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  • : informations générales sur la république centrafricaine et l'Afrique centrale
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 15:26

 

 

 

 

 

French.china.org.cn | Mis à jour le 31-01-2014

 

Deux jours après la présentation du rapport de la présidente de la Commission de l' organisation panafricaine faisant état de 5.305 hommes au Conseil de paix et de sécurité (CPS), le commissaire à la paix et la sécurité de l'Union africaine (UA), Smail Chergui, annonce vendredi l'atteinte des 6.000 troupes prévues de la Commission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca).

 

« Cette force, au moment où je vous parle, a déjà atteint les 6.000 hommes autorisés par l'Union africaine », a déclaré lors d'une conférence de presse au deuxième et dernier jour du 22e sommet de l'organisation panafricaine vendredi à Addis-Abeba en Ethiopie, le diplomate algérien dans une présentation de la situation en République centrafricaine (RCA).

 

Autorisée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies suite à une recommandation de l'UA avec pour mission d'aider à sécuriser et à stabiliser ce pays pauvre et enclavé d' Afrique centrale confrontée à une grave crise sécuritaire et humanitaire depuis plus d'un an, la Misca était portée à un effectif initial de 3.722 hommes, militaires et policiers confondus.

 

La décision d'augmenter ces troupes fait suite à l' amplification des violences dans le pays due aux affrontements entre les ex-rebelles de la Séléka qui avaient porté leur leader Michel Djotodia au pouvoir en mars 2013 et les milices d'autodéfense villageoises anti-Balakas (anti-machettes) jugées favorables à l'ancien régime de François Bozizé.

 

En réponse aux critique sur l'incapacité de la Misca à ramener l'ordre à Bangui et dans les autres villes centrafricaines affecté es par les violences, le commissaire à la paix et la sécurité de l' UA se défend en affirmant que « cette force fait valablement son travail », ce qu'elle d'ailleurs déjà selon lui, en coopé ration avec la force française Sangaris.

 

Par exemple, informe Smail Chergui, cette force précédée de la Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMAC) et de la Mission de la CEEAC pour la consolidation de la paix en RCA (MICOPAX) est parvenue à libérer le principal axe qui relie la RCA au Cameroun et constitue le principal corridor de ses échanges avec l'extérieur, via le port de Douala, dans la métropole économique camerounaise.

 

Les troupes présentes en RCA depuis le 19 décembre proviennent de sept pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), à savoir le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi, le Tchad, auxquels s'associent le Rwanda, sorti de cette organisation régionale pour se tourner vers l'Afrique de l'Est et Australe.

 

Concernant l'éventualité de la transformation de la Misca en mission de paix onusienne, M. Chergui fait observer que « le principale est là, mais pour transformer cette force en mission des Nations Unies, il faut au moins six mois ».

 

Une conférence des donateurs est programmée samedi à Addis- Abeba pour mobiliser plus de 500 millions de dollars en faveur du financement de la force.

 

Source: Agence de presse Xinhua

Centrafrique : les effectifs de 6.000 bouclés pour la Misca, selon le commissaire à la paix et sécurité de l'UA
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 14:37

 

 

 

 

 

RFI  vendredi 31 janvier 2014 à 11:57

 

Dernier jour à Addis-Abeba pour le 22e Sommet de l’Union africaine. Les dirigeants des pays du continent sont réunis pour évoquer notamment les crises sécuritaires qui secouent l’Afrique. Il est beaucoup question de la République centrafricaine dont le médiateur est le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, invité de RFI.

 

RFI : Les organes de la transition sont aujourd’hui en place et pourtant les violences se poursuivent. Comment éviter le chaos en Centrafrique ?

 

Denis Sassou-Nguesso : Nous saluons déjà le fait que le Parlement de transition ait pu élire Madame Samba-Panza à la tête de l’Etat pour la période de transition. Nous nous félicitons aussi du fait qu’on ait nommé un Premier ministre et formé un gouvernement. Cela était un pas important. La Misca est en place, les pays de la région ont déjà mobilisé plus de 6 000 hommes. Nous pensons que si la communauté internationale soutient la chef d’Etat de transition, le Premier ministre, le gouvernement, sur le plan humanitaire, sur le plan financier – parce qu’il faut un soutien financier immédiat – nous pensons que si la Communauté internationale soutient la Misca sur le plan financier, sur le plan logistique, il y a des exactions qui se poursuivent, c’est vrai, mais on pourrait sentir qu’il y a aussi des progrès sur le terrain. Si tous ces soutiens viennent et si la décision prise par le Conseil de sécurité qui tend à mener des enquêtes pour punir les auteurs des violences, d’exactions de toutes sortes contre les populations, si toutes ces mesures sont menées de front, je suis persuadé qu’on sortira des problèmes.

 

Il y a beaucoup de « si » ?

 

Je dis « si » parce que les apports dont je parle ne sont pas encore sur le terrain, mais il y a urgence à faire que ces annonces se concrétisent réellement. Le secrétaire général des Nations unies, conformément à la résolution 21-27, devrait début février, envoyer une mission d’évaluation de l’action de la Misca, et peut-être qu’à l’avenir cette mission de la Misca pourrait être transformée en mission de maintien de la paix des Nations unies. Mais toutes ces actions doivent se mener les unes après les autres sans rupture. Ceci est urgent.

 

Selon vous, combien de temps faudrait-il pour pouvoir apaiser le pays et aller aux élections ?

 

Il a été annoncé dix-huit mois, mais on ne va pas mettre le chronomètre. En fonction des résultats sur le terrain on appréciera. Mais le plus tôt serait le mieux, pour que la République centrafricaine retourne à l’ordre constitutionnel. Encore faut-il que les moyens suivent.

 

Dix mois de pouvoir exercés par Michel Djotodia pour un tel bilan, n’êtes-vous pas en train de refaire les mêmes erreurs, après le sommet de Ndjamena ?

 

Quelles mêmes erreurs ? Nous avons décidé d’accompagner les autorités de transition. Pas à Ndjamena, mais depuis les négociations de Libreville. Tout a commencé déjà avec le président Bozizé.

 

Oui, mais il y a eu entre-temps un coup d’Etat. Michel Djotodia est arrivé aux affaires, est resté dix mois. Et vous vous rendez compte à la fin des dix mois que son bilan est catastrophique et vous le démissionnez.

