23/07/14 (RFI)
Les négociations pour faire taire les armes en Centrafrique ont été victimes de nombreux blocages ce mardi 22 juillet à Brazzaville, alors qu’il ne reste plus que quelques heures avant d’aboutir à la signature annoncée d’un accord de cessations des hostilités.
Un peu après 19h, mardi soir, l’ébauche d’un accord de cessation des hostilités et un engagement à désarmer ont finalement été adoptés en commission, mais sans la Seleka. Jusqu’à 21h, les délégués ont attendu une possible venue de l’ex-rébellion, à majorité musulmane. En vain.
Mardi, aucun représentant du mouvement ne se sera présenté au ministère des Affaires étrangères, lieu où se tiennent les négociations. Les délégués de la Seleka ont avancé vouloir attendre que leur délégation soit au complet. Les neuf représentants militaires attendus sont finalement arrivés dans la soirée.
Médiation internationale
Du côté de la médiation internationale, on se veut rassurant. Un comportement classique en période de discussion ou technique de négociation, chacun y est allé de son analyse. « Nous sommes en contact avec les Seleka », a ainsi expliqué le représentant de l’Onu en Afrique centrale Abdoulaye Bathily dans l’après-midi, ajoutant que les documents élaborés leur seraient soumis, pour qu’ils puissent faire des remarques.
Dimanche, la délégation de la Seleka avait déjà jeté un pavé dans la mare en demandant la partition de leur pays comme préalable à toute négociation. Une demande formulée 24 heures après la visite au Bénin de 5 membres de la délégation à leur président Michel Djotodia. Ce dernier a-t-il demandé à sa délégation de mettre la question de la partition sur la table ?
C'est ce que pense Sebastien Wenezoui n°2, des anti-balaka, qui estime que c’est une façon indirecte de torpiller les négociations. En face, la Seleka dément, et invoque l'assassinat de deux musulmans la veille à Bangui, pour justifier la création d'une zone sûre pour cette communauté.
Son porte-parole Habylah Hawal estime que cette décision a été prise en raison de la situation sécuritaire en cours en Centrafrique. Il ajoute par ailleurs que la décision de demander la partition du pays est une décision qui a été prise collectivement.
Faire monter la pression
Plusieurs observateurs à Brazzaville estiment que l’ex-rébellion joue ainsi sa survie politique et physique. Exiger la partition du pays pourrait être une façon de faire monter la pression et d'obtenir une plus grosse part du gâteau politique, tout en s'assurant des garanties de sécurité pour les musulmans. En tout état de cause, ce traité de cessation des hostilités qui, à Bangui, était encore décrit comme une simple formalité, s’est révélé en quelques jours bien plus compliqué à obtenir.
Mardi soir, un nouveau rendez-vous a donc été donné à toutes les parties, afin de revenir ce mercredi matin dès 8 heures pour clore les négociations. La cérémonie de signature a elle été décalée de plusieurs heures, pour se tenir, normalement, en début d’après-midi. Au final, personne n’a quitté la table des négociations pour le moment. Reste à voir si la délégation Seleka, désormais au complet, sera au rendez-vous ce mercredi matin.
http://www.rfi.fr/afrique/20140723-rca-une-journee-chaotique...
Centrafrique: tentative de sauvetage des négociations de paix à Brazzaville
23/07/14 (AFP)
Les autorités congolaises ont tenté mardi de sauver les négociations de paix pour la Centrafrique à Brazzaville en faisant venir des chefs militaires de l'ex-rébellion Séléka afin de sortir ce mouvement de son isolement face aux délégués des autres parties.
"Neuf chefs militaires de la Séléka sont arrivés ce soir à Brazzaville", a déclaré à l'AFP Jean-Marie Kamba, conseiller technique auprès du président Denis Sassou Nguesso.
"La décision d'aller chercher [ces personnes] à Bangui est un plan B", a déclaré à l'AFP un responsable au ministère des Affaires étrangères congolais.
Selon l'imam Layama Kobine, président de la communauté islamique de Centrafrique, ce sont des responsables politiques de la Séléka présents à Brazzaville qui ont demandé ce renfort, arguant que ces responsables militaires étaient mieux placés qu'eux pour "discuter des conditions" dans lesquelles doivent cesser les combats.
Ouvert lundi, le "Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique" en Centrafrique a pris un mauvais tour mardi à Brazzaville, lorsque le chef de la délégation de la Séléka, Mohamed-Moussa Dhaffane a posé comme préalable à toute discussion l'acceptation du principe d'une division du pays.
Les autorités congolaises, organisant le Forum au nom de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), ont indiqué avoir repoussé de six heures, à 15h00 (14h00 GMT) la cérémonie de clôture prévue mercredi et censée aboutir à un engagement des parties concernées à cesser toute violence, et à la signature d'un accord de cessation des hostilités et de désarmement des groupes armés, préalables à un nouveau processus politique.
Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la Séléka, mouvement à dominante musulmane, la Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants, en pétrole et en uranium, est plongée dans le chaos. Les violences inter-communautaires quasi quotidiennes ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Les ex-rebelles Séléka et les milices anti-balaka, formées de combattants chrétiens et animistes, s'affrontent dans un cycle sanglant d'attaques et de représailles dont les civils sont les premières victimes.
- 'Eviter la désintégration' -
A Brazzaville, les délégués de la Séléka au Forum sont restés dans leur hôtel toute la journée. En leur absence, les travaux des commissions sur la cessation des hostilités et sur le désarmement des groupes armés avaient été suspendus dès le matin. Ils ont finalement repris dans l'après-midi, pendant quelques heures, mais sans eux.
"Les persécutions contre une frange de la population se poursuivent", a déclaré M. Dhaffane à l'AFP, "au nom de la paix [...] nous avons demandé la partition du pays. Nous, les ressortissants du Nord-Ouest, chrétiens et musulmans, nous ne sommes plus acceptés".
Ils font preuve de "mauvaise foi", "ils font exprès de faire traîner pour on ne sait quelle raison", a dénoncé un ministre, sous le couvert de l'anonymat.
L'idée même d'une division du pays a été jugée inenvisageable par l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, et l'imam Kobine.
A Bangui, Nicolas Tiangaye, ancien Premier ministre, a déclaré lors d'une conférence de presse d'opposants au Forum que la question de l'unité du pays n'était "même pas négociable". A Paris, Romain Nadal, porte-parole du Quai d'Orsay estimait, lui, que "tout doit être fait pour éviter la désintégration territoriale" de la Centrafrique.
Selon des négociateurs, les parties sont convenues d'un projet d'accord qui pourrait être amendé par la Séléka mercredi. Ce document prévoit notamment le regroupement de tous les combattants des groupes signataires dans un délai de 45 jours en vue de leur démobilisation, et le retour dans leur pays des miliciens étrangers.
Restera à savoir si cet accord, s'il est effectivement signé, pourra tenir dans la durée dans la mesure où il n'aura pas été ratifié par un certain nombre de représentants politiques, restés à Bangui, et du fait des divisions internes au sein des groupes armés, aux premiers rang desquels la Séléka et les anti-balaka