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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 21:11

 

 

 

 

Publié le 15.02.2014, 13h53 | Mise à jour : 16h04

 

Les jours passent et les décisions évoluent. En janvier, Jean-Yves Le Drian excluait un renforcement des troupes françaises en Centrafrique et estimait que la France ne risquait pas l'enlisement.

 

Samedi, au lendemain de l'annonce de l'envoi par la France de 400 soldats supplémentaires qui s'ajouteront aux 1 600 hommes de la force Sangaris, le ministre de la Défense a reconnu que l'opération militaire serait plus longue que prévu. Une décision peu surprenante, puisque Jean-Yves Le Drian avait déjà jugé «vraisemblable» la prolongation du bail de l'armée française en Centrafrique, il y a semaine.

«Le niveau de haine et de violence est plus important que celui qu'on imaginait», a déclaré Jean-Yves Le Drian sur France Inter. Une opération militaire «ne se décrète pas comme du papier à musique. Il faut s'adapter, se rendre compte des situations et répondre au besoin de sécurité en fonction des événements», a-t-il justifié.


Lors du lancement de l'intervention française, début décembre, le président François Hollande avait évoqué une opération «rapide». Paris a décidé vendredi, à la demande notamment du secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon, d'envoyer 400 soldats supplémentaires en RCA, ce qui portera à 2000 les effectifs français dans le pays.


«A partir du moment où on s'oriente vers une opération de maintien de la paix au niveau des Nations unies, je pense que cet accroissement de notre présence était indispensable», a souligné le ministre de la Défense.

Centrafrique : «Ce sera plus long que prévu», prévient Le Drian
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Centrafrique-Presse.com
15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 21:07

 

 

 

Aussi sûrement que l’on sent le soleil sur sa peau ou la pluie sur son visage, c’est collectivement que la Centrafrique s’est mise en échec ! 

 

Depuis un certain temps, je me suis exprimé avec beaucoup de retenue. J’étais au Gouvernement,  je m’occupais entre autres de la réconciliation nationale, donc, je devais rassembler. Surtout que dès l’annonce de ma nomination, j’ai essuyé menaces de mort, huées, sifflets et injures. On m’a accusé sur tous les tons de faire le jeu des ex-Séléka et d’avoir trahi la mémoire de leurs victimes. 

 

Aujourd’hui, je suis libre. Ma mission s’est achevée le 27 janvier avec la formation du nouveau Gouvernement d’union nationale de Transition. Mais, je demeure inquiet pour mon pays. Or, j’aurais préféré voir l’avenir en couleurs pastel. Malheureusement, je crois ce que je vois et ne puis faire autrement. Aussi, ai-je le devoir de dire franchement ce que je pense.

 

En acceptant de devenir ministre, j’avais le sentiment d’être utile à mon pays. Cette décision se justifie d’autant plus que la petite bourgeoisie centrafricaine diplômée qui s’est pourtant instituée en Torquemada du Net, soit par paresse intellectuelle, soit plus simplement par incompétence, a choisi depuis des lustres de demeurer « courageusement » dans le confort du mode de vie occidentale, abandonnant ainsi le pays entre des mains peu expertes. De ce fait, elle a oublié que l’expérience, qui est la sagesse concrète, ne tient sa maturité que du terrain seul. Autrement dit, c’est en se frottant aux réalités du terrain que l’on se fait la main et que l’on pourrait un jour prétendre prendre la relève dans la gestion de la chose publique. 

 

J’avais conscience des difficultés et de l’immensité de la tâche. Je savais que nous nous trouvons face à un nouvel âge de notre pays, au seuil d’une nouvelle page  de notre histoire collective, laquelle transformera durablement le visage de la République centrafricaine encore plus profondément que les précédentes crises.  

 

Mais qu’est-ce une crise, m’étais-je interrogé? La crise, même se elle est une sorte de cataclysme qui précipite les sociétés dans les convulsions, n’est pas un effondrement. Elle est un réajustement. Elle peut aboutir à une redistribution nouvelle des ressources. Elle n’est pas la fin du monde mais plutôt l’origine d’un système nouveau. À condition d’y travailler. Durement.       

 

Et comme je l’avais écrit dans l’article « Construire ensemble une société post-Séléka », la nouvelle génération de Centrafricains doit être au centre de sa rénovation, de ce retour au politique, comme dirait quelqu’un. On l’entend ces temps-ci s’exprimer, souvent pour se plaindre. Pourquoi devrait-elle se vivre comme une cohorte frustrée et impatiente ? Si elle ne se borne pas à critiquer le passé, si elle ne reproduit pas les défauts qu’elle impute à ses aînés, si elle sait faire surgir des idées nouvelles sans courir derrière la dernière mode et les ambitions titanesques, si elle ne se morcèle pas – chacun croyant pouvoir être le premier -, si elle prend le temps nécessaire de l’apprentissage, si elle travaille, propose et construit, naturellement, l’avenir lui appartiendra.

 

C’est ici le lieu de remercier le président Michel Djotodia ainsi que le Premier ministre de l’époque, Maître Nicolas Tiangaye, qui ont bien voulu m’assigner le devoir de servir mon pays en qualité de ministre de la Communication, de la Promotion de la culture civique et de la Réconciliation nationale. Plus qu’un privilège, ce fut un honneur pour moi d’être à leurs côtés en ces circonstances et dans ces conditions. Si cela était à refaire, je le referais. 

 

Car, à la vérité, seul le feu est révélateur, à la guerre comme en politique, du véritable caractère des hommes. Tant que cette épreuve n’est pas là, toutes les hypothèses restent possibles. On ne connaît vraiment les hommes que face au péril, à cet instant précis, imparable, où les certitudes vacillent.

 

Cela dit, le revers du 10 janvier 2014 (la démission du Président ainsi que du Premier ministre de Transition en terre étrangère) reste pour moi un regret politique. Car, sans m’exempter de toute erreur ou d’éventuelle faute, je sais qu’il était évitable si les deux têtes de l’exécutif étaient restées solidaires. 

 

Je reviendrai plus longuement sur ce curieux déroulement politique pour en tirer des leçons dans mon prochain ouvrage. 

 

J’ai espéré que l’élection de la nouvelle Présidente viendrait effacer cette douloureuse mésaventure et j’ai salué avec plaisir le symbole de l’accession d’une femme à la présidence de la République. Non pas parce que madame Samba Panza serait simplement une femme, mais parce que j’avais pu me faire une idée assez exacte de ses qualités, notoires, et de ses insuffisances, réelles. En plus du fait, espérais-je, que cette élection allait couper l’herbe sous les pieds des commanditaires de la milice dite anti-balaka, cette nébuleuse de hors-la-loi à la machette facile.  

 

Car, c’est pour préserver l’unité nationale, faire cesser les violences et mettre un terme à l’extrême souffrance de l’écrasante majorité du peuple centrafricain qui vit une tragédie que le président Michel Djotodia avait pris sur lui, la lourde responsabilité historique de démissionner de ses fonctions de Chef de l’État de Transition. En posant cet acte, il avait la conviction, tout comme  les pays de la  sous-région que la paix reviendrait dans notre pays. 

 

Malheureusement, force est de constater qu’un peu plus d’un mois après son départ,  les violences ont atteint un niveau jamais égalé, avec tous les jours des dizaines d’assassinats de femmes, d’enfants, de vieillards, des familles jetées sur le chemin de l’exil quand elles ne s’entassent pas dans les mosquées et autres lieux de culte à la merci de grenades lancées par les miliciens se réclamant de l’ex-président François Bozizé. Les mêmes qui détruisent systématiquement les mosquées et les domiciles de musulmans à travers le troisième, quatrième cinquième et huitième arrondissement de Bangui qui continue de se vider des ressortissants des préfectures de Vakaga, Bamingui et Haute-Kotto qui sont obligés de repartir dans leurs régions d’origine pour sauver leurs vies, démontrant ainsi le caractère génocidaire des attaques dont ils sont victimes. 