 

Non, nous ne l’avons pas démissionné. Nous avons tenu à Ndjamena un sommet pour évaluer la situation. Tout le monde a constaté qu’il y avait à Bangui absence de leadership, de cohésion au niveau de l’exécutif. Et le président Djotodia, le Premier ministre Tiangaye, tous les deux ont constaté que les faits sur le terrain les amenaient à la démission.

Vous avez fait pression sur monsieur Djotodia pour qu’il démissionne.

 

Pression non ! C’était un constat évident ! Pas seulement par la CEEAC, mais par la communauté internationale, y compris les responsables politiques centrafricains, c’est à dire le CNT, les responsables des partis politiques de la société civile. Ce constat était unanime !

 

Pourquoi Michel Djotodia, président de la République de Centrafrique, n'a pas démissionné en Centrafrique, mais à Ndjamena ?

 

Le président Djotodia ne voulait plus du tout retourner en Centrafrique. Pour nous c’était plus facile qu’il retourne en Centrafrique et que la démission se fasse à Bangui. Mais il ne voulait plus retourner à Bangui, je crois que c’est cohérent.

 

On a l’impression qu’aujourd’hui la Centrafrique est sous tutelle de la CEEAC et de la CEMAC. Pourquoi ne pas mettre une fois pour toutes le pays carrément sous tutelle ?

 

Mais la RCA n’est pas sous tutelle, même pas des Nations unies et à plus forte raison sous tutelle de la CEEAC. On peut citer d’autres pays qui ont connu des situations dramatiques : le Liberia, la Sierra Leone… Aucun de ces pays n’a été mis sous tutelle de la Cédéao ou des Nations unies. Aujourd’hui, ils sont en train de se relever. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas pour la Centrafrique. Pourquoi devrait-on mettre la République centrafricaine sous tutelle ? Ce n’est pas notre opinion.

 

 

Denis Sassou-Nguesso: «Il faut un soutien financier et humanitaire en Centrafrique»
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 14:35

 

 

 

 

 

Madame la Ministre,

 

À l’initiative des associations centrafricaines, je vous adresse cette lettre afin de vous demander déférer à la procureure de la Cour pénale internationale le dossier concernant la situation de la minorité musulmane en Centrafrique signalée par Amnesty International et bien d’autres ONG. Cette lettre constitue un nouveau signal de la volonté des victimes de lutter contre l’impunité des auteurs des crimes commis en Centrafrique.

 
C’est aussi un appel aux pays membres du Conseil de sécurité à s’engager en ce sens, alors que les exactions commises, en particulier par les précédents régimes et leurs partisans nommés Anti-Balaka et certains ex-Faca et ex-seleka, atteignent une ampleur et une gravité sans précédent.

 
Les associations ont réuni suffisamment d’éléments de fait montrant que des crimes de guerre, des crimes de génocide et des crimes contre l’humanité ont pu être commis en Centrafrique.

 
Les associations souhaitent que la CPI puisse être saisie du dossier Centrafricain afin que justice soit faite.

 
Dans l’attente d’une suite, je vous prie d’accepter, Madame la Ministre, mes meilleures salutations.

 
Fait à Paris, le 27 janvier 2014

 

Maître Abdou DANGABO MOUSSA 

AVOCAT
Adresse : 102, Rue la Boétie Tél. : 01.40.75.01.60
75008 PARIS Fax : 01.40.75.01.19

 

© Correspondance : Maître Abdou Moussa

CENTRAFRIQUE : UN AVOCAT AU BARREAU DE PARIS INTERPELLE LA MINISTRE DE LA JUSTICE
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 14:32

 

 

 

 

"Trente tués et 60 blessés" ont été ramassés par la Croix-Rouge au cours des trois derniers jours dans les rues de Bangui. Un responsable de l'organisation caritative l'a déclaré vendredi lors d'une conférence de presse.

 

Le chef de délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Georgios Georgantas s'est dit "extrêmement préoccupé" par la dégradation de la situation dans la capitale centrafricaine, soulignant un "niveau de violences sans précédent". 

 

Appelant les autorités centrafricaines et la force internationale a "prendre leurs responsabilités", M. Georgantas a également demandé aux populations civiles de "respecter l'emblème de la Croix-Rouge et le personnel au cours de ses activités".

 

"Quand nous passons des barrages pour évacuer des blessés, chaque fois il faut de longues et difficiles négociations pour avancer. Cela met la vie des blessés en danger et beaucoup de stress sur le personnel", a-t-il souligné.

 

 

Couvre-feu


Le bilan annoncé est a minima. A Bangui en effet, nombreuses sont les familles qui s'occupent elles-mêmes d'enterrer leurs morts, ou ne peuvent acheminer leurs blessés jusqu'aux centres de santé à cause de l'insécurité qui règne dans certains quartiers.

 

En raison du couvre-feu imposé à partir de 18h00, les civils blessés la nuit ou en fin de journée doivent attendre le matin pour bénéficier de soins et c'est au petit matin dans Bangui que les volontaires de la Croix-Rouge centrafricaine s'affairent à ramasser les corps de la nuit, signalés par leurs familles ou des riverains.


(ats / 31.01.2014 13h34) 

Trente morts et soixante blessés en trois jours en Centrafrique
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 14:30

 

 

 

 

 

 

AFP Publié le vendredi 31 janvier 2014 à 12h59 - Mis à jour le vendredi 31 janvier 2014 à 13h00

 

L'UE a déjà débloqué 150 millions d'euros auparavant.

 

L'Union européenne a promis 45 millions d'euros supplémentaires pour aider la République centrafricaine à sortir de la crise, a annoncé vendredi à Addis Abeba le commissaire européen au Développement, Andris Piebalgs.

 

"Nous mobilisons toutes les ressources disponibles, pas juste de l'aide au développement, pour aider la population de la République centrafricaine et améliorer sa sécurité", a déclaré le commissaire, en marge d'un sommet de l'Union africaine (UA) dans la capitale éthiopienne.

 

L'UE a déjà débloqué 150 millions d'euros pour la Centrafrique et approuvé le déploiement d'une force européenne d'environ 500 hommes dans le pays.

 

Un peu plus de la moitié des 45 millions promis vendredi (25 millions) sont destinés à soutenir la Force de l'UA en Centrafrique (Misca), le reste allant au processus politique destiné à sortir le pays de la crise.

