BANGUI : AVIS PARTAGÉS SUR LE RETRAIT DES ÉLÉMENTS DE LA SÉLÉKA DE DAMARA
Bangui, 5 mars 2013 (RJDH) – Les avis de la population de la ville de Bangui sont divisés sur le retrait des
éléments de la coalition Séléka, de la ville de Damara. Certains banguissois pensent que le retrait des rebelles est un gage pour le retour de la paix dans le pays, alors que d’autres pensent à
un repli tactique. Ces propos ont été recueillis dans un micro trottoir fait ce matin par le RJDH.
« Nous ne sommes pas trop sûrs de ce qu’ils ont dit que c’est un acte de bonne volonté de pacifier le pays
en se retirant de Damara. Si c’était un acte de bonne volonté, ils allaient accepter le cantonnement afin de libérer complètement les routes de l’intérieur du pays », a
mentionné Innocent Samba, un habitant du quartier Boy-Rabe.
Pour Julius Mowaya, « rien ne garantit que le retrait des éléments de la Séléka de Damara
est un gage pour le retour de la paix. Le groupe est déjà divisé et la ville de Sibut est à moins de 4 heures de route pour atteindre la capitale Bangui. En tout cas, les hostilités peuvent
reprendre d’un moment à l’autre ».
Mais cette vision des choses n’est pas partagée par tous les centrafricains. Désiré Nguerekane, agent de
l’Etat pense pour lui que « ce retrait de Damara est un pas pour la paix. Les rebelles étaient très décidés au départ à faire chuter le régime en place. Si aujourd’hui ils
ont fait un retrait et se trouvent désormais à une centaine de kilomètres de Bangui, c’est que le gouvernement doit également faire de son mieux pour respecter les conditions posées par les
rebelles ».
Les rebelles de la Séléka ont justifié ce refus de cantonnement par la non-application de certains points des accords de
Libreville. Ils veulent d’abord obtenir la libération des prisonniers politiques et le rapatriement des troupes sud-africaines du pays, avant d’accepter d’être cantonnés.
Pendant ce temps dans la ville de Damara, la vie tarde toujours à revenir à la normale. Les activités socioéconomiques
restent toujours paralysées. Les personnes qui avaient quitté la ville pour se réfugier dans la brousse hésitent encore à regagner leur domicile. « Ils craignent que les rebelles
retournent à nouveau dans la ville », a témoigné Abdoul Issaka, un habitant de Damara, joint ce matin au téléphone par le RJDH.
Difficile d’avoir des informations de la ville de Sibut, car les réseaux téléphoniques restent toujours coupés. Une habitante
de la ville qui a réussi à regagner la ville de Damara, a témoigné que depuis l’arrivée des rebelles le dimanche dernier, plusieurs personnes ont du quitter la ville pour se réfugier dans la
brousse. « Les gens pensent que les rebelles vont reprendre les exactions sur la population, mais les rebelles ont rassuré qu’ils ne vont plus toucher aux
civiles », a mentionné la source.
En outre des deux conditions fixées par les membres de la Séléka, ils veulent à ce que quatre autres sites soient
complétés sur les trois choisis actuellement pour leur cantonnement. En dehors des villes de Bria, Kaga-Bandoro et Ndélé fixées par la force multinationale, les rebelles en ajoutent celles de
Sibut, de Bambari, de Sam-Ouandja et de Kongbo, à cause de leur effectif pléthorique.
BANGUI : LA PRÉSENCE D’UN MÉDIATEUR NATIONAL S’AVÈRE IMPORTANTE POUR L’HEURE
Bangui, 5 mars 2013 (RJDH) – La reprise des hostilités par les éléments de la coalition Séléka et les multiples bras de fer entre les protagonistes font
penser à nombreux centrafricains, la nécessité de la nomination d’un médiateur national. Beaucoup de supputations tournent autour de cette question d’avoir ou non un médiateur national à l’heure
actuelle, alors que le mandat de l’ancien médiateur est arrivé à expiration depuis quelques temps.
