être invité et
a lancé au président : « Nous sommes le mal. La Seleka est le mal
mais le mal le plus profond de son pays c’est l’exclusion. Changez et nous changerons aussi ».
Centrafrique : un nouveau premier ministre nommé pour apaiser le pays
Le Monde.fr avec AFP 17.01.2013 à 15h40
L'opposant et avocat Nicolas Tiangaye a été nommé premier ministre du gouvernement d'union nationale de la Centrafrique, selon un décret signé jeudi 17 janvier par le président,
François Bozizé, au terme d'une cérémonie réunissant toutes les parties du conflit centrafricain à Bangui. Sa nomination, attendue depuis quelques jours, avait été proposée par l'opposition
civile et rebelle, et acceptée par le pouvoir en place.
"Nous allons nommer Me Nicolas Tiangaye ; Tiangaye veut de ce poste et nous lui souhaitons bonne
chance" a affirmé le président Bozizé juste avant de signer le décret en présence de la presse, des rebelles de la Séléka, de l'opposition et de la société
civile.
"PACIFICATION DU PAYS"
"C'est un soulagement pour le peuple centrafricain, nous voyons la paix poindre à l'horizon",
a déclaré pour sa part Nicolas Tiangaye. "Le problème que le gouvernement doit résoudre en urgence, c'est la pacification du pays et la restructuration de
l'armée", a ajouté le nouveau premier ministre, juriste
réputé et défenseur des droits de l'homme respecté de tous.
"Je ne peux pas vous dire quand la liste du gouvernement sera rendue publique, on en discutera, il faut entamer les
négociations [...] avec toutes les composantes qui étaient présentes à Libreville", a précisé M. Tiangaye. Les négociations dans la capitale gabonaise
avaient réuni la semaine dernière le pouvoir, l'opposition démocratique, la société civile et les rebelles qui avaient conquis une grande partie du pays après leur
soulèvement le 10 décembre.
BOZIZÉ IRA À LA FIN DE SON MANDAT
L'accord de sortie de crise signé le 11 janvier à Libreville prévoyait la nomination d'"un nouveau premier
ministre issu de l'opposition". Le texte prévoit également que Bozizé restera en place jusqu'à la fin de son mandat en 2016 mais qu'il ne "pourra pas révoquer" le
nouveau premier ministre pendant la période de transition de douze mois.
Ancien président de la Ligue centrafricaine des droits de l'homme, Nicolas Tiangaye a notamment défendu
l'ex-empereur Bokassa en 1986-1987 mais aussi... François Bozizé, accusé d'un complot sous le régime d'Ange-Félix Patassé en 1989. Il a été président du Conseil
national de transition (CNT, Parlement de transition) en 2003 après la prise de pouvoir de Bozizé et a surtout été un des principaux rédacteurs de la Constitution adoptée en 2004.
Centrafrique : les militaires tchadiens resteront au moins jusqu’en 2014
Le Tchad a annoncé aujourd’hui que ses forces armées, qui font partie des troupes de la CEEAC qui appuient la MICOPAX,
resteront au moins un an en Centrafrique. Le chef de l’État tchadien, Idriss Déby, explique que la Centrafrique « nécessitera au moins un an de présence, correspondant à la durée de la transition
». La MICOPAX a par ailleurs été réorientée dans son action, afin qu'elle appuie la mise en œuvre du consensus de Libreville.
(Source : Reuters17 jan.
2013 )
Un opposant nommé Premier ministre en Centrafrique
BANGUI 17-01-2013 à 17h31 - (Reuters) - Le président centrafricain François Bozizé a nommé jeudi un nouveau Premier ministre
issu des rangs de l'opposition, conformément à l'accord de paix signé avec les rebelles la semaine dernière.
Nicolas Tiangaye, avocat et président de la Convention républicaine pour le progrès social, un parti d'opposition, avait été
choisi par l'alliance rebelle Seleka à l'issue des négociations de paix au Gabon.
"Le président de la République, chef de l'Etat décrète (que) Nicolas Tiangaye est nommé Premier ministre, chef du
gouvernement", est-il écrit dans le décret présidentiel.
Nicolas Tiangaye va s'attacher à former un gouvernement d'union nationale et à organiser d'ici un an des élections
législatives pour renouveler l'Assemblée nationale, dominée par les partisans de François Bozizé.
En contrepartie, les rebelles, qui étaient arrivés aux portes de Bangui le mois dernier, ont décrété un cessez-le-feu et
accepté que François Bozizé reste au pouvoir jusqu'à la fin de son mandat, en 2016.
Paul-Marin Ngoupana, Tangi Salaün pour le service français