Réseau des journalistes pour les Droits de l’homme en République Centrafricaine
(RJDH-RCA)
Bangui : Témoignage d’une des victimes de la dernière attaque sur
l’axe Sibut
Bangui, 26 novembre 2012 (RJDH) – Dans son lit de malade à l’hôpital
communautaire de Bangui, Rodolphe Guérémalé Wédane, chauffeur du préfet de la Ouaka (centre), Marthe-Lydie Yangba, l’une des
victimes de l’attaque d’une bande armée non identifiée sur l’axe Sibut, le vendredi 23 novembre, a témoigné ce lundi 26 novembre au RJDH, les circonstances de cet événement.
« Nous avions quitté Bangui, Mme le
préfet, son aide de camp, le conseiller économique et moi-même, autour de 15 heures, à destination de Bambari. Arrivés aux environs de 19 Kilomètres de la ville de Sibut, nous avons
été interceptés par une vingtaine de personnes armées. Elles se sont reparties en trois groupes. Nous avions franchi la première équipe, arrivés à la deuxième, ils ont commencé à nous
tirer-dessus. Le pare-brise avant de la voiture a été brisé ; ils ont tiré sept coups de balle sur la portière de mon côté, sur le siège juste dernière ma
tête », a-t-il relaté.
Il a ajouté qu’il y a eu des échanges de tirs entre les assaillants et l’aide de camp du préfet pendant 45 minutes.
Celui-ci a traversé la deuxième barrière ; mais après, sept hommes sont sortis de la brousse et ont barré le passage. « J’ai voulu faire un demi-tour, mais une autre groupe a surgi et a troué les deux roues arrière du véhicule. Tous, nous avons abandonné le
véhicule pour trouver refuge dans la brousse », a-t-il ajouté.
« Le préfet et le conseiller
économique étaient dans leur coin. De ma cachette, un élément m’a aperçu, puis trois autres ont surgi et m’ont demandé de me relever. Juste au moment où je voulais me relever, j’ai reçu
deux balles dans le bras droit. Ils m’ont ensuite demandé de leur remettre mon arme, croyant que j’étais un militaire. Couvert de sang, ils m’ont traîné vers le véhicule et m’ont exigé de
déballer les bagages», a relaté M. Guérémalé Wédane.
Par ailleurs, pendant ce moment de dure
épreuve, tous les passants, qu’ils soient à moto ou à pied étaient pris en otage. « Ils ont plusieurs fois tenté de faire fonctionner le véhicule, mais en vain. Comme je saignais
beaucoup, vers 18 heures, ils m’ont mis sur une moto et ont ordonné au conducteur de prendre l’axe Bambari. Un officier de ce groupe armé m’a dit qu’ils sont un groupe rebelle et non
une bande de coupeurs de route avant de me dire de ne plus transporter des militaires », a-t-il expliqué.
A la question de savoir si le garde du corps du préfet était porté disparu au moment de l’attaque, le chauffeur a précisé que
celui-ci est à la vie sauve et qu’il était venu lui rendre visite ce matin à l’hôpital communautaire.
A cause de son état de santé fragile, le RJDH n’a pas pu recueillir le témoignage de Mme le préfet de la Ouaka, Marthe-Lydie Yangba, grièvement blessée dans cette attaque, et actuellement à l’hôpital communautaire de Bangui pour des soins.
Bangui : La population dresse un bilan catastrophique de la traque
à Kony
26 novembre 2012 RJDH-RCA) - Depuis plus d’un an, une
forte présence militaire internationale se trouve à Obo, chef-lieu de la préfecture du Haut-Mbmou (sud-est), où sévit la rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du seigneur de
Joseph Kony. Mais malgré cet intérêt mondial, l’on n’arrive toujours pas capturer le leader de la LRA, poursuivi par la Cour pénale
internationale. Et cela indigne la population.
