Euronews.com 23/12 12:08 CET
Un an après la fin de la troisième guerre civile qui a ravagé la République centrafricaine, un calme précaire règne sur Bangui, la capitale.
Malgré un accord de cessez-le-feu en juillet dernier, et la présence de troupes internationales à travers le pays, les tensions restent vives.
À l’hôpital général de Bangui, les urgentistes de l’ONG Médecins sans Frontières, dont nous avons suivi les équipes, ne relâchent jamais longtemps leur attention.
La République centrafricaine en quelques dates
État d’Afrique centrale, la République centrafricaine compte aujourd’hui quelque 4.7 millions d’habitants. Sa capitale est Bangui.
Ancienne colonie française, elle proclame son indépendance en 1960.
Après l’indépendance, le pays est dirigé par différents régimes autoritaires dont celui de Jean-Bedel Bokassa, président (1966-1976), puis empereur autoproclamé (1976-1979) sous le nom de Bokassa 1er de l’Empire centrafricain. Il est destitué en 1979 au cours d’une opération menée par l’ancienne puissance coloniale toujours très active dans le pays.
Les premières élections libres multipartites ont lieu en 1993.
La République centrafricaine replonge dans le chaos en 2013 après le coup d‘État des hommes de la Seleka, coalition rebelle à dominante musulmane. Puis, c’est au tour des milices d’auto-défense à majorité chrétienne, les Anti-balaka, de reprendre le dessus.
Un conflit qu’attise, notamment, la perspective de faire main basse sur les richesses naturelles du pays : diamant, or, pétrole.
Bilan : 5.000 morts et plus de 800.000 déplacés selon le Haut-Commissariat des Nations-Unis pour les réfugiés.
En juillet 2014, les belligérants finissent par signer un accord de cessation des hostilités.
Des élections sont prévues pour 2015.
Marine Monet, médecin urgentiste, MSF : “ certaines fois, on reçoit deux ou trois patients en même temps. Cela reste assez calme ces derniers temps. Mais avec ce genre de patients, et de plaies par arme à feu et par arme blanche, ça arrive tous les jours. “
Les massacres qui ont suivi le coup d‘État de mars 2013 ont laissé des traces.
Les hommes de la Seleka, coalition rebelle à dominante musulmane, menée par Michel Djotodia, s‘étaient livrés à des exactions sans précédent contre la population civile non-musulmane.
Des milices d’auto défense à majorité chrétienne, les Anti-balaka, avaient repris le dessus, s’en prenant à leur tour aux musulmans.
S’ensuivit un nouveau cortège d’horreurs.
Le conflit aura fait quelque 5.000 morts, et déplacé plus de 800.000 personnes, à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Une grande part des communautés musulmanes a été repoussée vers l’Est, la majorité non-musulmane de la population se concentrant à l’Ouest et dans la capitale.
Le camp de M’Poko, proche de l’aéroport de Bangui, comptait plus de 100.000 déplacés au plus fort du conflit.
Beaucoup se sont exilés, rares sont ceux qui ont pu rentrer chez eux.
Membres des communautés non-musulmanes de Bangui, ils ont fui les exactions des ex-Seleka. Le point avec Bertin Botto, le coordinateur du camp de M’Poko : “ il y a des maisons détruites, des maisons incendiées, les gens ont été pillés. Ceux qui se trouvent sur le site de M’Poko, les 20.000 déplacés actuels n’ont pas de toit, ils n’ont pas d’abri. Ils souffrent, ils n’ont rien. C’est ça qui les pousse à ne pas retourner chez eux, ainsi que l’insécurité qui règne en ce moment dans le pays.”
Un sentiment d’insécurité largement partagé par les déplacés comme en témoigne l’un d’entre eux, Frédéric Bopondo : “on ne peut pas sortir à cause de l’insécurité. Dès qu’il y aura la sécurité et le désarmement, je vais rentrer chez moi. “
L’inquiétude est grande dans le camp de M’Poko, que le gouvernement veut déplacer.
Les distributions de nourriture ont cessé, la précarité grandit.
L’hôpital installé par MSF offre un rare soutien aux déplacés, dont la situation sanitaire est alarmante.
Nous nous envolons vers l’Ouest du pays. Une région dont 90 pourcent de la population musulmane a été chassée par les milices Anti-balaka, dans le sillage des massacres perpétrés par les Seleka.
Ceux qui restent se sont réfugiés dans de rares enclaves protégées par la Minusca, la force onusienne en République centrafricaine.
Dans la ville de Carnot, c’est dans cette église que quelque 600 musulmans attendent depuis des mois de pouvoir regagner leurs foyers.
Pas question de s’aventurer trop loin, de peur d‘être agressés.
Le maire de Carnot s’efforce de restaurer le calme dans la ville, en concertation avec les notables de toutes les communautés, et les chefs Anti-balaka.