 

Le 5 février dernier, répondant à l’appel du Chef de l’État de Transition, des militaires de toutes origines constituant les Forces armées centrafricaines (FACA) se sont retrouvés au grand rapport. L’un d’entre eux, du fait de ses origines ethniques, a été lapidé à mort par ses camarades d’armes en présence de la presse internationale.  

 

Les rapports d’institutions aussi crédibles comme Amnesty International et Human Right Watch sont depuis venus confirmer le nettoyage ethnique et religieux dans plusieurs quartiers de la ville de Bangui et en provinces, souvent en présence des forces de la MISCA et les éléments français de l’opération Sangaris, dont pourtant le rôle est notamment la protection des populations civiles, aux termes des résolutions 2121 et 2127 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. 

 

À un moment où les responsables politiques centrafricains devraient plutôt appeler au rassemblement, à la tolérance et à la réconciliation nationale, je crains que ces actes odieux ne conduisent certaines communautés, notamment musulmanes à vouloir se retirer pour vivre entre elles, avec comme conséquence la partition de fait du pays.

 

C’est pourquoi, je veux ici, exhorter la communauté internationale, compte tenu de son implication dans la résolution de la crise centrafricaine, à peser de tout son poids pour non seulement, trouver une solution qui puisse être équitable pour toutes les communautés vivant en République centrafricaine mais surtout de mettre hors d’état de nuire les commanditaires des ant-balaka, ceux-là même qui, à partir du Cameroun ou de la France, ont planifié et mis à exécution leur funeste plan génocidaire. 

 

Comme je l’ai fais en ce temps pour des exactions visant les chrétiens, je tiens pour inadmissible et condamne avec la dernière rigueur possible le sort fait à nos compatriotes musulmans par ces bandits des anti-balaka qui ont le culot de se voir en libérateurs. 

 

Même si les ex-Séléka ont le don de se faire détester, même si leurs diverses exactions ont laissé des traces, aujourd’hui, rien et absolument rien, ne saurait justifier la poursuite des exactions et autres épurations ethniques ou religieuses devant permettre le retour au pouvoir d’individus maléfiques et cruels qui nous ont montré leurs limites quand ils étaient à la tête du pays. Ceux qui ont commandité et organisé le massacre de nos compatriotes doivent être traqués, arrêtés et poursuivis devant les juridictions nationales ou internationales. Nous les connaissons tous. Ils ont beau s’agiter ou se livrer à des manoeuvres dilatoires pour retarder l’échéance qui, de toute façon, leur sera imposée par la volonté du peuple centrafricain, ils n’échapperont pas à la justice.  La paix et la sécurité sont à ce prix. 

 

Adrien POUSSOU

 

Ancien Ministre.    

Tribune libre d'Adrien Poussou
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 21:04

 

 

 

 

Publié le 15.02.2014, 10h11 | Mise à jour : 11h37

 

Alors que la France et l'Union européenne viennent d'annoncer l'envoi, au total, de 1400 soldats supplémentaires dans le cadre de l'opération Sangaris, une vaste opération de désarmement de miliciens anti-balaka a été entamée samedi matin. 

 

 L'armée française et la force de l'Union africaine à Boy Rabe ont investi ensemble un quartier chrétien de Bangui.


L'opération de ratissage, la plus grosse depuis le début de l'opération Sangaris en décembre, a débuté peu avant 6 heures sur un large périmètre de ce quartier, fief banguissois des milices anti-balaka, régulièrement accusées d'exactions envers les civils musulmans. Lors des opérations de fouille, qui ont été faites maison par maison, quelques armes automatiques, grenades, armes blanches, ainsi qu'un grand nombre de munitions ont été découverts.


«Toutes les personnes chez qui des armes ont été saisies ont été identifiées et seront remises à la gendarmerie», a affirmé le capitaine Bolo, un gendarme camerounais de la force africaine Misca, soulignant qu'«une quinzaine d'officiers de police judiciaire de la Misca sont intégrés au dispositif».


Le «gros poisson» a été manqué


Avant 9heures, des éléments de la Misca ont pris position autour du domicile de Patrice Edouard Ngaissona, qui se présente comme le «coordonnateur politique» des anti-balaka, et qui «est protégé par une douzaine d'hommes armés». Autour de son domicile, détonations d'arme automatique et de grenades, d'origine encore inconnue, se sont fait entendre.


L'opération s'est terminée vers 10 heures, sans que Ngaissona soit arrêté.  «Ils n'ont pas réussi à me prendre, j'étais sorti. Il faut qu'on me dise pourquoi on me cherche», a-t-il réagi, affirmant que cinq de ses proches avaient, eux, été arrêtés dans la matinée.


Ngaissona, «c'était le gros poisson qu'il fallait prendre», a simplement commenté le procureur de la République de Bangui Ghislain Grezenguet, qui avait remis aux hommes de la Misca une liste d'individus à interpeller. Les véhicules des Sangaris et de l'Union africaine sont repartis sous les huées des habitants qui scandaient notamment: «"Cassez-vous ou on va s'occuper de vous !».

Jeudi, dans un camp de Bangui, ce sont treize corps qui avaient été découverts dans un puits dans un état de putréfaction avancée. Les premières constatations laissaient à penser, selon le procureur de la République de la capitale centrafricaine, qu'ils avaient été jetés là vivants. Dans ce camps sont cantonnés, sous surveillance de la Misca, des combattants de l'ex-Séléka, les rebelles musulmans. 


Les milices dans le collimateur des autorités


Apparus comme des milices luttant contre la rébellion Séléka, à dominante musulmane, qui avait pris le pouvoir en mars 2013 et qui persécutait la communauté chrétienne, les anti-balaka ont rapidement semé la terreur dans Bangui et en province. Après le départ du président Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier 2014, et le désarmement et le cantonnement des éléments de la Séléka menés par les soldats français de l'opération Sangaris, les anti-balaka s'en sont pris systématiquement aux civils musulmans, multipliant lynchages et pillages.


La présidente centrafricaine Catherine Samba Panza a promis mercredi «la guerre» à ces milices, faisant écho aux déclarations menaçantes faites ces derniers jours par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian et les commandants des contingents français et africain en Centrafrique, qui visaient directement les miliciens et les pillards sévissant en toute impunité.

Centrafrique : un chef de milice échappe à l'opération de désarmement à Bangui
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 20:45

 

 

 

 

 

Par Le Nouvel Observateur avec AFP  Publié le 15-02-2014 à 14h17Mis à jour à 15h59

 

Selon Jean-Yves Le Drian, "le niveau de haine et de violence est plus important que celui qu'on imaginait".

 

Jean-Yves Le Drian a estimé samedi 15 février que l'opération militaire française pour stabiliser la Centrafrique serait plus longue que prévu, au lendemain de l'annonce de l'envoi de 400 soldats français supplémentaires dans ce pays.

 

Je crois que ça sera plus long que prévu, parce que le niveau de haine et de violence est plus important que celui qu'on imaginait", a déclaré le ministre de la Défense sur France Inter.

 

Une opération militaire "ne se décrète pas comme du papier à musique, il faut s'adapter, se rendre compte des situations et répondre au besoin de sécurité en fonction des événements", a-t-il expliqué. Lors du lancement de l'intervention française, début décembre, le président François Hollande avait évoqué une opération "rapide".

 

Mais Paris a décidé vendredi, à la demande notamment du secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon, d'envoyer 400 soldats supplémentaires en RCA, ce qui portera à 2.000 les effectifs français dans le pays.

 

A partir du moment où on s'oriente vers une opération de maintien de la paix au niveau des Nations unies, je pense que cet accroissement de notre présence était indispensable", a souligné le ministre.

