RÉSEAU DES JOURNALISTES POUR LES DROITS DE LHOMME EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (RJDH-RCA)
BANGUI : LES RELIGIEUX DEMANDENT L’ARRÊT DES ATTAQUES DES « INCONTRÔLÉS » DE LA SÉLÉKA
Bangui, 12 févr. 13 (RJDH) – Les leaders des trois principales communautés religieuses de Centrafrique ont attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les risques d’affrontements entre chrétiens et musulmans qui pourraient survenir suite aux attaques des éléments rebelles de la Séléka qui se poursuivent à l’intérieur du pays.
Les leaders catholiques, musulmans et évangéliques de Centrafrique qui ont donné une conférence de presse ce mardi 12 février, ont développé des arguments selon lesquels il y aurait un risque de conflit intercommunautaire, entre chrétiens et musulmans.
« Des églises ont été pillées et saccagées. Des symboles de la religion chrétienne ont été profanés. Par contre, aucune mosquée ni symbole de l’Islam n’a été touché. Nous avons des informations qui font état que ces actes sont en train d’être perpétrés par des éléments de la Séléka, qui sont issus de la communauté musulmane. Ce sont des choses qui pourraient mettre en péril la cohésion fraternelle et interreligieuse vécue plus d’un siècle dans le pays », a fait savoir l’Imam Kobir Layama de la communauté musulmane.
Le Révérant Nicolas Guerekoyame-Gbangou de l’Association des églises évangéliques en Afrique écarte pour lui, le terme des éléments incontrôlés, prononcé par les leaders de la Séléka. « Ces hommes qui pillent, qui saccagent et qui détruisent en ce moment, ont été amenés par leurs leaders. Ces leaders doivent prendre leur responsabilité et faire arrêter cette hémorragie, pour ne pas qu’on puisse arriver à une situation encore très déplorable », a-t-il dit.
Pour l’Archevêque de Bangui, Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, il est urgent qu’une solution soit trouvée. « Si nous avons des revendications à formuler, il faudrait le formuler clairement et distinctement et l’adresser à qui de droit. Mais, aller vers ceux qui ne sont pas impliqués en première ligne dans ces affrontements pour les faire payer est inadmissible », a mentionné le prélat.
Pour faire entendre leur voix, les religieux entendent multiplier dans les prochains jours, des rencontres, avec les leaders de la Séléka, de la force multinationale et du gouvernement afin de faire pression sur les rebelles pour qu’ils puissent cesser les hostilités.
« La population centrafricaine est constituée à 90% de croyants. Ce chiffre est la force que nous disposons afin de faire revenir la paix et la cohésion entre les différentes communauté », a expliqué le pasteur Isaac Zokoué, qui a été aussi présent parmi ces leaders religieux.
Il y a de cela un mois que les accords de sortie de crise de Libreville avaient été signés, mais leur mise en application demeure problématique par les parties signataires.
L’église catholique de Mobaye (sud-est) a été saccagée dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 février par des rebelles de la Séléka. D’importants dégâts matériels et d’actes de profanation ont été enregistrés.
BATANGAFO : DEUX PERSONNES TUÉES PAR LES ÉLEVEURS PEULHS
Batangafo, 12 févr. 13 (RJDH) – Deux commerçants du village de Wogo, localité située à 96 kilomètres de la ville de Batangafo (Nord) ont été tués le 02 février par des éleveurs peulhs.
Selon les témoignages des habitants du village où ce crime a eu lieu, ce sont des éleveurs armés qui sont en complicité avec certaines personnes de la communauté musulmane qui sont à l’origine de cette tuerie. Ils ont érigé des barrières toutes proches du marché hebdomadaire dans le but de racketter les commerçants ambulants. Malheureusement, cet acte a tourné au meurtre.
« Ces deux commerçants ont trouvé la mort lors de l’attaque du marché hebdomadaire par des éleveurs peulhs armés », a confirmée l’un des chefs du village Gofo, de la commune de Nana Bakassa.
Il faut signaler que dans la semaine passée, des membres de la communauté musulmane de Batangafo avaient créé une forte tension contre ceux de la communauté chrétienne, mais cette crise était maîtrisée grâce à l’intervention des éléments de forces armées centrafricaines. Toutefois, les membres de la communauté musulmane ont prémédité de régler cette affaire eux-mêmes.
Dans la nuit du lundi 11 à mardi 12 février, les prêtres italiens de l’église catholiques du village de Gofo, localité située à 9 Kilomètres de la ville de Batangafo (Nord) sur l’axe Kabo ont été victimes de braquage des hommes armés non identifiés.
Selon les témoignages des trois prêtres, victimes de ce braquage ces hommes ont emporté un véhicule pick-up du vicaire de la paroisse et une importante somme d’argent.
Tous ces cas de tuerie et d’actes de violences dénotent une augmentation de l’insécurité dans la région de Batangafo.
MBAÏKI : RECRUDESCENCE DE VIOLENCE CONTRE LES PRÉSUMÉS SORCIERS
Mbaïki, 12 févr. 13 (RJDH) – La justice populaire contre des personnes soupçonnées de sorcellerie devient très récurrente dans la préfecture de la Lobaye (sud). Les victimes sont parfois battues à mort, soit chassées de la localité, malgré des multiples campagnes de sensibilisations contre ces pratiques menées dans cette localité.
Un homme âgé d’une soixantaine d’année a été tué après avoir été battu, le 9 février, par un groupe de jeunes au village de Kenga à 60 kilomètres de la ville de Mbaïki (sud). La victime avait été accusée d’avoir envoûté son petit-fils.
