Djouma NARKOYO de Séléka
LIBREVILLE (AFP) - 20.03.2013 22:28 - Par Patrick FORT
L'annonce mercredi par la rébellion centrafricaine Séléka qu'elle reprenait les armes en raison du non-respect des accords de
paix de Libreville fait planer la menace de nouveaux combats, notamment à Bangui, malgré des concessions tardives du président François Bozizé en soirée.
L'annonce mercredi par la rébellion centrafricaine Séléka qu'elle reprenait les armes en raison du non-respect des accords de
paix de Libreville fait planer la menace de nouveaux combats, notamment à Bangui, malgré des concessions tardives du président François Bozizé en soirée.
"L'ultimatum est terminé. Nous allons retourner aux armes", a affirmé à l'AFP le colonel
Djouma Narkoyo, un des chefs militaires rebelles, soulignant que le président Bozizé, au pouvoir depuis 2003, n'avait pas respecté les accords de paix signés à
Libreville le 11 janvier.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mercredi "les attaques menées récemment par les rebelles de la
coalition Séléka, en particulier à Bangassou (sud) et dans ses environs, et la menace de reprise des hostilités".
Dimanche, la rébellion avait donné 72 heures au pouvoir pour respecter les accords et retient depuis à Sibut (160 km au nord
de Bangui), cinq ministres issus de la rébellion et membres du gouvernement d'union nationale formé après les accords de Libreville. Parmi les ministres retenus, jusqu'ici chef officiel de la
rébellion, le vice-Premier ministre Michel Djotodia, et le ministre des Forêts, le général Mohamed Dhaffane.
Mercredi soir, le président Bozizé a signé deux décrets portant sur les revendications du Séléka. Il a
notamment fait libérer "tous les prisonniers politiques et de guerre mentionnés dans les accords de Libreville" et levé le couvre-feu à Bangui, ouvrant ainsi la voie à
la suppression des barrages mis en place par ses partisans. Ceux-ci contrôlaient de nombreux axes dans la capitale et étaient accusés de racket voire d'arrestations illégales de sympathisants
présumés de la rébellion.
Toutefois, le colonel Narkoyo a estimé en soirée: "Ce n'est pas encore ça. Ca ne suffit pas (...) Il (Bozizé) a
fait semblant de signer des décrets mais il n'a pas parlé du recrutement de nos éléments dans l'armée centrafricaine (...) ni du départ des troupes centrafricaines et
ougandaises".
Il n'a toutefois pas fermé la porte. S'il a souligné que le Séléka étudiait encore sa "stratégie",
il a concédé: "On peut lui (Bozizé) accorder une chance s'il accepte d'exécuter les revendications. Ces revendications existent depuis le 11 janvier mais on peut encore lui donner un
délai: il faut qu'il mentionne sa volonté de ramener la paix dans le pays".
Les deux principaux points d'achoppement sont la présence des troupes sud-africaines et ougandaises dans le pays et
l'intégration des combattants Séléka dans l'armée. La rébellion estime que ces troupes ont été appelées par le président Bozzizé pour se maintenir au pouvoir. Elle réclame l'unique présence de
forces sous-régionales.
Actuellement, l'effectif de la Fomac (la force mixte) composée de Tchadiens, Congolais, Camerounais et Gabonais est estimé à
environ 500 hommes alors que la France dispose dans le cadre de l'opération Boali de 250 hommes qui ne sont pas intervenus pendant l'offensive rebelle entamée le 10 décembre et qui s'est achevée
aux portes de Bangui le 11 janvier sous la pression internationale. Le président français François Hollande avait clairement indiqué que ces troupes n'étaient là que pour
défendre les ressortissants et intérêts français.
La veille, le Premier ministre issu de l'opposition Nicolas Tiangaye avait aussi donné des gages à la
rébellion lançant "un appel pressant (...) pour que l'esprit de dialogue qui a prévalu à Libreville puisse demeurer". Il avait souligné que l'intégration des combattants
Séléka n'étaient pas prévus dans l'accord de Libreville.
De sources proches de l'opposition et du pouvoir, le départ des troupes étrangères non sous--régionales étaient, selon les
termes de l'accord, un principe acquis mais conditionné par l'évaluation de la situation sécuritaire.