 

"Il est important que la sécurité règne (en Centrafrique) et ce sont les troupes africaines qui devraient être capables de l'assurer", a-t-il expliqué à l'AFP. "Le seul problème est que s'il y a plus de soldats, il faut plus d'argent", a-t-il ajouté.

 

L'annonce de l'UE intervient à la veille d'une réunion organisée à Addis Abeba pour lever des fonds en faveur de la Misca, dont 5.500 soldats sont pour l'heure déployés en Centrafrique au côté de 1.600 soldats français de l'opération Sangaris

 

La Centrafrique est en crise depuis mars 2013, lorsqu'une rébellion à majorité musulmane a renversé le gouvernement, déclenchant une spirale de violences intercommunautaires dont les civils sont les premières victimes.

 

Le conflit a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Après la démission du président de transition et ex-chef rebelle Michel Djotodia, Catherine Samba Panza a été la première femme élue à la présidence centrafricaine.

L'UE promet 45 millions d'euros supplémentaires pour la crise en Centrafrique
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 01:56

 

 

 

 

 

LE MONDE | 27.01.2014 à 12h29 • Mis à jour le 28.01.2014 à 11h12 |Par Cyril Bensimon (Berengo, Centrafrique, envoyé spécial )

 

 Avec leurs lance-roquettes et leurs fusils en bois, les soldats perdus de Berengo ne menacent personne et n'intéressent plus grand monde. Abandonnés dans le palais en ruine de feu l'empereur Bokassa Ier, ils survivent, à une soixantaine de kilomètres de Bangui, la capitale centrafricaine, en chassant des rats dans l'épaisse forêt qui les entoure et en cultivant des lopins de terre appartenant aux villageois.

 

Les quelques dizaines de jeunes hommes encore présents déambulent au milieu des carcasses de machines agricoles, autour de la piscine transformée en mare saumâtre et logent dans des bâtiments décatis dont les murs sont laissés à l'inspiration des occupants. Asher Love a laissé son numéro de téléphone, un autre message est plus énigmatique : « Triste est le survivant de la caravane. Souvenez-vous de l'histoire de Koyapato. »

 

En fermant les yeux, le visiteur imaginerait presque les soirées fastueuses de l'ubuesque empereur. En les rouvrant, il mesure l'ampleur de l'effondrement de la République centrafricaine (RCA). « Nous sommes en décadence. Trois mois que nous n'avons pas reçu nos rations. Nos chefs sont partis. Les soldats français de “Sangaris” sont venus puis repartis. On ne sait rien de ce qui se passe à Bangui. On attend les ordres », se lamente Thibault devant l'imposante statue en bronze de Jean-Bedel Bokassa.

 

« MAINTENANT ON EST PRÊTS À TRAVAILLER AVEC LA MAMAN »

 

Certains de ces aspirants soldats sont venus à Berengo, il y a dix mois, suivre une instruction leur permettant de rêver à un avenir moins sombre : une solde, quand elle tombe, est un privilège dont est exclue l'immense majorité des Centrafricains. La Séléka venait de prendre le pouvoir et entendait donner l'impression qu'une nouvelle armée était en construction.

 

Tout a volé en éclats le 5 décembre 2013 avec l'attaque sur Bangui de différentes milices paysannes anti-Balaka alliées à des militaires entrés en rébellion contre le régime du président Michel Djotodia (pro-Séléka), depuis déchu. Les officiers instructeurs de Berengo ont alors été rappelés à la capitale et leurs camarades de promotion musulmans ont été rejoindre les troupes combattantes de la Séléka. Les autres, qui espéraient un jour « servir le pays sans parti pris », comme le dit Guy Aubin, sont restés là, coincés entre les deux groupes armés.

 

La distance qui relie Berengo à l'entrée de la capitale est contrôlée par d'anciens soldats des FACA, les Forces armées centrafricaines dissoutes par la Séléka, répondant aux ordres du caporal-chef Alfred Rombhot. Ce petit barbu à la tête d'une troupe de soldats relativement bien équipés et qui a déjà assimilé les rudiments de la taxe à la barrière, expliquait, dimanche 26 janvier, que ses buts de guerre étaient quasiment atteints.

 

« Nous voulions que Djotodia et ses mercenaires partent. Maintenant on est prêts à travailler avec la Maman [Catherine Samba-Panza, la nouvelle présidente de Centrafrique], que j'ai rencontrée il y a deux jours. On attend notre cantonnement. Ça fait neuf mois qu'on est en brousse, on ne peut pas sortir comme ça, il faut gagner les papiers », déclare ce militaire du rang revêtu d'un tee-shirt où il est imprimé « Besoin de révolution, le savoir est une arme ». Le pistolet automatique dont il ne se sépare que pour parler aux journalistes en est une autre, largement plus répandue en RCA par les temps qui courent.

 

A une trentaine de kilomètres plus au sud des dernières positions tenues par les hommes du caporal-chef Rombhot, la localité de Mbaïki, à 107 km au sud-ouest de Bangui, vit encore sous l'emprise d'un escadron de la Séléka et d'une administration qui lui est entièrement soumise.

 

« ON A LES ALLUMETTES ET L'ESSENCE, ON PEUT TOUT FAIRE EXPLOSER »

 

Le patron de la ville s'appelle le colonel Al-Nour, et son adjoint a pris le surnom de« capitaine japonais ». A la barrière qui marque l'entrée de la capitale de la Lobaye, un gendarme glisse discrètement « Ça ne va pas du tout. Il faut qu'on les libère d'ici. Ils font trop de problèmes. » « Ils », ce sont les combattants de la Séléka et les commerçants musulmans, le plus souvent d'origine tchadienne. « On est mal à l'aise ici à cause de leur comportement. Ils règlent tous leurs problèmes avec une arme. Beaucoup d'entre nous sont cachés dans la forêt », murmure Fernand, de peur des oreilles indiscrètes.

 

La peur est partagée entre les communautés. Assis sous la devanture d'une boutique qui lui sert désormais de chambre à coucher, Amad Assabala, l'imam du village de Bokoko, à 10 km de là, raconte, après avoir montré son cahier d'écolier où sont consignés les noms des 77 familles qui l'ont suivi dans sa fuite, que « tous les musulmans de la Lobaye sont ici. Toutes leurs maisons, toutes leurs mosquées sont brûlées. Nous sommes nés ici mais maintenant nous attendons des véhicules pour aller au Tchad ».

