par Emmanuel Braun et Paul-Marin Ngoupana
BANGUI 23/01/2014(Reuters) - La présidente de transition centrafricaine Catherine Samba-Panza a prêté serment jeudi sur fond de violences persistantes qui illustrent l'ampleur de la tâche qui l'attend face aux tensions intercommunautaires et à une crise humanitaire d'ampleur.
De nouvelles violences à Bangui, la capitale, ont fait seize morts dans la journée, a rapporté la Croix-Rouge locale. Des centaines de personnes se sont livrées à des pillages dans des secteurs musulmans de la ville, incendiant plusieurs maisons, a dit Antoine Mbao Bogo, président de la Croix-Rouge centrafricaine.
Les violences ont particulièrement visé le quartier de PK12, dans le nord de Bangui. "Ce sont des scènes de xénophobie, on voit des gens en poignarder d'autres parce qu'ils ne sont pas de la même ethnie. Il y a eu seize personnes tuées dans ces conditions atroces", a ajouté Antoine Mbao Bogo.
Depuis décembre, date du début de l'intervention militaire française aux côtés de forces africaines pour rétablir la sécurité dans le pays, les violences ont fait plus de 2.000 morts et un million de déplacés selon l'Onu.
Mercredi, dix personnes avaient été tuées dans des affrontements selon des ONG présentes sur place.
Jeudi, c'est la mort d'un homme dans un camp de déplacés musulmans, tué par balle par des milices chrétiennes, qui a mis le feu aux poudres.
Poussés par la colère, des manifestants, certains armés de machettes, se sont approchés d'un point de contrôle des forces françaises pour dénoncer le manque de protection dont pâtit selon eux la communauté musulmane, a rapporté Peter Bouckaert, directeur des urgences de Human Rights Watch.
"CE SONT LES FRANÇAIS !"
"Nous n'avons pas vu les échanges de coups de feu mais nous avons vu (les manifestants) ramener un corps de l'endroit où ils étaient allés manifester, ils ont dit 'ce sont les Français, ce sont les Français'", a-t-il raconté à Reuters, faisant état d'un autre homme blessé.
A Paris, le porte-parole de l'état-major des forces armées françaises, le colonel Gilles Jaron, a déclaré que la force Sangaris avait été prise à partie dans la matinée à PK12 par un groupe d'individus armés. "L'armée française a riposté, touchant un des membres du groupe", a-t-il dit, ajoutant ne pas être en mesure de confirmer la mort de cet homme.
C'est dans ce contexte tendu que la nouvelle présidente a prêté serment lors d'une cérémonie au palais de l'Assemblée nationale à Bangui à laquelle a assisté, entre autres, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Première femme élue à la tête de la Centrafrique depuis l'indépendance du pays en 1960, l'ancienne maire de Bangui a dit mardi son intention d'ouvrir le dialogue avec les représentants des groupes armés pour tenter de ramener le calme dans le pays.
Des élections sont prévues au plus tard d'ici février 2015.
Reçu jeudi par François Hollande à Paris, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, a appelé à l'aide de la communauté internationale pour reconstruire l'Etat centrafricain.
"Cela permettra de préparer les élections dans de bonnes conditions afin que demain on puisse être heureux de dire que l'élection a été crédible, que l'élection a été transparente, comme nous venons de le vivre avec l'élection de notre présidente où le vaincu a salué celle qui a gagné et tous se sont embrassés", a-t-il dit à la sortie de l'Elysée.
RENFORTS EUROPÉENS
"Beaucoup de gens sont sans nourriture, cela fait deux années maintenant que les gens ne plantent plus, si rien n'est fait, (s'il n'y a) pas de sécurité, et bien nous allons vers la famine".
Réunis lundi à Bruxelles, pays donateurs et organisations internationales ont promis près d'un demi-milliard de dollars d'aide humanitaire à la République centrafricaine.
Sur le terrain, la présence de 1.600 soldats français et de 5.000 soldats africains n'a pas permis pour l'heure d'apaiser les tensions dans le pays et les affrontements entre miliciens chrétiens anti-balaka et ex-rebelles de la Séléka, à majorité musulmane, se poursuivent.