"Le dialogue" est la "seule solution à la crise actuelle (...). 1,5 million de nos
concitoyens sont devenus déplacés internes et vivent dans des conditions nécessitant une assistance humanitaire urgente. Les populations civiles sont victimes de graves violations des Droits de
l'Homme: assassinats, viols, pillages et vols", a-t-il souligné.
Une source proche du président François Bozizé a indiqué à l'AFP que "toutes les revendications
de la rébellion ont été acceptées. Alors, ils n'ont plus aucune raison de jouer les va-t-en-guerre".
© 2013 AFP
Centrafrique: la Séléka va reprendre les armes
http://www.45enord.ca
Retenant depuis trois jours cinq de leurs ministres dans la localité de Sibut, les rebelles de la Séléka ont décidé
de reprendre les armes, ce mercredi, suite à la fin de leur ultimatum lancé au régime du président centrafricain, François Bozizé.
20/03/2013 à 16h10
Le président Bozizé a tenté de calmer les tensions avec les rebelles de la Séléka en promulguant, ce
mercredi, deux nouveaux décrets allant dans le sens des revendications des insurgés. Le premier décret indique que toutes les barrières érigées à travers le pays lors de l’instauration du
couvre-feu sont désormais levées. Pour le second, il prévoit la libération des personnes arrêtées, détenues ou condamnées depuis le 15 mars 2012, y compris les prisonniers politiques et de
guerre.
Des mesures qui ne suffisent pas, selon le colonel Djouma Narkoyo, un des chefs militaires de la Séléka.
Cité par l’AFP, il a néanmoins évoqué la possibilité de laisser un délai au président Bozizé pour appliquer les
revendications des rebelles, rappelant notamment qu’avec ces deux décrets, le chef d’État centrafricain n’a pas évoqué le recrutement des troupes de la Séléka dans l’armée centrafricaine, ni
du départ des troupes sud-africaines et ougandaises.
Le colonel Djouma Narkoyo a été très clair. Pour ce chef militaire de la coalition de la Séléka, l’ultimatum
lancé il y a trois jours arrive à expiration. Sans avancée des négociations de la part du régime, les rebelles vont donc reprendre les armes, comme il l’a assuré à l’AFP.
S’il a précisé que de nouvelles attaques imminentes n’étaient pas forcément prévues, il a également ajouté que la stratégie
de la Séléka est en cours d’élaboration pour mettre à exécution les menaces proférées, ce dimanche.
Profitant d’un déplacement d’une délégation internationale dans la localité de Sibut, à 160km au nord de la capitale
centrafricaine, Bangui, les rebelles avaient alors décidé de retenir cinq de leurs ministres présents dans le cortège, parmi lesquels Michel Djotodia, pourtant l’une des figures
de proue de la rébellion et actuel vice-Premier ministre en charge de la Défense nationale.
Pour l’un des chefs militaires de la Séléka, le colonel Michel Narkoyo, «ce n’est pas ce que
l’on souhaite mais si nous n’avons d’autre choix, alors nous reprendrons les armes», comme il l’a affirmé ce mardi. Dans un entretien accordé à l’agence de presse Chine Nouvelle, il a également témoigné sa préoccupation vis-à-vis des agissements du régime actuel.
«Bozizé [Le président centrafricain, ndlr] a envoyé deux porte-chars à Damara. Nous aussi, on prend nos
dispositions, on se prépare. D’après notre vision, lui-même n’est pas prêt pour la paix», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter qu’il ne pouvait pas libérer les otages. «Si on le fait,
ils vont rejoindre ceux qui sont à «Guantanamo» [la prison gouvernementale, ndlr], à Bassangoa. Ils sont toujours à Sibut avec nos éléments. S’il n’y a pas une solution,
il y a un grand risque de recours aux armes», a-t-il conclu.
La Séléka attend un geste du régime du président Bozizé
Car parmi les revendications récurrentes des rebelles de la Séléka, figure la libération des prisonniers politiques,
actuellement détenus dans le pays. Des revendications qu’ils ont pu rappeler, ce dimanche, à Sibut, après avoir décidé de retenir cinq ministres du gouvernement d’union nationale, issus de leur
coalition.
Ils demandent également le retrait des troupes sud-africaines du territoire centrafricain, sous peine de poursuivre leurs
hostilités au cœur du pays. Si les accords de Libreville, signés le 11 janvier dernier, avait débouché sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, incluant des membres de la Séléka,
cette dernière considère que leur représentativité est encore trop faible.