 

Le problème est qu'il est désormais impossible pour un musulman d'emprunter la route menant à Bangui, première étape de l'exode. Les demeures abandonnées transformées en amoncellements de briques, les inscriptions sur les murs ne laissent planer aucun doute sur le sort qui serait réservé à ces familles.

 

Pour que cette épuration ethnico-confessionnelle qui ne dit pas son nom puisse être réalisée, les deux ennemis, le colonel Al-Nour et le caporal-chef Rombhot communiquent. Le chef des militaires insurgés se propose d'escorter les musulmans pour qu'ils ne soient pas lynchés par la population « autochtone ». Mais la confiance est encore minimale. « Qu'ils arrêtent leurs tueries et après on se réconciliera », dit le « capitaine japonais » de la Séléka, puis, plus menaçant : « On a les allumettes, on a l'essence, on peut tout faire exploser. Ce n'est pas notre état d'esprit. Pour l'instant. »

 

Cyril Bensimon (Berengo, Centrafrique, envoyé spécial ) 


 

 

lu pour vous : En Centrafrique, les soldats perdus du palais de Berengo
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 01:22

 

 

 

 

 

 

MARIA MALAGARDIS (À BANGUI) 29 JANVIER 2014 À 20:16 (MIS À JOUR : 30 JANVIER 2014 À 16:29) Libération

 

INTERVIEW  Par Maria Malagardis

 

 

Selon Peter Bouckaert, en mission pour Human Rights Watch à Bangui, les forces de Sangaris sont «tétanisées» face aux tueries.

 

Directeur des urgences au sein de l’ONG Human Rights Watch (HRW), Peter Bouckaert est l’un des meilleurs observateurs de la situation en Centrafrique, pays qu’il a sillonné à plusieurs reprises depuis le mois de novembre. Basé à Genève, mais de retour à Bangui depuis la semaine dernière, il analyse la nouvelle phase du chaos centrafricain, alors que la tension reste très forte et que rien ne semble encore pouvoir arrêter les tueries, malgré les changements intervenus récemment à la tête du pouvoir.

 

Pourquoi la situation reste-t-elle volatile malgré la neutralisation des ex-rebelles de la Séléka qui avaient pris le pouvoir en mars ?

 

Le rapport de forces a effectivement changé avec l’arrivée des soldats de l’opération française Sangaris en décembre, qui a affaibli les ex-rebelles désormais cantonnés dans des bases à Bangui comme à Bossangoa, dans le nord-ouest du pays. Mais ils sont encore armés et la Séléka ressemble à un lion en cage qui voit bien comment les milices d’autodéfense civiles anti-balaka ont profité de son affaiblissement pour attaquer la population musulmane et ceux parmi les ex-rebelles qui ont accepté de rendre leurs armes. On se trouve donc à un moment très périlleux de la crise où les consignes de désarmement des forces étrangères se heurtent à la multiplication des lynchages de musulmans ou d’ex-rebelles devenus plus vulnérables.

 

Ce ne sont pas seulement les anti-balaka qui les attaquent. Aujourd’hui, il y a une colère presque impossible à contrôler au sein de la population chrétienne, qui a réellement vécu dix mois de cauchemar après l’arrivée des rebelles au pouvoir en mars. Mais en réalité, dans presque toutes les familles, chrétiennes mais aussi musulmanes, on a rencontré des gens qui ont été tués par balles ou qui ont péri de maladies après leur fuite dans la brousse pour échapper à la violence. Reste que c’est la communauté musulmane qui, en ce moment, est en train de payer le prix des exactions de la Séléka.

 

La collusion supposée entre la Séléka et les musulmans est-elle réelle ?

 

Il est vrai qu’une partie de la communauté musulmane a soutenu les ex-rebelles. Il y a eu même des éléments armés chez les Peuls qui ont participé à des tueries aux côtés de la Séléka. Mais la vérité, c’est que tout le monde est armé en Centrafrique, chrétiens comme musulmans. La seule différence, c’est que les musulmans sont une minorité, ils ne représentent pas plus de 15% de la population du pays. Ils sont nombreux dans le nord-est, mais dans le reste du pays, leur style de vie les rend particulièrement vulnérables. On a ainsi soit des commerçants, souvent riches et donc enviés, qui vivent au milieu d’une majorité chrétienne, soit des éleveurs peuls nomades, depuis toujours en conflit avec les agriculteurs qui se plaignent de voir leurs champs saccagés par les troupeaux. Ces ressentiments anciens et leur position minoritaire en milieu chrétien ont conduit depuis septembre à un exode massif des musulmans des zones rurales. Mais même en ville, ils sont encore attaqués par les anti-balaka, qui n’hésitent pas à tuer les enfants à coups de machettes. Des quartiers entiers de Bangui ont ainsi été rayés de la carte. En réalité, il n’y a plus de refuge pour les musulmans de ce pays.

 

On a parfois l’impression que l’intervention française a indirectement accéléré les massacres des musulmans…

 

La France s’est trompée en n’anticipant pas les périls côté anti-balaka, ni l’explosion de violences qu’allait provoquer la perte du pouvoir de la Séléka. Les Français pensaient pouvoir se limiter à désarmer les ex-rebelles au cours d’une mission qui leur semblait simple au départ, conçue pour un succès rapide. Or rien ne s’est passé comme prévu et l’opération Sangaris se retrouve confrontée à un bain de sang dans le pays. Face à cette nouvelle réalité, les militaires français donnent surtout l’impression d’être tétanisés. Quand on leur a signalé que les musulmans allaient être massacrés dans le quartier de PK13 à Bangui, ils nous ont répondu qu’ils ne souhaitaient pas prendre parti dans ce conflit ! Mais prévenir un massacre, ce n’est pas choisir un camp. En réalité, ce sont les forces africaines de la Misca qui prennent l’essentiel des initiatives, mais aussi des risques. En particulier, les troupes rwandaises, burundaises et celle du Congo, qui ont réussi à sauver des gens en faisant preuve de beaucoup de courage, alors que les forces françaises ne quittent pas souvent leurs blindés et s’aventurent peu en dehors des grands axes pour voir ce qui se passe dans les quartiers populaires.

