Par RFI lundi 14 octobre 2013 à 08:03
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, était en visite hier, dimanche 13 octobre, en Centrafrique. Bien que courte, cette visite vient appuyer les efforts déployés ces dernières semaines par Paris pour placer la crise centrafricaine au centre des préoccupations de la communauté internationale.
Au palais présidentiel, Laurent Fabius s'est entretenu en tête-à-tête avec le président de la transition, Michel Djotodia, le président du CNT, Alexandre-Ferdinand N'Guendet, et le Premier ministre, Nicolas Tiangaye.
Son message est clair : ils doivent tout faire pour le retour de la sécurité, l’amélioration de la situation humanitaire dans le pays et l’organisation des prochaines élections.
Des élections que Laurent Fabius prévoit pour le début de l'année 2015 et auxquelles ne doivent pas se présenter les personnalités de la transition.
« Nous n'accepterons pas que les gens s'entredéchirent »
Le chef de la diplomatie française a aussi annoncé l'envoi de troupes supplémentaires en Centrafrique, sans doute avant la fin de l'année.
Il s’est également entretenu avec les leaders religieux. Il leur a porté le message de l’Union européenne : la Centrafrique ne doit pas sombrer dans une crise interreligieuse. « Les gens ont toujours vécu ensemble et nous n’accepterons pas qu’ils s’entredéchirent », a insisté le ministre.
Laurent Fabius s'est également rendu au complexe pédiatrique de Bangui qui prend soin de nombreux enfants dont la plupart sont affectés par la crise encore en cours dans le pays.
Laurent Fabius et Kristalina Georgieva, commissaire européenne chargée notamment des questions humanitaires - qui accompagnait le ministre français lors de ce déplacement à Bangui -, se sont exprimés ce dimanche au micro de RFI à Bangui. Ci-dessous, leurs déclarations.
• Laurent Fabius sur l'aspect religieux de la crise : « La tradition en Centrafrique n'est pas du tout celle d'affrontements religieux. Les Centrafricains, depuis des décennies et des décennies, ont eu l'habitude de travailler ensemble. Ils ont chacun la religion qu'ils veulent - ou pas de religion -, mais la religion n'a pas à se mêler de la politique. Certains ont voulu établir un lien entre les deux et monter en épingle des affrontements entre les musulmans et les chrétiens. Nous le refusons, et j'ai été extrêmement heureux de voir que tant du côté des protestants, des catholiques que des musulmans, il y a une volonté au niveau des autorités de refuser ces affrontements. C'est également le souhait et la position de la communauté internationale, de l'Europe et de la France. »
Laurent Fabius Ministre français des Affaires étrangères
L'urgence, c'est de rétablir la sécurité partout en Centrafrique
14/10/2013 par RFI
• Laurent Fabius sur le calendrier à mettre en œuvre : « Il a été exigé, et les autorités de transition sont pleinement d'accord, que des élections libres aient lieu au début de 2015, auxquelles ne se représenteront pas d'ailleurs - elles nous l'ont confirmé -, les autorités de la transition. Mais cela demande une préparation, puisque dans un certain nombre de villes et de villages, l'Etat civil a été détruit. Et puis, il faut qu'une commission électorale soit mise sur pied ; il va falloir pratiquer un référendum constitutionnel. Nous visons comme objectif, ce n'est pas facile mais il faut le remplir, un nouveau pouvoir, légitime bien sûr, au début de 2015. »
• Laurent Fabius sur le rôle des pays voisins : « L'intérêt du Tchad, c'est d'avoir une Centrafrique qui soit en paix. Personne ne peut avoir intérêt à ce que, à ses frontières, il y ait un pays dans un état aussi dévasté que l'est la Centrafrique. Je pense que l'ensemble de la région d'Afrique centrale - la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale - aura à cœur de relever la Centrafrique, y compris le Tchad, et c'est dans cet esprit-là que nous allons travailler. Maintenant, je n'ignore pas les reproches qui sont faits, et le président Déby, qui connait très bien les choses, ne l'ignore pas non plus (beaucoup de Centrafricains reprochent au Tchad de soutenir les ex-Seleka dans leurs exactions, NDLR). Donc, s'il y a des choses qui ne vont pas, il faut y remédier. »
• Kristalina Georgieva sur l'aide allouée à la RCA par l'Europe : « Quand je suis venue en juillet, la contribution de toute l’Union européenne - Commission et Etats membres - était de l’ordre de 30 millions de dollars. Aujourd’hui, cette contribution européenne est autour de 56 millions de dollars. Car aussi bien les Etats membres que la commission ont augmenté leur assistance humanitaire. Je suis personnellement allée à la rencontre d’autres pays membres, pour qu’eux aussi augmentent leur contribution. Du coup, aujourd'hui, le total est de l’ordre de 123 millions de dollars pour aider les gens en Centrafrique. Parce que j’ai vu ici à quel point la situation est terrible. »
• Kristalina Georgieva le rôle de la communauté internationale : « Même si à Bangui, il y a un semblant de calme, en dehors, les choses se sont empirées. Nous avons encouragé les Nations unies à remonter leurs efforts et leur présence. Cette semaine d’ailleurs, les principaux directeurs des principales agences et du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) vont arriver à Bangui. Nous insistons pour qu’il puisse y avoir plus de sécurité pour le peuple centrafricain et le travailleur, ainsi qu'une restauration de l’autorité de l’Etat en dehors de Bangui. »
Centrafrique: cinq morts dans des affrontements entre villageois et éleveurs
http://www.lesoir.be mardi 15 octobre 2013, 19h23
Cinq personnes ont été tuées et plusieurs blessées dans des violences intercommunautaires lundi entre des villageois et des éleveurs dans une localité isolée de l’est de la Centrafrique, a-t-on appris mardi de source militaire à Bangui. «Des violences ont éclaté lundi en milieu de journée entre des éleveurs peuls munis d’arme de guerre et des villageois dans un village situé entre Bangassou et Rafaï (750 km à l’est de Bangui) faisant cinq morts parmi les villageois et plusieurs blessés dans les deux camps», a expliqué cette source sous couvert d’anonymat.