15/10/2013 à 06h00 Par Pierre Cherruau, correspondant spécial
La France va renforcer son soutien au régime en place. Au risque d’être accusée d’ingérence.
Exécutions sommaires sur des bases ethniques ou religieuses, viols, racket : les témoignages accablants sur les exactions commises ces derniers mois par les hommes en armes à Bangui, la capitale, et dans le reste du pays, se multiplient. Depuis que la Séléka a renversé le régime du président François Bozizé en mars 2013, la paix n’est jamais revenue en Centrafrique. Des milices d’autodéfense paysannes - majoritairement chrétiennes - se sont constituées à l’intérieur du pays pour affronter les troupes de la Séléka - majoritairement musulmanes.
Deux bases sur place
La France semble à même de changer la destinée d’un pays dans lequel son armée a longtemps disposé - jusqu’à la présidence Patassé, de 1993 à 2003 - de deux bases permanentes : l’une à Bangui, l’autre à Bouar (ouest de la Centrafrique). La tentation de l’intervention est d’autant plus forte que François Hollande tire des bénéfices politiques de son action au Mali, très largement approuvée par les Français. « Que va-t-on retenir du début de quinquennat de Hollande, sinon le Mali ? C’est d’autant plus étonnant qu’il n’était pas vraiment attendu sur ce terrain-là », analyse Antoine Glaser, écrivain, spécialiste du continent.
L’Afrique est la seule partie du monde où la France et son armée peuvent encore changer le cours de l’Histoire. Ses interventions sur le continent permettent de montrer qu’elle reste encore une grande puissance, au moins en Afrique, et justifie ainsi son poste de membre permanent du Conseil de sécurité.
« Si on ne fait rien en Centrafrique, on sera accusés d’indifférence coupable. Si on agit, on nous taxera de néocolonialisme. Autant être accusés de néocolonialisme et sauver des vies », estime un diplomate français qui sait que l’intervention de Paris est de plus en plus attendue en Centrafrique. L’idéal pour la diplomatie française serait de pouvoir intervenir sous mandat des Nations unies ou d’agir en soutien d’une mission de l’Union africaine afin de ne pas être perçue comme se livrant à une ingérence.
L’intervention française sera d’autant moins suspecte d’arrière-pensées économiques que Paris ne possède guère d’intérêts économiques à défendre dans ce pays de 5 millions d’habitants. La Centrafrique n’est pas dépourvue de matières premières, mais elles restent peu exploitées. L’intervention sera avant tout perçue comme une action humanitaire et un moyen d’éviter que le conflit entre les partisans de la Séléka et ceux de Bozizé ne devienne un affrontement entre musulmans et chrétiens. La montée de l’islam radical, de la Somalie au Kenya en passant par le Nigeria et le Mali, fait craindre aux Occidentaux la constitution d’un axe djihadiste le long du Sahel, de plus en plus difficile à circonscrire.
Hollande l’interventionniste
Autre motif qui pousse Paris à sortir de son immobilisme : si les hommes de la Séléka multiplient les exactions, les militaires français sur place pourraient être accusés de complicité passive. Hollande, présenté au début de son mandat comme un « dirigeant mou », pourrait bien se révéler comme un chef d’État très interventionniste. Qui lui reprochera une intervention en Centrafrique, si elle est présentée comme une œuvre humanitaire, une continuation de celle accomplie au Mali ?
Son discours du 19 septembre à Bamako tenait autant de celui du chef de guerre que de celui du chef d’État. Grand amateur d’anaphores, le président a commencé par énumérer toutes les villes reprises par l’armée française aux djihadistes. Il a rappelé la communauté internationale à ses devoirs, là où des femmes et des enfants sont victimes d’exactions. L’horizon africain de Hollande s’est considérablement élargi ces derniers mois. Et ses regards et ceux de ses généraux sont plus que jamais tournés vers Bangui.
Source : http://www.sudouest.fr/2013/10/15/la-tentation-centrafricaine-1199594-5137.php
Lu pour vous : La France pourra-t-elle intervenir en Centrafrique ?
par: Frédéric Powelton : 15 octobre 2013
La situation se dégrade de plus en plus en République centrafricaine.Une intervention de la France, qui souhaite que le soutien au régime en place soit renforcé, devient de plus en plus probable pour plusieurs raisons, malgré les risques d’accusations d’ingérence.
Plus de six mois après le renversement du régime du président François Bozizé par la Séléka, le pays est au bord d’un conflit ouvert entre les chrétiens, les milices d’autodéfense paysannes, les musulmans, et les troupes de la Séléka. Les exécutions sommaires sur bases ethniques ou religieuses, les viols et les rackets se multiplient. Dans ce contexte, avec la montée de l’islam radical aux deux extrémités de l’Afrique, à l’Ouest au Mali et au Nigéria et à l’Est en Somalie et au Kenya, la principale crainte au niveau international est la formation d’un axe djihadiste, le long du Sahel, qui aurait des conséquences graves pour la région.
La France est toute désignée pour une intervention dans ce pays pour rétablir le calme. Ancienne puissance coloniale, elle a disposé jusqu’à la présidence de Patassé, de 1993 à 2003, de deux bases permanentes, dans la capitale Bangui et à Bouar dans l’ouest du pays. De par l’ampleur de l’instabilité dans le pays, son armée est capable de gérer elle-même le conflit mais, évite d’être taxée d’ingérence.Paris préfèrerait certainement agir sous mandat des Nations unies ou en soutien d’une mission de l’Union africaine.
Une intervention de la France en Centrafrique pourrait plus facilement revêtir un aspect humanitaire vu le peu d’intérêts économiques que Paris dispose en Centrafrique.
En un an et demi, l’intervention au Mali reste le seul succès du président François Hollande. Certains observateurs s’attendent à ce qu’il poursuive sur cette voie en matière de politique étrangère.
Source : http://sahel-intelligence.com/4243-la-france-pourra-t-elle-intervenir-en-centrafrique.html
"La France craint que la Centrafrique ne devienne un sanctuaire de terroriste"
Par Christophe Decroix , Marie Leynaud le 15/10/2013 à 17h38 http://www.rtl.fr
La France envisagerait une intervention de l'armée en Centrafrique. Pour Christophe Decroix, journaliste au service étranger de RTL, Paris craint que cet État ne devienne un repaire de terroristes.
Laurent Fabius a annoncé, dimanche 13 octobre à Bangui, l'envoi de troupes supplémentaires en Centrafrique. La situation semble préoccupante pour Paris. Un coup d'État en mars dernier a renversé le président Bozizé, lui-même arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'État.
Il y a chaque jour des morts dans des combats entre ex-rebelles qui ont pris le pouvoir et les milices d'auto-défense. La France souhaite intervenir d'une part à cause des violations des droits de l'homme. Un tiers de la population a des besoins urgents d'aide humanitaire.
L'autre crainte de la France est que la Centrafrique ne devienne un nouveau sanctuaire pour les terroristes de la région, des terroristes venus du Mali, du Soudan, du Tchad, du Nigéria…