 

Recueilli par Maria MALAGARDIS. (à Bangui)

 

Lu pour vous : Centrafrique : «Les Français ne quittent pas souvent leurs blindés»
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Centrafrique-Presse.com
30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 23:56

 

 

 

 

 

 

http://paris-international.blogs.la-croix.com/   PAR JEAN-CHRISTOPHE PLOQUIN LE 30 JANVIER 2014

 

« Il faut que la République centrafricaine soit un pays laïque » Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui

 

Vendredi 24 janvier, devant l’Association de la presse diplomatique française

 

 

Le duo est à la fois touchant et bien rodé. Mgr Dieudonné Nzapalainga et l’imam Oumar Kobine Layama ont une longue pratique de dialogue devant les médias. Un engagement mis à l’épreuve par les terribles événements qui secouent leur pays d’origine, la République centrafricaine : les exactions et les représailles entre milices y ont fait plusieurs milliers de morts depuis six mois. La situation fut même qualifiée de prégénocidaire par les Nations-Unies, qui ont déclenché une opération de maintien de la paix impliquant des forces africaines et européennes – principalement françaises.

 

Au sein d’une population qui se répartit en 45% de protestants – surtout évangéliques -, 35% de catholiques, 15 % de musulmans et 5% d’animistes, les tensions sont fréquemment présentées comme un nouvel exemple de guerre des religions, puisque les milices Séléka, qui recrutent surtout parmi les populations musulmanes, s’opposent aux anti-Balaka, essentiellement composés de populations chrétiennes. C’est à la fois pour lutter contre cette perception et pour empêcher qu’elle ne se concrétise que les trois principales figures religieuses du pays ont uni leurs forces. Mgr Dieudonné Nzapalainga , archevêque de Bangui et président de la conférence épiscopale centrafricaine, l’imam Oumar Kobine Layama, président de la communauté islamique de la République centrafricaine, et le pasteur Nicolas Guerékoyame Gbangou, président de l’association des églises évangéliques, ont notamment encouragé la création d’une plateforme de dialogue entre leur clergé et entre leurs fidèles.

 

L’archevêque et l’imam sont aussi venus porter ce discours en Europe. La semaine dernière, ils se sont d’abord arrêtés à Rome, puis à Paris, où ils ont rencontré François Hollande. Ils sont ensuite allés à Londres et  Mgr Nzapalainga a achevé seul cette tournée en se rendant à Berlin. À Rome comme à Paris, ils ont rencontré des diplomates américains de haut rang.

 

Mgr Dieudonné Nzapalainga et l’imam Oumar Kobine Layama ont également expliqué leur vision du conflit lors d’un déjeuner à la Maison des Arts et Métiers organisé par l‘Association de la presse diplomatique française (APDF). Le premier a parlé le plus souvent tandis que le second apportait des précisions, dans une réelle harmonie. Un témoignage d’autant plus efficace que leur travail en commun a commencé avant même que la guérilla Séléka ne renverse le président François Bozizé, chassé du pouvoir en mars 2013.

 

« Nous partageons le même destin »

 

« On a commencé ce travail le 15 décembre 2012 pour éviter le pire », raconte Mgr Nzapalainga. « Nous avons créé une plate-forme interconfessionnelle pour apaiser les tensions et empêcher l’aggravation des divisions et du chaos. Cinq jours après l’arrivée des Séléka dans le nord, on recevait des récits disant que des musulmans massacraient les chrétiens. Nous avons dit « non », nous partageons le même destin ».

 

« Bozizé ne nous a jamais reçu, Djotodia a attendu 5 mois »

 

« La plateforme a sauvé beaucoup de vies. Nous avons formé les prêtres, les pasteurs, les imams pour créer des mécanismes de dialogue et de réconciliation », précise-t-il. « Nous avons envoyé des messages unifiés dans les maisons de culte. Nous avons organisé des conférences, rédigé une charte, écrit des lettres, voyagé à l’intérieur du pays. Nous avons rédigé un compte-rendu à Bozizé mais il ne nous a jamais reçu. Quant à Michel Djotodia, arrivé au pouvoir en mars 2013, il a attendu cinq mois avant de nous recevoir ».

 

« Tous des enfants de la République centrafricaine! »

 

« Durant ces longs mois, nous avons vu le prix de la division », insiste l’archevêque de Bangui. « Notre but est de vivre ensemble, d’où notre aspiration à la laïcité de l’État. Il faut que la République centrafricaine soit un pays laïque, que nous soyons tous citoyens, égaux devant la loi. Qu’on ne dise pas que la Centrafrique est le pays des chrétiens ou le pays des musulmans. Nous sommes tous des enfants de la République centrafricaine! Il faut que la loi trouve sa place au-dessus de nous. C’est à l’État de protéger tous ses citoyens, chrétiens ou musulmans, pas à des groupes ou à des milices ».

 

« Des mercenaires qui parlaient l’arabe »

 

« Certes , pour qu’on en arrive à la situation où est la Centrafrique, il a fallu que la religion soit fortement instrumentalisée », reconnait Mgr Nzapalainga. « Moi je suis de Bangassou. L’imam est de Mobaye. Nous sommes tous les deux allés à l’école républicaine. Dans notre enfance, tous les enfants s’échangeaient des cadeaux à Noël et à Ramadan, on allait boire la bouillie et manger le mouton ensemble. La crise que traverse le pays a notamment été créée par des mercenaires venus du nord, du Soudan et du Tchad, qui ne parlaient ni le français ni le sango mais l’arabe ».

 

« Des musulmans aussi ont été pillés par les Sélékas »

 

« En entrant dans les villages et dans les villes, ils s’appuyaient sur les communautés musulmanes », poursuit-il. « Ils allaient piller ailleurs puis ils revenaient chez ceux qui les hébergeaient plus ou moins de gré ou de force. Et ceux qui avaient été pillés se disaient : ‘mon voisin, mon ami, est devenu mon ennemi’. Mais des musulmans aussi ont été pillés par les Sélékas. A Bambari, avant qu’ils n’arrivent, l’imam a appelé à prier pour qu’ils ne viennent pas. Il a subi ensuite des pressions. Les communautés musulmanes ont été prisonnières de ces gens en armes qui les réquisitionnaient. Face à des hommes en armes, vous êtes démunis ».