 

"Au début d'une opération militaire, on ne peut pas dire à l'avance à quel moment elle finira", a-t-il fait valoir : "Les opérations militaires sont toujours difficiles, s'adaptent en fonction des circonstances, mais nous sommes tout à fait déterminés à ce que la Centrafrique garde son intégrité et que progressivement la sérénité revienne, pour permettre à tous les Centrafricains de vivre ensemble."

 

"Une sécurité de proximité"

 

Jean-Yves Le Drian a souligné qu'il avait constaté lors de sa visite mercredi à Bangui qu'"il fallait renforcer certains points" :

 

"Il est tout à fait nécessaire de garantir notre présence, c'est la raison pour laquelle le président de la République a décidé de renforcer les forces françaises de Sangaris pour lutter contre toutes les formes d'insécurité, à Bangui et dans l'ensemble de la République centrafricaine", a-t-il expliqué. Selon le ministre, "il fallait renforcer, mais aussi faire en sorte que la sécurité quotidienne soit assurée".

 

"Beaucoup d'exactions" continuent d'être perpétrées en RCA, a-t-il souligné, en raison notamment des rivalités entre les miliciens de l'ex-Seleka, musulmans, et les anti-balaka, majoritairement chrétiens. "L'important aujourd'hui c'est la sécurité de proximité [...] C'est pourquoi la présence de gendarmes est indispensable, pour que progressivement l'Etat centrafricain ait les outils de sa propre sécurité intérieure, avec aussi la nécessité de renforcer la chaîne judiciaire", a-t-il poursuivi.

 

On est à un passage entre une force d'intervention militaire et la nécessité d'une sécurité de proximité qui va venir et à laquelle les forces françaises apporteront leur soutien et leur capacité de formation", a-t-il conclu.

 

Opération de désarmement

 

Ces déclarations interviennent alors que les forces internationales ont mené samedi à Bangui une vaste opération de désarmement des anti-balaka, des miliciens majoritairement chrétiens accusés de crimes atroces contre la minorité musulmane et auxquels la présidente intérimaire a déclaré "la guerre".

 

Les responsables militaires de l'opération française Sangaris et ceux de la force de l'Union africaine (Misca), qui tentent de mettre fin à la crise dans ce pays livré aux pillages et aux massacres inter-religieux depuis bientôt trois mois, avaient durci le ton ces derniers jours, prévenant qu'ils feraient usage de la force.

 

La Centrafrique a sombré dans le chaos depuis le coup d'Etat en mars 2013 de Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Seleka, à dominante musulmane, contraint à la démission le 10 janvier. Face aux rebelles de la Seleka se sont peu à peu constituées des milices locales d'autodéfense, issues des régions rurales à dominante chrétienne : les anti-balaka, littéralement "anti-machette", qui ont à leur tour semé la terreur dans Bangui et en province.

 

Après le départ du président Djotodia, et le désarmement et le cantonnement des éléments de la Seleka menés par les soldats de Sangaris, les anti-balaka s'en sont pris systématiquement aux civils musulmans, multipliant lynchages et pillages, conduisant ONG et ONU à dénoncer un nettoyage ethnique.

 

Ratissage dans le quartier Boy Rabe

 

L'opération de ratissage menée samedi, la plus importante depuis le début de Sangaris en décembre, a débuté peu avant 6h sur un large périmètre du quartier Boy Rabe, fief banguissois des milices anti-balaka.

 

Elle a permis "l'interpellation d'une dizaine d'individus", selon le procureur de la République Ghislain Grésenguet, ainsi que la saisie d'armes diverses - armes automatiques, fusils de chasse, grenades - et de nombreuses munitions. 

 

Toutefois, l'un de ses "objectifs" - l'arrestation de Patrice Edouard Ngaissona, qui se présente comme le "coordonnateur politique" des anti-balaka -, n'a pas été atteint. 

 

"Ils n'ont pas réussi à me prendre, j'étais sorti. Il faut qu'on me dise pourquoi on me cherche", a affirmé Edouard Ngaissona, joint par téléphone.

 

Le "gros poisson" manqué

 

Quinze minutes après l'encerclement de sa maison par les forces africaines, des explosions de grenades et des tirs ont été entendus. Selon une source militaire, "face à l'agression des occupants de la maison, des éléments de la Misca ont tiré en l'air".

 

Le procureur a regretté qu'Edouard Ngaissona ait pu échapper à une interpellation. "C'était le gros poisson qu'il fallait prendre", a-t-il dit.

 

Parmi les personnes interpellées figure le lieutenant Hervé Ganazoui, "en charge des opérations à l''état-major' anti-balaka", a déclaré Emotion Brice Namsi, qui se présente comme un porte-parole des miliciens.

 

L'opération s'est achevée aux alentours de 10h. Les véhicules des Sangaris et de l'Union africaine sont repartis sous les huées des habitants qui scandaient notamment: "Cassez-vous ou on va s'occuper de vous !".

CENTRAFRIQUE : "Ça sera plus long que prévu" (Le Drian)
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 11:28

 

 

 

 

«  PAIX, SECURITE ET DEVELOPPEMENT DANS LA BANDE SAHELO-SAHARIENNE :

Défis de la mutualisation des dispositifs de sécurité et enjeux du développement et de la gouvernance locale »

 

 

 

FACE AU CONSTAT PARTAGE D’INSTABILITE ET DE FRAGILITE D’UN GRAND NOMBRE D’ETATS AFRICAINS : QUE FAIRE POUR CONSTRUIRE DES ETATS PLUS ROBUSTES?

 

En juillet 2011déjà, j’avais été invité par mon ami Jean- Herve Lorenzi, Président du Cercle des Economistes français, pour une intervention sur le thème de la fragilité des Etats africains, et des moyens de les reconstruire afin de les remettre debout.

 

Dans sa conception générale, la notion même d’Etat fragile ou d’« Etat défaillant » est apparue au début des années 90, pour désigner un Etat incapable d’assurer sa mission essentielle de développement, de garant de la sécurité et de maintien de la paix à l’intérieur de ses frontières.

 

Une telle défaillance est devenue une donnée stratégique internationale nouvelle, et véhicule des facteurs aggravants pour la sécurité internationale puisqu’elle est naturellement porteuse de plusieurs risques, dont entre autres ceux de violations massives des droits de l'homme et même de génocide - la faillite de l’État pouvant donner lieu à une guerre civile interconfessionnelle, engendrant des génocides - de sanctuarisation : l’absence de contrôle étatique pouvant donner lieu à des trafics illicites - risque de développement du terrorisme régional et international: le pays ou une zone à cheval sur plusieurs pays peut héberger des groupes terroristes à rayonnement plurinational ou international et enfin le risque d'isolement sur la scène internationale. Un gouvernement faible peut être renversé par des acteurs politiques dont les motivations sont la confiscation du pouvoir ou la scission d’un territoire, la mise en place d’un régime totalitaire ou autocratique et isoler le pays de la communauté internationale.

 

Pour diverses raisons que nous examinerons plus loin, le constat est malheureusement établi que c’est en Afrique que se concentrent le plus grand nombre d’Etats au monde présentant les symptômes d’une défaillance avérée, car on se doute bien à la simple observation empirique , que la faiblesse de l’Etat est fortement liée au sous-développement et à ses conséquences dévastatrices pour la cohésion de l’Etat.

 

Si en juillet 2011, traiter de cette thématique relevait pour moi d’un exercice quelque peu académique, aujourd’hui, comme vous le savez tous, je vis tous les jours, aux côtés de mes compatriotes dans mon propre pays la République centrafricaine, les conséquences terribles de l’effondrement d’un Etat.

 

Comme le dit un adage chez nous, « le poisson peut pleurer, mais personne ne s’en apercevra puisqu’il vit dans l’eau ». Je suis aujourd’hui dans la situation de ce poisson qui pleure dans l’eau, et à qui le terrien demande comment fait-il pour vivre dans l’eau, et surtout de décrire cette eau. Je tenterai de le faire en répondant aux trois questions suivantes:

 

1- Quels sont les signes, c’est-à-dire les caractéristiques généralement admises de la faillite d’un Etat ?