C’était dans le sillage de la démission de l’ancien Premier ministre, Faustin Archange Touadéra que beaucoup
de décrets étaient tombés pour rapporter la nomination de plusieurs membres des institutions républicaines, dont faisait partie le médiateur national, le prélat Mgr Paulin
Pomodimo.
« C’est très surprenant que le Chef de l’Etat a attendu ce moment-là pour rapporter le décret de certaines
institutions nationales comme la Cour Constitutionnelle et le Conseil Nationale de la Médiation. Moi, j’avais pensé que c’était inclus dans les clauses des accords de Libreville. Lorsque je me
suis rendu compte que cela n’existe pas dans les documents de Libreville, je me suis dit certainement que c’est dans les clauses secrètes », a tenté d’expliquer un agent de
l’Etat sous l’anonymat.
La même source indique qu’il s’attendait à voir d’autres nominations quelques jours plus tard après la mise en place du
gouvernement d’union nationale. Et selon lui, les nominations devraient seulement prendre en compte les différents protagonistes de la dernière crise. Mais il a été surpris de constater que
jusqu’à l’heure actuelle, il n’y a pas eu de nomination et plus grave encore, la Centrafrique évolue sans un médiateur national à une période dont elle a le plus besoin.
Pour Alexis Ndui Yambela, vice-doyen de la faculté des Sciences Juridiques et politiques à l’université de
Bangui : « c’est une situation anormale, du moment où nous traversons une période incertaine. D’un moment à l’autre les crises peuvent rebondir. Si nous n’avons pas de
médiateur national, c’est une situation peu concevable, même si nous avons un médiateur expatrié pour la crise en Centrafrique, en la personne du président Denis Sassou NGuesso. Le problème est
qu’il n’est pas sur place ici à Bangui et en tant que chef de l’Etat, son emploi du temps est chargé ».
Le vice-doyen de la faculté des Sciences Juridiques et politiques a insisté pour affirmer que si « nous
avons un médiateur au niveau interne, il pouvait lancer le processus de paix et travailler en étroite collaboration avec le président Denis Sassou NGuesso pour une bonne observation des accords
de Libreville ».
Il a par ailleurs souligné que dans une République, toutes les institutions doivent être en place. Pour qu’elle puisse bien
fonctionner, tout doit aller de concert. Et s’il y a absence d’une institution, ce fait bloque toute l’harmonie. « Quand nous savons déjà que le médiateur sortant a beaucoup
œuvré pour la réconciliation dans certaines crises en Centrafrique, mettre fin à sa fonction dans des moments pareils crée de vide » a-t-il expliqué.
Certains centrafricains pensent que le médiateur sortant n’a pas été à la hauteur de sa fonction. Il avait perdu depuis un
certain temps toute sa crédibilité et sa neutralité par ses prises de position toujours penchées vers le pouvoir en place, pour d’autres. « Paulin Pomodimo n’a jamais été neutre
dans les litiges autour desquels il apporte sa médiation. Il est toujours enclin à soutenir le régime en place quand bien même que les centrafricains souffrent dans leur chair. La dernière fois,
les retraités militaires lui ont fait confiance mais ils se sont rendu compte qu’ils se sont trompés et sont passés à la vitesse supérieure », l’a persiflé une
commerçante au marché kilomètre 5.
S’il n’y a pas de Conseil National de la Médiation, c’est qu’il n’y a aucune institution sur le plan national à s’interposer
entre les membres de la société lorsqu’il y a conflit.
« La Centrafrique est un Etat d’exception. Presque toutes les institutions de l’Etat ne fonctionnent pas
très bien, y compris les institutions dont les membres sont déposés. Jusqu’à ce jour, nous sommes en présence d’un vide institutionnel que tout le monde ne prend pas au
sérieux » a critiqué Bertrand Kenguetona, Assistant à la Faculté de Sciences Juridiques et Politiques à l’Université de Bangui.
« Si Mgr Paulin Pomodimo a perdu de sa crédibilité au fil du temps, c’est que son choix a été biaisé dès le
départ. L’autorité qui l’a nommé garde toujours sa mainmise sur lui. S’il a été choisi dans des conditions prévues par les textes institutionnels, je pense qu’il serait à l’heure actuelle
crédible pour tous les Centrafricains. Et il serait la pierre angulaire du processus de la paix avec l’appui du Président Denis Sassou Guesso dans la crise actuelle », a
développé Bertrand Kenguetona.
