Le sommet de l'UA a fixé la feuille de route pour la Centrafrique
28/06/14(RFI )
Le sommet de l'Union africaine s'est terminé ce vendredi 27 juin. L'agriculture et les enjeux sécuritaires ont été au coeur des débats. Mais le sommet a été surtout marqué par une réunion en marge qui a rassemblé les chefs d'Etat d'Afrique centrale à propos de la situation en Centrafrique.
Outre le président Idriss Déby, le Camerounais Paul Biya, le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Gabonais Ali Bongo ainsi que l'hôte de la réunion, le président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang, ont participé à cette réunion à laquelle a aussi pris part la présidente de la transition centrafricaine Catherine Samba-Panza. Six mois après son élection, celle-ci a reçu une nouvelle fois le soutien de ses pays voisins, mais un soutien assorti de certaines conditions.
« Je suis une femme de combat. Je ne suis pas femme à démissionner », a confié hors micro la présidente de transition centrafricaine. « Nous soutenons sans réserves Madame Catherine Samba-Panza », a lancé de son côté le secrétaire-général de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale, le Tchadien Ahmat Allami.
De fait, dans leur communiqué final, les chefs d'Etat ont réitéré leur soutien à la présidente de la transition, mais ils ont aussitôt ajouté qu'ils prenaient acte de sa volonté de remanier son gouvernement. C'est une façon à peine voilée de faire savoir à leur interlocutrice qu'ils l'invitaient très fortement à ouvrir largement son futur gouvernement à la communauté musulmane du nord de la Centrafrique.
Au début de la réunion, les présidents de la sous-région ont écouté un exposé de Catherine Samba-Panza. Celle-ci a reconnu des « insuffisances ».
Puis ils l'ont invité à sortir de la salle et se sont concertés entre eux. A la fin, ils l'ont rappelée pour lui dire qu'ils souhaitaient que tous les Centrafricains, y compris les ex-Seleka et les anti-balakas se retrouvent prochainement dans un grand forum, à Brazzaville, à une date qui reste à déterminer.
A Bangui,les anti-balakas affichent leurs bonnes résolutions
Les anti-balakas ont tenu ce vendredi une réunion destinée à prouver qu'ils avaient retrouvé leur unité. Sébastien Wenezoui et Patrice Edouard Ngaissona, les deux chefs qui s'étaient divisés en mai, ont présenté aux commandants de zone de l'intérieur du pays, mais aussi aux représentants des autorités et de la communauté internationale, la nouvelle organisation de leur mouvement.
Au cours de la réunion d'hier, les chefs anti-balakas ont officialisés leur volonté de s'organiser et de parler d'une seule voix. Ils ont également réaffirmé leur désir de réconciliation avec les musulmans qu'ils avaient longtemps pris pour cible.
« Notre pays est un pays laïque. Les musulmans et les chrétiens vivaient depuis longtemps ensemble, dans la symbiose. Nous avons intérêt à ramener la paix », lance Emotion Brice Namsio, porte-parole du nouveau bureau.
Pour le chef du gouvernement centrafricain, André Nzapayéké, cette clarification des interlocuteurs est en soi une bonne chose pour le processus de dialogue : « en ma qualité de Premier ministre, je suis encouragé de voir que ces gens ont enfin compris qu'il faut vraiment calmer le jeu, et s'ils réussissent à s'entendre entre eux, je pense que l'on pourra enfin ouvrir un dialogue politique. »
La réorganisation des anti-balakas intervient alors qu'une première médiation entre séléka et anti-balakas avance progressivement sous l'impulsion d'une ONG centrafricaine. Le Premier ministre, lui, a indiqué à RFI sa volonté de faire en sorte que le dialogue s'accélère dans les semaines qui viennent pour que les machettes repartent dans les champs et servent à l'agriculture.
http://www.rfi.fr/afrique/20140627-le-sommet-ua-fixe-feuille...