Pour la plupart des habitants de la ville d’Obo et autres, il est difficile de comprendre que malgré la présence de l’armée
ougandaise, de l’armée centrafricaine (FACA) et des conseillers militaires américains, la LRA continue d’attaquer des villages aux portes mêmes des villes et des villages et que la population
vive encore dans la peur et l’insécurité.
Ce point de vue est partagé par le président de l’association des victimes de la LRA de la ville d’Obo, Gaétan Zangagoumé, joint ce lundi par le RJDH. « Le
gouvernement nous disait qu’avec l’arrivée de forces ougandaises et centrafricaines, il mettrait fin aux exactions de la LRA. Mais sur le terrain, la population continue de
mourir », a-t-il dit.
Il relève que beaucoup de personnes se déplacent encore à l’intérieur de leur propre pays et ont peur de rentrer dans leur
village d’origine, à cause de cette rébellion. La population a peur de vaquer librement à ses activités de peur d’être kidnappée par les éléments de la LRA.
« Les américains ne combattent
pas, les militaires centrafricains sont sous-équipés, les ougandais ne font absolument rien sur le terrain et ne s’occupent que de leur business. La population vit toujours dans la
peur après une année d’une forte présence militaire», a-t-il martelé.
Jean-Philippe Ndoko, un habitant la ville de Zémio toujours dans le
sud-est, cette présence militaire est sans importance, parce qu’elle ne répond pas aux attentes de la, population qui est de voir Joseph
Kony capturé et livré à la Cour pénale internationale. « Nous ne voyons pas l’importance de
ces hommes. Pour nous, ils constituent encore plus une source d’insécurité, parce que certains d’entre eux persécutent encore la population », s’est-il indigne-t-il.
Aujourd’hui, la liberté de circuler est menacée parce que la population ne peut pas se déplacer au-delà de cinq kilomètres,
malgré la promesse des forces tripartites qui ont annoncé un rayon de sécurité de 25 kilomètres. Mais pour la population, il est impossible, car les éléments de la LRA rodent toujours autour des
villes et des villages.
Interrogées par Radio Zéréda, la plupart des personnes répondent que toutes les informations concernant la LRA ont été livrées
aux forces armées, et pourtant cette rébellion continue d’opérer dans les rayons de moins de cinq kilomètres autour de la ville. « C’est ce qui est décourageant ! », s’est indignée une des
personnes interrogées.
Il faut toutefois souligner que grâce à une opération de l’armée ougandaise, le numéro 4 de la LRA, le général Caesar Acellam, a été capturé sur le sol centrafricain, le 13 mai 2012.
Le 20 avril 2012, l’organisation Human Rights Watch (HWR) avait publié un rapport sur les attaques perpétrées par la LRA en
Centrafrique. Pour cette ONG « les attaques de ce groupe armé se sont intensifiées en République
centrafricaine depuis le début de l’année 2012, mettant les populations civiles des zones affectées dans une situation de nécessité urgente de protection ».
Le rapport soulignait également qu’entre janvier et mars 2012, la LRA a mené au moins 53 nouvelles attaques en RCA, au
cours desquelles elle a enlevé 90 civils et en a tué neuf autres. Le nombre d’attaques dans le sud-est de la RCA a considérablement augmenté par rapport aux attaques signalées en
2011.
« L’intensification des attaques de la LRA montre que le groupe rebelle n’est pas affaibli et qu’il constitue toujours une menace sérieuse pour les
civils », expliquait Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior pour la division Afrique à HWR.
Au cours d’une réunion de concertation organisée par le député suppléant de la ville d’Obo, Marie Angéline Anirafouyo, le 16 octobre dernier, les forces ougandaises et centrafricaines ainsi que les conseillers militaires américains sur le retard
enregistré dans la capture de Joseph Kony et la neutralisation de la LRA.
Cette situation d’insécurité permanente a considérablement perturbé les activités socioéconomiques des populations de cette
région. Le jeudi 22 novembre dernier, une personne a été tué et quatre autres enlevées au cours d’une attaque menée par la LRA dans la ville de Rafaï.