À quelques dizaines de mètres de l‘église, les maisons des déplacés musulmans ont été occupées ; mesure de précaution contre les pilleurs et les incendiaires nous dit le maire de Carnot, Pierre Dotoua : “ on a tout fait pour conserver ces bâtiments, avec le Conseil des sages et le pasteur. Ces maisons, ce sont des biens, même si les propriétaires ne sont pas là, on doit les garder, toujours, jusqu‘à la réconciliation. “
Une réconciliation d’autant plus attendue que l’activité économique est pratiquement à l’arrêt.
À la clef, une aggravation de la situation sanitaire depuis longtemps désastreuse. Ici comme partout dans le pays, MSF se substitue aux services publics de santé défaillants.
Malaria, infections respiratoires, SIDA, sont le quotidien de l’hôpital de Carnot. Les cas de malnutrition infantile sont de plus en plus fréquents, déplore ce pédiatre.
Justin Oladedji, pédiatre, MSF : “ pendant la période des événements, on recevait moins d’enfants ; parce que les parents étaient en déplacement, d’autres étaient dans la forêt, d’autres cherchaient à se cacher. Les événements ne leur ont pas permis de cultiver, ce qui fait que les enfants n’ont pas à manger. Et depuis qu’il y a eu une accalmie, on commence à recevoir de plus en plus de cas. “
La pauvreté contraste avec les richesses minières de la région, qui dépendait en grande partie de l’industrie du diamant. Soumise à embargo, l’exportation de pierres précieuses centrafricaines se poursuit toutefois, au profit de trafiquants de tous ordres.
La criminalité s’est banalisée.
Sur la route qui se prolonge de l’ouest vers la frontière camerounaise, les convois commerciaux et humanitaires sont régulièrement pillés.
Nous arrivons sans encombres à Berbérati, deuxième ville du pays.
Là aussi, la vie ne cesse de côtoyer la mort, et les besoins en matière de santé sont énormes, insiste Michel Bimako, Médecin-chef de MSF à l’hôpital régional de Berbérati : “ aujourd’hui, ils viennent beaucoup plus à l’hôpital, parce qu’il y a la gratuité. Mais au départ, quand il n’y avait pas cela, ils étaient obligés de suivre des traitements traditionnels à domicile. Vous voyez, avec la gratuité les enfants viennent beaucoup plus à l’hôpital, sinon, ils ne viendraient pas. “
Médecins sans Frontières apporte aussi un soutien aux centres de santé dispersés dans la ville.
Comme ici, dans le quartier de Potopoto. Le nombre de patients a chuté, depuis que sa communauté musulmane en a été chassée, ses maisons et mosquées détruites.
Une réponse aux massacres de civils non-musulmans, perpétrés par les Seleka lors du conflit.
Difficile d’imaginer un retour à la cohabitation, nous dit le responsable du centre de santé de Potopoto, Edouard Guioua : “ maintenant, les gens qui vivent ici sont des gens qui n’avaient pas d’habitation. Comme les gens sont partis, ils sont venus occuper les maisons. Et d’autres en ont profité seulement pour casser. “
Nous rencontrons ceux qui se présentent comme les Anti-balaka du quartier.
Des jeunes désoeuvrés ; beaucoup ont le regard brouillé par l’alcool et la drogue. Les crimes commis, ici, sont impardonnables disent-ils.
Les esprits s‘échauffent vite : ‘je vais les égorger comme ça ! La tête comme ça !’, fanfaronne l’un d’entre eux. ‘Moi, je suis élément incontrôlé ! C’est moi qui ai détruit la maison des musulmans là-bas !’, réplique un autre. ‘Quand tu cherches la mort, on te donne la mort !’, poursuit un autre de ces jeunes hommes. Et un autre de conclure : ‘si je trouve un musulman, je vais le tuer !’
C’est à l‘évêché de Berbérati, que se sont réfugiés les 350 musulmans qui restent dans la ville. Pas question pour eux de s’aventurer à plus de 200 mètres du portail. Les agressions sont fréquentes.
Malgré les menaces dont ils font l’objet, l‘évêque et son équipe sont déterminés à protéger leurs hôtes aussi longtemps qu’il le faudra. Et prônent la réconciliation, contre les amalgames dont sont victimes les civils.
Dennis Kofi Agbenyadzi, évêque de Berbérati : “c’est un conflit politique. Ils ont pris le prétexte des religions pour se couvrir, c’est tout. Sinon les communautés ne s’affrontaient pas. Nous nous efforçons de faire comprendre que tous ont la liberté de circuler. Mais ce message n’est pas encore arrivé dans les oreilles de certains de ceux qui contrôlent la situation. C’est ce qui nous peine. Mais nous ne sommes pas découragés, nous ne sommes pas découragés.”