 

2- Quelles sont les causes principales de la fragilisation, puis de la faillite de l’Etat en Afrique ?

 

3- Comment remédier de façon efficace à cette situation et construire des Etats solides ?

 

1- QUELS SONT LES SIGNES ET LES CARACTERISTIQUES GENERALEMENT ADMIS DE LA FAILLITE D’UN ETAT ?

 

Il y a plusieurs définitions de l’Etat défaillant, mais pour simplifier, nous allons nous en tenir à deux définitions, celles de l’Organisation des Nations Unies et de l’OCDE.

Pour les Nations-Unies, « la fragilité consiste à une érosion de la capacité d’un État à fournir à ses citoyens des services sociaux. La fragilité d’un Etat découlerait aussi de l’absence d’un gouvernement efficace, ou de l’absence des perspectives économiques viables dans un Etat ».

 

Selon l’OCDE, « Un État est fragile lorsque le gouvernement et les instances étatiques n’ont pas les moyens et/ou la volonté politique d’assurer la sécurité et la protection des citoyens, de gérer efficacement les affaires publiques et de lutter contre la pauvreté au sein de la population ».

 

Plus concrètement, tous les spécialistes de la question s’accordent à reconnaitre l’autorité des travaux du think-tank indépendant américain  « Fund for Peace » associée à la revue  « Foreign Policy » sur la question. Cette institution, qui établit chaque année le classement des Etats défaillants dans le monde, utilise douze indicateurs dits de vulnérabilité, qui constituent eux-mêmes« l'indice de vulnérabilité », noté de 0 à 120, de chaque Etat.

 

Ces indicateurs de vulnérabilité sont répartis ainsi qu’il suit :

  • Quatre indicateurs sociaux :
  1. la pression démographique ;
  2. 2- les mouvements massifs de réfugiés et de déplacés internes ;
  3. 3- les cycles de violences communautaires ;
  4. 4- et enfin l’émigration chronique et soutenue

 

  • Deux indicateurs économiques :

1-les inégalités de développement ;

2-et le déclin économique subit ou prononcé

  • Six indicateurs  politiques :

1-la criminalisation et la délégitimation de l'État ;

2-la détérioration graduelle des services publics ;

3- les violations généralisées des droits de l'homme ;

4- l’hégémonie de l’appareil de sécuritaire ;

5- l’émergence de factions au sein de l'élite ; et enfin l’intervention d'autres puissances dans les affaires intérieures de ces Etats.

 

Ces indicateurs peuvent être déclinés de façon plus détaillée mais non exhaustive à travers l’absence de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national c’est-à-dire de relation de domination et de commandement des gouvernants dont la contrepartie est l’obéissance et la soumission des gouvernés ; l’absence de maillage administratif et militaire du territoire national ; l’occupation des pans entiers du territoire national par des contre-pouvoirs qui font prospérer la criminalité transfrontalière (rebellions armées, groupes mafieux, extrémistes religieux) ; la sous-traitance des missions sociales de l’Etat par des organisations non-gouvernementales ; la partialité de l’administration publique à l’égard de certains usagers, partis politiques ou citoyens ; l’absence de promotion par le mérite ; l’impunité ; la gestion non orthodoxe des finances publiques ; la corruption ; la violation délibérée des instruments juridiques nationaux ; l’incivisme; la politisation excessive de l’administration et de l’armée et le manque de moyens de travail pour les autorités administratives (gouverneurs, préfets, sous-préfets) entre autres.

 

Ce sont tous ces manquements réunis sous le vocable de mal gouvernance et auxquels on pourrait rajouter bien d’autres qui font le lit à un Etat failli.

 

Sur la base de ces critères généraux, tous les Etats reçoivent un score qui les classe en cinq catégories :

- Etat en situation critique (la pire de situations)

- Etat en danger

- Etat en balance

- Etat stable

- Etat très stable

 

En 2013, sur les 178 Etats étudiés, on notera que la quasi-totalité des pays africains est classée dans la catégorie « critique », et seuls quelques États du Maghreb et de l’Afrique australe parviennent à se classer dans la catégorie d’Etats  « en danger » ou « en balance ».

 

 

Rank

Country

1

Somalia

2

Congo (D. R.)

3

Sudan

4

South Sudan

5

Chad

6

Yemen

7

Afghanistan

8

Haiti

9

Central African Republic

10

Zimbabwe

11

Iraq

12

Cote d'Ivoire

13

Pakistan

14

Guinea

15

Guinea Bissau

16

Nigeria

17

Kenya

18

Niger

19

Ethiopia

20

Burundi

 

2 - QUELLES SONT LES CAUSES PRINCIPALES DE LA FRAGILISATION, PUIS DE LA FAILLITE DE L’ETAT EN AFRIQUE ?

 

La fragilité des Etats africains s’explique par plusieurs éléments qu’on peut regrouper en deux grands ensembles : une fragilité liée aux fondements mêmes de l’Etat, c'est-à-dire au problème de la légitimité des Etats et de ses instituions secondaires (I), et une fragilité découlant aussi de la mauvaise pratique politique ou institutionnelle (II).

 

I. Une fragilité originaire : l’absence ou l’insuffisance de la légitimité des Etats africains

 

Il ne faut pas perdre de vue que l’Etat est une institution politique d’origine européenne. C’est une forme historique d’organisation, ou contingente, liée au développement de la civilisation occidentale. Il n’est pas excessif de parler d’échec de la greffe de l’Etat en Afrique, tout simplement parce que celle-ci n’a pas suffisamment veillé à son adaptabilité. Le mimétisme institutionnel a conduit les peuples africains à transposer les institutions occidentales pour les plaquer à des réalités sociales différentes.

 

Pour ne s’en tenir qu’aux Etats d’Afrique Francophone, les institutions françaises découlant notamment de la constitution de 1958 y ont été systématiquement adoptées à l’indépendance, sans efforts d’indigénisation poussée et d’appropriation des mécanismes de l’Etat moderne occidental.

 

Si nous prenons par exemple les conséquences des ravages causés aujourd’hui dans beaucoup de pays africains par le cocktail multipartisme et ethnicité /identité régionale - qui constitue une réalité sociale en Afrique - on est surpris de constater qu’aucune réflexion sérieuse ne se mène pour savoir comment intégrer cette donne dans les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Etat africain, afin d’éviter entre autres que des forces politiques soient essentiellement constituées d’une ethnie ou d’une région, avec toutes les conséquences politiques et institutionnelles.

 

Il faut tenir compte des réalités du continent, où les réflexes identitaires autour de l’ethnie et de la région sont quasi-omniprésents, pour les dépasser dans le cadre de la construction d’une citoyenneté pleine et entière, dans la diversité. Ce projet républicain est le grand défi d’aujourd’hui et de demain pour nos Etats, face à l’ethnicité et au régionalisme. L’Occident, depuis la Grèce antique, a su progressivement créer la démocratie libérale sans connaître l’ethnicité, mais puisque celle-ci constitue une réalité sociale en Afrique, comment pouvons-nous construire des républiques démocratiques et stables, sans avoir conçu les outils théoriques et pratiques de la « compression » de cette réalité dans les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Etat et des partis politiques ?

 

Le contexte de la mondialisation rend possible et même souhaitable le phénomène, non d’uniformisation institutionnelle, mais d’harmonisation institutionnelle. Tout le problème est celui de l’adaptation aux réalités sociales spécifiques africaines. Les élites africaines ont une lourde responsabilité dans cette situation, du fait d’une absence de vision politique d’ensemble pour leurs peuples. Ils n’ont pas su ou pu concevoir, à partir des réalités ethniques, un modèle adapté de nation. La faiblesse de l’Etat en Afrique est en grande partie  due à l’absence d’Etat-Nation.