Centrafrique : feu vert des dirigeants de la CEEAC pour un nouveau gouvernement de transition
MALABO, 28/06/14 (Xinhua) -- Annoncé depuis plus d'un mois par les rumeurs, un nouveau gouvernement est en voie d'être formé en République centrafricaine (RCA) à l'initiative de la présidente de transition Catherine Samba-Panza, à en croire un communiqué de presse publié à l'issue d'un sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) vendredi à Malabo.
Pour la première fois depuis son élection par le Conseil nationale de transition (CNT, Parlement provisoire en plus depuis un an) suite à la démission forcée sous la pression de ceux-ci et de la France le 10 janvier de Michel Djotodia porté au pouvoir par son ex-coalition rebelle de la Séléka en mars 2013, Mme Samba-Panza a pris part à un sommet réunissant la quasi-totalité des dirigeants de cette région.
Après un exposé "sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire" dans son pays, ces leaders sous l'instigation du Tchadien Idriss Deby Itno, président en exercice de la CEEAC, ont annoncé lui avoir "réitéré leur soutien dans l'accomplissement de sa mission pour la reconstruction de son pays. Ils ont par ailleurs pris acte de sa volonté de remanier son gouvernement", souligne le communiqué de presse remis à Xinhua.
Ancienne maire nommée de Bangui, Catherine Samba-Panza forme en ce moment la tête de l'exécutif intérimaire centrafricain avec le Premier ministre du gouvernement d'union nationale André Nzapayéké, précédemment vice-président de la Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC) à Brazzaville, élu comme elle par le CNT, sur la base de l'accord de Libreville du 11 janvier 2013.
C'est le remplaçant de Nicolas Tiangaye, également débarqué au même titre que Michel Djotodia à cause de son incapacité à faire baisser les tensions interreligeuses et intercommunautaires en RCA entre les ex-rebelles de la Séléka à dominante musulmane et les milices d'autodéfense chrétiennes anti-Balakas (anti-machettes) fidèles au président déchu François Bozizé.
Irritée par les blocages dans la mise en œuvre du processus censé aboutir à la tenue d'élections démocratiques pour la désignation d'un nouveau chef de l'Etat en février 2015, la présidente de transition s'est montrée impatiente à former un nouveau gouvernement. Le communiqué de presse n'indique cependant pas si un nouveau Premier ministre sera nommé en remplacement de Nzapayéké.
Au cours de leur rencontre tenue en marge du 23e sommet de l'Union africaine (UA), les dirigeants de la CEEAC se sont aussi inquiétés de la poursuite des exactions et ont recommandé à "l'ensemble des groupes armés, les forces politico-militaires et la classe politique centrafricaine à cesser toute forme de violence" et "à s'engager dans une recherche de solution pacifique et politique pour sortir leur pays de la crise", indique le communiqué de presse.
Prenaient part à ce sommet, outre le président tchadien, ses homologues équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, camerounais Paul Biya, congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur de cette crise, gabonais Ali Bongo Ondimba, sao-toméen Manuel Pinto da Costa et le vice-président angolais Manuel Domingos Vicente.
Le secrétaire général de la CEEAC, Ahmad Allam-Mi, était aussi présent, avec les représentants spéciaux du secrétaire général de l'ONU et de la présidente de la Commission de l'UA en RCA, le général Babacar Gaye, et son collègue le général Jean-Marie Michel Mokoko.
La présidente Samba Panza, figurante dans la crise centrafricaine
27/06/14 (AFP)
Incapable d'enrayer les violences depuis son arrivée au pouvoir, obligée de quémander des soutien financiers extérieurs, la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza joue un rôle de figuration quand les voisins de la région décident de l'avenir de son pays.
L'image perle d'elle-même: alors que les chefs d'Etats et de gouvernement sont réunis vendredi à huis clos en marge du sommet de l'Union africaine (UA) de Malabo pour parler de la crise centrafricaine, Mme Samba Panza patiente en pianotant sur sa tablette, assise dans un large fauteuil de velours rouge, dans un couloir ouvert au public près de la salle de réunion.