La peur est omniprésente. Abdou Raman Danzouma est arrivé il y a quelques jours.
Caché dans la brousse pendant des mois, il a été agressé à coups de machette après avoir tenté de revoir son village décimé.
Mais derrière sa détresse, l’espoir survit : “ nous, Centrafricains, chrétiens et musulmans, c’est les mêmes. C’est le diable qui s’est glissé entre nous. On mange ensemble, on dort ensemble. Musulmans et Chrétiens. C’est les politiciens qui font des bêtises. Mais on va se réconcilier.”
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Reportages
MSF : un facteur de cohésion sociale en Centrafrique ?
http://fr.euronews.com 23/12 16:40 CET
“Ne serait-ce que notre neutralité, notre impartialité, le fait qu’on puisse travailler aussi bien pour un musulman qu’un chrétien, qu’un animiste, c’est un facteur de cohésion sociale. Dans nos hôpitaux on peut retrouver les gens de groupes opposés. C’est un phénomène de cohésion sociale. Et on a vu malgré tout parfois dans nos hôpitaux, à des moments très critiques, des gens qui disaient « pourquoi vous gardez ce musulman à l’intérieur de l’hôpital, il faut leur donner, ils sont venus le chercher ».. Ca, c’est quelque chose qui coupe le souffle. Il y a eu une période comme ca au mois d’octobre, ca a été très difficile.
Maintenant ça a l’air de s’apaiser un petit peu. Mais ma crainte c’est que les problèmes de fond ne soient pas réglés. Et qu’il y ait toujours des gens qui soient prêts à manipuler les autres, pour utiliser ces dissensions, ces ressentiments, pour refaire partir une nouvelle crise.”
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Reportages
Centrafrique, un système de santé en ruines : Interview avec Thierry Dumont, chef de mission pour MSF en RCA
http://fr.euronews.com 23/12 14:16 CET
""MSF agit en totale substitution du Ministère de la Santé en Centrafrique dans la plupart de ses projets""
“Le ministère de la santé est malheureusement incapable de mener à bien son mandat. Donc pour ce qui concerne Médecins sans Frontières en particulier, dans la plupart de nos projets nous agissons en totale substitution.
A titre indicatif, MSF, toutes sections confondues a un budget de 50 millions d’euros en Centrafrique uniquement. 50 millions d’euros, près de 200 expatriés, plus de 2000 staff nationaux, c’est énorme.
Le problème c’est que les crises qui se sont succédé en Centrafrique ont détruit l‘économie du pays, ont détruit le peu d’industrie qu’elle pouvait posséder. A peu près 60 pourcent de son tissu industriel a disparu. Son PIB est en dégringolade, moins 34 pourcent. Et ce qui est surtout dramatique c’est que les gens ne sont plus formés. Les universités ne fonctionnent plus. Si on ne prend que l’exemple des hôpitaux, des centres de santé, c’est très difficile pour nous de trouver des gens qui soient réellement qualifiés. Puisque le cursus universitaire est pratiquement interrompu.
Il faudra beaucoup de préconditions pour pouvoir fermer des projets, pour pouvoir les remettre à nos contreparties nationales. A l’heure actuelle nous sommes à Berberati pour ce qui concerne MSF Suisse. Nous sommes en voie de désengagement de l’hôpital, parce qu’il se trouve qu‘à Berbérati il y a des conditions relativement favorables. Berbérati a été relativement épargnée par les soubresauts les plus récents de la crise. La stabilité, la sécurité permettent d’achever un certain nombre de choses. Alors qu‘à d’autres endroits où travaillent nos camarades des autres sections, il est très difficile d’imaginer de pouvoir se retirer à court ou moyen terme, c’est très clair.
Les projets, les hôpitaux dans lesquels nous travaillons en périphérie ne reçoivent pratiquement pas d’aide, de support du gouvernement et des unités centrales. Il est difficile de se déplacer en province, ca peut être dangereux, et tout simplement les moyens manquent souvent aux administrations et aux ministères. Ils n’ont pas d’essence, ils n’ont pas d’ordinateurs, ils n’ont pas de connections internet etc.. C’est très très difficile. Il y a 15 ans il y avait une chose importante dans le domaine de la santé, un système de surveillance épidémiologique, qui fonctionnait.
Dans chaque préfecture, dans chaque district, il y avait quelqu’un avec des moyens radio, qui pouvait transmettre des informations au niveau central. Ce système aujourd’hui n’existe plus. Donc s’il y a une épidémie à Nola, à Berbérati, à Ndele, l’information arrivera très tard après au niveau central. Et donc la réaction à l‘épidémie éventuellement n’en sera que plus tardive.
