Le procès de l'ex-Seleka Éric Neris Massi a démarré en RCA
https://www.rfi.fr/ 25/06/2021 - 04:13 Avec notre correspondant à Bangui, Carol Valade
Le procès de l'ancien porte-parole de la coalition rebelle de la Seleka, qui avait pris le pouvoir en 2013 à Bangui, a débuté jeudi 24 juin dans la capitale centrafricaine.
Suite à une dénonciation, les enquêteurs ont effectué une perquisition à son domicile le mois dernier, à la recherche d’une cache d’armes. Ils n’ont finalement trouvé qu’un gilet pare-balle, un drone, des jumelles et une paire de rangers. Le prévenu est poursuivi pour détention illégale d’effets militaires, complot et espionnage. Il comparaissait hier en procédure de flagrant délit devant le tribunal de grande instance de Bangui.
Au coeur des débats : la paire de chaussures, des rangers taille 43 « qui appartenaient à mon père », explique Éric Neris Massi. Lui affirme chausser du 45.
« C’est un détail », répond le procureur. À la barre, en tenue orange, au dos le numéro 0133N, l’ancien porte-parole de la Seleka fait face à un président suspicieux : « d’autres effets militaires seraient-ils cachés quelque part ? »
On en vient au drone : « Quelle portée ? Quelle autonomie ? »
« C’est un modèle pour enfants, un simple jouet ! », selon la défense. « Il peut être utilisé comme arme ! », répond le procureur. Mêmes questions pour la paire de jumelles : peuvent-elles être utilisées à des fins militaires ?
Les avocats de Massi évoque « un règlement de comptes ». Déjà arrêté et placé sous contrôle judiciaire il y a cinq ans, avant d’être blanchi, le prévenu donne de la voix : « si je devais prendre les armes aujourd’hui, ce serait pour défendre la République ! » Éric Neris Massi, qui travaille aujourd’hui dans la communication, a été arrêté le 28 mai et a passé deux semaines en détention provisoire avant d’être placé sous mandat de dépôt.
Le parquet requiert un an d’emprisonnement et 300 000 CFA d’amende. La défense demande la relaxe. Le jugement est mis en délibéré pour le lundi 28 juin.
Éric Neris Massi est le fils de Charles Massi, militaire et homme politique centrafricain, opposant à l’ancien président François Bozizé et porté disparu dans des circonstances non élucidées, il y a de cela dix ans.
Centrafrique: le secrétaire général de l'ONU dénonce «le recours excessif à la force»
https://www.rfi.fr/ 23/06/2021 - 12:48
À New York est présenté devant le Conseil de sécurité, mercredi 23 juin, le rapport du secrétaire général des Nations unies sur la République centrafricaine. Il dresse le bilan général de la situation dans le pays, un contexte sécuritaire encore « précaire ». Même si des progrès ont été réalisés.
Antonio Guterres note positivement les préparatifs du dialogue républicain, le déploiement du personnel judiciaire ou la reprise sur le terrain de la plupart des bastions des groupes armés. Mais son rapport met aussi en exergue différents sujets d'inquiétude.
Antonio Guterres se dit profondément préoccupé par « le recours excessif à la force dans le pays ». Il note, entre autres, l'augmentation des violations des droits humains, y compris les violences sexuelles liées au conflit, les déplacements forcés ou encore la stigmatisation des minorités ethniques et religieuses. Les groupes armés ont perpétré la majorité des violations des droits humains documentés par l'ONU.
Actes hostiles contre la Minusca
Antonio Guterres se dit aussi profondément alarmé par l'augmentation « inacceptable » et « sans précédent » des menaces et des actes hostiles menés à l'encontre de la Minusca. Avec notamment l'obstruction à la liberté de mouvement des patrouilles de la mission onusienne, des fouilles des véhicules et des résidences ainsi que des menaces contre des personnels onusiens. Des faits qu'il impute aux forces de sécurité nationale ainsi qu'au « personnel de sécurité déployé de manière bilatérale » et autres agents de sécurité.
Autre point saillant : la situation humanitaire s'est détériorée pour atteindre son degré le plus bas depuis cinq ans, précise le rapport. Un tiers de la population est déplacée, plus de la moitié de la population se trouve en situation d'insécurité alimentaire, la moitié des enfants ne vont pas à l'école.
Centrafrique / Onu : Allocution du représentant adjoint des Etats – Unis près les Nations unies Richard Mills devant le conseil de sécurité
Ambassadeur Richard Mills
Représentant adjoint des États-Unis auprès des Nations Unies
New York, New York
23 juin 2021
Merci, Monsieur le Président, et merci à tous nos rapporteurs, dont les rapports d’aujourd’hui – je pense – ont brossé une image claire des défis actuels en République centrafricaine. Je tiens également à dire, au nom de ma délégation, merci au Président Lourenço d’être ici aujourd’hui, de partager ses vues et ses mises à jour sur la situation. Et merci, en particulier, au RSSG Ndiaye pour les contributions importantes que la MINUSCA apporte chaque jour pour sauver des vies.