 

« Nous avons vécu sous occupation »

 

« Nous avons vécu sous occupation », regrette l’archevêque de Bangui. « En fait, on n’aurait pas dû les laisser prendre le pouvoir puis les laisser piller. Mais l’an dernier, quand je venais à l’Élysée ou au Quai d’Orsay, les conseillers me disaient : ‘les Français ne sont pas prêts à ce que la France s’en mêle’. On pensait que les Sélékas allaient changer. Or l’administration était prisonnière des chefs de guerre. Les préfets, les ministres Sélékas étaient comme des pots de fleurs face aux généraux ».

 

« Le général Nourredine Adam et le général Moussa »

 

« Il y avait deux équipes », raconte le président de la conférence épiscopale. « Celle du général Nourredine Adam, qui a tout un passé au Tchad et aux Émirats arabes unis, qui a amené des Tchadiens, qui était le ministre de la défense Séléka. Et celle du général Moussa, un Soudanais qui est venu avec des Djandjawid. Ce sont des gens dont le métier est de faire la guerre pour se faire de l’argent. Après l’intervention française, ces mercenaires sont remontés vers le nord, où ils se regroupent. Il y en a un qui a lancé un ballon d’essai en parlant de scission du Nord musulman. Mais nous avons dit ‘non’. Les Centrafricains veulent vivre tous ensemble sous un même toit ».

 

« À Bogangolo, il n’y avait plus aucun musulman »

 

« Aujourd’hui la méfiance perdure », constate-t-il. « À Bangui, le pillage par les Sélékas a duré longtemps. Pendant les trois premiers mois, les gens n’ont pas réagi. Et puis à un moment, trop c’est trop, ils pensent à l’autodéfense. Ils décident de défendre leurs bœufs, leur village, de venger un proche. Puis leur violence s’étend à toute la communauté musulmane environnante : c’est l’amalgame. En septembre 2013, Bogangolo, à 180 km de Bangui, a été la première ville prise par les anti Balakas. J’y étais passé deux mois avant : on y trouvait des chrétiens et des musulmans. En septembre, il n’y avait plus aucun musulman. Leurs maisons avaient été brûlées ».

 

« Je me suis battu pour que les gens prennent conscience de ce qu’ils avaient fait », raconte l’archevêque de Bangui. « Je leur ai demandé s’ils connaissaient des musulmans qui avaient fait le bien. Ils en ont trouvé. Je leur ai demandé : ‘pourquoi ont-ils fui? Vous faites comme les Sélékas. Vous mettez toute une population dans le même sac’. Malheureusement, lorsque j’ai donné l’alerte à Bangui, ils ont envoyé des miliciens qui, à leur tour, ont brûlé des maisons parce que les jeunes étaient déterminés à protéger le village ».

 

« La corruption fait le nid de toutes les frustrations »

 

« C’est vrai qu’au temps de Bozizé, les musulmans du nord étaient frustrés, tenus à l’écart du pouvoir », souligne-t-il. « Le nœud du problème, c’est la corruption. On fait des plans, des organismes internationaux nous donnent des moyens. Mais la gestion, c’est autre chose. Les bénéficiaires attendent. On rédige des rapports bidon. Il n’y a pas de sanction. On fait alors le nid de toutes les frustrations. Il ne faut pas se voiler la face. Quand on privilégie le copinage, quand on ne dit rien sur les détournements, on creuse son propre trou. Beaucoup d’argent a été injecté au temps de Bozizé. Mais il ne s’est rien passé. On a coupé la confiance, le respect ».

 

« Une nouvelle présidente élue lors d’un vote démocratique »

 

« Aujourd’hui, il y a une nouvelle présidente qui a été élue lors d’un vote démocratique », se félicite Mgr Nzapalainga. « Celui qui lui était opposé au second tour a reconnu sa défaite avec fairplay et a appelé à la soutenir dans son action. Huit candidats avaient été initialement retenus à partir de conditions établies à l’automne. Ce processus transparent était important.Catherine Samba-Panza a été maire de Bangui. Elle n’appartient à aucun parti. Elle bénéficie d’une reconnaissance sociale, d’une crédibilité. Elle était en contact déjà avec les anti Balakas pour qu’ils déposent les armes ».

 

« Depuis cinq mois, les salaires n’ont pas été versés »

 

« Il faut à présent que la communauté Centrafricaine se dresse comme un seul homme », plaide l’archevêque. « Il faut de nouvelles autorités qui privilégient l’expertise, la technocratie. Depuis cinq mois, les salaires n’ont pas été versés. Il faut que les gens soient payés, qu’ils voient que le monde est derrière eux, qu’ils se remettent au travail. Il faut créer une armée républicaine, non pas clanique, ou régionale ou tribale. L’État doit être au-dessus de tout ça. L’État est pour tout le monde ».

« Ne pas devenir la poubelle des mercenaires de la région »

 

« Il faudra enclencher un processus de démobilisation, désarmement, réinsertion des hommes en armes, mais aussi de rapatriement des mercenaires chez eux : les Tchadiens, les Soudanais, les membres de laLRA« , poursuit-il. « La République centrafricaine est en train de devenir la poubelle des mercenaires de la région. Pourvu qu’elle ne devienne pas le quartier général des trafiquants, des narcos, des djihadistes, des bandits. Ce serait une menace pour les six pays environnants ».

 

« Freiner l’ardeur des aventuriers »

 

« Il faut aussi que la justice passe, qu’elle soit locale ou internationale », ajoute-t-il. « Ceux qui ont commis des fautes, qu’ils en répondent. Sinon, si le criminel garde sa belle maison, ce sera comme une prime à la casse. Il faut contraindre les pillards à rendre ce qu’ils ont pris, par exemple les véhicules. Il faut freiner l’ardeur des aventuriers, stopper ce sentiment de toute puissance dans laquelle certains se sont installés. En prison, ils grandiront en humanité ».

 

« Il faut déployer plus de troupes sur le terrain »

 

« Et pour que la population soit pleinement sécurisée, pour qu’on puisse libérer des populations qui sont encore prisonnières des groupes qui les enserrent, il faut renforcer l’action internationale, déployer plus de troupes sur le terrain, notamment au nord », soutient Mgr Nzapalainga. « La France a envoyé 1600 soldats, mais c’est un chiffre qui avait été décidé avant que les anti Balakas ne se manifestent pleinement. L’Europe a décidé d’envoyer 500 soldats, c’est important car la France n’est plus seule. Mais notre souhait est que l’opération devienne onusienne, et ne reste pas sous le couvert de l’Union africaine. C’est le sens de notre plaidoyer pour les mois à venir ».