« Le Conseil National de la Médiation doit être une institution indépendante qui ne rend compte qu’à la
nation et à sa conscience. Le médiateur national doit par ailleurs être choisi par ses pairs qui sont au préalable envoyés à la médiation par les entités habilitées à composer le Conseil. Et ce
n’est qu’après que le Chef de l‘Etat fait entériner le décret de sa nomination », a-t-il conclu.
SIDO: PLUS DE 4 000 DÉPLACÉS CENTRAFRICAINS ENREGISTRÉS AU TCHAD
Sido, 5 mars 2013 (RJDH) – Plus de 4 000 déplacés de la ville de Sido-Centrafrique (extrême-nord) ont
été enregistrés et basés dans le site des réfugiés à Maro, situé à 34 kilomètres de la commune de Sido-Tchad. D’après les informations reçues par le RJDH, ces personnes n’ont pas encore
reçu une assistance et leur condition de vie commence à devenir précaire.
Il s’agit des personnes qui ont fui les exactions commises par les dissidents de la rébellion Séléka qui ont envahi la ville
de Sido la semaine dernière.
Un jeune homme qui lui, aussi a trouvé refuge dans ce site au Tchad, témoigne au RJDH que depuis que les déplacés sont
arrivés sur le site, ils n’ont pas reçu une aide humanitaire, ils ont rien à manger. Ils sont exposés au soleil ce qui entraine des maux de tête et l’écoulement nasal chez beaucoup
d’entre eux.
« Bien que la situation soit difficile, mais des habitants de la ville de Sido-Centrafrique et ceux de la
ville de Kabo fuyant les exactions des hommes de la Séléka continuent de se faire enregistrer du côté du Tchad », a mentionné la même source.
La ville de Sido est tombée dans la nuit du 28 au 1er mars, entre les mains des éléments de la coalition Séléka. Des cas de pillage ont été enregistrés. A Bangui les responsables de
cette rébellion parlent de la scission au sein de la coalition Séléka.
MBOKI : UNE NOUVELLE RADIO INSTALLÉE POUR LA TRAQUE DE JOSEPH KONY
Mboki, 5 mars 2013 (RJDH) – Une nouvelle radio communautaire émet depuis quatre jours dans la ville de Mboki
(sud-est). Installée par une équipe de l’ONG Invisible Children, la nouvelle station s’inscrit dans le cadre de la stratégie de la lutte contre la rébellion ougandaise de l’Armée de
résistance du seigneur (LRA) de Joseph Kony et ses hommes.
Baptisée Radio Ani-Dussa (Unissons-nous en Zandé), la nouvelle station émet sur la fréquence de 105.FM
et sur une distance de 50 kilomètres carrés. L’objectif recherché par cette installation « est de faire mobiliser les éléments de la LRA de sortir de la brousse et de
promouvoir la paix dans le sud-est de la République centrafricaine », a fait savoir le coordonnateur de l’ONG Invisible Children, Guillaume Cailloux.
Le maire de la ville de Mboki, Marie Claire Djiada, se dit ravie de l’installation de cette radio
communautaire, car c’est un instrument du développement communautaire que l’ONG Invisible Children à mis à la disposition de la population. Elle a par ailleurs promis de veiller sur la Radio
Ani-Dussa pour que cette station puisse durer et que les habitants de cette localité en soient les bénéficiaires.
« Nous avons maintenant l’ouverture sur d’autres régions du pays à travers les informations que nous
recevons de la Radio Ani-Dussa », s’est exclamé, Innocent Démandé, habitant de Mboki.
L’installation de la radio communautaire de Mboki a succédé à celles de la République démocratique du Congo, de l’Ouganda et
d’Obo en République centrafricaine, dans le cadre de la lutte contre la LRA.
