07/07/14 (AFP)
Le regain de violences en Centrafrique est la conséquence du blocage du processus politique pour stabiliser le pays, actuellement "en panne", a estimé le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian dans un entretien à l'AFP.
L'arrivée en février de la présidente de transition Catherine Samba Panza "n'a pas permis la relance d'un processus politique qui est bloqué", a souligné le ministre français avant son départ lundi pour la Centrafrique, où une dizaine de soldats français de la force Sangaris ont été blessés la semaine dernière lors d'accrochages avec des groupes armés.
S'il y a, selon M. Le Drian, moins d'accrochages entre groupes armés ou impliquant les forces internationales sur le terrain, "la gravité de ces accrochages s'accroît". Certains groupes, notamment les milices anti-balaka à dominante chrétienne, se mêlent à la foule pour s'en prendre aux soldats français.
"C'est quand même significatif d'une tension encore accrue, d'une part entre les communautés, d'autre part à l'encontre de ceux qui sont mandatés par les Nations unies pour aboutir à une plus grande sérénité", a estimé le ministre.
"Le règlement de tout ça ne peut être que politique, or la politique est en panne", a-t-il souligné dans un entretien à l'AFP.
- 'Une pointe d'espoir' -
Les tensions entre communautés restent en particulier vives dans la région de Bambari, à l'est de Bangui, où de violents accrochages ont fait des dizaines de morts fin juin.
Selon M. Le Drian, l'absence de perspective a conduit à la radicalisation de certains groupes "parce que l'on ne voit pas se tracer un avenir pour l'ensemble du pays". Mme Samba Panza a "beaucoup de bonne volonté, ce n'est pas elle qui est en cause, mais ça n'aboutit pas".
Face à cette impasse politique, il voit "une pointe d'espoir" dans l'initiative des dirigeants des pays d'Afrique centrale réunis fin juin à Malabo, en Guinée équatoriale, qui ont "convenu de la mise en oeuvre d'une conférence de réconciliation qui paraît indispensable pour qu'on sorte de la situation désastreuse actuelle".
"L'initiative de Malabo est bonne, la France souhaite qu'elle aboutisse en septembre, que ça se passe le plus vite possible et qu'il y ait conjonction entre l'arrivée de la Minusca et la réconciliation nationale indispensable. Avec tout le monde autour de la table", a-t-il dit.
La Minusca, la force de maintien de la paix des Nations unies en Centrafrique, doit se mettre progressivement en place à partir du 15 septembre et prendre le relais de la force française, sans qu'aucune date de retrait, même partiel, ne soit fixée.
Lundi à Bangui, M. Le Drian doit en outre s'entretenir avec la présidente centrafricaine de la reconstitution d'une chaîne sécuritaire dans le pays. "C'est un élément important, surtout quand on a affaire à des groupes plus criminels que militaires. Il faut qu'il y ait une chaîne sécuritaire, des gendarmes, une justice, des prisons...", a-t-il expliqué.
La force européenne présente à Bangui compte désormais 150 gendarmes pour aider à la formation d'une gendarmerie centrafricaine.
Environ 2.000 militaires français sont déployés en Centrafrique dans le cadre de l'opération Sangaris, aux côtés de quelque 5.800 soldats de la Misca, pour stopper les massacres intercommunautaires. La Misca doit constituer la base de la Minusca, qui comptera à terme 12.000 personnes.
Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la rébellion Séléka à dominante musulmane, la Centrafrique vit une crise sans précédent marquée par de terribles violences interconfessionnelles. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
NDLR : Le processus politique devrait accompagner et non précéder le désarmement des bandes armées qui tarde à se faire. On a perdu beaucoup de temps autour de faux problèmes comme celui du réarmement des Faca dont tout le monde sait qu'ils sont en réalité presque tous armés et que leurs armes sont dans des caches et leur servent surtout à commettre des braquages et des vols comme l'éprouvent au quotidien les Banguissois dans certains quartiers.