Je veux commencer par exprimer la profonde gratitude des États-Unis pour tous les pays contributeurs de troupes et de police et le personnel civil, dont la présence sur le terrain en RCA est si critique. Les États-Unis condamnent avec la plus grande fermeté toutes les attaques contre les soldats de la paix, et nous soulignons à nouveau que ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre au regard du droit international.
Comme nous l’avons entendu aujourd’hui, il y a un nombre croissant de rapports de violations et d’abus des droits humains, en particulier ceux qui semblent viser des membres de la communauté musulmane. Les États-Unis sont profondément préoccupés par ces rapports. Nous sommes également troublés par les rapports continus selon lesquels les forces armées centrafricaines et les instructeurs russes commettent des violations du droit international humanitaire et de l’embargo des Nations Unies sur les armes.
Dans son rapport, le Secrétaire général note une augmentation de 28 % des cas de violations des droits de l’homme et d’abus et de violations du droit international humanitaire au cours des quatre derniers mois. En outre, le rapport du Secrétaire général a signalé une augmentation alarmante des abus commis par le personnel national et bilatéral. Je pense que nous devons être clairs sur ces personnels bilatéraux – les individus qui commettent ce que beaucoup appellent maintenant des « atrocités » ne sont pas des acteurs indépendants – ils opèrent comme une extension directe du ministère russe de la Défense.
Nous restons profondément préoccupés par le fait qu’un membre de ce Conseil n’ait pas pris de mesures pour empêcher ses mercenaires d’entraver quotidiennement la liberté de mouvement de la MINUSCA. Nous condamnons – comme d’autres l’ont fait – l’incident épouvantable au cours duquel ces acteurs russes bilatéraux ont menacé le RSSG adjoint et une délégation de l’ONU qui était en mission humanitaire à Bang le 28 mai. , ils mettent en danger les soldats de la paix et les civils, et ils empêchent les acteurs humanitaires de fournir une assistance. Ces types d’abus sapent la stabilité et la sécurité en RCA, et ils menacent de faire dérailler la paix fragile que les Centrafricains s’efforcent de réaliser depuis 2013.
Nous appelons tous les États membres à soutenir la MINUSCA et les soldats de la paix que nous avons envoyés en danger. Les États-Unis rappellent au gouvernement centrafricain qu’il est responsable de la sûreté et de la sécurité du personnel de l’ONU servant en RCA et du respect de l’Accord sur le statut des forces. Nous appelons le gouvernement de la RCA à veiller à ce que tous les acteurs de la sécurité opérant sur son territoire respectent le SOFA et l’autorité de la mission.
Nous réitérons la nécessité pour tous les acteurs de la sécurité du pays de respecter les droits de l’homme et de se conformer au droit international humanitaire. Il est essentiel que tout le monde se concentre sur une réforme crédible du secteur de la sécurité – entièrement coordonnée avec la MINUSCA et d’autres partenaires de sécurité – plutôt que de saper ces efforts de réforme et d’alimenter le conflit en RCA.
Le Conseil doit parler d’une seule voix contre les abus et les actions qui déstabilisent la RCA et mettent en danger la vie des civils. La MINUSCA a réalisé des progrès tangibles en soutenant la RCA sur la voie de la paix et de la stabilité. Nous ne pouvons pas laisser les actions irresponsables et effrénées des mercenaires mettre en péril ce progrès. Les États-Unis continueront de soutenir la responsabilité de ceux qui commettent des abus et des violations des droits humains. Le peuple centrafricain mérite justice.
Permettez-moi de terminer en disant que nous félicitons le nouveau Premier ministre centrafricain, Henri Marie Dondra. Les États-Unis sont impatients de renforcer encore leur partenariat bilatéral avec la RCA, et nous espérons que le nouveau gouvernement apportera une énergie renouvelée pour mettre pleinement en œuvre l’accord de paix de 2019.
Il est essentiel que la violence en cours en RCA prenne fin de manière pacifique, avec la pleine mise en œuvre de l’accord de paix et un dialogue politique inclusif. À cet égard, permettez-moi de souligner qu’il est crucial de prendre en compte les besoins des femmes et des filles. Assurer la participation pleine, égale et significative des femmes dans toutes les sphères, à tous les niveaux de leadership politique et tout au long du processus de paix peut apporter des avantages substantiels pour la paix et la stabilité à long terme en RCA.
Merci, Monsieur le Président.
U.S EMBASSY BANGUI