08/07/14 (Jeune Afrique)
La visite de Jean-Yves Le Drian, prévue mardi à Bambari, a été annulée. Le ministre français de la Défense a quitté la Centrafrique en début d'après-midi.
Jean-Yves Le Drian a quitté la Centrafrique mardi 8 avril en début d'après-midi, sans se rendre à Bambari. Le ministre français de la Défense a décidé d'annuler sa visite prévue mardi matin dans cette ville située au nord-est de Bangui. Explications officielles : la météo compliquée et les tensions sur place.
"La sécurité du ministre n'était pas en jeu. Mais nous avons estimé que les 150 à 180 soldats français présents sur place étaient assez occupés comme ça", explique-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense.
Arrivé lundi en fin d'après-midi à Bangui pour sa septième visite en Centrafrique, Jean-Yves Le Drian s'est aussitôt rendu après au camp militaire Mpoko où sont basés les militaires français de l'opération Sangaris pour un entretien avec leur nouveau commandant, le général Éric Bellot des Minières.
Il a été ensuite reçu à la résidence privée de la présidente de transition, Catherine Samba-Panza. Mardi, il a participé à des patrouilles de Sangaris dans plusieurs arrondissements de Bangui avant de rencontrer un bataillon de soldats français membres de l'Eufor (l'opération européenne en RCA).
À Bambari, la tension était encore palpable mardi matin. Lundi, des éléments anti-balaka ont tenté d'investir le centre de la ville et les quartiers musulmans, rapporte une source sécuritaire. Les Séléka ont alors réagi et ont ouvert le feu. La force Sangaris s'est interposée alors que les deux belligérants s'affrontaient, faisant usage de la force.
Les combattants Séléka ont ensuite encerclé la cathédrale Saint-Joseph qu'ils soupçonnent d'abriter des anti-balaka. Sangaris a utilisé un hélicoptère pour les dissuader.
Selon plusieurs sources, l'attaque a fait une dizaine de morts et plusieurs blessés. Une source sécuritaire française parle, elle, de plusieurs victimes parmi les Séléka et les anti-balaka.
Ces incidents sont intervenus alors qu'une partie de l'état-major de la Séléka converge actuellement vers Birao (Nord-Est) où doit se tenir un nouveau congrès de l'ex-rébellion. "Ceux qui restaient à Bambari n'étaient pas forcément les mieux à même de gérer ce types de tensions", explique notre source sécuritaire française.
Considéré comme la "porte" de l’est du pays, toujours sous le contrôle de l’ex-Séléka, Bambari est un lieu stratégique. "C'est un nid de vipères. La moindre bousculade peut très vite dégénérer. La situation a été aggravée par la poussée des anti-balaka dans le sillage des forces internationales et l'installation d'un nouvel état-major de la Séléka", analyse un diplomate en poste à Bangui.
Par Vincent DUHEM
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140708130637/d...
Le Drian en Centrafrique : "La solution ne sera que politique"
08/07/14 (Le Point)
Dans l'inextricable écheveau centrafricain, où 11 soldats français ont été blessés ces derniers jours, le ministre souhaite une accélération du processus politique. La situation est toujours très instable en République centrafricaine, où le ministre de la Défense est arrivé lundi et doit rester jusqu'à mardi soir. Jean-Yves Le Drian a évoqué la situation ce mardi matin sur RMC, où il a estimé que la situation très instable demeure en attente d'un véritable processus de réconciliation, plus de six mois après le début de l'opération Sangaris. Celle-ci compte aujourd'hui 2 000 militaires français, auxquels s'ajoutent les 5 800 soldats de la force de l'Union africaine, la Misca. Une force dépêchée par l'Union européenne compte actuellement 700 hommes, dont 250 Français, qui ont atteint leur pleine capacité opérationnelle le 15 juin dernier. Son mandat court jusqu'à la mi-octobre 2014.
Le ministre français de la Défense s'est réjoui que les militaires français aient été en mesure de contribuer à une baisse de la tension, qu'il devait illustrer en personne ce mardi matin en participant à une patrouille dans les rues de Bangui : "Nous avons pu atteindre deux des trois objectifs que l'on s'était fixés. On a pacifié la situation à Bangui (la capitale), qui est relativement stabilisée grâce à la lucidité et au sang-froid de nos militaires. On a ouvert et sécurisé la voie vers l'Ouest, qui permet l'approvisionnement et le lien avec le Cameroun et les réseaux portuaires. La troisième mission, c'est faire en sorte que l'est du pays puisse se pacifier, c'est la mission de nos soldats."
De sérieuses tensions se sont faites jour, notamment dans la région de Bambari (centre du pays) où sept soldats français ont été blessés le 3 juillet, dans un contexte particulièrement complexe. Dans cette ville dont la population est majoritairement chrétienne (60 %), de vifs incidents ont éclaté lorsque des troupes de la Misca sont allées arrêter un chef milicien anti-balaka. Présents en soutien, les soldats français ont été visés par un jet de grenade qui a blessé sept hommes. Deux d'entre eux ont été évacués vers la France, sans que leur vie ne soit en danger. Lundi 7 juillet, de nouveaux incidents ont éclaté dans cette ville, avant que la tension retombe.
Arrivée progressive de l'ONU
Par ailleurs, des mouvements de foule, faisant suite là encore à l'arrestation d'un chef milicien, ont dégénéré le 7 juillet à Bangui et ont provoqué des blessures pour trois militaires français après un jet de grenade et d'un autre après un jet de pierre. Jean-Yves Le Drian devait se rendre dans la journée à leur chevet.
Lors de son intervention sur RMC il a ajouté : "Notre tâche, c'est de faire en sorte que la mission de l'ONU qui va s'organiser à partir du mois de septembre puisse se faire du mieux possible, pour que cette force se substitue progressivement à notre armée. En six mois, nous avons pu aboutir à un processus de pacification qui est en cours. Nous diminuerons notre format au fur et à mesure que l'ONU arrivera. D'ici la fin de l'année, nous pensons que le format pourra être diminué à partir du moment où la mission des Nations unies arrivera et s'implantera."
Le ministre français a rencontré lundi Catherine Panza-Panza, présidente de transition qui "essaie qu'un cessez-le-feu soit possible". Il a émis l'espoir que le processus de réconciliation se poursuive avec succès lors d'une rencontre des responsables africains qui doit se tenir fin juillet à Brazzavile, ajoutant que "la solution ne sera que politique".
Jean Guisnel
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/le-drian-...