 

« Les Français doivent faire preuve de patience »

 

« Les soldats français font face à des provocations, aux manipulations de ceux qui sont contre l‘opération Sangaris. On sait par exemple que Djotodia était allé à Bambari pour pousser la population à refuserSangaris et la Misca. Mais les prêtres, les pasteurs, les imams se sont rencontrés et ils ont refusé de relayer son appel. La situation va se calmer quand tous les responsables Sélékas seront partis. Les Français doivent faire preuve de patience. Il vaut mieux négocier que forcer un passage. Et il faut protéger les plus faibles. Aujourd’hui, ce sont les musulmans ».

 

« Les forces tchadiennes ne nous inspirent pas confiance »

 

L’imam Oumar Kobine Layama a souligné de son côté que « les forces tchadiennes qui font partie de la Misca ne nous inspirent pas confiance ». « Elles font preuve de partialité. Il y a une sorte de fraternité d’armes avec les rebelles Sélékas. Comme s’il y avait des plans tchadiens en vue d’une partition de la Centrafrique. C’est pourquoi il faut que le Nord soit pris en charge de façon urgente par l’armée française. Il faut sortir ces mercenaires qui ont pris le pays en otage ».

 

« Au nord, des zones diamantifères et pétrolières »

 

« Il y a un projet de partition du pays en cinq régions, c’est une folie », assure le responsable musulman. « Il y a au nord des zones diamantifères et pétrolières. Cela attise des convoitises au Soudan et au Tchad. Nous, ce qui nous importe, c’est le maintien de l’intégrité du territoire. Cela passe notamment par une réforme de notre armée pour qu’elle soit  efficace et responsable ».

 

« Le départ des musulmans provoque des pénuries »

 

« Moi je suis Centrafricain, né en Centrafrique », précise l’imam. « Il y a bien sûr dans le pays des gens nés à l’ étranger, des gens d’origine tchadienne, camerounaise, malienne, sénégalaise. Beaucoup d’entre eux se sont enfuis à cause des violences mais ils ne connaissent personne dans leur pays d’origine. Et tous ces gens, cela représente environ la moitié du commerce du pays. Leur départ provoque des pénuries. Il faut donc freiner cette exode ».

 

« Des radicaux de la Séléka voulaient détruire notre Communauté islamique »

 

« Cette situation nourrit les extrémismes », ajoute Oumar Kobine Layama. « L’an passé, des radicaux de la Séléka voulaient déjà détruire notre organisation, la Communauté islamique centrafricaine. Nourredine Adam, aussi. Aujourd’hui, il y a des extrémistes qui m’appellent et me demandent pourquoi je n’ai pas appelé au djihad pour protéger les musulmans. Mais pour moi, le djihad, ce n’est pas la guerre, c’est un  effort sur soi dans la voie de Dieu. Pour moi, il n’y pas d’autres voies que la tolérance ».

 

Des extrémistes n’attendent qu’un mot d’ordre

 

« Certains extrémistes, en Afghanistan ou en Somalie, n’attendent qu’un mot d’ordre pour se précipiter en Centrafrique », confirme Mgr Nzapalainga. « C’est aussi pour empêcher cela qu’il faut protéger les musulmans du pays ».

 

Pour en savoir plus

 

Le portrait de Mgr Dieudonné Nzapalainga, dans La Croix du 29 août 2013;

- Les photos, les vidéos et les textes rendant compte de la rencontre entre Mgr Nzapalainga, l’imam Kobine Layama et François Hollande à l’Elysée le 23 janvier 2014;

- Le dossier sur la République centrafricaine de la Représentation permanente de la France à l’ONU , avec le texte des deux dernières résolutions de l’ONU consacrées à ce conflit;

- Le blog Paris-Planète du 5 février 2013 avec Mohamed-Saleh Ibni-Oumar : « Ibni Oumar Mahamat Saleh a disparu depuis 5 ans au Tchad »

 

L’évêque et l’imam, pour la paix et la laïcité en Centrafrique
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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 21:11

 

 

 

 

 

30/01/2014 à 17:57 Par F. Soudan avec V. Duhem     jeuneafrique.com



 

Pour panser les plaies d'un pays ravagé par les bandes armées, le Conseil national de transition a élu une femme. Respectée, indépendante, rassurante mais inexpérimentée. De leur nouvelle présidente, les Centrafricains attendent rien de moins qu'un miracle...

 

Des huit candidats de la short list retenus par le Conseil national de transition (CNT), elle était sans aucun doute la meilleure. Élue le 20 janvier par cet organe à la légitimité très contestable, mais qui a au moins le mérite d'exister au milieu du chaos ambiant, puis investie trois jours plus tard, Catherine Samba-Panza, 59 ans, avait dans sa manche quelques solides atouts : pas d'appartenance politique précise, un passé de militante associative au service des droits de l'homme (et de la femme), une solide formation de juriste acquise en France, une expérience réussie dans le privé à la tête d'un cabinet d'assurances, une pratique de la médiation issue du dialogue national de 2003, dont elle fut la vice-présidente, et un passage apprécié, ces huit derniers mois, à la tête de la mairie de Bangui.

 

De quoi faire oublier en somme que cette épouse d'un ancien ministre connu en Centrafrique, Cyriaque Samba-Panza (dont la carrière a été brutalement interrompue par un AVC qui l'a rendu partiellement handicapé), a été nommée à ce dernier poste par le calamiteux Michel Djotodia et qu'elle manque presque totalement d'expérience politique, ainsi que de connaissance des rouages administratifs.

 

Cette virginité-là, le fait aussi de ne pas avoir encore goûté au pouvoir et à ses multiples tentations, a précisément joué en sa faveur. Après avoir battu au dernier round le fils de l'ancien président Kolingba, candidat en sous-main de l'ex-Séléka et auteur d'une piètre prestation devant les grands électeurs du CNT, cette mère de trois enfants a eu les mots qu'il fallait pour apaiser les coeurs. Un discours placebo aux effets certes très limités, mais un langage maternel dont les Centrafricains avaient sans nul doute besoin.

 

Les "parrains" de la Centrafrique ont eu dans cette étrange élection chacun son mot à dire, sa carte à jouer et son candidat à promouvoir.