 

II. Une fragilité fonctionnelle : une mauvaise pratique politique et une mauvaise gouvernance économique et financière

 

Il ne suffit pas de se doter d’un Etat pour que celui-ci fonctionne. Il faudrait non seulement des dirigeants, mais surtout des dirigeants agissant selon les principes d’organisation et de fonctionnement de l’Etat. L’analyse est donc construite ici à partir des principaux éléments constitutifs de l’Etat, à savoir un territoire, une population et un gouvernement.

 

La fragilité des Etats africains trouve, entre autres, sa racine lointaine dans l’établissement artificiel des frontières des Etats africains. Ce morcellement de l’Afrique par la Conférence de Berlin en février 1885 - la fameuse balkanisation - s’est opéré sans tenir compte de l’Atlas des peuples africains et donc au détriment de leurs identités et de leurs réseaux de solidarité. Plus d’un siècle après, on dénombre cinquante-quatre (54) Etats africains qui, en réalité sont des états-multinationaux et non des états-nations homogènes sur le plan culturel. La conséquence d’une telle situation est le caractère artificiel de ces frontières - ce qui pose de fait la question de leur légitimité - et la dispersion des membres d’une même ethnie c’est-à-dire d’un seul groupe sociolinguistique homogène sur plusieurs pays différents.

 

Cette situation a très souvent servi de terreau aux problèmes identitaires, à l’irrédentisme, et d’intégration, bien à l’origine de nombreux conflits au sein des Etats (conflit sur l’ivoirité en Côte d’Ivoire) ou entre les Etats.

 

A titre d’exemple, je citerai le cas des populations Ewé à cheval sur le Ghana, le Togo, le Benin et dans une moindre mesure au Nigeria ; les Sarakolé à cheval sur le Mali et le Sénégal ; les Touaregs dispersés entre la Mauritanie, l’Algérie, le Mali, le Niger, la Libye et le Tchad ; les Kong entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ; les Mossi entre le Togo et le Burkina Faso ; les Mboums entre le Tchad, le Cameroun et le Centrafrique ; les Zaghawa entre le Soudan et le Tchad ; les Zandé entre le Centrafrique, le Soudan du Sud et la République Démocratique du Congo ; les Ngbaka entre le Centrafrique et la R.D. Congo ; les Tutsi et les Hutu répartis entre le Rwanda et le Burundi ; les Fang entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale ; les Somali entre la Somalie et l’Ethiopie. Autant d’exemples de dispersion des peuples africains sur des ensembles territoriaux non homogènes qui posent en soi des problèmes de cohésion sociale. La fragilité des Etats africains tient donc aussi au fait que les Etats ont précédé la nation, à l’inverse de la démarche occidentale. Il n’est pas surprenant que de  tels Etats, qui constituent plutôt une mosaïque d’ethnies juxtaposées les unes aux autres, mais rarement intégrées, au point de former un bloc sociologique appelé Nation, soient désarticulés aujourd’hui.

 

Il faut cependant souligner que la fragilité des Etats africains ne s’explique pas seulement par le mauvais tracé colonial des frontières. Elle est aussi nourrie aujourd’hui par la sève du déficit démocratique et des multiples crises économique et sociale. La pratique perverse, sous toutes ses formes, de la politique en général et de la démocratie en particulier participe également à la fragilité des Etats africains. Les dirigeants qui accaparent le pouvoir au profit d’une minorité ethnique ou régionale affaiblissent leurs Etats. De même, les dirigeants prédateurs sont des acteurs de la fragilité de leurs Etats, en ce qu’ils pillent les biens publics et ont la particularité d’être indifférents à une redistribution équitable des profits de l’économie à l’ensemble de la communauté nationale. L’absence de développement économique contribue à la fragilité des Etats africains. Ainsi, le non-respect des principes fédérateurs de la bonne gouvernance peut induire dans la durée des conflits susceptibles de fragiliser la consistance de l’Etat et, à terme, d’en entrainer la faillite.

 

La fragilité des Etats africains provient également de la porosité d’une grande partie des frontières nationales. Celle-ci permet la circulation des armes, ce qui alimente les conflits tels qu’au Mali, au Tchad ou en Centrafrique. De ce fait, les Etats n’ont plus la maîtrise de leur territoire et ne disposent pas de moyens conséquents pour surveiller leurs frontières.

 

Les multiples et récurrentes crises politico-militaires qui ont secoué la République Centrafricaine, mon pays, depuis plus de quarante ans ont gravement fragilisé l’Etat dans ses fondements et créé les conditions de celle, plus dramatique, en cours.

 

En effet, pendant toutes ces décennies, l’infernal enchaînement de tentatives de coups d’Etat, de coups d’Etat, de mutineries de l’armée, de rebellions armées et d’instabilité institutionnelle a fini par créer les conditions du chaos actuel, du non-Etat, d’Etat-fictif ou fantôme comme on le baptise. Caractérisée par l’inexistence des forces de défense et de sécurité, l’absence totale de l’administration sur toute l’étendue du territoire, la destruction de toutes les infrastructures administratives et sociales, cette situation a induit des comportements asociaux et inhumains.

 

3- QUE FAIRE, COMMENT LE FAIRE ET QUI DOIT FAIRE QUOI POUR SORTIR CES PAYS DE LEUR SITUATION ?
 

Les actions à mener sont à la fois politiques, économiques et géostratégiques :

 

  1. Des actions politiques :
  2.  

La sagesse populaire affirme qu’« il vaut mieux prévenir que guérir ». En amont de toutes les actions, il y’ a d’abord la nécessité d’améliorer la prévention des conflits. Lorsque des mécanismes d’alerte existent, et sont suivies d’actions politiques et diplomatiques préventives, beaucoup de situations de crise pouvant entraîner la descente aux enfers d’un Etat peuvent être maitrisées. L’absence ou l’inefficacité de tels mécanismes, au triple plan national, sous -régional ou régional font partie des solutions durables à la gestion de ce type de crises.

 

  • Lorsque la prévention a échoué, il s’agira principalement de reconstruire des Etats forts et crédibles, dotés de gouvernements légitimes, avec l’appui politique déterminé de la communauté internationale. Quand un Etat n’est plus en mesure d’assurer la protection de ses propres ressortissants, il devient une source d’instabilité et une menace pour ses voisins. Par conséquent, la responsabilité de la protection de cet Etat doit passer à la communauté internationale qui devient responsable « par défaut ». Cependant toute mission suppose trois conditions : un objectif clair et précis, des hommes capables de mener la mission, et des moyens adéquats. C’est pourquoi, la reconstruction d’Etats défaillants doit être précédée de la mise en place de système de pilotage stratégique, chargé d’élaborer une stratégie commune et concertée d’intervention des principaux bailleurs. C’est la disponibilité d’un tel cadre stratégique d’intervention, cohérent et aux priorités arrêtées en accord avec le gouvernement assisté, piloté par une autorité internationalement crédible et doté d’un mandat clair, qui en garantira l’efficacité. La réunion de ces conditions permettra de construire et /ou de reconstruire des institutions fortes, légitimes, modernes et efficaces à court et moyen terme. Ces stratégies intégrées de nation building et de state building, ont déjà été menées par les Nations Unies, qui disposent d’une somme d’expériences acquises indéniables en la matière (Libéria, Sierra-Leone, Mozambique, etc.). Les Nations Unies ont l’avantage de pouvoir se doter de la légalité et de la légitimité nécessaires pour agir, si besoin est, par la force. Elles mobilisent généralement dans leurs actions l’Union Européenne, et certains de ses pays membres dont l’expérience historique et l’influence sur les pays africains à assister est indéniable, ainsi que des acteurs régionaux et sous régionaux.
  •  
  • Les difficultés politiques ne doivent pas être sous-estimées car il y a bien des rentiers insoupçonnés des situations de chaos (putschistes, rebelles, chefs de guerre, vendeurs d’armes, trafiquants de drogues, pillards, etc.). La reconstruction de l’appareil régalien d’un Etat défaillant, ainsi que celle d’institutions nécessaires à la relance de son économie ne sont pas de l’intérêt de certains acteurs, notamment les factions qui monopolisent le pouvoir économique et instrumentalisent les tensions ethniques et religieuses comme moyens de maintenir le chaos politique. Ces factions sont douées dans l’art d’utiliser toutes les ressources de contrôle d’un appareil d’État, même défaillant, pour se maintenir en place. Le trucage des élections, l’intimidation des contre-pouvoirs éventuels et la corruption des élites et des notables leur permettent de tenir l’État et les rentes, tout en se couvrant d’un vernis démocratique. La tentation du laisser-faire est sous-tendue par une lecture fataliste de l’histoire de l’Afrique : des expressions malheureuses comme : « ils sont tous comme ça », « on ne pourra rien changer, c’est leur nature », « ils ne sont pas mûrs pour la démocratie », etc. etc. le prouvent. Très souvent les interventions de la communauté internationale n’arrivent que lorsque les dégâts deviennent insupportables. En d’autres termes, beaucoup de pays post-conflits n’auraient pas dû arriver à ce stade si les réactions de la communauté internationale avaient été diligentes, opportunes et cohérentes.
  • Il faut reconstruire des Etats viables, c’est-à-dire se donner les moyens de faire triompher les valeurs démocratiques universelles qui garantissent la présence des forces politiques aux opinions différentes dans la représentation nationale par le biais d’élections libres, ainsi que leur participation effective à la gestion de la chose publique. Les minorités doivent être admises et respectées. La viabilité d’un Etat sous-tend sa stabilité, et cette condition détermine son attractivité pour des investissements durables dans l’économie réelle, gage de création de richesses et d’emplois nécessaires à la permanence de l’Etat.

