Nous, familles centrafricaines de la diaspora de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), Sud-est de la France,
regroupées au sein de l’association Loi 1901, A Séwa ti Bé Afrika (Les Familles centrafricaines), sommes solidaires des familles restées sur le territoire
national. Elles viennent de subir les attaques inacceptables de la part des groupes armés dans le Nord-est de la République Centrafricaine.
Pendant longtemps, certains politiciens ont joué la carte de division entre nous de la diaspora et vous de l’intérieur. Il
suffit d’écouter certaines radios locales pour s’en rendre compte.
Aujourd’hui, avec le changement intervenu dans le pays, changeons de logiciel. Jouons la carte de l’unité. Nous qui vivons à
l’étranger et qui vivez à l’intérieur unissons-nous pour développer notre pays. Les nouvelles autorités mettront en œuvre une véritable politique pour gérer les centrafricains de l’étranger. Par
exemple, pourquoi ne pas installer un grand consulat de la République Centrafricaine dans le Sud de la France, notamment à Marseille et ses environs réside une forte communauté centrafricaine qui
est obligée de monter à Paris soit près de 800 kilomètres pour faire faire les papiers administratifs ou pour
voter.
Un autre exemple, pourquoi ne pas envisager faire un inventaire en France des sources économiques voire humaines susceptibles
d’apporter leur aide à notre pays ?
Les évènements de décembre 2012 auxquels nous venons d’assister en direct, constituent la fin d’une histoire commencée un 15
mars 2003.
Ils sont aussi un obstacle à la consolidation d’un Etat de Droit, à la bonne gouvernance, au progrès social et au plein
exercice des libertés fondamentales dans le cadre de la Loi.
Des voix se sont élevées à l’intérieur du pays, dans la région et sur le plan international pour condamner ces
attaques ; pour demander de mettre fin aux hostilités et aux souffrances des familles immédiatement ; pour demander au gouvernement et aux groupes armés de coopérer dans le cadre de la
résolution 2031 (2011) qui « engage le gouvernement centrafricain et les groupes armés à continuer de soutenir la réconciliation nationale en respectant strictement les
recommandations du dialogue politique inclusif qui a pris fin en 2008, et demande à tous les groupes armés de coopérer avec le gouvernement dans le cadre du processus de désarment
démobilisation et de réintégration ».
Finalement, un cessez le feu et un accord de sortie de crise sont signés. Un nouveau Premier Ministre est nommé. Un nouveau
gouvernement sera constitué.
C’est dans ce contexte que nous Familles centrafricaines demandons à nos nouveaux dirigeants de œuvrer pour apporter des
réponses à nos besoins fondamentaux qui sont à la fois simples et immenses.
Premièrement, nous voulons une paix durable. « Si vis pacem, para bellum ». « Si tu veux la paix, prépare la
guerre » – La paix armée, concept de la force militaire, est la première ou la principale garantie pour maintenir la paix.
Les nouvelles autorités doteront la République Centrafricaine de véritables forces de l’ordre républicaines et
professionnelles (armée, gendarmerie, police, etc.) qui protègent et respectent le citoyen. Les milices et autres groupes d’autodéfense institués par l’ancien régime seront dissouts pour éviter
les débordements inacceptables constatés ici et là ces derniers temps.
Deuxièmement, travailler pour un développement durable de la République Centrafricaine.
Pour la première fois depuis plus de cinquante ans après la disparition tragique du Président fondateur de la République
Centrafricaine, Barthélémy BONGANDA, les conditions sont réunies pour appliquer ses cinq (5) verbes : Nourrir, Vêtir, Soigner, Loger, Instruire. Ne manquons pas ce rendez-vous avec
l’histoire.
Tout le monde revendique en République Centrafricaine ces cinq verbes mais une élu il ne l’applique jamais.
Ces verbes sont un résumé du programme politique que de Barthélémy BOGANDA a voué sa vie entière. C’est l’aboutissement d’une
longue réflexion commencée en 1946 quand en tant que défendeur des siens (les Oubanguiens) il accepta d’être candidat aux élections législatives française.
Il se dota de deux structures très importantes pour appliquer son programme.
