Écrit par Edmond Kamguia K. vendredi, 02 mai 2014 13:53
Dans une interview exclusive au service francophone de la Voix de l'Amérique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a écarté l'idée d'une division du territoire centrafricain.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est rendu le mardi 28 avril 2014 dans plusieurs pays africains : l’Ethiopie, la République démocratique du Congo et l’Angola. Selon des sources concordantes, il est en tournée dans le but de promouvoir les droits de l’homme et faire avancer la paix sur le continent en Afrique. A la veille de son départ, le chef de la diplomatie américaine avait accordé une interview exclusive au service francophone de la Voix d’Amérique. Une interview réalisée au Département d’Etat à Washington D.C. John Kerry a répondu à la presse qui posaient des questions sur des sujets d’actualité tels que la République centrafricaine (Rca), les prochaines élections en République démocratique du Congo(Rdc) et au Burundi.
Présence des forces européennes
Il en est de même en ce qui concerne les menaces terroristes dans la région du Sahel. Selon le Secrétaire d’Etat John Kerry, une partition de la République centrafricaine n’est pas la solution que privilégient les Etats-Unis au conflit entre musulmans et chrétiens dans ce pays. A la question de savoir ce que les Etats-Unis peuvent faire, en dehors des contributions financières et logistiques, pour aider à sauver la République centrafricaine, John Kerry a indiqué qu’il ne dispose pas d’une « réponse magique en ce moment.» Toutefois, il s’est dit prêt à s’entretenir avec les décideurs en rapport avec cette question, avant de se prononcer. Selon John Kerry, les Etats-Unis verront comment appuyer davantage les forces africaines et onusiennes en Rca. Ce d’autant qu’un contingent de forces européennes (Eufor) est déjà présent à Bangui.
Sur le risque que le conflit entre musulmans et chrétiens en Rca conduise à une partition de ka Centrafrique, John Kerry a déclaré que les Etats-Unis ne sont pas favorables à un tel développement : «On ne veut pas diviser. Ce n’est pas la solution préférable». Le chef de la diplomatie américaine a réitéré l’engagement des Etats-Unis à tout mettre en œuvre pour éviter le scenario du génocide rwandais en Rca. Sur la possibilité de modifications constitutionnelles permettant éventuellement aux présidents burundais Pierre Nkurunziza et congolais Joseph Kabila de se représenter aux élections présidentielles, le secrétaire d’Etat John Kerry a estimé que cela serait une mauvaise chose pour. Il faut respecter la Constitution et la loi, selon lui.
Changer la situation sur le terrain
Le chef de la diplomatie américaine a exhorté les pays des Grands Lacs à «trouver une façon de vivre ensemble sans oublier l’Histoire.» A travers le sénateur Russ Feingold, leur émissaire spécial pour les Grands Lacs, les Etats-Unis entendent œuvrer «pour faire changer la situation sur le terrain », a souligné John Kerry. En ce qui concerne la menace terroriste au Sahel, John Kerry s’est félicité de la coopération des Etats-Unis avec les pays de la région et la France. Le secrétaire d’Etat John Kerry a rappelé que les Etats-Unis ont fourni un important appui aux opérations militaires au Mali et souligné la nécessité de former les soldats des pays de la sous –région et de leur fournir les renseignements requis : « Il faut qu’ils sachent où se trouve l’ennemi », a-t-il conclu.
L'hostilité entre les milices anti-balaka pro-chrétiennes et musulmanes de la séléka n’a pas cessé augmente en Rca. Séléka et anti-balaka ne représentent pourtant qu'une partie infime des musulmans et des chrétiens. Mais aux horreurs des uns répondent les malheurs des autres. Quatorze mille musulmans, encerclés par des chrétiens parmi lesquels les anti-balaka font la loi, sont méthodiquement affamés à Boda. À Bouca, 4.000 chrétiens terrorisés par la Séléka vivent depuis sept mois dans une paroisse. Plus de 1.800 maisons ont été incendiées. Quelque 120 chrétiens sont morts, contre une quarantaine de musulmans, tués par les anti-balaka. À Grimari, 4.600 chrétiens s'étaient également réfugiés la semaine dernière dans une paroisse, alors que Séléka et anti-balaka s'affrontaient.
Impossible réconciliation ?
Les massacres intercommunautaires ont été les plus violents à Bangui, où plus de 90% des 60 à 80.000 musulmans ont fui la capitale. Quelques 1.300 d'entre eux, qui se terraient depuis cinq mois dans l'insalubre quartier de Bangui, au PK-12, ont pris le départ dimanche pour le nord du pays. A moment de leur départ, des centaines de chrétiens auraient accouru pour piller leurs biens. Leur convoi a été attaqué dimanche dernier par des anti-balaka, faisant deux morts et six blessés : « La réconciliation est impossible », avaient estimé les leaders du PK-12, interrogés par Afp peu après quelques jours avant l'exode. C’était le dernier endroit de Bangui où vivaient encore quelques milliers de musulmans. Les autorités et dignitaires religieux ont appelé les populations à se parler à nouveau.
Mais celles-ci ne les écoutent guère, demandant au mieux la paix, mais n'exigeant pas la réconciliation. La méfiance est la règle même dans les coins les plus calmes. A Bambari, leaders chrétiens et musulmans ont lancé une plate-forme de dialogue et une radio multiconfessionnelle pour promouvoir l'harmonie dans leur ville du centre du pays. Mais les nombreux crimes commis par la Séléka à Bambari restent dans les mémoires. Les chrétiens se plaignent des agissements du général anciennement en charge de Bambari, qui se faisait appeler "Ben Laden". "Au début, l'entente catholique-musulmans était bonne. Elle s'est progressivement détériorée avec les pillages. Quand on volait chez les catholiques, on emmenait (le butin) chez les musulmans, qui eux n'étaient pas inquiétés", se souvient l'abbé Firmin.
Un argumentaire repris par de nombreux chrétiens interrogés par l'AFP en Centrafrique pour justifier leur méfiance à l'encontre des musulmans.
Ceux-ci, à Bambari, disent avoir aussi été "victimes" des Séléka. Et leurs leaders de lister le pillage de magasins, voitures, bétail, appartenant à des musulmans, ou encore le tabassage de l'imam local, coupable d'avoir prêché contre la Séléka. Des chrétiens auraient également profité des ex-rebelles, accusent-ils. Alors que des anti-balaka se rapprochent de Bambari, le "fossé" se creuse entre les deux communautés, selon l'abbé Firmin. Interrogée sur le problème religieux, la ministre de la Réconciliation a minimisé l'ampleur en mettant en exergue la volonté des personnes interviewées de plaire aux journalistes étrangers.
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