"Les pics de violence tels que nous avons pu les connaître aux alentours du 24-25 décembre et dans les premiers jours de janvier ne sont pas des schémas que nous retrouvons aujourd'hui à Bangui, mais cela ne veut pas dire que le calme est rétabli", souligne le colonel Jaron.
"La tension a tendance aujourd'hui à se focaliser sur les sorties nord de Bangui, à hauteur du PK12", et en d'autres points. "En cela on peut dire qu'il s'agit d'un calme extrêmement précaire", ajoute-t-il.
Dans une interview au Parisien-Aujourd'hui en France publiée jeudi, la présidente de transition dit avoir besoin de plus de soldats pour sécuriser le pays.
Répétant qu'aucun renfort français n'était pour l'heure à l'ordre du jour, Laurent Fabius a estimé qu'il incombait désormais à "la communauté internationale de se mobiliser."
L'Union européenne a annoncé l'envoi d'une force de 500 militaires. Elle sera basée dans les environs de Bangui et devrait rester sur place pendant six mois avant de passer le relais à la force de l'Union africaine.
Avec Marine Pennetier et Julien Ponthus à Paris; édité par Guy Kerivel
Catherine Samba-Panza prête serment devant la Cour constitutionnelle de Transition
Bangui, 23 Jan (ACAP) – Le Président de la République, Chef de l’Etat de Transition, Mme Catherine Samba-Panza a prêté serment devant la Cour Constitutionnelle de la Transition, en présence du Président intérimaire, Alexandre Ferdinand Nguendet, du Président gabonais, Ali Bongo, du premier ministre du Cameroun, de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères de la France, du Ministre d’Etat en charge du Cabinet du Président du Congo, du ministre des Affaires Etrangères du Tchad ainsi que celui des Affaires Etrangères de la République Démocratique du Congo, jeudi 23 janvier 2014.
En prêtant serment, Catherine Samba-Panza s’engage à respecter scrupuleusement la feuille de route de la transition qui définit entre autres les actions du gouvernement, à savoir la restauration de la sécurité et la paix, veiller à la protection des populations dans tout le pays, veiller au respect des droits de l’homme, préparer et organiser les élections présidentielles et législatives libres, démocratiques, transparentes et régulières et engager des réformes économiques et sociales.
Il est à rappeler que Mme Catherine Samba-Panza, Maire de Bangui, élue le 20 janvier dernier par les membres du parlement de transition, succède ainsi à M. Michel Djotodia Am Nondroko, contraint de quitter le pouvoir par les Chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) à l’issue du dernier sommet de Ndjamena tenu du 9 au 10 janvier dernier, pour ne pas avoir su ramener la paix dans son pays.
Centrafrique : La présidente de transition, Catherine Samba-Panza, a prêté serment
http://www.leral.net/ Rédigé le Jeudi 23 Janvier 2014 à 18:52
L’investiture de Catherine Samba-Panza a duré environ une heure. Désormais présidente de la transition, elle a prêté serment après avoir été investie par le président de la Cour constitutionnelle.
Dans l’hémicycle de l’ex-Assemblée nationale, la cérémonie s’est déroulée en présence du chef de l’Etat gabonais Ali Bongo, assis à côté de Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères.
Les représentants de tous les Etats parrains de cette transition centrafricaine étaient également présents : le Premier ministre camerounais, les ministres des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville et du Tchad.
La présidente a remercié toute cette communauté internationale pour son soutien à cette transition. Elle a encore une fois délivré un discours d’apaisement, appelant chacun à déposer les armes.
Mme Samba-Panza s’est montrée déterminée, aussi : « Rien ne me fera dévier de ma feuille de route ; répondre à l’urgence sécuritaire, humanitaire et économique, mais aussi mener le pays vers des élections depuis un an. »
La pacification du pays reste la priorité de la présidente de transition. Le porte-parole de l’état-major des armées français indique qu’un « calme précaire règne à Bangui ». Les points de tension restent concentrés autour de la sortie nord de la capitale.