En 1948 il écrit : « La Société Coopérative Oubangui, Lobaye Lessé (SOCOULOLE) créée en 1948 veut résoudre en
AEF, les problèmes de l’alimentation, de l’habillement, des sons médicaux de l’enseignement.
Ces problèmes renferment toutes les questions humaines sans la solution de laquelle nous ne ferons que marquer le pas
pour disparaître ensemble de la planète. »
Le 15 février 1950, il créa un parti politique, la Mouvement d’Evolution Sociale d’Afrique Noire (MESAN). Les objectifs
sont : « promouvoir l’évolution politique et sociale de l’Afrique Noire, renverser les barrières du tribalisme et du racisme, substituer à la notion dégradante de la subordination
coloniale, la notion plus humaine de fraternité et de coopération ».
Il résume le programme de ce parti dans cinq (5) verbes les plus évocateurs de l’action politique : Nourrir, Soigner,
Instruire, Loger, Vêtir.
Mots d’ordre pacifique. Et pourtant, il devra se battre autour d’eux, étonné de l’incompréhension de l’administration
coloniale et peiné de voir se déclencher contre lui la stupidité et la violence.
Barthélémy BOGANDA n’a pas écrit un document précis qui parle de ces cinq verbes. Il faut parcourir ses abondants écrits pour
saisir partiellement la signification qui se trouve derrière chacun de ses verbes.
NOURRIR. Selon lui, « la mortalité en Oubangui-Chari est dû à la sous alimentation. Combien d’Oubanguiens sont
sainement nourris ?
Il faut procéder immédiatement à la culture vivrière intensive pour lutter contre la sous alimentation et le marché
noir ».
Le Centrafricain ne mange pas à sa faim. Les nouvelles autorités lanceront nous l’espérons une grande politique agricole pour
permettre à la population de manger à sa faim.
VETIR. Le président fondateur fait un constat. « Le défaut d’habillement des Oubanguiens. Combien d’Oubanguiens
sont dignement habillé ?
Il faut procéder immédiatement à l’habillement à l’amélioration de l’habillement ? »
Réactiver la filière coton qui est totalement sinistrée. Cela passe par le développement de la culture du coton.
SOIGNER (GUERIR). »Nous avons des hôpitaux dans tous nos grands centres ; mais que représente la quantité des
malades soignés à côté de ceux qui souffrent et meurent sans aucun soin ?
Il faut procéder immédiatement à la construction de nombreux centres médicaux, de maternités et de
puéricultures »
Nous en sommes au même point aujourd’hui. L’offre de soin ne couvre pas la demande. La santé fait donc partie des
priorité.
LOGER. Barthélémy BOGANDA dénonce « la défectuosité du logement en Oubangui-Chari. Combien d’Oubanguiens sont
convenablement logés ? »
Il propose « immédiatement la construction d’habitations convenables réalisant les conditions d’hygiène les plus
élémentaire ».
Quel bilan faisons-nous aujourd’hui ? Le nouveau se mettra au travail pour relever ce défi.
INSTRUIRE. « l’avenir d’un pays dépend du nombre et de l’éducation des enfants écrit Barthélémy BOGANDA. Il
poursuit, éduquer un enfant, c’est le préparer à sa vie d’homme, par un développement physique, intellectuel, morale et sociale. Nous avons des écoles dans les villes, quel est le pourcentage
de nos enfants qui vont à l’école ? Il faut procéder immédiatement à l’instruction de masse ».
L’école est sinistrée aujourd’hui. La baisse de niveau est inquiétante. Un nombre important d’enfants qualifiés d’enfants de
la rue sont sortis du système scolaire. Il y a du travail à faire dans ce domaine.
Les thématiques chers à Barthélémy BOGANDA à son époque reste d’actualité. Si le gouvernement TIANGAYE réussit à traiter la
totalité ou une partie de ce programme, alors nous dirons que le changement est devenu réalité en République Centrafricaine. Nous familles centrafricaines lui en serons reconnaissantes.
Vive les Familles centrafricaines !
Vive le peuple centrafricain !
Le Président
Marseille, le 18 janvier 2013.
A PANGUERE-POUCRA