D’après les témoignages recueillis, les habitants de cette localité ont soupçonné la victime d’être à l’origine de la mort de son petit-fils âgé de 18 ans. Ce dernier souffrait d’une maladie et que les parents refusent de l’emmener à l’hôpital. Selon eux, c’est le présumé sorcier qui lui aurait jeté un mauvais sort.
« Quand le jeune homme malade est décédé, les habitants du village de Kenga ont battu le présumé sorcier à mort, ils l’ont coupé en morceaux et l’inhumé le même jour devant sa maison. Le corps de jeune homme a été également enterré au même endroit », a témoigné un habitant de la localité.
L’ONG Conseil danois pour les réfugiés (DRC) qui lutte également contre la violence faites aux personnes accusées de sorcellerie entend poursuivre les auteurs de ce crime devant la justice.
Un homme accusé de sorcellerie clame son innocence en essayant de se suicider
Un autre fait s’est produit le même jour, dans la commune de Bagandou à 70 kilomètres de la ville de Mbaïki. Un homme âgé de 60 ans, père de neuf enfants, s’est éventré afin de clamer son innocence. Celui-ci a été soupçonné de sorcellerie. La victime a été transférée d’urgence au centre de santé pour des soins.
D’après les faits relatés, par Le chef d’antenne de l’ONG Conseil danois pour les réfugiés Euloge Ibrahim, l’homme a été plusieurs fois accusé par la population d’être sorcier.
« La dernière accusation date du 9 février, le jour où il a décidé d’ouvrir son ventre à l’aide d’un couteau. Il a sorti ses entrailles pour prouver aux habitants de Bagandou qu’il n’est pas sorcier. De sources médicale, la plaie mesure 20 cm de profondeur », a-t-il expliqué.
Alertée de la situation, la gendarmerie a ouvert une enquête afin de retrouver les présumés coupables qui seraient à l’origine de cette accusation.
La justice s’est lancée à la poursuite des auteurs de crime contre les présumés sorciers
Au village de Boukoko, localité située à 15 kilomètres de la Mbaïki, deux hommes âgés respectivement 35 ans et 40 ans qui avaient battu et enterré vivant, une femme qu’ils ont traitée de sorcière, ont été arrêtés et gardés à vue le samedi 9 février à la brigade territoriale de Mbaïki.
L’incident s’est produit au mois de janvier, les présumés coupables avaient battu la victime avant de l’enterrer vivante. Elle a été déterrée et transférée à l’hôpital grâce à l’intervention des forces de l’ordre.
Depuis lors la gendarmerie a lancé une poursuite contre ces jeunes. Ils ont été arrêtés sur instruction du procureur de la République près le tribunal de grand instance de Mbaïki, le magistrat Thierry Hilaire Ouidémona, qui compte les juger et transférer à la maison d’arrêt de Mbaïki, si les faits seront avérés.
La victime se trouve encore à l’hôpital pour des soins. La prise en charge est assurée par l’ONG Conseil danois pour les réfugiés.
Bangui, 12 févr. 13 (RJDH) – Le bureau exécutif de l’Association nationale des étudiants centrafricains (ANECA) se dit contrarié de la suspension des activités des enseignants vacataires sur le campus universitaire. Une déclaration faite ce jeudi 12 février par Fleury Pabandji, président de l’ANECA.
« La plupart des enseignants de notre Université sont des vacataires. S’ils sont en grève, cela aura une répercussion négative sur le calendrier des activités académiques. C’est pourquoi nous demandons à ces enseignants de reprendre les cours dans un bref délai pour permettre aux étudiants qui sont en période des examens de terminer leur année académique ».
Fleury Pabandji a également souligné que les enseignants vacataires avant d’enclencher ce mouvement de grève n’ont pas respecté les textes en vigueur qui régissent les procédures normales de l’entrée en grève. La procédure consiste à alerter la hiérarchie, à savoir le staff rectoral, le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SYNAES).
« Les étudiants ne sont pas contre la grève des enseignants vacataires, car ces derniers sont dans leurs droits. Mais ce que nous déplorons, c’est que ce collectif n’a informé au préalable, ni les autorités rectorales, ni le SYNAES, encore moins le bureau exécutif de l’ANECA », a-t-il ajouté.
La même source a par ailleurs déploré le fait que « l’Université de Bangui et la seule au monde qui ne respecte pas le calendrier académique comme les autres Universités à cause de ces genres de problème. Donc il est temps que cela cesse afin de permettre à l’étudiant centrafricain d’avancer dans ses études pour le bien de notre pays », a-t-dit Fleury Pabandji.
Les activités académiques sont perturbées depuis lundi 11 février sur le campus universitaire, suite à une grève de trois jours enclenchée par des enseignants vacataires. Ceux-ci réclament le paiement de frais de vacation qui remontent à 2010.
BERBERATI : VERS LA PROMOTION DE LA SCOLARISATION DES FILLES
Berberati, 12 févr. 13 (RJDH) – Une dizaine d’écoles primaires et deux établissements secondaires de la ville de Berberati (ouest) ont été sensibilisées sur la scolarisation des enfants en général et les filles en particulier. Cette activité a démarré le 4 février dernier sur initiative du bureau préfectoral des parrains et marraines de la Mambéré Kadeï, une ONG nationale.
La scolarisation des filles, le mariage précoce, les grossesses non désirées, les violences et le harcèlement sexuel ont été au centre de cette campagne. La vulgarisation des textes juridiques en la matière a été également développée.
Cette campagne se poursuit jusqu’à ce jour dans les établissements de la ville. Cette activité a pour cible les élèves, les enseignants et les parents d’élèves. Elle est supervisée par Lucie Mayémawa, présidente du Bureau préfectoral de l’éducation des enfants en général et celle des filles en particulier.