MSF : un facteur de cohésion sociale en Centrafrique ?
http://fr.euronews.com 23/12 16:40 CET
“Ne serait-ce que notre neutralité, notre impartialité, le fait qu’on puisse travailler aussi bien pour un musulman qu’un chrétien, qu’un animiste, c’est un facteur de cohésion sociale. Dans nos hôpitaux on peut retrouver les gens de groupes opposés. C’est un phénomène de cohésion sociale. Et on a vu malgré tout parfois dans nos hôpitaux, à des moments très critiques, des gens qui disaient « pourquoi vous gardez ce musulman à l’intérieur de l’hôpital, il faut leur donner, ils sont venus le chercher ».. Ca, c’est quelque chose qui coupe le souffle. Il y a eu une période comme ca au mois d’octobre, ca a été très difficile.
Maintenant ça a l’air de s’apaiser un petit peu. Mais ma crainte c’est que les problèmes de fond ne soient pas réglés. Et qu’il y ait toujours des gens qui soient prêts à manipuler les autres, pour utiliser ces dissensions, ces ressentiments, pour refaire partir une nouvelle crise.”
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Reportages
Centrafrique : une violence à fleur de peau
http://fr.euronews.com 23/12 14:16 CET
“Les explosions ont eu lieu parce qu’à un moment les Seleka sont descendus du nord comme les hordes Gengis Khan, ont fondu sur Bangui, et au passage ont détruit, volé, pillé, massacré, torturé. Et une fois qu’ils se sont installés au pouvoir à Bangui, ce n’était pas très paisible pour la population des quartiers de Bangui. Ils se sont malheureusement comportés en seigneurs de guerre ayant tous les droits sur une population asservie.
Après, quand les anti Balaka sont arrivés, ils n’ont pas su, pas pu, pas voulu s’arrêter également. Et ils étaient aussi un peu livrés à eux-mêmes. Aujourd’hui il y a très peu de coordination chez les anti Balaka, et ils sont un peu partout dans le pays.
Tout à l’heure on parlait de DDR, un des outils qui pourrait faciliter les choses, c’est de mettre en place ce DDR: désarmer ces gens, les démobiliser, les réintégrer dans la vie active, la vie civile.
Mais malheureusement, d’une manière générale les DDR sont toujours des processus difficiles à mettre en place, et plus particulièrement dans un pays où l’économie est complètement moribonde. Comment réintégrer les gens dans un pays où léconomie ne fonctionne pas. C’est pratiquement impossible. Donc il faudra être très imaginatif, et cela prendra certainement beaucoup de temps
La violence sort très vite, elle est à fleur de peau. Parfois il suffirait de pas grand-chose pour que un père de famille puisse se transformer en tueur. Et il aurait peut-être ses raisons, bonnes ou mauvaises, il ne m’appartient pas de le juger. Je crois que cela va être vraiment un long, long chemin avant que les deux communautés arrivent à vivre en paix. Ce qui s’est passé, c’est que, dans des villages par exemple, à l’arrivée des Seleka, les deux communautés vivaient en parfaite harmonie. Quand les Seleka sont arrivés, la partie de la communauté musulmane ne s’est pas forcément interposée entre ses amis d’enfance et les Seleka. Cela a crée un certain ressentiment assez naturel par la suite. Certains ne se sont pas interposés, d’autres ont profité de la situation pour développer leurs affaires. Et les troisièmes se sont carrément rangés du côté des vainqueurs. Ce qui fait qu’après, la population, même si en face d’elle elle n’a plus de combattants, mais des enfants, des femmes ou des vieillards, en veut toujours à cette partie de leur communauté. Puisqu’ils forment une communauté. Ils en veulent toujours à cette partie de la communauté qui les a abandonnés.
Il y en a beaucoup qui ressentent cela comme vraiment un abandon, et la plaie risque de mettre pas mal de temps à se refermer.
Même s’il y a chez beaucoup de gens la volonté de tirer un trait sur ce qui s’est passé, il y aura toujours des gens qui sont là assez prompts à rallumer la mèche.”
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Reportages Insécurité en Centrafrique : un risque sanitaire
http://fr.euronews.com 23/12 14:16 CET
“ Pour ce qui concerne la prise de risque, elle est claire. Au mois de mars 2014 à Boguila, dans un hôpital géré par MSF 18 personnes ont été tuées. Et c’est venu de nulle part. C’est un drame. Que les gens puissent être tués comme ça, d’un instant à l’autre. Et on ne peut pas dire que c’est la sécurité qui a été mal gérée, non. C’est venu de nulle part, instantanément. Et les conséquences après c’est que les équipes de MSF se retirent, les soins qui étaient donnés à la population automatiquement se retrouvent amputés d’une partie de leur capacité.
Maintenant le projet de Boguila est géré depuis Paoua, par une équipe qui vient de Paoua jusqu’à Boguila et repart. Mais la décision n’a pas été prise de remettre une équipe d’expatriés en permanence à Boguila. A Batangafo aussi, il y a eu des incidents très graves, qui ont là aussi nui grandement à la qualité des soins qui peuvent être dispensés à la population.
A Paoua également, MSF a été obligé de se retirer récemment, parce qu’on est arrivé à un moment où un conflit social n’est plus gérable. Et que l’outil étatique ne fonctionnant pas normalement, on arrive pas à avoir l’appui du gouvernement. Dans un autre pays on aurait sans doute pu demander au gouvernement, au ministère de la santé, au ministère de l’action humanitaire, éventuellement au Premier Ministre ou à la Présidente, de venir parler avec les gens. Mais là c’est quelque chose d’impossible. On est arrivé à une impasse et limpasse crée de l’insécurité, et l’insécurité à un moment n’est plus acceptable, donc on retire les équipes. Avec toujours l’espoir de pouvoir revenir, de reprendre la discussion, la négociation, mais c’est difficile. Et c’est arrivé parce que l’Etat n’est pas suffisamment fort. Et là clairement on aurait eu besoin de l’appui de l’Etat
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