BIMBO : L’AMBASSADE DE FRANCE FAIT UN DON EN KITS SCOLAIRES À L’ÉCOLE YAMBORO
Bimbo, 5 mars 2013 (RJDH) – L’ambassadeur de France en Centrafrique, Serge Mucetti a remis ce mardi 5 mars à la direction de l’école
Yamboro, une localité située à 25 kilomètre à la sortie sud de la capitale Bangui, un lot de matériels didactiques sur l’initiative de l’Association
‘’Enfant-Amour-Avenir’’.
Ce lot de matériels est composé de livres de cours, de dictionnaire, de ballon de volleyball, de cahiers, d’ardoises, de
stylos, de crayons et autres outils d’écoliers.
Cette cérémonie qui a eu lieu en présence des enseignants et des parents d’élèves a été agrémentée par les quelques 300
élèves qui étaient présents. Ils ont eu à présenter des chants et des danses traditionnels, des sketches et des poèmes, tous axés sur la question des droits de l’enfant à l’éducation, à la santé,
à la nourriture et au bien-être.
« Les enfants que nous voyons aujourd’hui sont l’avenir de notre pays. Si un pays n’a pas d’enfants, il n’a
pas d’avenir. Il est appelé à disparaître. Nous avons tous constaté ce que ces enfants viennent de réaliser. Ils nous montrent leurs envies d’apprendre et de faire avec le peu dont ils disposent.
Je suis très fière d’eux », a déclaré Marie Serra, présidente de l’Association ‘’Enfant-Amour-Avenir’’ au RJDH.
L’Ambassadeur de France a affirmé avoir effectué ce déplacement parce que le mois de Mars est consacré à la francophonie.
« L’enseignement est le pilier du développement. J’ai aimé le spectacle qu’ont fourni ces enfants. C’est une école un peu spéciale au sein de laquelle il y a un centre
médico-social qui apprend à ces enfants les éléments de la contraception et les modes de transmission et de protection du VIH/Sida », a-t-il dit.
L’école de Yamboro est créée et inaugurée par l’Association ‘’Enfant-Amour-Avenir’’ depuis 2009. Ce complexe
est composé d’un jardin d’enfants, d’une école primaire et d’un centre médico-social sur financement de la Force Multinationale en Afrique Centrale pour le compte de l’Union Européenne et de la
France.
Dans le cadre de sa mission et sa philosophie « Tout pour enfant avec amour pour avenir », compte réaliser d’autres
projets dans l’intérêt des enfants de Centrafrique. Des efforts et des bouées d’espoir qui se profilent à l’horizon pour l’éducation nationale, quand on sait que dans certaines régions du pays,
l’éducation dépérit. (voir le lien :
http://reseaudesjournalistesrca.wordpress.com/2013/02/26/bangui-letat-des-ecoles-tres-deplorable-en-republique-centrafricaine/).
BOALI : DYSFONCTIONNEMENT DES ACTIVITÉS SCOLAIRES À CAUSE DU MANQUE D’ENSEIGNANTS
Boali, 5 mars 2013 (RJDH) – L’école primaire du secteur Pama dans la sous-préfecture de Boali (sud-ouest),
connaît un dysfonctionnement dû au manque de personnel enseignant. Cet établissement d’un cycle complet et qui compte plus de 300 élèves n’est tenu que par un seul enseignant contractuel.
En absence des enseignants, l’unique instituteur contractuel, Pierre Mborokonzon Kollongo, se dit obligé de
tenir tous les niveaux au quotidien.
« Par jour, je m’organise à enseigner les élèves par niveaux. Les enfants inscrits en Cours préparatoire
niveau 1 et 2 suivent les enseignements de 7 heures à 9 heures. De 10 heures à 11 heures 30 minutes, je prends les élèves de cours élémentaire du premier et deuxième niveau, et ceux de
cours moyens entrent de 11 heures 30 minutes pour sortir à 13 heures 30 minutes », a-t-il expliqué.
Cette situation fait que les parents d’élèves préfèrent orienter leurs enfants vers d’autres activités au détriment des
études. Parce que « la qualité de l’enseignement n’est pas appréciable dans la mesure où toutes les salles de classes ne sont tenues que par un seul
enseignant », a mentionné un père d’enfant.
L’école Pama a été créée depuis 1965 et elle a été réhabilitée en 2009 par l’ONG ICDI.