Birao : La population demande l’éloignement de la base militaire
de l’hôpital
Birao, 26 novembre 2012 (RJDH) – Les habitants de la ville de la ville de
Birao (nord-est) n’apprécient pas la position de la base des forces tripartites, à 50 mètres de l’hôpital préfectoral. Cette inquiétude a été exprimée par le collectif des agents de l’Etat
affectés dans cette localité.
Ceux-ci demandent la délocalisation de cette base qui selon eux est une sortie d’insécurité pour eux et pour les patients qui
ont peur de fréquenter l’hôpital. Il s’agit des forces armées centrafricaine, soudanaise et tchadienne qui assurent la sécurité des frontières des trois pays.
« Nous demandons l’éloignement de la
base militaire qui se trouve proche de l’hôpital parce qu’à chaque détonation d’arme, les malades sont traumatisés et le personnel soignant est paniqué. En plus, les habitants de la périphérie de
l’hôpital vivent dans la peur », a témoigné un membre de collectif qui a requis l’anonymat.
Cette réaction fait suite au dernier incident qui s’est produit entre les FACA et les forces tchadiennes et qui s’est
soldé par la mort de quatre soldats centrafricains.
Depuis près d’un an, une force tripartite composée de soldats centrafricains, tchadiens et soudanais sont basé à Birao. Leur
mission est de sécuriser les frontières communes aux trois pays.
Paoua : Des ex-combattants sensibilisés à la réinsertion
Paoua, 26 novembre 2012 (RJDH) – Environ 400 ex-combattants de l’ancien
groupe armés de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), ont été sensibilisés sur le processus de la réinsertion, ce lundi 26 novembre.
Ces activités sont menées par une mission dirigée par le vice-président du comité de pilotage du programme Désarmement
démobilisation et réinsertion (DDR), Jean Jacques Démafouth. « La mission a pour objectif de sensibiliser les ex-combattants sur le processus de réinsertion et leur enseigner comment ils doivent faire
pour assurer la sécurité de leur localité », a fait savoir Antony Kaillé-Laoutou, conseiller en communication en matière
de DDR.
Les démobilisés repartis en groupements agro-pastoraux ont bénéficié d’une formation sur les techniques de l’agriculture
et de l’élevage pour une meilleure gestion des groupements après la réinsertion.
« Il faut que ces démobilisés
sachent que le travail du groupement concerne tout le monde. Ce n’est ni l’affaire d’une seule personne ni des responsables du groupement. Quand il s’agit de bénéfices obtenus après la vente des
produits agro-pastoraux, il faut savoir partager à tous les membres du groupement», a jouté M. Kaillé-Laoutou.
Le secrétaire général du groupement du village de Pougol, Aubin
Berzokou, a fait savoir que les techniques apprises vont permettre d’améliorer des techniques de travaux agro-pastoraux.
La mission a d’abord sillonné le centre-nord, notamment la ville de Kaga-Bandoro, la semaine passée, avant d’arriver dans
le nord-ouest du pays où elle a parcouru les villes de Boguila, Markounda et Paoua. Les démobilisés ont également été entretenus sur le VIH/sida et la notion de sécurité.
Bangui : Recrudescence du paludisme dans la région de Bouboui
Bangui, 26 novembre 2012 (RJDH) – Au centre de santé du village de
Bouboui, village situé à 45 kilomètres de Bangui sur l’axe Boali, on note une recrudescence du paludisme chez les enfants de moins cinq ans. L’information a été donnée par le chef du
centre de santé de cette localité, Justin Lango Sengué.
« Chaque jour, nous enregistrons
cinq à six enfants victimes de paludisme. Avec les pluies qui tombent à répétition dans la région, nous pouvons enregistrer plus de dix enfants qui présentent les symptômes du
paludisme par jour», a-t-il expliqué.
Pour le chef de centre de Bouboui, ces cas de paludisme sont dus à la mauvaise utilisation des moustiquaires imprégnées, au
non-respect des règles d’hygiène dans certains ménages du village. Il a cité notamment le manque de latrines et la pollution de l’environnement.