Interrogé par RFI, l’un des porte-parole de la rébellion, le
colonel Bordas, a assuré qu’aucun contact n’a pour l’heure été établi avec le régime du président Bozizé. «On attend, on attend, on ne nous a pas contactés. C’est au
président, François Bozizé, de prendre l’initiative et de donner une réponse à nos revendications», a-t-il déclaré.
Une vision que ne partage absolument pas la médiation internationale, représenté par le président congolais, Denis
Sassou Nguesso. Assurant que «les rebelles de la Séléka ne répondent pas aux coups de fil que nous leur avons donné», le général Noël Léonard Essongo, Haut représentant
du médiateur, a également ajouté que le président Nguesso «demande que la Séléka ne puisse pas entreprendre quoi que ce soit pouvant compromettre les accords de
Libreville».
La séquestration «crée un problème de plus à régler»
De son côté, la présidence centrafricaine assure prôner «le dialogue et la paix». Ce mardi, le ministre de l’Equipement et
porte-parole du gouvernement, Crépin Mboli Goumba, a évoqué les revendications des insurgés, assurant les examiner «à la lumière de l’accord de Libreville du 11
janvier». Mais selon lui, la séquestration « crée un problème de plus à régler. Il y a eu cinq signataires de l’accord de Libreville, l’une des parties ne siège pas. Ce
sont des frères que nous avons en face de nous. J’espère qu’ils ont eux aussi le souci d’épargner à notre peuple des épreuves supplémentaires».
En pleine impasse diplomatique, cette situation inquiète jusqu’aux États-Unis. La porte-parole du département d’État
américain, Victoria Nuland, a ainsi tenu à témoigner sa préoccupation à l’égard «de la dégradation continue de la sécurité en République
centrafricaine».
«Nous appelons le président Bozizé et les dirigeants de l’alliance de la Séléka à mettre fin immédiatement aux
hostilités et à appliquer l’accord de Libreville», a-t-elle déclaré, ajoutant que «le gouvernement d’union nationale est l’unique entité représentative, qui a fait
l’objet d’un accord entre toutes les parties à Libreville et qui est à même de diriger le pays dans cette période critique de transition».
Mais face aux divergences récurrentes et à l’absence de dialogue constructif entre les deux parties, ce gouvernement d’union
nationale apparaît bien fragile quant au respect des accords de paix. Alors que chacun campe sur ses positions et ses revendications, les prochaines hostilités pourraient bien semer un peu plus
le trouble dans un pays déjà meurtri.
Centrafrique : les ministres de la coalition Séléka seraient des otages volontaires
http://www.lavoixdelamerique.com jeudi,
mars 21, 2013 Heure locale: 00:02
Les rebelles de la coalition Séléka « retiennent » depuis dimanche cinq ministres de
leur propre coalition, pour appuyer leurs revendications.
Les ministres de la coalition Séléka seraient complices de leur propre « prise en otage » par les
hommes de Djouma Narkoyo à Sibut.
L’ultimatum des rebelles de la coalition Séléka arrive à terme mercredi matin. Ils « retiennent »
depuis dimanche cinq ministres de leur propre coalition, les ministres Séléka qui font partie du gouvernement d'union nationale.
Alors qu’ils n’ont jamais déposé la moindre arme jusqu’ici et ont même progressé vers d’autre localités, ils menacent une
nouvelle fois de « reprendre les armes », si leurs revendications ne sont pas respectées, a dit le colonel Narkoyo, un des chefs militaires de Séléka,
coalition signataire des accords de Libreville du 11 janvier dernier.
Le vice-Premier ministre Michel Djotodia, chef de Séléka, et le ministre des
Forêts, le général Mohamed Dhaffane, chef militaire de la coalition, profitent de cette prise d’otages truquée pour discuter avec leurs hommes de terrain.
Selon Romary Gonessa du Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme en
Centrafrique, les informations recueillies par la presse sur le terrain montre que la présumée prise d’otages n’en est pas une. « Leurs représentants qui sont dans le gouvernement ont
accepté volontairement de rester pour que la majorité présidentielle puisse commencer à mettre en exécution les clauses des accords de Libreville » explique M.
Gonessa.