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Reportages
Centrafrique : une violence à fleur de peau
http://fr.euronews.com 23/12 14:16 CET
“Les explosions ont eu lieu parce qu’à un moment les Seleka sont descendus du nord comme les hordes Gengis Khan, ont fondu sur Bangui, et au passage ont détruit, volé, pillé, massacré, torturé. Et une fois qu’ils se sont installés au pouvoir à Bangui, ce n’était pas très paisible pour la population des quartiers de Bangui. Ils se sont malheureusement comportés en seigneurs de guerre ayant tous les droits sur une population asservie.
Après, quand les anti Balaka sont arrivés, ils n’ont pas su, pas pu, pas voulu s’arrêter également. Et ils étaient aussi un peu livrés à eux-mêmes. Aujourd’hui il y a très peu de coordination chez les anti Balaka, et ils sont un peu partout dans le pays.
Tout à l’heure on parlait de DDR, un des outils qui pourrait faciliter les choses, c’est de mettre en place ce DDR: désarmer ces gens, les démobiliser, les réintégrer dans la vie active, la vie civile.
Mais malheureusement, d’une manière générale les DDR sont toujours des processus difficiles à mettre en place, et plus particulièrement dans un pays où l’économie est complètement moribonde. Comment réintégrer les gens dans un pays où léconomie ne fonctionne pas. C’est pratiquement impossible. Donc il faudra être très imaginatif, et cela prendra certainement beaucoup de temps
La violence sort très vite, elle est à fleur de peau. Parfois il suffirait de pas grand-chose pour que un père de famille puisse se transformer en tueur. Et il aurait peut-être ses raisons, bonnes ou mauvaises, il ne m’appartient pas de le juger. Je crois que cela va être vraiment un long, long chemin avant que les deux communautés arrivent à vivre en paix. Ce qui s’est passé, c’est que, dans des villages par exemple, à l’arrivée des Seleka, les deux communautés vivaient en parfaite harmonie. Quand les Seleka sont arrivés, la partie de la communauté musulmane ne s’est pas forcément interposée entre ses amis d’enfance et les Seleka. Cela a crée un certain ressentiment assez naturel par la suite. Certains ne se sont pas interposés, d’autres ont profité de la situation pour développer leurs affaires. Et les troisièmes se sont carrément rangés du côté des vainqueurs. Ce qui fait qu’après, la population, même si en face d’elle elle n’a plus de combattants, mais des enfants, des femmes ou des vieillards, en veut toujours à cette partie de leur communauté. Puisqu’ils forment une communauté. Ils en veulent toujours à cette partie de la communauté qui les a abandonnés.
Il y en a beaucoup qui ressentent cela comme vraiment un abandon, et la plaie risque de mettre pas mal de temps à se refermer.
Même s’il y a chez beaucoup de gens la volonté de tirer un trait sur ce qui s’est passé, il y aura toujours des gens qui sont là assez prompts à rallumer la mèche.”
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Reportages Insécurité en Centrafrique : un risque sanitaire
http://fr.euronews.com 23/12 14:16 CET
“ Pour ce qui concerne la prise de risque, elle est claire. Au mois de mars 2014 à Boguila, dans un hôpital géré par MSF 18 personnes ont été tuées. Et c’est venu de nulle part. C’est un drame. Que les gens puissent être tués comme ça, d’un instant à l’autre. Et on ne peut pas dire que c’est la sécurité qui a été mal gérée, non. C’est venu de nulle part, instantanément. Et les conséquences après c’est que les équipes de MSF se retirent, les soins qui étaient donnés à la population automatiquement se retrouvent amputés d’une partie de leur capacité.
Maintenant le projet de Boguila est géré depuis Paoua, par une équipe qui vient de Paoua jusqu’à Boguila et repart. Mais la décision n’a pas été prise de remettre une équipe d’expatriés en permanence à Boguila. A Batangafo aussi, il y a eu des incidents très graves, qui ont là aussi nui grandement à la qualité des soins qui peuvent être dispensés à la population.
A Paoua également, MSF a été obligé de se retirer récemment, parce qu’on est arrivé à un moment où un conflit social n’est plus gérable. Et que l’outil étatique ne fonctionnant pas normalement, on arrive pas à avoir l’appui du gouvernement. Dans un autre pays on aurait sans doute pu demander au gouvernement, au ministère de la santé, au ministère de l’action humanitaire, éventuellement au Premier Ministre ou à la Présidente, de venir parler avec les gens. Mais là c’est quelque chose d’impossible. On est arrivé à une impasse et limpasse crée de l’insécurité, et l’insécurité à un moment n’est plus acceptable, donc on retire les équipes. Avec toujours l’espoir de pouvoir revenir, de reprendre la discussion, la négociation, mais c’est difficile. Et c’est arrivé parce que l’Etat n’est pas suffisamment fort. Et là clairement on aurait eu besoin de l’appui de l’Etat
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