RÉSEAU DES JOURNALISTES POUR LES DROITS DE L’HOMME EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (RJDH-RCA)
BANGUI : LA SITUATION SANITAIRE SERA DÉPLORABLE SI L’INSÉCURITÉ PERSISTE SELON MSF
Bangui, 29 janvier 2013 (RJDH) – La situation sanitaire de la population des zones occupées par la rébellion de la coalition Séléka pourrait
s’aggraver si les rebelles ne cessent pas les hostilités. Les mécanismes de survie et la résilience vont s’affaiblir encore, de ce fait on peut commencer à avoir des situations humanitaires plus
difficiles et catastrophiques, a fait observer le chef de mission de MSF Sylvain Groulx, dans un entretien avec le RJDH, ce mardi 29 janvier.
Dans ses propos, Sylvain Groulx a précisé que les habitants des villes occupées ont un mécanisme de
survie qui est assez résiliant. « La situation actuelle ne nous permet pas déjà de constater une autre crise humanitaire beaucoup plus pire que ce qu’elle était auparavant. Ce
que la Séléka a amené c’est de l’insécurité mais elle n’a pas nécessairement accentué grandement la situation humanitaire d’avant. La situation sera catastrophique si l’insécurité persistait
encore plusieurs semaines, voire des mois », a-t-il fait savoir.
« Nous avons le plus souvent des situations où les familles ont fui et se retrouvent aux champs sans abri,
sans moustiquaire. Elles font face aux intempéries. Elles n’ont pas de l’eau potable et mangent très difficilement. Elles n’ont plus d’activités économiques. Tout cela fait en sort qu’on se
retrouve avec une situation où ces gens qui souffrent déjà dans des meilleurs moments souffrent encore plus », a souligné le chef de mission de MSF.
Selon la même source, en Centrafrique généralement en moment de paix, on retrouve de pires indicateurs de santé. Le système
de santé a de graves problèmes. Dans les zones où MSF travaillent actuellement et où ils ont des hôpitaux et centres de santé, Kabo, Batangafo, Ndélé et autres la crise humanitaire est
perpétuelle.
« Actuellement, MSF font énormément d’activités qui vont dans le sens d’assistance humanitaire aux
populations affectées. Outre d’avoir continué nos projets dans les zones hors conflits, durant ces offensives de la Séléka, nous avons continué nos activités sur Batangafo, Kabo et
Ndélé », a-t-il mentionné.
« Nous avons mise en place une équipe médicale à Kaga-Bandoro. C’est cette équipe-là qui a traité plus de
20 blessés qui avaient été brûlés lors de l’incendie de la station pétrole. Nous avons également ouvert à Damara une unité qui dispense des soins à la population, enfin la même chose est en
train d’être faite à Sibut depuis quelques jours. Nous avons une équipe qui a fait une évaluation des zones de Grimari jusqu’à Bria pour voir les états de besoins. Nous avons constaté que les
besoins sont surtout de ravitailler ces villes », a-t-il poursuivi.
Médecins Sans Frontières continuent d’envoyer des missions dans les zones occupées par les rebelles, lesquelles missions
consistent à ravitailler leurs centres de santé de kits médicaux qui servent aux soins multiples de la population.
BANGUI : DES RELIGIEUX, CIBLES DES REBELLES DE LA SÉLÉKA DANS LA BASSE KOTTO
Bangui, 29 janvier 2013 (RJDH) – Des religieux de l’église Catholique ont été pris ces derniers jours pour
cibles par des éléments de la rébellion de la coalition Séléka dans la préfecture de la Basse Kotto. Les rebelles soupçonnent ces derniers de toujours alerter l’extérieur sur des
exactions qu’ils commettent dans les zones occupées.
D’après le témoignage fait par un de ces religieux, ceux-ci ont subi de menaces de mort faites par les rebelles. Ces derniers
ont fait savoir qu’en absence des réseaux téléphoniques, seuls les religieux ont la capacité de communiquer avec le monde extérieur à partir des liaisons internet, des téléphones satellitaires et
autres moyens de communication moderne.
« Ils nous ont fait savoir que c’est nous, qui parlons toujours sur les médias internationaux sur ce qu’ils
font dans les villes qu’ils occupent », a-témoigné ce matin, une religieuse jointe par le RJDH.
Dimanche 27 et lundi 28 janvier, les rebelles étaient repartis dans la ville de Kémbé pour proférer des menaces à l’encontre
des religieux. Ceux-ci sont obligés de fuir la ville pour se réfugier dans la ville de Bangassou.
Il y a une semaine, l’archevêque de Bangassou, Monseigneur Juan José Aguire a dénoncé sur RFI, les exactions
commises par les rebelles dans plusieurs localités de la Haute Kotto et du Mbomou. Les rebelles digèrent mal que le prélat se prononce donc sur cette situation.
En s’attaquant dimanche et lundi aux religieux de Kémbé, les rebelles n’ont pas opéré de pillage, selon des sources
anonymes.
Jusqu’alors, les responsables de la coalition Séléka attribuent ces exactions à certains de leurs éléments dits
« incontrôlés ». Pour les leaders de la Séléka, ces « éléments incontrôlés » n’ont reçu des ordres de personne. Il y a
quelques jours déjà, ces éléments avaient fait irruption à Kémbé et avaient cassé la maison carcérale et libéré les prisonniers.