Tous les patrons de l'Afrique centrale étaient là: le Tchadien Idriss Déby Itno, le Congolais Denis Sassou Nguesso - qui est aussi médiateur international de la crise centrafricaine - l'Equato-guinéen Obiang Nguema Basogo, le Gabonais Ali Bongo Ondimba. Fait rare, même le président camerounais Paul Biya, qui se déplace très peu, avait répondu présent.
Et, en l'absence de la principale intéressée, ils se sont dits "préoccupés" face à l'enlisement du conflit, tout en appelant fermement les autorités de transition à instaurer un vrai dialogue entre les groupes armés qui dévastent le pays.
Depuis son arrivée au pouvoir en février, la présidente, sans police ni armée, s'est montrée tout aussi impuissante à réconcilier anti-balaka et ex-Séléka qu'à s'imposer face aux chefs d'Etat voisins comme le Tchad et le Congo, au pouvoir depuis des années. Et d'autant plus influents que leur soutien financier est crucial pour maintenir la Centrafrique à flot, ne serait-ce que pour payer les salaires de ses fonctionnaires.
A propos d'un éventuel remaniement à venir, le président Biya a assuré qu'ils n'étaient "pas entrés dans ces détails, c'est aux Centrafricains eux-même de décider s'ils veulent un nouveau Premier ministre".
Certes, la présidente a été invitée à présenter sa feuille de route au début de la rencontre avec ses pairs d'Afrique centrale, alors que son pays est suspendu de l'UA depuis le début de la crise en 2013. Mais les échanges se sont arrêtés là. Et aussitôt après, elle a quitté la salle pour laisser les chefs d'Etat et de gouvernement discuter entre eux..
Centrafrique: "la situation s'enlise" selon le président tchadien
27/06/14 (AFP)
Le président tchadien Idriss Déby Itno a jugé vendredi que "la situation s'enlisait" en Centrafrique, lors d'une réunion des dirigeants de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), en marge du sommet de l'Union africaine (UA) à Malabo vendredi.
"La situation s'enlise malgré les efforts de la CEEAC", a déclaré le président Déby à l'ouverture de la réunion, à laquelle était conviée la présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza, dont le pays est suspendu de l'UA depuis le début de la crise en 2013.
Le chef de l'Etat tchadien a souligné la "nécessité d'instaurer un dialogue franc et sincère" entre toutes les parties au conflit centrafricain.
La présidente Samba Panza, qui s'est exprimée en début de la réunion, a ensuite quitté la salle. Ses pairs se sont entretenus pendant plus d'une heure, tandis qu'elle attendait dans les couloirs du palais des Congrès de Malabo.
Etaient notamment présents le Camerounais Paul Biya, le Gabonais Ali Bongo et le Congolais Denis Sassou Nguesso, ainsi que le président en exercice de l'UA, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ils ont examiné "les problèmes auxquels la transition est confrontée: les questions humanitaires, la question des groupes armés qui déchirent le pays voire (le) menacent de partition", a ajouté M. Déby à l'issue du huis-clos.
"Nous estimons que il est temps vraiment de taper très fort pour que la paix revienne", a-t-il affirmé, en "prenant des décisions fortes".
Interrogé sur un éventuel retour du contingent tchadien dans la force africaine Misca engagée en Centrafrique, et dont il avait décidé le retrait en avril, Idriss Déby a assuré que "le problème n'a pas été posé".
Le Tchad, qui influence la politique centrafricaine depuis des années, a joué un rôle majeur dans cette crise, et faisait partie des plus gros contributeurs de la Misca jusqu'à son retrait.
Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la rébellion Séléka, la Centrafrique vit une crise sans précédent marquée par de terribles violences interconfessionnelles. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Rien que depuis lundi, près de 70 personnes ont été tuées et une centaine blessées dans le centre de la Centrafrique, dans des affrontements entre miliciens chrétiens anti-balaka et ex-rebelles Séléka, majoritairement musulmans, selon la Misca.