 

2 - Des actions économiques :

 

  • Si certains Etats défaillants sont dotés de ressources minières et minérales non négligeables, d’autres le sont moins. Tous font cependant face au même problème : la médiocrité des capacités de gestion macroéconomique, avec une vision claire des objectifs à court, moyen et long terme. Il faut promouvoir l’intégration de ces pays dans l’économie mondiale, par l’émergence de capacités locales à même de développer durablement les économies, tout en protégeant leurs actifs et leur environnement.
  •  
  • Il faut les appuyer dans le  développement  et le renforcement de leurs  capacités à créer un environnement favorable à la promotion des investissements privés, y compris mais pas uniquement, les Investissements Directs Etrangers (IDE). Ce n’est pas une tâche aisée, face à une culture administrative fondée sur la toute-puissance de l’Etat, pourtant défaillant. La promotion des investissements privés est le seul moyen d’assurer la viabilité budgétaire de ces pays par le biais d’une fiscalité  transparente et performante. Un Etat debout et fort, ce sont des finances saines. Il faut veiller à ce que le budget dégage  un solde budgétaire primaire positif. Cela est nécessaire pour faire face au service de la dette, ainsi qu’à la réhabilitation et à la construction  des infrastructures routières, et des réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement.
  • Il faut aider ces Etats à maintenir  la stabilité monétaire et à éviter le surendettement,  surtout lorsqu’il est sans contreparties en matières d’investissements locaux. La maitrise des flux internationaux de matières premières et de leurs revenus est  également une priorité.
  •  
  • Un Etat défaillant est synonyme d’économie informelle avec ses conséquences bien connues : corruption des fonctionnaires, travail clandestin, marchés parallèles, contrebande, contrefaçon, trafic de drogue, blanchiment de l'argent sale dans les paradis fiscaux. Il faut donc combattre l’économie informelle.
  • Il ne faut plus accepter le détournement de l'aide internationale ;
  • Il faut développer les moyens de structures telles que LICUS, ou LowIncome Countries Under Stress, de la Banque mondiale qui a acquis une expertise certaine dans le redressement économique d’Etats faillis.
  • Il faut jeter les bases d’une sécurité alimentaire solide par un appui déterminé à l’agriculture et à la sécurisation de la propriété des terres,

 

3 - Des actions géostratégiques

La défaillance des Etats a des répercussions géopolitiques qui menacent la stabilité de la région et modifie les rapports de puissance avec les Etats voisins.

De ce fait, la réflexion géostratégique mondiale devra s’orienter vers trois points à savoir :

  • La mise en place effective de a Force Africaine en Attente (FAA) au sein de l’Union Africaine, avec l’assistance militaire des Nations Unies et de l’Union Européenne, pour faire face aux situations les plus difficiles ;
  •  
  • La mobilisation des moyens pour faire face aux menaces externes et internes communes, tels que les intégrismes religieux et les systèmes maffieux en voie de radicalisation dans certaines zones, en impliquant une collaboration de tous les Etats.
  • La restructuration et la formation des forces de défense et de sécurité des Etats défaillants.

 

4 – Renforcement des politiques d’intégration sous régionale et régionale

 

Les Etats africains doivent développer de manière volontariste et déterminée les politiques d’intégration sous régionale et régionale, afin de réduire au maximum les effets négatifs des barrières physiques matérialisées par les frontières, puisque dans la  réalité, il n’y a pas de barrières humaines entre les peuples. En réduisant les facteurs de fragilisation, on renforce le processus de consolidation des Etats africains.

 

En conclusion, la construction des Etats solides doit tenir compte du fait socio-historique qu’est la préexistence des groupes sociolinguistiques sur lesquels sont plaqués les nouveaux Etats issus de la Conférence de Berlin et affermir au quotidien la gouvernance des affaires publiques.

 

Cette tâche est complexe et nécessite une volonté politique résolue de la communauté des nations. C’est un facteur indispensable pour éliminer les facteurs et des foyers de risque d’atteintes très graves aux droits humains, à la sécurité internationale et au développement des échanges. Trouver des remèdes au phénomène de la fragilité des Etats africains est une tâche essentiellement collective.

 

Pour ma part, je considère que les explications passées ici en revue les unes après les autres comportent déjà en elles-mêmes un début de solution. Toutefois, les réflexions doivent se poursuivre et s’appesantir sur les points suivants :

 

  • Sur le plan politico-institutionnel, il faudrait par exemple rénover les institutions publiques. Les dirigeants devraient avoir une bonne pratique démocratique, tout en étant soucieux de garantir des services sociaux de base à leurs populations.
  •  
  • Sur le plan sécuritaire, il faudrait pour ces Etats dits fragiles, un renforcement de leurs moyens humains, matériels et aériens en matière de contrôle et de surveillance de leurs frontières et de leur territoire.
  •  
  • Sur le plan économique, une amélioration de la gouvernance économique et financière contribuerait aussi à la réduction de la fragilité des Etats. Les partenaires bilatéraux et multilatéraux ont également ici un rôle majeur à jouer.
  •  

Je peux conclure en disant que la fragilité des Etats africains n’est pas une fatalité.

 

 

 

INTERVENTION DE MARTIN ZIGUELE AU 14e FORUM DE BAMAKO
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 11:14

 

 

 

 


BANGUI AFP / 15 février 2014 09h38 - Une vaste opération de désarmement de miliciens anti-balaka a été entamée samedi matin par l'armée française et la force de l'Union africaine à Boy Rabe, un quartier chrétien de Bangui, a constaté l'AFP.

L'opération de ratissage, la plus grosse depuis le début de l'opération Sangaris en décembre, a débuté peu avant 6H00 samedi matin sur un large périmètre de ce quartier, fief banguissois des milices anti-balaka, régulièrement accusées d'exactions envers les civils musulmans. 


Lors des opérations de fouille, qui ont été faites maison par maison, quelques armes automatiques, grenades, armes blanches, ainsi qu'un grand nombre de munitions ont été découverts. 


