BANGUI : LE MAINTIEN DES MINISTRES DE LA SÉLÉKA RAVIVE LES DOUTES
Bangui, 19 mars 2013 (RJDH) – Les cinq ministres issus de la coalition Séléka sont toujours maintenus par
les rebelles à Sibut (centre). A Bangui, les voix se lèvent sur l’attitude des rebelles. Certaines personnes prennent au sérieux la menace des rebelles à reprendre les hostilités,
alors que d’autres voient la mauvaise volonté de ces derniers à faire perdurer la souffrance du peuple centrafricain.
Le maintien des ministres membres de la Séléka est au centre des discussions à Bangui. Dans les bars dancings, restaurants ou
dans les bureaux administratifs, tout le monde se préoccupe de ce nouveau revirement dans la crise centrafricaine.
« En maintenant les ministres à Sibut, les rebelles veulent forcer la main au pouvoir de Bangui, pour mettre
en pratique ce qui a été dit et signé à Libreville. Le gouvernement a intérêt à accéder aux revendications des rebelles, pour mettre fin à la souffrance des centrafricains », a
dit Roger Sourou, chauffeur dans une société privée de la place.
Pour Severin Garba, étudiant en géographie à l’Université de Bangui, « cet acte témoigne la
mauvaise volonté des rebelles à faire endurer la souffrance de la population centrafricaine. Les onze points qu’ils ont posés, sont impossibles à réaliser, conformément à l’ultimatum de
trois jours qu’ils ont donné ».
Fulgence Zeneth, activiste des Droits de l’Homme et coordonnateur de l’Observatoire national des élections
pense que « le maintien des membres du gouvernement d’union nationale à Sibut par la coalition Séléka est une mauvaise publicité pour la République centrafricaine. C’est en même
temps un message pour que les autorités puissent rompre avec l’attentisme qui se développe et qui devient presqu’une vertu dans notre pays ».
Pour lui, « il est à craindre que dans les jours à venir, nous puissions faire la messe de requiem des
accords de Libreville qui ne semblent pas préoccuper nos autorités qui devraient être les premiers concernés par la crise centrafricaine ».
Face aux revendications des rebelles, Fulgence Zeneth pense que « les pressions, les
ultimatums ne vont pas résoudre le problème actuel. C’est une crise profonde et sérieuse. La logique de la guerre ne pourra pas être une solution. Lorsqu’on adopte la position maximaliste, cela
peut être regrettable ».
L’activiste des Droits de l’homme pense aussi que certaines revendications des membres de la Séléka ne sont pas du domaine du
droit. Sur le fait que les rebelles demandent qu’ils soient recrutés dans l’armée afin d’assurer la protection de leurs leaders qui sont dans le gouvernement, Fulgence Zeneth
mentionne que « les ministres membres de la Séléka sont ministres de la République centrafricaine, ils ne sont pas ministres de la Séléka. C’est important qu’on relève et qu’on
signale cette situation. C’est au gouvernement d’assurer la sécurité de ses membres », a-t-il martelé.
En ce qui concerne le recours à la force pour régler l’actuelle crise, Fulgence Zeneth mentionne que
« la voix de la force est une voix de règlement, mais c’est une mauvaise voix. Seule la voix du dialogue peut être privilégiée. Mais, cela n’exclut pas qu’on mette la pression
nécessaire sur tous les acteurs pour qu’ils appliquent ces accords. S’il y a une mauvaise volonté comme on le constate aujourd’hui, il y a des amis de la République centrafricaine qui ont
suffisamment de moyen et de poids, pour faire plier ceux qui ne veulent pas entendre la raison ».
Les éléments
de la coalition Séléka qui ont maintenu depuis dimanche cinq ministres issus de leur, ont posé onze points de revendication au pouvoir de Bangui faute de quoi, ils vont reprendre les hostilités
dans un délai de trois jours. Il s’agit du ministre de la Défense Michel Djotodjia, le ministre de la Communication Christophe Gazam-Betty, celui des eaux et
forêts Mohamed Moussa Dhaffane, le Ministère de la Géologie, des recherches minières et de l’hydraulique, Herbert Djono Ahaba, et Amalas
Amias Haroun du commerce, alors qu’ils se sont rendus à Sibut
(centre) avec une délégation de la communauté internationale, pour sensibiliser les rebelles sur le processus de leur désarmement et réinsertion.
KOUANGO : DIFFICILE COHABITATION ENTRE LES REBELLES DE LA SÉLÉKA ET LES AUTOCHTONES
Kouango, 19 mars 2013 (RJDH) – La population de Kouango (Sud), une des localités sous occupation des hommes
de la Séléka, se plaignent de leur cohabitation avec ces rebelles. Selon les témoignages recueillis par le RJDH, ces hommes armés sont très agressifs et n’hésitent pas à faire usage de leurs
armes sur la population.
Les habitants de Kouango ont fait savoir que ces rebelles commettent souvent leur forfait avec l’appui de certains
jeunes natifs de la ville, qui doigtaient les victimes.
« Il suffit de dire qu’une personne est de coloration politique du parti ‘’KNK’’ ou qu’elle est un agent de
l’Etat, pour que les rebelles se jettent sur lui », a témoigné un habitant de Kouango qui a réussi à regagner Bangui par voie fluviale.