 

La Centrafrique étant ce qu'elle est devenue - un État sous tutelle sécuritaire de ses voisins, de l'Union africaine et de la France -, il est évident que les "parrains" ont eu dans cette étrange élection chacun son mot à dire, sa carte à jouer et son candidat à promouvoir. Non sans une certaine cacophonie. Le président congolais Denis Sassou Nguesso, sans doute le plus investi pour la stabilisation de la Centrafrique (il y a envoyé un contingent et il est le seul à avoir déboursé pour payer les fonctionnaires), soutenait ainsi la candidature de Karim Meckassoua, 60 ans, qui est l'un de ses proches. Ancien ministre de François Bozizé pendant six ans (et à cinq portefeuilles différents) après avoir dirigé le cabinet de Jean-Paul Ngoupandé, éphémère chef du gouvernement d'Ange-Félix Patassé, cet ingénieur diplômé du Cnam, à Paris, docteur en ergonomie, est l'un des politiciens centrafricains les plus brillants. Musulman non compromis avec la rébellion de la Séléka et président du conseil d'administration de la société congolaise de gaz, Meckassoua avait également les faveurs appuyées de Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, pour qui la transition devait être dirigée par un homme à poigne et expérimenté. Mais arrivé trop tard dans la course, il a vu sa candidature (tout comme l'ancien ministre de la Sécurité Josué Binoua, qui n'en décolère pas) rapidement retoquée par un CNT dont les dix-sept critères d'éligibilité imposés aux candidats avaient apparemment été définis pour écarter des personnalités trop fortes et trop marquées.

 

Le plus politiquement et médiatiquement présentable

 

Face à un Bilal Désiré Kolingba, discrètement poussé par le Tchad mais considéré comme trop proche du président "démissionné" Michel Djotodia, Catherine Samba-Panza avait donc toutes les chances d'être élue. Soutenue à Paris par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, bénéficiant des faveurs de l'Union européenne, des États-Unis mais aussi des représentants à Bangui de l'Union africaine (Jean-Marie Michel Mokoko) et de l'ONU (Babacar Gaye), la "reine Catherine" était, il faut le croire, la plus politiquement et médiatiquement présentable de tous les postulants.

 

Née à N'Djamena, de père camerounais et de mère centrafricaine - Gbanziri de la Ouaka -, elle est en outre considérée comme plutôt proche de Martin Ziguélé, assureur lui aussi et l'un des principaux candidats à la prochaine élection présidentielle, la vraie, qui doit se dérouler dans une dizaine de mois et à laquelle ni elle ni son Premier ministre ne pourront se présenter. Familière du petit monde influent des ONG, engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes et ex-formatrice en droits de l'homme du programme Afrique d'Amnesty International, la nouvelle présidente, dont la sécurité est depuis le 20 janvier assurée par le contingent rwandais de la Misca, n'a pas a priori de "tuteur" régional. Ou plutôt n'avait : autant l'absence, à la cérémonie d'investiture, d'Idriss Déby Itno et de Denis Sassou Nguesso a été remarquée, autant la présence le 23 janvier à Bangui d'Ali Bongo Ondimba a, elle, été commentée. Sur fond de bisbilles de leadership en Afrique centrale, le président gabonais serait-il tenté de mettre à profit l'échec des candidats de ses deux aînés pour jouer sa propre carte ?

 

Reste que la tâche qui attend cette femme respectée et indépendante d'esprit s'annonce extrêmement délicate. Dans cet "État de haine et de revanche", comme le qualifie Jean-Yves Le Drian, les massacres continuent, et la population musulmane a pris le chemin de l'exode en direction du Tchad, où, grâce à la vigilance du président Déby Itno, aucun acte de vendetta n'a heureusement été signalé à l'encontre de la communauté ­centrafricaine. Les scènes de violences entre miliciens Séléka et anti-balaka sont à ce point insupportables que l'armée française a mis à la disposition de ses hommes des cellules de soutien psychologique. Rien de tel n'est prévu pour soigner les quatre millions et demi de Centrafricains. Tragiquement démunie, Maman Catherine n'a que son sourire à leur offrir. Autant dire qu'il ne faut pas exiger d'elle un miracle.

 

Lu pour vous : Centrafrique : Catherine et les soudards (J.A)
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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 15:22

 

 

 

 

 

 

A Bangui, les soldats français ont menacé une foule qui menaçaient e s'en prendre à des magasins musulmans.

 

Par Francetv info avec AFP

 

Mis à jour le  , publié le 

 

Des soldats français, membres de l'opération Sangaris en Centrafrique, ont menacé jeudi 30 janvier, une foule de pillards "d'utiliser la force", s'ils ne cessaient pas leurs agissements, selon des journalistes de l'AFP présentss ur place. Dans le quartier de Yangato, près de l'aéroport de Bangui, la capitale centrafricaine, un détachement d'une vingtaine de soldats français, appuyés par deux blindés, est intervenu pour repousser des pillards qui voulaient s'en prendre à des biens appartenant à des musulmans, comme cela se passe quotidiennement dans la ville.

 

Parlant dans un mégaphone, le chef de section a lancé à la foule: "dispersez-vous ou nous utiliserons la force contre vous. Tout homme qui commet des exactions est un ennemi de la paix". Les menaces ont eu un effet immédiat sur la foule, composée également de badauds, mais les pillards, comme à leur habitude, attendaient le départ des soldats français pour reprendre leurs vols.

 

Pillages permanents

 

Autour du quartier PK-5, poumon commercial de la capitale avec ces centaines de commerces appartenant en grande majorité à des musulmans, des tirs sporadiques étaient entendus. Ces magasins attisent depuis des jours la convoitise de pillards et de miliciens chrétiens anti-balaka qui tentent d'y pénétrer, en vain pour l'instant face à la résistance de civils musulmans armés et de combattants Séléka installés dans le quartier.

 

Malgré un dispositif de sécurisation de plus en plus étoffé au fil des semaines, les soldats français de Sangaris et africains de la Misca ne peuvent endiguer les explosions soudaines de violences dans la capitale, jour et nuit, ponctuées de pillages. La crise en Centrafrique est l'un des principaux points à l'ordre du jour du sommet de l'Union africaine qui a commencé ses travaux jeudi à Addis Abeba.

Centrafrique: les soldats français menacent des pillards d'"utiliser la force"
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