Toutes les personnes chez qui des armes ont été saisies ont été identifiées et seront remises à la gendarmerie, a affirmé à l'AFP le capitaine Bolo, un gendarme camerounais de la force africaine Misca, soulignant qu'une quinzaine d'officiers de police judiciaire de la Misca sont intégrés au dispositif. 


En tout, 250 militaires et policiers ont été déployés pour cette opération. 


Avant 9H00, des éléments de la Misca ont pris position autour du domicile de Patrice Edouard Ngaissona, qui se présente comme le coordonnateur politique des anti-balaka.

De source militaire africaine, qui a qualifié M. Ngaissona d'objectif principal, celui-ci est protégé par une douzaine d'hommes armés. Autour de son domicile, la tension était palpable, alors que des détonations d'arme automatique et de grenades, d'origine encore inconnue, ont commencé à se faire entendre dans le quartier, a constaté l'AFP. 


Apparus comme des milices luttant contre la rébellion Séléka, à dominante musulmane, qui avait pris le pouvoir en mars 2013 et qui persécutait la communauté chrétienne, les anti-balaka ont rapidement semé la terreur dans Bangui et en province.

Après le départ du président Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier, et le désarmement et le cantonnement des éléments de la Séléka menés par les soldats français de l'opération Sangaris, les anti-balaka s'en sont pris systématiquement aux civils musulmans, multipliant lynchages et pillages.

La présidente centrafricaine Catherine Samba Panza a promis mercredi la guerre à ces milices, faisant écho aux déclarations menaçantes faites ces derniers jours par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian et les commandants des contingents français et africain en Centrafrique, qui visaient directement les miliciens et les pillards sévissant en toute impunité.



(©) 

 

Vaste opération de désarmemement d'anti-balaka dans un quartier de Bangui
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 05:27

 

 

 

 

Jean Guisnel / http://www.letelegramme.fr/ 


L'envoi par la France de 400 hommes supplémentaires en Centrafrique pour renforcer ses 1.600 soldats qui s'y trouvent n'est pas une surprise. Dès les premières heures du déclenchement fort tardif de l'opération Sangaris, on avait compris que François Hollande l'avait délibérément sous-dimensionnée et arbitrairement limitée dans le temps. L'envoi de renforts confirme que l'opération demeure (très) difficile et qu'elle durera encore des mois, sinon des années.

 

Paris a sous-estimé la violence des affrontements intracommunautaires, la faiblesse opérationnelle du contingent de l'Union africaine déployé sur place, de même que la pusillanimité de ses alliés européens. Aujourd'hui, l'implication accrue des dirigeants africains de la sous-région est d'autant plus indispensable que le niveau de violence ne chute pas. L'intervention française a, certes, empêché un génocide, mais pas le nettoyage ethnique que plusieurs ONG dénoncent à juste titre.

 

Alors que la menace d'une sécession d'un État musulman rebelle n'est toujours pas exclue, les enjeux sont plus cruciaux que jamais. Paris n'avait pas le choix et se devait d'intervenir, dans la limite de ses moyens. Ses responsabilités historiques d'ancienne puissance coloniale le lui imposaient. Que seraient les critiques si la France n'avait rien fait ?

Centrafrique : Paris n'avait pas le choix
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 05:15

 

 

 

 

 

 

par RFI14-02-2014 Modifié le 14-02-2014 à 11:03

 

Depuis le départ du président Michel Djotodia, l'ex-rébellion Seleka est divisée. Certains ont suivi l'ancien président dans son exil, d'autres ont préféré rester à Bangui alors qu’une partie a rejoint son fief dans le nord de la Centrafrique. Ces derniers refusent d'ailleurs de reconnaître le processus politique qui, à leurs yeux, ne parvient pas à mettre fin aux violences.

 

Au temps de la toute-puissance de la Seleka, il était directeur général de la sécurité présidentielle. Aujourd'hui, réfugié dans l'extrême nord du pays, le général Arda assure disposer de plusieurs centaines d'hommes et ne reconnaît pas le processus politique en cours à Bangui.

 

Ce haut cadre de l'ex-rébellion appelle même le nord à faire sécession : « On a décidé de diviser le pays parce que tant que l’on n’aura pas divisé le pays, on n’aura pas la paix. Je ne suis pas d’accord ni avec la présidente Catherine Samba-Panza ni avec le Premier ministre. Maintenant, on est en train de s’organiser. D’ici trois ou quatre mois, s’il y a quelque chose, je vais réagir. »

 

« Agitations individuelles »

 

A Bangui, des milliers d'éléments de l'ex-Seleka sont toujours cantonnés. Au camp RDOT, l'un de leurs chefs, le colonel Narkoyo, récuse toute velléité sécessionniste. Tout comme l'un des ministres les plus influents de l'ex-rébellion. Herbert Gontran Djono Haba dénonce le discours du général Arda : « Ce sont des agitations individuelles, mais il n’est pas question de parler de la partition de la RCA. C’est une forme de pression par rapport à la violence continue. Aujourd’hui, nous avons décidé de faire la paix. »

 

De son côté, la force africaine Misca dit ne pas prendre au sérieux les velléités sécessionnistes d'officiers ex-Seleka isolés et assure que la peur a maintenant changé de camp. A l'image des anti-balaka, l'ex-rébellion montre en tout cas, elle aussi, ses divisions.

 

 

Bangui: 13 cadavres dans une citerne dans un camp d'ex-Séléka

 

Créé le 14/02/2014 à 11h57 -- Mis à jour le 14/02/2014 à 11h57

 

La découverte a été faite par des soldats de la force africaine Misca...

 

Treize cadavres de personnes non-identifiées ont été découverts dans une citerne vide située dans un camp de Bangui où sont cantonnés des combattants issus de l'ex-Séléka, a-t-on appris ce vendredi sur place de source judiciaire.

 

«Il y a treize corps» dans la cuve d'une dizaine de mètres de longueur, vide et servant de réservoir d'essence, a déclaré à l'AFP de la procureur de la République de Bangui, Ghislain Grezenguet, ajoutant: les corps, en état de putréfaction avancée ou à l'état de squelettes, «se trouvent en différents endroits de la cuve, ce qui laisse penser que des gens y ont été jetés vivants et se sont débattus».

 

Seule une petite ouverture permet en effet de descendre dans la cuve. Sous la supervision de magistrats, ouvriers et soldats de la force africaine (Misca) doivent enlever une partie du couvercle en béton du réservoir pour avoir une vue d'ensemble du réservoir, située à une dizaine de mètres d'une résidence où sont cantonnés des combattants Séléka, sous la surveillance de soldats du contingent de République démocratique du Congo de la Misca.

 

Jeudi, le procureur avait indiqué que les cadavres avaient été découverts par «des soldats de la Misca chargés de la surveillance du site (...) alertés par l'odeur nauséabonde sortant du réservoir».

 

Putréfaction avancée

 

La mort de certains d'entre eux remonterait à «une semaine, dix jours», selon une source judiciaire. «Est-ce que c'est un règlement de compte entre eux? Est-ce que ce sont des gens qui se sont infiltrés dans le camp et qui ont été attrapés? L'enquête le dira», selon cette source.

 

Toujours selon cette source judiciaire, «des responsables des rebelles cantonnés ont été entendus puis relâchés». Interrogé par l'AFP, le commandant des Séléka du camp, le colonel Aboubakar Mahamat, a confirmé avoir été entendu et «avoir tout dit aux enquêteurs», sans autre précision.

 

La coalition rebelle Séléka, à dominante musulmane, avait renversé le régime de François Bozizé en mars 2013, portant à la tête du pays son chef, Michel Djotodia.

 

Ses combattants ont multiplié les exactions en toute impunité pendant des mois contre la population majoritairement chrétienne du pays, déclenchant une spirale de violences interreligieuses, qui provoqué ces dernières semaines un exode des populations musulmanes de régions entières.

 

Michel Djotodia a été contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses et les combattants Séléka présents à Bangui cantonnés dans des camps par les forces française Sangaris et africaine Misca. 

