Par Jean-Pierre CAMPAGNE et Christian PANIKA | AFP 28 janvier 2014
Les opérations d'évacuation et de cantonnement des ex-combattants Séléka se poursuivaient mardi à Bangui, encadrées par l'armée française et la force de l'Union africaine, au moment où l'ONU s'apprêtait à voter une résolution menaçant de sanction les fauteurs de troubles.
De son coté, l'exécutif centrafricain, au complet après la formation du gouvernement lundi, engage dès mardi la bataille de la pacification d'un pays dévasté par les violences.
Depuis lundi, les deux principaux camps de cantonnement d'ex-rebelles Séléka, qui avaient pris le pouvoir en mars 2013 en Centrafrique, ont été évacués, et les combattants regroupés au camp "RDOT", situé à la sortie nord de la ville.
"Aujourd'hui, le seul site de cantonnement des ex-Séléka c'est le RDOT", a expliqué à Bangui le lieutenant-colonel français Thierry Mollard, se félicitant de la bonne tenue de l'évacuation des camps De Roux et Kasaï entre lundi et mardi.
"Il y a plein de raisons de n'avoir qu'un seul site, pour organiser la sécurité, le ravitaillement", a-t-il souligné.
Du seul camp Kasaï, environ 400 combattants ont été déplacés, munis d'armes légères, sous les cris de joie ou les injures de riverains.
En d'autres points de la ville, quelques tensions entre militaires français et ex-Séléka se sont fait sentir. Selon le lieutenant-colonel Mollard, des hommes de la force Sangaris ont été "pris à partie" lundi soir par des individus armés non identifiés et "ont dû riposter" aux abords du camp RDOT.
Ce camp est régulièrement le théâtre d'échanges de tirs et d'accrochages entre ex-Séléka et milices chrétiennes anti-balaka.
Depuis dimanche, d'autres combattants ont quitté Bangui en direction du nord du pays, selon des témoignages d'habitants et Peter Bouckaert, directeur des urgences de l'ONG Human Rights Watch (HRW).
Le retour à la paix, priorité du nouveau gouvernement
La passation de service entre le nouveau Premier ministre André Nzapayeke et son prédécesseur Nicolas Tiangaye, initialement attendue en matinée, devrait intervenir dans l'après midi.
M. Tiangaye a été contraint à la démission le 10 janvier avec le président Michel Djotodia pour leur incapacité à mettre fin à des mois de tueries entre chrétiens et musulmans qui ont plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent. Si M. Tiangaye est rentré à Bangui après sa démission, actée à N'Djamena, M. Djotodia a pris le chemin de l'exil, au Bénin.
Avec le soutien mais aussi sous la pression de la communauté internationale, une nouvelle équipe dirigeante s'est très rapidement mise en place, et signe de l'urgence de la situation, le nouveau gouvernement a été formé une semaine après l'élection de Mme Catherine Samba Panza à la présidence de transition.
La présidente et le Premier ministre ont fait du retour à la paix leur première priorité.
Le nouveau cabinet - composé à la fois de proches de l'ex-rébellion Séléka de M. Djotodia et des milices chrétiennes anti-balaka, ainsi que de figures de la politique centrafricaine - commence à travailler dans un climat tendu dans la capitale, particulièrement dans le quartier PK-5, au centre-ville, le poumon commercial de la capitale, peuplé majoritairement de musulmans, assiégés par des pillards et des miliciens anti-balaka.
Attente d'une résolution de l'ONU
Le Conseil de sécurité doit adopter mardi une résolution qui menace de sanctions les perturbateurs qui bloqueraient cette transition ou commettraient des exactions tout en invitant le gouvernement à accélérer la transition politique.
La résolution, proposée par la France et soumise à un vote à 15H00 GMT, met aussi sous mandat de l'ONU les quelque 500 soldats européens qui doivent prêter main forte aux soldats africains et français.
La résolution menace de sanctions ciblées (gel des avoirs et interdiction de voyager) "les individus ou entités (..) qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en RCA (..), font obstacle au processus politique de transition, violent les droits de l'Homme", bloquent la distribution de l'aide humanitaire ou violent l'embargo sur les armes à destination de la RCA instauré en décembre par le Conseil.
Celui-ci met ainsi en place un régime précis de sanctions, mais les personnes à sanctionner devront être désignées ultérieurement.