En plus des agents de l’Etat et les pro-Bozizé, la même source ajoute que les habitants qui ont un peu de
moyen financier ou qui ont des outils de valeur sont indexés par les jeunes aux rebelles. « Un instituteur a été battu par les rebelles, car il voulait défendre un agriculteur
chez qui les hommes de la Séléka ont pris de force ses deux paires de bœufs qui lui servaient de faire la culture attelée », a-t-elle illustré.
BANGUI : ENCORE UNE MARCHE DE PROTESTATION CONTRE LES REBELLES DE LA SÉLÉKA
Bangui, 19 mars 2013 (RJDH)- Les organisations féminines centrafricaines ont encore marché ce mardi 19
mars, en attachant des feuilles de palmier au tour du rein et sur la tête en guise de deuil et de mécontentement. Le but de leur manifestation est de revendiquer du gouvernement, la paix,
la sécurité et l’arrêt systématique des hostilités des éléments de la Séléka.
Cette manifestation intervient après l’ultimatum lancé par les rebelles, le dimanche dernier.
Selon Marguerite Koffio, présidente de l’organisation des femmes Centrafricaines (OFCA), à l’issu de
cette marche, un mémorandum a été remis au président de la République centrafricaine, chef de l’Etat, au Premier ministre chef du gouvernement, à l’ambassade de France, du Congo Brazzaville et au
maire de la ville de Bangui, « dans le but de dire NON à la reprise des hostilités par les rebelles de la coalition Séléka », a-t-elle dit.
Marguerite Koffio précise que la République centrafricaine avait signé un accord de défense avec la France
depuis longtemps. Voilà pourquoi un mémorandum sera remis à l’Ambassadeur de la France.
Une veuve dont son mari a été tué au front par les rebelles de la Séléka, a interpelé les autres épouses des Forces armées
centrafricaines à la solidarité. « Aujourd’hui je suis veuve parce que les rebelles ont tué mon mari. C’est une blessure au fond de mon cœur que je ne saurais guérir.
Mais en tant qu’épouse, veuve et mère des orphelins, je n’aimerais pas que des femmes connaissent ma situation actuelle à travers la persistance des hostilités », a-t-elle
souligné.
Le dimanche 17 mars, une mission constituée des cinq ministres issus de la coalition Séléka et le représentant du médiateur,
le président congolais Denis Sassou Nguesso, s’est rendue à Sibut (centre) pour sensibiliser les éléments de cette rébellion sur le processus du désarment et réinsertion.
Pendant la mission, les leaders de la Séléka membres du gouvernement ont été maintenus par leurs éléments. Ces derniers ont
posé des conditions au président Bozizé pour une sortie de crise. Ils ont également lancé un ultimatum de 72 heures au pouvoir de Bangui, sinon ils marcheront sur Bangui.
BATANGAFO : L’ONG COIAP ASSISTE DES VICTIMES DES EXACTIONS DE LA SÉLÉKA
Batangafo, le 19 mars 2013 (RJDH) – Les habitants de Kabo qui ont fui les exactions des rebelles de la
Séléka, pour se réfugier à Batangafo (nord), ont reçu des lots de médicaments ce mardi 19 mars, de la part de l’ONG Coopérative internationale de l’armature des pêches (COIAP).
Selon le docteur Kaïmba Notoumba, coordonnateur de COIAP, cette aide va permettre aux déplacés internes de
se prendre en charge dans leurs zones de cachette, afin de baisser le taux de mortalité et de soulager certaines charges qui pèsent sur l’ONG Médecin sans frontière.
« Nous allons également consulter les déplacés qui sont malades, afin de leurs fournir des médicaments pour
leurs soins », a-t-il dit.
Jeannette Kofikété, l’une des bénéficiaires a affirmé que cette aide est la bienvenue pour les
déplacés internes qui souffrent de toutes sortes de maladies dans la brousse. « Dans notre lieu de cachette, nous sommes exposés aux différentes maladies. La majorité des enfants
souffrent du paludisme, de la fièvre jaune et des parasites », a-t-elle ajouté.
BERBERATI : LA VIOLATION DES DROITS DE L’HOMME MONTE EN FLÈCHE À GAMBOULA
Berberati, 19 mars 2013 (RJDH)- Les actes des violations de droit de l’homme sont récurrents dans la
sous-préfecture de Gamboula (ouest). Un constat fait par l’Association centrafricaine pour la promotion, la protection et la défense des droits de l’homme (ACPPDH) qui a effectué une tournée du
15 au 16 mars dans cette localité.
Le dirigeant de l’ACPPDH, Didier Babézolo, a cité entre autres les amendes irrégulières, le rançonnage
de la population par les forces de l’ordre qui, selon lui, sont des actes de violation des droits de l’homme.
Celui-ci a par ailleurs souhaité le respect des autorités et le rétablissement de la confiance entre ces dernières et la
population, comme solution et un pas vers le respect des droits de l’homme.
ACPPDH est une structure de la défense des droits de l’homme. Le but de sa tournée dans les villes de la préfecture de la
Mambéré-Kadeï est de sensibiliser la population sur leur droit. A l’issue du déplacement, un bureau a été mise en place dans la localité de Gamboula.