 

 Avec AFP

RCA: profondes divisions chez les ex-Seleka (RFI)
RCA: profondes divisions chez les ex-Seleka (RFI)
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 05:13

 

 

 

 

Par Anne-Julie Contenay et Xavier Yvon http://www.europe1.fr/ 

 

Publié le 14 février 2014 à 21h06 Mis à jour le 14 février 2014 à 22h13

 

URGENCE - Le Programme alimentaire mondial a mis en place un pont aérien pour acheminer de la nourriture à Bangui.

 

L'INFO. En Centrafrique, la situation ne cesse de se dégrader. Des ONG dénoncent un "nettoyage ethnico-religieux", l'ONU craint une partition du pays et la France va envoyer 400 soldats supplémentaires pour tenter de mettre fin aux violences. Mais la famine menace aussi des millions de Centrafricains. Depuis la semaine dernière, le Programme alimentaire mondial (PAM), l'organisme d'aide alimentaire de l'ONU, a mis en place un pont aérien d'urgence, le plus important de ces dernières années.

 

82 tonnes de riz. Chaque jour, un Boeing 747 décolle de Douala, au Cameroun, pour se poser à l'aéroport de Bangui. A son bord, 82 tonnes de riz, qui permettent de nourrir 7.000 personnes pour la journée. Au total, 1.800 tonnes de riz doivent être acheminées pendant un mois, de quoi nourrir 150.000 personnes. Coût de l'opération : 3 millions de dollars, soit environ 2 millions d'euros.

 

"Les commerçants musulmans ont fui". Car les routes sont devenues trop dangereuse et la nourriture ne rentre plus en Centrafrique. D'après l'ONU, 1,3 million de personnes ont besoin d'une assistance alimentaire immédiate, surtout dans les camps de déplacés. Le PAM a lui-même frisé la pénurie la semaine dernière et la situation ne devrait pas s'arranger. "Les commerçant musulmans ont fui, les éleveurs également ont fui, avec leur bétail, les paysans ont d'énormes difficultés à avoir des récoltes cette année, ils n'ont même plus de semences pour la prochaine saison", détaille au micro d'Europe 1 le porte-parole du PAM, Alexis Masciarelli.

 

Se préparer avant la saison des pluies. "On rentre dans une phase où l'économie est profondément perturbée", souligne-t-il, prévoyant des pénuries alimentaires "pendant encore de nombreux mois". Alors aujourd'hui, l'objectif du PAM est double : il faut non seulement gérer l'urgence, mais aussi préparer la suite, en pré-positionnant des stocks de nourriture un peu partout dans le pays. Et il faut le faire avant la saison des pluies, en avril, quand certains axes deviendront impraticables, coupant des dizaines de milliers de Centrafricains de la capitale.

La Centrafrique menacée par la famine
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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 05:11

 

 

 

 

 

Le gouvernement a annoncé l'envoi de 400 soldats supplémentaires en République centrafricaine pour épauler les 1 600 hommes de l'opération Sangaris.

 

Par Francetv info avec AFP et Reuters

 

Mis à jour le 14/02/2014 | 21:20 , publié le 14/02/2014 | 16:59

 

La France a décidé d'accroître son contingent en Centrafrique. Paris va envoyer 400 hommes supplémentaires, a indiqué l'Elysée, vendredi 14 février, à l'issue d'un conseil restreint de défense autour de François Hollande. Les forces de l'opération Sangaris passeront donc "temporairement" de 1 600 à 2 000 hommes.

 

Début janvier, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait pourtant assuré qu'il n'y avait, "dans l'état actuel des choses", "pas de raisons particulières" d'envoyer des renforts. Et son collègue des Affaires étrangères, ainsi que Laurent Fabius, avait même juré qu'il "n'y aurait pas d'engrenage", affirmant "En RCA, nous tiendrons nos engagements, comme nous l'avons fait au Mali". Pourquoi ce revirement ? Explications.

 

Parce que la crise centrafricaine s'aggrave

 

A Bangui, les règlements de comptes sont quotidiens. Et des exactions massives ont lieu dans les autres régions du pays. Le territoire centrafricain est écumé par des groupes armés et des pillards qui multiplient les exactions. La haine confessionnelle déchire le pays. L'Etat ne contrôle plus rien. La menace d'une partition plane. 

 

Après avoir mis le pays en coupe réglée pendant dix mois, les ex-rebelles musulmans de la Séléka, livrés à eux-mêmes depuis le départ de certains chefs et la démission de Michel Djotodia, sillonnent le pays et terrorisent les chrétiens, répandant un peu plus la haine. En représailles, la nébuleuse de milices d'autodéfense à majorité chrétienne "anti-balaka" sèment le chaos. Amnesty International affirme que le pays est en proie au"nettoyage ethnique".

 

Près d'un million de déplacés et de réfugiés ont été jetés sur les routes, sur une population de 4,6 millions d'habitants. Le haut commissaire aux réfugiés, Antonio Guterres, parle d'une catastrophe humanitaire "indescriptible".

 

Deux mois après son déclenchement, le 5 décembre, l'opération militaire française ne parvient pas à mettre fin aux violences. Le drame se poursuit, malgré la présence de quelque 7 000 soldats étrangers (1 600 Français et 5 400 militaires de la Misca, la force de l'Union africaine), mandatés début décembre par l'ONU pour restaurer l'ordre et la sécurité, et en dépit aussi des millions d'euros promis par les pays donateurs pour sortir la Centrafrique du gouffre.

 

Parce que les pays européens n'envoient pas de renforts

 

Communauté internationale, gouvernement de transition centrafricain, ONG... Face au chaos, tous les protagonistes s'accordent sur un point : il faut plus de militaires et de policiers sur le terrain pour rétablir l'ordre et la sécurité, avant de reconstruire un semblant d'Etat et d'administration.

 

"Il y a un manque cruel de troupes. Dès le départ, nous avons dit, l'ONU a dit, qu'il fallait au moins 9 000 à 10 000 hommes", rappelle Geneviève Garrigos, la présidente d'Amnesty France. Problème : "tout le monde veut se passer la patate chaude de la Centrafrique", résume abruptement Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'International Crisis Group (ICG).

 

Centrafrique : Sangaris entre dans sa seconde phase

 

   Écrit par  Driss Jaydane http://www.luxeradio.ma/ 

 

La France peut-elle gagner la bataille de la paix retrouvée, en Centrafrique… Et peut-elle la gagner seule… Souvenons-nous, à son lancement, l'opération « Sangaris » avait pour objectif unique la pacification de Bangui et la neutralisation des combattants de la Séléka. Mais aujourd’hui…

Aujourd’hui, Sangaris II n’est-elle pas plutôt devenu cette opération visant à éviter une purification ethnique, à éviter, vingt ans après le génocide du Rwanda, cette horreur qui fit près de 300.000 morts par mois… Et ce, alors qu’une présidente intérimaire vient de se voir confier ce qui reste de pouvoir unificateur, dans ce pays où, aujourd’hui, les musulmans sont la proie de milices que l’on dit chrétiennes, en ce pays qu’une langue commune, et c’est là une chance, n’a pas réussit à unir… 

Alors, la France, avec son armée, dont les effectifs sont insuffisants, la France venue seule, comme pour conjurer un sort qui, au regard de l’Histoire – bien sûr, les intérêts économiques, miniers, stratégiques, bien sûr les restes de Françafrique, la France dont les officiers, sur place, ne cessent de rappeler la position difficile – faut-il aider ce pays à retrouver un ordre qui passe par l’évitement de la partition, faut-il devenir une sorte de force de sécurité au service de la présidence intérimaire, - et que dire de l’idée d’une armée qui, si elle ne fait pas la guerre d’abord, contre les milices découpeuses d’enfants, pourrait bien, à terme, passer pour une armée complice de meurtre de masses…

 

Centrafrique : pourquoi la France renforce son contingent
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