MBAÏKI : DES ÉLEVEURS PEUHLS TUÉS LORS D’UN AFFRONTEMENT AVEC LES COUPEURS DE ROUTE
Bangui, 29 janvier 2013 (RJDH) – Deux peulhs communément appelés ‘’archers’’ ont été tués et un autre grièvement blessé lors d’un affrontement qui les
a opposé aux coupeurs de route la semaine dernière dans la sous-préfecture de Boganangone à 70 kilomètres de la ville de Boda (sud).
L’information a été confirmée par le sous-préfet de Bonganangone, Wanate-Zao-Akoza, et rapportée ce matin au
RJDH par le secrétaire général de la préfecture de la Lobaye, Moussa Konaté.
D’après les faits relatés par Moussa Konaté, les coupeurs de route ont fait irruption dans la
sous-préfecture de Boganagone, et ont pris en otage un jeune de la communauté peulh et ont exigé une rançon de 2 500 000 FCFA.
« C’est pourquoi les archers munis de leurs flèches se sont lancés à la poursuite des ravisseurs afin de
libérer l’otage. Lors du combat, les assaillants ont tué deux éléments des archers et blessé un autre. On ignore encore le bilan du côté des malfrats », a-t-il
expliqué.
La sous-préfecture de Boganagone a été plusieurs fois victime d’attaques des coupeurs de route. A cet effet la
population souhaite que des forces armées soient déployées dans la zone afin d’assurer la sécurité.
BANGUI : VERS LA LUTTE CONTRE L’HÉPATITE B
Bangui, 29 janvier 2013 (RJDH) – L’institut pasteur de Bangui organise une campagne de vaccination contre l’hépatite B à l’intention de la population de
Bangui et ses environs. Une activité visant à réduire le taux de contamination de cette maladie très élevé en République centrafricaine.
Cette information est livrée ce matin Docteur Komas, chef de laboratoire des études virales à l’institut
pasteur de Bangui, lors d’un entretien avec le RJDH. « Le taux de
l’hépatite B en République Centrafricaine est aux environs de 15%. Il y a un grand nombre de personnes qui sont infectées par l’hépatite B. S’il faut faire la comparaison avec le
VIH /sida qui est actuellement à moins de 5%, cette maladie est très contagieuse. Son virus se trouve dans la transpiration, la salive, les larmes et le sang. Donc on peut être
contaminé facilement par l’hépatite B que le VIH/sida», a expliqué le docteur Komas.
Il a par ailleurs déclaré que plusieurs personnes pensent que cette maladie ne tue pas beaucoup, alors qu’elle est la
cinquième cause du cancer dans le monde, et évolue vers le cancer du foie.
« C’est dans le cadre des activités de l’institut pasteur de Bangui que cette campagne a eu lieu. C’est
depuis 2010 que nous avons commencé à vacciner gratuitement la population de Bangui et ses environs. La population en général, ne vient pas massivement. Mais cette fois ci, la
population a pris conscience et elle s’est mobilisée pour la vaccination de cette année», a-t-il souligné.
Cette campagne de vaccination est financée par l’agence française de recherche Nationale pour la recherche (ANRHES) sur le
sida et les hépatites B et C à hauteur de 200 000 Euro.
NDÉLÉ : UN RELIGIEUX RELATE LA PRISE DE LA VILLE PAR LA SÉLÉKA
Ndélé, 29 janvier 2013 (RJDH) – Un religieux de la ville de Ndélé (nord-est), qui a réussi à atteindre la ville de Bangui témoigne les faits vécus au RJDH
le lundi 28 janvier. Il explique également les raisons qui l’ont poussé à quitter la ville.
Cette source qui a préféré garder l’anonymat a expliqué qu’après la prise de la ville de Ndélé par les éléments de la Séléka,
le 10 décembre dernier, ces derniers ont commencé à faire des exactions sur la population locale, les agents de l’Etat et procédé à des pillages des sociétés, des petits commerces et des biens
des ONG humanitaires.
« Après ces exactions, ils ont tué des personnes, surtout ceux qui travaillent pour l’Etat. C’est ainsi que
nous avons quitté la ville pour trouver refuge dans la brousse pour certains et dans la base des éléments de la FOMAC pour d’autres ».
« La majorité des éléments de la Séléka sont des Tchadiens et des Soudanais. Les centrafricains ne sont même
pas nombreux. On peut estimer à 90%, le nombre des étrangers qui sont dans cette rébellion. Ils parlent l’arabe, l’anglais, le français, le goula et le rounga. C’est eux qui font des
exactions sur la population et qui dirigent les combats contre les forces armées centrafricaines ».
« Ils ont recruté des jeunes de la ville. Même des enfants que j’enseignais au lycée ont été enrôlés de
force pour aller combattre. Ils recrutaient également des gens qu’ils retrouvent en cours de route et dans les villages proches de la ville de Ndélé. Ils ont fait des promesses à ces enfants
qu’une fois arriver à prendre le pouvoir, ils seront récompensés et recrutés dans l’armée nationale ».
« Avec tout ce que j’ai vécu à Ndélé, il n’y a pas d’avenir pour la population de cette ville. Parce que les
rebelles ont tout détruits. Il faut du temps pour réveiller la ville de Ndélé, car c’est une ville qui est déjà morte ».
NDLR : Quel intérêt y-a-t-il à narrer ces épisodes certes douloureux sachant que les accords de Libreville ont
déjà été signés et qu'on est aussi passé à autre chose ? C'est mettre d e'huile sur le feu inutilement. Quand Bozizé et Ndoutingaï ont racketté les collecteurs et bureaux d'achat et confisqué
tout leur diamant, on a pas entendu beaucoup de religieux dénoncer et condamner ce gangstérisme d'état.